Citations de Thierry Brun (80)
Béatrice chiffonna le paquet de cigarettes, glissa la dernière entre ses lèvres.
Tendre vers l’Ekstasis. J’ai lu à ce sujet. Je sais que je parle de déification.
Moi, le dévoreur, j’ai accédé. Accédé. Marche par marche. Ma trajectoire impose la solitude. Je me dois de n’épargner personne, et, en premier lieu, moi-même. Je ne désire ni le repos ni le bonheur. La joie m’est étrangère. Pour avancer dans ce trajet, j’ai fait le choix du détachement, de l’ascèse, d’éradiquer les plaisirs futiles qui font tourner en boucle les êtres communs.
Tendre vers l’Ekstasis. J’ai lu à ce sujet. Je sais que je parle de déification.
Ma quête m’épuise. Me dévore. J’aime l’image de la dévoration. De ces vies, qui se cachaient derrière le paravent hum, bourbier animal millénaire. Je leur ai permis de s’affranchir. Leur condition était dépourvue de grandeur.
Ma volonté est sans faille et de jour en jour plus impatiente. Je pourrais renoncer. Certainement pas pour le groupe, troupeau bêlant, mais pour moi.
Je viens d’âges maudits, de serments oubliés, de charniers, de croyances éclairées par les bûchers. Je suis pressé. Je m’accomplirai quand je ne me contenterai plus de laisser ma vie se détruire, chaque seconde qui passe.
Il la traitait en sœur de guerre, biffant la relation, les moments de tendresse et de douceur qui les unissaient depuis six mois.
Il n'était plus vraiment avec elle, pas comme cette nuit du moins.
Elle détestait le voir ainsi : un vide, une absence au fond des yeux.
Visage fermé, émotions gommées.
Nicolas se dirigeait comme un natif de la ville, se faufilait entre les véhicules coincés dans les embouteillages, s'engageait sans hésiter dans les ruelles encombrées par les devantures des boutiques et les terrasses des petits bars ouverts jour et nuit.
La course-poursuite s'était terminée sur le boulevard périphérique.
À son retour, Graham lui avait donné l'accolade en commentant sobrement : « Bienvenue à la maison. »
Le manouche lui reprochait ses débuts dans les rangs de la Clica et, ne se doutant de rien, il avait tenté de lui piquer sa marchandise et de lui refaire le portrait en bonus.
Elle avait gagné son ticket d'entrée pour les affaires sérieuses deux mois plus tôt, en s'arrachant seule d'un traquenard tendu par un caïd de la cité Balzac, à Vitry.
La situation du marché postal français n'est pas une exception. Surtout, les pays qui se sont lancés depuis longtemps dans la libéralisation et la privatisation de leurs services postaux ont enregistrés des résultats désastreux en matière de création d'emplois et d'efficacité des services.
Merci d'avoir ajouté le lien vers ma critique :) !
(http://deslivresenfolie.skynetblogs.be/archive/2012/05/20/la-ligne-de-tir-de-thierry-brun.html)
Et ses fringues, que de la marque, de la vraie, à cinq cent balles les pompes et je ne te parle pas des costumes… comment il peut se payer des trucs pareils ?
Il ne peut pas, mec. Tout est toc. Il fait comme si. Il triche, il ment.
Il règle le tacot et prend le temps de regarder autour de lui aucune menace à l’horizon, la rue est vide.
Par le col de sa chemise entrouverte se faufile un vent froid. Au loin, des nuages se rassemblent, et le soir tombe plus vite.
La gagne et le plaisir étanchés, l’angoisse de ne pas vivre quelque chose d’excitant dans les cinq prochaines minutes lui serre la gorge.
Il essaie de se mettre un peu de baume au cœur : Louis l’a payé cash. Il apprécie le contact des liasses.
Il voit son manège.
En parlant de manège, le joueur à sa gauche balance ses cartes comme on se débarrasse d’un papier collant. Il a beaucoup perdu et tourne à la vodka.
Il est courtier et ne supporte pas que ses statistiques personnelles lui échappent.
Il avait basé sa stratégie sur ces éléments, les avait surestimés malgré les pertes, avec l’illusion de gagner à la fin grâce à ses calculs savants.
Fantasme du contrôle qui embourbe tous les férus des martingales mathématiques. Kirby n’est plus étonné, il a maintes fois croisé le fer avec nombre de ses semblables accros à une rationalité logique.
Superstition de bazar.
Tous persuadés qu’ils peuvent influencer le jeu, tous s’assoient à un tapis avec la tête farcie, projettent leurs croyances et, au bout du compte, rejettent la faute de leur vertigineuse débandade sur le dos du croupier ou de leurs adversaires. Ils sont victimes d’un complot, pour sûr.
Aujourd’hui, il apprécie, il a l’esprit tranquille. Concentré, il a toute la latitude pour lire les émotions, s’en saisir, décrypter les tics, les absences de tics, ça dépend. Louis dit qu’il a un don.
D’un regard doux, mais ferme, il surveille son monde et feint d’ignorer les gestes, les paroles de trop.
Il n’en perd rien. Les cartes, les mains, maintenant il sait décoder : les danses de chacun, c’est son truc.
Du soir au petit matin, il voit les chemises qu’on déboutonne, les verres d’eau ou d’alcool, la réponse des peaux à la lumière. Et Dieu seul sait combien les brillances, les sécheresses trahissent l’état. Les corps voudraient maintenir l’illusion, mais ils sont les premiers à renoncer et à céder.
Là, il recueille deux As. Un American Airlines. C’est une excellente nouvelle, une promesse d’un voyage en VIP.