« Bristol était le changement et le progrès, le soleil en plein midi ; Bristol, c'était aujourd'hui. La forêt était la nuit, les rêves, et surtout, les cauchemars. La forêt, c'était autrefois. » Dans le sud de l'Angleterre, à proximité de la ville de Bristol, se trouve un endroit nommé « Envers-Monde », une ancienne forêt où les humains ne s'aventurent pas. Ils sont pourtant nombreux à vivre dans ce qui constitue pour eux l'ultime refuge à la folie du monde moderne et du christianisme, qu'ils soient divinités antiques, créatures magiques ou esprits de la nature. On connaît bien l'intérêt pour la mythologie de Thomas Burnett Swann, auteur dans les années 1970 de plusieurs romans consacrés à l'Antiquité gréco-romaine, égyptienne, ou biblique (« Le cycle du Latium » ; « Plus grands sont les héros » ; « La trilogie du minotaure »...). L'édition Folio SF de « La forêt d'Envers-monde » comprend pour sa part deux romans de l'auteur (le premier qui donne son nom au recueil, le second intitulé « Les dieux demeurent ») ainsi qu'une nouvelle (« Le peintre »). Cette dernière est d'ailleurs la seule à ne pas se dérouler dans Envers-Monde, et, en dépit de son intérêt, on se demande bien pourquoi elle figure au sommaire de ce recueil. L'auteur y met en scène Jérôme Bosche, célèbre peintre néerlandais de la fin du XVe siècle réputé pour ses représentations de créatures monstrueuses qui lui vaudront d'ailleurs le surnom de « maître des enfers ». Très courte, la nouvelle imagine une rencontre terrifiante entre le jeune peintre et les êtres de cauchemars qui orneront plus tard ses tableaux. On retrouve le petit côté décalé qui caractérise la plupart des textes de l'auteur, ainsi que son attrait pour les créatures qui sortent de l'ordinaire, mais c'est bien là le seul lien qu'on peut établir entre la nouvelle et les romans qui la précèdent.
Le premier texte, qui donne son nom à l'ouvrage, prend place au XIXe siècle et met en scène une certaine Deirdre, écrivaine à succès infligée d'un handicap et toujours célibataire, en dépit de ses trente ans (une véritable vieille-fille, pour l'époque !). Bien qu'habituée à faire vivre de grandes aventures à ses héroïnes, la jeune femme ne s'attendait pourtant pas à se retrouver un jour à son tour dans cette situation. C'est pourtant ce qui lui arrive lorsque, par un malheureux concours de circonstances, elle se retrouve entraînée malgré elle au cœur d'Envers-Monde... Thomas Burnett Swann convoque à nouveau un bestiaire particulièrement fourni qui contribue à créer une atmosphère d'étrangeté autour de la forêt et lui permet de piocher dans différentes mythologies (drusii, kelpies, sorcière...). L'auteur rend également hommage à quelques grands noms de la poésie anglaise : le personnage de Deirdre est ainsi clairement inspiré d'Elizabeth Barrett Browning (une poétesse du XIXe qui partage certains traits communs avec l'héroïne), tandis que celui de Thomas est dérivé de Thomas Chatterton (artiste du XVIIIe qui se suicida à l'âge de dix-sept ans). En dépit de la qualité du décor et des personnages peuplant cette étrange forêt, je dois avouer que mon intérêt pour l'histoire à été quelque peu refroidi par le style de l'auteur. Le roman adopte en effet un ton volontiers burlesque qui ne plaira pas à tout le monde (et dont j'avoue n'être moi-même guère friande) et qui se traduit par des rebondissements complètement farfelues, et surtout par un style un peu lourd. Parmi les choses qui m'ont gênée, je mentionnerais notamment les surnoms ridicules que se donnent à tout bout de champ les personnages (« tantine », « mon chéri »...), le fait que notre ami marin ait la fâcheuse tendance à parler de lui à la troisième personne, et surtout les termes peu élégants employés à plusieurs reprises pour parler de la gente féminine (on parle de « pouffiasse », Dylan appelle « affectueusement » sa femme « ma garce », et cette dernière prend pour un compliment d'être traitée de catin...).
Avec « Les dieux demeurent », l'auteur nous plonge cette fois pleinement dans l'Antiquité, et plus précisément dans l'empire romain, à l'époque de Constantin. Le christianisme est alors en plein essor, et les divinités païennes qui peuplent encore l'empire se rappellent avec nostalgie de l'âge d'or où elles étaient vénérées et pouvaient arpenter le monde sans se cacher. Divinités anciennes, esprits du blé, enfants de la mer... : c'est de leur point de vue que nous est racontée cette seconde histoire que j'ai trouvé beaucoup plus immersive et poétique que la première. On retrouve à nouveau un bestiaire atypique qui reprend certes plusieurs créatures classiques de la mythologie, mais en les dépouillant des caractéristiques dont on les affuble aujourd'hui et qui les éloignent de leur version d'origine. C'est le cas notamment des sirènes qui, bien qu'évoluant dans un milieu aquatique, possèdent également une paire d'ailes qui les rapprochent de leurs sœurs antiques. On peut également mentionner la présence d'un telchin, d'un roane, de tritons, ou encore de shelleycoats, autant de créatures qu'on a, il faut l'avouer, peu l'habitude de rencontrer. Le décor est quant à lui aussi réussi que dans le roman précédent mais plus varié, plus bucolique. Aux vergers et champs gorgés de soleil d'Italie succède ainsi la mer, lieu de tous les dangers, avant l'arrivée, enfin, dans la fameuse forêt d'Envers-Monde. L'auteur accorde ici beaucoup d'importance aux rituels anciens qu'il dépeint de manière très sensuelle, presque érotique, ce qui change complètement de la pudibonderie dont font preuve les deux protagonistes dans le précédent texte (qui n'était pourtant, lui aussi, pas exempt de références du même style). Le seul bémol que je soulèverais concerne à nouveau le style de l'auteur qui, quoi que moins lourd que précédemment, n'en reste pas moins souvent très (trop) lyrique. L'ensemble demeure toutefois moins burlesque que dans « La forêt d'Envers-Monde », si bien que l'émotion affleure plus facilement et que l'on s'attache davantage aux personnages.
Thomas Burnett Swann nous livre ici trois textes très différents par leur ambiance mais qui traduisent chaque fois la véritable passion que voue l'auteur aux mythes antiques et aux créatures qui les peuplent. On peut toutefois regretter l'emploi d'un ton tour à tour trop lyrique ou trop grotesque, ce qui vient parfois gâcher la poésie de l'ensemble. Le recueil permet en tout cas grâce à ses trois atmosphères de se faire une idée assez précise du style et de l'univers de l'auteur : avis aux néophytes, donc !
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Eunostos est le dernier des minotaures (et le meilleur d’entre eux, selon son amie Zoé). C’est une âme simple et pure, un artisan, qui vit au Pays des Bêtes, et qui aime la dryade Kora. Mais Kora rêve d’un beau héros grec. Ses rêves se réalisent et causent son désespoir.
Une lecture qui m’a transportée dans un monde poétique, et m’a laissé une impression de douceur malgré ses aspérités et ses moments tragiques. (Je l'ai lu en anglais, les noms ont peut-être été changés à la traduction).
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Un récit visiblement assez peu connu. Dû peut-être à la disparition prématurée de Thomas B. Swann.
C'est pas hasard que je suis tombée sur ce livre, tout poussiéreux et jauni que j'ai sauvé in-extremis d'une braderie. Le résumé et l'univers mythologique me rendait curieuse. C'était une lecture distrayante au style épuré. L'histoire avance bien, on a l'impression d'être dans de la littérature jeunesse mais les allusions -beaucoup trop- nombreuses à la vie sexuelle de Zoé la Dryade nous donne l'impression inverse.
Le premier récit avec Lordon et Hora est sans conteste le meilleur. La suite s'essouffle un peu et les Thriae sont très agaçantes.
Les rebondissements sont nombreux mais on a quand même la fâcheuse impression de tourner en rond la plupart du temps. A lire pour passer le temps, si l'on a envie de mythologie gréco-latine et quand on n'a rien d'autre sous la main mais il existe d'autres références plus modernes et plus divertissantes.
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Je viens de finir la trilogie et au final je suis assez mitigé entre les différents tomes.
"Le labyrinthe du Minotaure" est une histoire à part même si on retrouve certains personnages. Deux jeune gens se retrouve exilé à Phaistos. Mais pour y aller il faut traversé le pays des bêtes, où vit notamment le Minotaure. C’est là que commence l’aventure.
C’est une très bonne histoire avec de l’action et des rebondissements. C’est une histoire qui peut se lire sans avoir à lire la suite.
"La forêt du Minotaure" se passe 7 ans plus tard.
Mais premier point négatif, j’aurais aimé savoir ce que sont devenu les 2 jeunes gens.
Dans ce livre il y’a deux parties dans la première on suit l’histoire d’Eunostos, le dernier Minotaure, et de Kora la jeune Dryade qu’il aime. Kora l’aime mais plus comme un frère. Les Thriae ( le peuple abeille) vont arriver au pays des bêtes et perturber tout ça.
Dans la 2 ième partie, l’arrivé d’un jeune prince, Aeacus, blessé va compromettre l’histoire entre Kora et Eunostos.
Ce deuxième livre est très bien aussi, si on fait abstraction du premier livre, car je pense que la présence des 2 jeunes gens aurait pu changer l’histoire de la deuxième partie.
Et enfin dans "Le jour du Minotaure", l’histoire se passe 12 ans plus tard et on suit l’histoire de Théa et de son frère Icare les enfants du prince Aeacus.
Suite à la prise de la ville de Vathypétro, les enfants réussissent à s’échapper par les airs avec une machine volante et se retrouve à côté de la forê du pays des bêtes. Après quelques péripéties ils vont se retrouver dans cette forêt et faire la connaissance D’Eunostos.
Dans ce livre il y’a pas mal d’incohérences par rapport à l’histoire d’avant. Le récit du Minotaure sur les parents des enfants est pas du tout la même de ce qui c’est passé dans "La Forêt du Minotaure".
Pour apprécier ces trois histoires je pense qu’il faut les lires séparément avec du temps entre afin d’avoir un peu oublié ce qu’il c’est passé avant.
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Le labyrinthe du Minotaure
La forêt du Minotaure
Le jour du Minotaure
Nous sommes en Crète, à l'époque minoenne. Au centre de l'île, dans une forêt vivent les bêtes mythologiques, Centaures, Dryades et Minotaures, entre autres. La forêt est interdite aux hommes en principes, mais quelques échanges ont quand même lieu de temps en temps ; ce qui permet d'ailleurs de créer l'action indispensable à un roman fantasy. Les trois romans dont se composent le cycle, sont censés se suivre chronologiquement, et nous retrouvons un certain nombre de personnages d'un roman à l'autre. Néanmoins, ces textes parus en feuilleton, n'ont visiblement pas été révisés et ajustés, ce qui donne pas mal d'incohérences, aussi bien dans les faits, que dans la psychologie de certains personnages, même si ce n'est pas rédhibitoire, chaque histoire se suffisant à elle-même.
C'est plutôt bien écrit, sympathique, lorsqu'il y a action, cela est très efficace. On visite un peu la civilisation minoenne et la mythologie, même si les personnage de Swann sont très loin de ce que l'on peut lire ailleurs. Il y a un côté optimiste et bon enfant, qui pourrait faire penser à des livres jeunesse, mais en même temps une sorte de sensualisme, qui fait que c'est moins le cas. C'est un peu boiteux par moment en ce qui concerne la vraisemblance de l'intrigue, mais au final cela passe. Une originalité certaine, un côté plaisant incontestable. Une douce nostalgie, un côté écologique précurseur.
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C’est un sympathique roman, avec un charme certain : les descriptions du monde des dryades sont très belles, très champêtres. Mellone est un joli personnage, avec ses contradictions, ses doutes, son désir de savoir, de comprendre, son ouverture au monde. Il y a également une belle apologie de la mixité : le mode de vie des dryades et de leur Reine Volumna, loin des mâles, n’a pas d’avenir. C’est à deux que se construit l’avenir.
Il y a beaucoup de sensualité, entre un Enée qui ne parvient pas à faire le deuil de ses deux amours ; un Ascagne qui a découvert la sexualité mais pas encore l’amour ; et des dryades soit disant très chastes, mais dont les conversations bruissent de leurs souvenirs dans l’Arbre. Sensuel, mais innocent, comme les premiers jours du monde.
C’est ce qui fait tout le charme de ce roman ...
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"Un roman enchanteur", tels étaient les mots que j'avais sous les yeux en lisant le 4ème de couverture de ce livre déniché chez un bouquiniste local (critique de la revue Bifrost).
Je me suis laissée séduire, et je n'ai pas été déçue, plutôt enchantée.
"Le Phénix vert" (1972) est le premier Volume du Cycle du Latium. Il précède "La Dame des abeilles" (1976) et "Le peuple de la mer" (1977).
Tous les romans de Thomas Burnett Swann se déroulent dans le même univers, une vision mystifiée du monde antique. Le cycle du Latium ne fait pas exception.
Une certaine magie s'échappe de l'écriture de Thomas B. Swann, toujours à la frontière entre la poésie et le roman. Certaines phrases sont si belles (il n'y a pas d'autres mots), que je me suis surprise à les relire plusieurs fois, à voix haute pour mieux m'en imprégner.
La construction du récit rend la lecture addictive, surtout dans la seconde partie. Les personnages sont attachants (particulièrement Coucou), et l'univers est dépeint avec tant de détails que l'on s'imagine aisément parcourir le Bois d'Errance.
Si vous aimez les belles lettres, une découverte dont vous pouvez vous réjouir d'avance.
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Une lecture pleine de charme et de verve ! L’écriture est simple sans être simpliste mais surtout l'histoire se montre originale et émouvante. Ses personnages sont vraiment attachants, en particulier à mes yeux Mellone la dryade, Enée, Remus… Les sentiments des personnages sont creusés, même poignants par moments.
L’univers de la forêt est lui superbement évoqué, sans avoir besoin d'en faire trop. Les bonnes idées ont quelque chose de surprenant. Bref, un livre captivant, poétique et envoûtant.
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Le cycle du Latium raconte l'histoire de la fondation de Rome et Le Peuple de la mer s'attache particulièrement à un événement particulier du voyage d'Enée : son arrêt à Carthage et sa relation avec Didon. Thomas B. Swann se pose plus particulièrement la question du suicide de Didon : pourquoi met-elle fin à ses jours ? Est-ce réellement par amour pour Enée ? Ou la cause en est plus profonde, remontant à la fondation même de la Ville ?
L'histoire est plus particulièrement tournée vers Ascagne, fils d'Enée, un adorable petit garçon, qui s'éveille tout doucement à la sexualité, dont sa connaissance est quelque peu perturbée par l'entourage de marins qu'il subit depuis sa plus tendre enfance.
C'est un roman assez tendre, qui n'est pas terminé, malheureusement : il manque encore un peu de polissage. Entre le conte pour enfant, et le récit initiatique, la légende et le portrait de femme (Didon, qui m'a bouleversée), il manque un peu de cohérence, mais certainement pas de charme.
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On retrouve le charme un peu désuet du Phénix Vert dans ce roman, le plaisir de retrouver nos cours de latin de collège dans un monde où les êtres fantastiques marchent encore et influent sur la vie des hommes. C'est un roman très tendre, qui ne parvient même pas à faire de Romulus le vrai méchant cruel et sans coeur qu'il nous promet : qu'il cherche à griller Sylvain ou qu'il assassine Rémus, il ressemble plus à un gamin capricieux qu'à un tyran de chair et de sang.
Il y a aussi des passages amusants dans ce roman : Sylvain est souvent cause de gags qui m'ont fait sourire. Il apporte un souffle d'air frais dans une suite qui serait autrement trop semblable au Phénix Vert.
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