Thomas Gunzig

Elle détestait la solitude. La solitude agissait sur elle comme un miroir dans lequel elle voyait son reflet. Et elle n’aimait pas ce reflet. Quand il n’y avait plus de copines avec qui « déconner » et quand il n’y avait plus de mecs pour la regarder, elle sentait toutes ses limites lui remonter de très profond. Elle sentait qu’elle ne serait jamais une bonne psy et, de toute façon, elle n’arrivait pas à s’intéresser à ses études. Pire… Elle ne s’intéressait à rien. Même le sexe commençait à l’ennuyer un peu. C’était comme si elle se détachait de la vie, petit à petit, sans savoir où ce détachement allait la conduire.

Aujourd’hui, tout coûte plus cher. Si tu veux vivre confortablement dans une grande ville du XXIe siècle, avec les sorties dans les restaurants chics, le club de golf, le club de tennis, les fringues de marque, les gadgets électroniques, les voitures de luxe, ça demande beaucoup plus d’argent que d’entretenir un château humide chauffé au bois.

La nuit, dans la forêt, c’est toujours la foire, ça grouille de bestioles en tout genre qui ne pensent qu’à bouffer et s’envoyer en l’air. Comme nous, quoi…

La plupart des disparitions d’enfants ce sont des fugues. Ou bien des accidents idiots…

Les habitudes des riches et des puissants n’avaient pas vraiment changé depuis le Moyen-Âge : les industriels, les financiers, les golden boys et autres moteurs du capitalisme préféraient rester entre eux plutôt que de s’unir avec de « vulgaires » mortels. De fil en aiguille, ce culte de « l’excellence », de « l’exception », ça donnait de sales cons à la JC. Un bel emballage de gamin bien nourri, de jolis pulls en fil d’Écosse, de jolies voitures… Mais un cerveau définitivement pourri… Un dégénéré, capable de dépenser en une soirée ce qu’elle mettait un mois à gagner en travaillant quatre soirs par semaine comme serveuse dans un restaurant pseudo-italien.

Alors, le vidéoclub, c’était presque comme un sport extrême : c’était à qui allait trouver les films les plus infectés de scènes explicites, de gore crasseux et pourquoi pas (la cerise sur le gâteau), de filles à poil. Bien entendu, notre réflexion s’arrêtait là. Politiquement, nous ne réalisions pas que ces films en tant qu’insultes au « bon goût », au politiquement correct et, en général, à la société, étaient de parfaites pustules anarchistes.

Alors, le vidéoclub, c’était presque comme un sport extrême : c’était à qui allait trouver les films les plus infectés de scènes explicites, de gore crasseux et pourquoi pas (la cerise sur le gâteau), de filles à poil. Bien entendu, notre réflexion s’arrêtait là. Politiquement, nous ne réalisions pas que ces films en tant qu’insultes au « bon goût », au politiquement correct et, en général, à la société, étaient de parfaites pustules anarchistes.

Aux yeux de ces enfants-là, les vidéos, c’était comme la découverte du vrai monde pour quelqu’un qui serait resté séquestré durant les quinze premières années de sa vie. Parce que, évidemment, ce que nous cherchions, ce n’était pas les comédies ou les romances ni toute la morve officielle qui passait dans les cinémas ou sur les chaînes où veillait la censure.

Fred vit sa cousine, mais la surprise était telle qu'il ne comprit pas tout de suite que c'était sa cousine. En revanche un niveau inférieur de sa conscience, situé près du bulbe rachidien, comprit de qui il s'agissait et déclencha un mouvement réflexe d'affaissement de la mâchoire inférieure. L'espace d'un instant, Fred ressembla à un lama à la fin d'une longue journée passée en altitude. Il dit juste : "hein." Ça tomba à plat.

Je crois que la plupart des gens se mettent ensemble par accident. Sur des malentendus. Et puis, on reste ensemble parce que c'est moins compliqué que de ne pas rester ensemble.

Blanc se dit qu'avoir autant de chance pour des voyous était une preuve supplémentaire de l'inexistence de Dieu et de voir renforcée cette certitude lui donna une grande bouffée de confiance en ce qu'allait être le reste de son existence. (p. 55)

La mise en ligne des jeux vidéos eut des conséquences assez comparables à la dissolution de la cocaïne dans l'ammoniaque. (p. 153)

Le chef de caisse, également présent et assis à la droite du DRH, jambes légèrement écartées, le tronc en avant, bras sur les cuisses, dans l'attitude virile de celui que ça ne gêne pas de chier en public, se contentait lui du tee-shirt bleu réglementaire avec l'écusson brodé aux initiales du groupe des frères Eichmann. (p. 264)

Jean-Jean fut surpris par la douceur de l'épiderme de l'homme, comme si durant des années ses mains n'avaient servi qu'à caresser des chats. (p. 356)

Dans les jours qui viennent, il y aura quelques articles qui parleront de ça dans la presse écrites, ta responsabilité, ta mauvaise préparation. On en parlera comme ça aussi à la télévision et c’est dans cette direction que vont s’orienter les commentaires sur les réseaux sociaux, nous avons une équipe pour ça, dit Karl.