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Critiques de Tim O`Brien (71)
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À la poursuite de Cacciato

Après avoir lu "Les choses qu'ils emportaient" de Tim O'Brien, chef d'oeuvre sur la dénonciation de la guerre du Vietnam, ce roman, bien que grandiose par son imagination, m'a laissé sur ma faim, et un peu déçu. En effet, l'aspect irréel et onirique, s'il permet la métaphore de l'enfer des soldats qui ne peuvent échapper à leur destin, avec un côté "Au coeur des ténèbres" de Conrad, lui donne un côté artificiel qui le disqualifie à mes yeux. Ce livre a tout de même obtenu le National Book Award, et sans doute m'attendais-je trop à l'ultra réalisme de celui cité ci-dessus, finaliste au Pulitzer.
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À propos de courage

À propos de courage raconte comment l'auteur Tim O'Brien a vécu la guerre. Il comment il a reçu la mauvaise nouvelle de son engagement, comment il a vécu la guerre et son après guerre. Dans ce livre, il y a du vrai et du faux. O'Brien le dit lui-même. Cependant, tout cela sert à montrer ce que peux être l'enfer d'une guerre où des jeunes de 18 ans vont se faire tuer sans même savoir pourquoi.



Ces jeunes participent à des combats et développent une camaraderie. Malheureusement plusieurs d'entre eux meurent et ceux qui reviennent sont parfois traumatisés de ce qu'ils ont vu où ce qu'ils n'ont pas pu faire pour sauver plus de vie.



Il y a aussi une certaine colère dans ce roman contre ceux qui se disent patriotes et qui louangent la guerre sans eux-même l'avoir fait.



Je crois que ce récit peux s'appliquer à presque toutes les guerres. Si on recueillait les témoignages des soldats qui ont été en Afghanistan ou en Irak, l'image générale serait la même mais dans un milieu différent. C'est un bon livre pour comprendre ce que vivent personnellement les soldats en guerre.
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À propos de courage

Un chef d'œuvre. Une note parfaite.



Le déroulement du récit, l'écriture serrée, les descriptions saisissantes, les personnages plus grands que nature, les réflexions sur une guerre à laquelle le protagoniste n'adhère pas et son regard sur les combattants et l'ennemi.



Troublant. Dérangeant. Admirable. À lire.
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À propos de courage

Comment parler de la guerre du Vietnam ? Comment parler de ce que l’on a vu ? Ressenti ? Vécu ? Comment parler des gars de sa compagnie qui y sont restés ? Comment relater l’ennui et la monotonie, la peur, la culpabilité ?



Je dois dire que Tim O’Brien y arrive avec brio, sans sombrer dans le mélancolique, dans le gore, le voyeurisme ou la violence gratuite.



Au travers de ses chapitres, il nous raconte des histoires qu’il a vécu au Vietnam, de ses camarades tombés au combat, ou dans des champs de merde, de ses peurs, de ses envies de foutre le camp, de sa mini désertion lorsqu’il fut appelé sous les drapeaux.



Au travers de ses histoires, nous aussi on portera notre barda avec eux, ces sacs qui étaient lourdement chargé, ces armes lourdes, ces tonnes de munitions, nous les porterons avec eux durant leur périple au pays du napalm déversé…



Son écriture comme ses histoires sont soignées, léchées, tournées de manière à vous plonger dans la boue du Vietnam, dans le quotidien de ces hommes, jeunes pour la plupart, fauchés bêtement, pour la plupart… ou devenu un peu fou.



Si ses histoires sont fictives, c’est aussi pour mieux retranscrire la réalité, l’auteur nous expliquera même comment il fabrique des fictions pour dire la réalité.



De ces histoires, même fictives, le lecteur ne sera pas dupe car tout le monde sait qu’il y a une grosse part de réalité dedans – l’auteur l’a faite, la guerre du Vietnam – il en ressortira des grosses doses d’émotions de ses différents récits.



Oui, l’histoire est fictive, mais les émotions, elles, elles ne sont pas feintes, elles sont véridiques, et elles te sauteront à la gueule sans que tu y prennes garde.



Un récit fort, profond, sans fard, mais sans surenchère dans le glauque, des personnages attachants et de belles tranches de vie, le tout sans la musique de Apocalypse Now car moins trash.



Une écriture poétique, magnifique, qui sublime encore plus les récits de guerre ou d’après-guerre, pendant la reconstruction du corps et de l’esprit.


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À propos de courage

À l'âge de vingt-deux ans, Tim O' Brien reçoit sa feuille d'enrôlement et part pour le Vietnam. 
Mais alors, qu'est-ce qu'un jeune homme envoyé malgré lui en enfer peut bien choisir d'emporter ? Et qu'en est-il de ses compagnons de patrouille ?




” Les choses qu'ils emportaient étaient déterminées jusqu'à un certain point par la superstition. Le lieutenant Cross emportait son galet porte-bonheur. Dave Jensen emportait une patte de lapin...(...) Ils emportaient du papier à lettre de l'USO, des crayons et des stylos, ils emportaient du Sterno, des épingles de nourrice, des fusées éclairantes, des bobines de fil électrique...“ 




À travers ses souvenirs, et de toutes les anecdotes vécues ou rêvées, entre fiction et réalité, l'auteur nous livre les histoires de ces jeunes hommes enrôlés malgré eux dans une guerre abominable qui fera d'eux des hommes meurtris à jamais



.

(...) il faudrait que j'oublie tout ça. Mais le problème des souvenirs, c'est que l'on ne peut pas les oublier. On prend son inspiration du passé et du présent. La circulation des souvenirs alimente une rotative dans votre tête, où ils tournent en rond pendant un certain temps, puis l'imagination se bientôt à couler et les souvenirs se confondent et repartent dans un millier de directions différentes. En tant qu'écrivain, tout ce qu'on peut faire, c'est choisir une direction et se laisser porter en formulant les choses comme elles viennent à nous. Voilà ce qu'est la vraie obsession. Toutes ces histoires. " 





Revisitant ce qui a été, imaginant ce qui aurait pu être Tim O' Brien récrée une expérience unique et réinvente la littérature consacrée au Vietnam. 


Tous ces fragments de vies, si courts parfois, couchés sur le papier par un vétéran qui survécu au pire cauchemar que l'on puisse imaginer entre guerre et plaie.



.

” Je veux que vous ressentiez ce que j'ai ressenti. Je veux que vous sachiez pourquoi la vérité des récits est parfois plus vraie que la vérité des événements. “ 




Ce que j'en dis :


Comme beaucoup d'entre vous, c'est au travers de certains films inoubliables comme Platoon, ou encore, Good morning Vietnam que j'ai découvert les horreurs de cette guerre. 

En lisant ce récit découpé sous forme de nouvelles, on découvre des histoires authentiques, poignantes et même parfois insupportables tellement inimaginables. 




L'auteur nous livre ses souvenirs, ce qu'il a vécu au cœur de cette jungle du Vietnam, ouverte sur les portes de l'enfer. 
Dans un style très évocateur, sa plume singulière pose un regard sans concessions sur cette guerre qu'il a malheureusement connue.




Un livre essentiel qui figure déjà aux programmes des lycées et des universités aux États-Unis.



N'hésitez surtout pas à le lire, en hommage à tous ces vétérans courageux morts pour leur patrie, et à ceux qui en se revenus avec un douloureux fardeau de traumatismes. 


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À propos de courage

Faulkner disait que nous disposons tous d’un territoire pas plus grand qu’un timbre-poste, et que ce qui importe n’est pas sa superficie mais la profondeur à laquelle on le creuse.

Avec Tim O’Brien, que ceci résonne fort. "À propos de courage", paru en 1990 sous le titre "The things they carried", raconte en vingt-deux chapitres l’expérience de la guerre du Vietnam, dans un livre d’une force inoubliable.



Dans "Les choses qu’ils emportaient", premier chapitre du livre, les soldats emportent des milliers de choses - des porte-bonheurs, des lettres, des pêches au sirop au boîte, du fil dentaire, une fronde, une hache de guerre, des casques en acier, des grenades, des mines, des armes -, mais ils portent aussi la terrible puissance des armes qu’ils emportent, ils portent les maladies, les virus du Vietnam, ils portent le pays lui-même, sa terre et ses ambigüités ; ils portent l’intangible, le chagrin, la terreur, l’amour, la nostalgie et leur réputation. La force du récit est contenue dans ces liens que l’écrivain tisse entre l’expérience intime, les conflits intérieurs du soldat, et les événements et objets extérieurs de la guerre.



L’auteur raconte l’horreur de la guerre, et toute son ambigüité, l’ennui et la monotonie, la peur, la culpabilité, la mort des illusions sur soi-même, la mort tout court, et puis certains moments de beauté, de calme, l’envie de déserter, de s’envoler loin de la zone des combats et enfin, quand la guerre s’arrête, le manque profond de ne plus faire partie de cette communauté de combattants, la douleur de ce ressenti qui ne peut être partagé et qui parfois est fatal.



Tim O’Brien crée des histoires qui soignent, qui maintiennent les morts en vie et permettent de continuer à vivre, après cette expérience humaine ultime et déchirante – mais surtout il nous montre, par ses commentaires intégrés aux récits, comment il fabrique des fictions pour dire la réalité. Les histoires sont fictives mais les émotions plus réelles et puissantes que celles de n’importe quel autre récit de guerre. La vérité est toujours relative, fluctuante, c’est aussi la grande leçon d’humilité de Tim O’Brien.



«Si, à la fin d’une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l’impression qu’une parcelle de rectitude a été sauvée d’un immense gaspillage, c’est que vous êtes la victime d’un très vieux et très horrible mensonge. La rectitude n’existe pas. La vertu non plus. La première règle, me semble-t-il, est qu’on peut juger de la véracité d’une histoire de guerre d’après son degré d’allégeance absolue et inconditionnelle à l’obscénité et au mal.»



«Cette histoire me réveille.

Dans les montagnes, ce jour-là, je vis Lemon se tourner de côté. Il rit et dit quelque chose à Rat Kiley. Puis il esquissa un demis-pas bizarre, sortant de l’ombre et se retrouvant en plein soleil, et le chargeur piégé de 105 explosa et l’envoya dans un arbre. Il y avait des morceaux suspendus partout, alors Dave Jensen et moi-même reçûmes l’ordre de tout nettoyer et de récupérer les morceaux. Je me souviens de l’os blanc de l’un de ses bras. Je me souviens des morceaux de peau et de quelque chose de jaune et de mouillé qui devait être les intestins. Le carnage était horrible, et je le porte en moi. Mais ce qui me réveille, vingt ans plus tard, c’est Dave Jensen en train de chanter Lemon Tree tandis que nous ramassions les morceaux.»
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À propos de courage

Quel bonheur de tomber sur un style pareil ! Récit au présent et surtout au passé d’un vétéran du Vietnam Même si on le sait, là on prend vraiment conscience que ce sont des gamins qui ont une arme entre les mains. Une puissance d’écriture qui met le lecteur dans le feu de l’action. L’auteur a le don des descriptions qui en fait un texte très visuel avec des scènes fortes inoubliables. Sensible, honnête, intelligent, profond. Une grande œuvre ! S’il n’y avait qu’un livre à lire sur la guerre du Vietnam, ce serait celui-là.

La première page présente Tim O’Brien. Il est dit : " Ce best-seller, vendu à plus de deux millions d’exemplaires, a été sélectionné parmi les meilleurs livres du siècle par le New York Times et est aujourd’hui enseigné dans les lycées et les universités."

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À propos de courage

"A propos de courage", livre sélectionné parmi les meilleurs livres du siècle par le New York Times et enseigné aujourd'hui dans les lycées et les universités.



Mazette, ça doit vraiment être du lourd me dis-je. Mais j'ai appris à être prudent et je me méfie un peu de ces belles accroches qu'on trouve généralement sur les jaquettes.

"Best-seller vendu à plus de deux millions d'exemplaires".



J'entretiens une relation un peu particulière avec cette guerre du Viêtnam.

J'ai été biberonné par mon père qui était littéralement fasciné par cette guerre de la fin des années soixante.

Les images, journaux télévisés, documentaires et films qu'il m'obligeait de regarder m'ont profondément marqué. Je suis allé là-bas faire ce "tourisme de guerre" pour voir de mes propres yeux. Dans les années nonante, c'était devenu un business fort lucratif. On écoutait les Doors dans les cafés de Saïgon, on descendait dans les tunnels Cu Chi (sont-ce les vrais ou ont-ils été reconstitués ?), on allait s'acheter un Zippo gravé ayant appartenu à un pauvre GI, garanti "authentique". Qu'importe..



Je suis allé à Washington voir le "Vietnam Veterans Memorial" si impressionnant avec les cinquante mille et quelques noms gravés sur ce mur de marbre et campés plus bas, deux, trois vétérans, arborant leur veste kaki élimée et faisant la manche.



Tim O'Brien, jeune recrue, raconte "son" Viêtnam, son quotidien du haut de ses vingt ans.

Envoyé dans un endroit du monde dont il n'avait probablement jamais entendu parler avant, entre 1968 et 1970.

À le lire, il ne faisait sans doute pas partie des volontaires, patriotes convaincus, voulant défendre la patrie à tout prix.



Il avait juste vingt ans en soixante huit.

Il écrit des pages très belles et très touchantes de sa petite escapade au Canada pour éviter l'enrôlement.



Ce livre n'est aucunement politique, ce sont plutôt les souvenirs d'un gamin, ses peurs, ses doutes, ses morts ...

Tim O'Brien, des années plus tard est toujours hanté par la perte des potes qu'il s'est fait là-bas, habité par ses cauchemars dans une guerre aussi stupide qu'absurde (mais ne le sont-elles pas toutes) à laquelle lui et ses amis ne comprenaient pas grand chose.



C'est plus qu'un témoignage et c'est vraiment bien écrit. Nul doute, Tim O'Brien est un écrivain.



PS: Et pourquoi pas écouter "Comme un homme mort" de Lynda Lemay.

Je suis si vieux

J'étais si p'tit

Tout juste hier

J'étais nerveux

Je suis parti

C'était la guerre

J'ai fait le voeu

De revenir

En bon état

J' suis rev'nu vieux

Sans avenir

Et sans éclat



Ceux des obus

Ne m'ont pas eu

Je suis ici

J'ai survécu

Je suis rev'nu

En bonne partie

Je traîne mon âme

Qui n'est jamais

Sortie des flammes

J'effraie les dames

Je suis plus laid

Que mes secrets



Je plante ma canne

Dans les chemins

Et j' me revois

Planter mes armes

Dans des gamins

Qui étaient comme moi

Que des enfants

Pas assez grands

Déjà soldats

Que des garçons

Que d' l'innocente

Chair à canon



Je marche seul

Et je me butte

À des voyous

Je les engueule

Ces fils de pute

Je suis jaloux

D' leur ignorance

Qu'ils me brandissent

Comme un drapeau

D' leur insolence

Alors que moi

J' risquais ma peau



Pour ce pays

Que de mon mieux

J'ai défendu

Avec ma vie

Qui n'est pas bien

Mieux que perdue

Je suis un fou

En liberté

Un solitaire

Je survis saoul

Le coeur noyé

Au fond d'une bière



C'est tous les jours

Le même projet

Le même parcours

J'invite ma peine

Et mes regrets

À la taverne

D'où je ressors

En bafouillant

Ma confusion

Comme un homme mort

Mais plus vivant

Qu' ses compagnons



C'est toutes les nuits

Les mêmes chagrins

Les mêmes cauchemars

J' vois mes amis

Mais y a plus rien

Dans leur regard

Faut pas rester

Y faut s' couvrir

Faut qu'on s'en aille

Y faut s' sauver

Y faut courir

Jusqu'aux médailles



Je suis rev'nu

En un morceau

Moi, le héros

Je suis rev'nu

Sous les bravos

Serrer des mains

L'air égaré

Mais décoré

Comme un sapin

Y avait une fête

Mais dans ma tête

Y avait plus rien



Que ces souvenirs

De comportements

Inhumains

Qu'en pleine horreur

Et en pleine peur

Nous empruntions

Nous les garçons

Nous les soldats

Nous les gamins

Au coeur du crime

Autant victimes

Qu'assassins







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À propos de courage

Dans les années soixante, Le cas de conscience des Américains c'était la guerre du Vietnam.

Tim 0'Brien que j'avais apprécié avec son roman "Au lac des bois" paru en 1996, témoigne dans "A propos de courage" de sa propre expérience du conflit qu'il a vécu bien involontairement en direct.

Au gré des souvenirs qui reviennent et s'emmêlent en désordre et jusqu'à l'obsession, parfois déformés ou fantasmés, il place le lecteur au plus près du ressenti d'un soldat dans le feu de l'action : peur, révolte, culpabilité, désir de vengeance, sentiment d'absurdité, reformulation intégrale de la notion de bien et de mal, mais aussi courage, fraternité.

Malgré certaines scènes d'une incroyable cruauté, sa plume livre ses états d'âme d'une façon poétique, évoquant aussi les fragments de plaisirs minuscules avec les compagnons d'armes, la beauté des paysages quand les combats ont cessé, la nostalgie des jours heureux qui reviendront peut-être mais différents car l'expérience de la guerre l'a transformé à jamais.

Par goût, j'évite les récits de guerre, mais la personnalité de Tim O'Brien, pleine d'humanité, donne à ce témoignage particulièrement poignant une force exceptionnelle.

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À propos de courage

La guerre du Viêt-nam a depuis longtemps quitté les pages de l'actualité et pourtant elle a profondément marqué l'Amérique. Depuis, on a inventé " la guerre propre" faite de drones et de technologie, comme si une guerre pouvait être propre. J'ai beaucoup apprécié ce livre qui remet les choses à leur juste place, celle des morts, de la peur, des cauchemars … et des succédanés pour les exorciser. Les protagonistes ne sont pas les décideurs, ce ne sont pas des héros courageux de légende, ils subissent en essayant de ne pas sombrer. Cette lecture n'est pas particulière agréable à lire, mais elle est salutaire. Le style, paradoxalement poétique, et la construction, faite d'anecdotes vraies ou imaginaires, exhalent l'authenticité.
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À propos de courage

"Une histoire de guerre véridique n’est jamais morale. Elle n’est pas instructive, elle n’encourage pas la vertu, elle ne suggère pas de comportement humaniste idéal, elle n’empêche pas les hommes de continuer à faire ce que les hommes ont toujours fait. Si une histoire vous paraît morale, n’y croyez pas. Si à la fin d’une histoire de guerre, vous vous sentez ragaillardi, ou si vous avez l’impression qu’une parcelle de rectitude a été sauvée d’un immense gaspillage, c’est que vous êtes victime d’un très vieux et horrible mensonge. La rectitude n’existe pas. La vertu non plus".



Enrôlé à 22 ans dans la guerre du Viet-Nam, l’auteur (pas encore écrivain), ne veut pas y aller, ne veut pas partir de chez lui, a peur, ne veut pas mourir, ne veut pas tuer, mais ne veut pas décevoir sa famille et la collectivité à laquelle il appartient, fuit, hésite, tremble, part, se retrouve jeté dans une guerre dont il ne veut pas. Et revient, toute innocence perdue.



Hommage aux hommes cachés sous la tenue de GI, A propos de courage, fait des souvenirs de O’Brien, est un livre de guerre qui finalement ne parle pas de la guerre elle-même mais de l’impact qu’elle a dans la conscience des hommes qui la font, par la souffrance et la folie qu’elle génère ; de la dimension surréaliste dont elle est faite (la splendeur étrange de la jungle, l’irruption de la mort) ; de ce qu’elle détruit en chaque homme (le soldat tué par O’Brien). Dans ce livre, peu de scènes de guerre, pas de scènes de carnages. Mais des vies explosées, noyées, dans un quotidien fait de peur, de bruit, de fascination, de confusion ; des hommes effrayés en mode de survie. Et ce qui émerge de tout ça, c’est l’importance et le pouvoir du récit dans ce chaos, rédemption pour O’Brien, réconfort pour les soldats au coeur de la jungle, même si la morale et la vérité ne sont pas au rendez-vous.

Un livre doté d’une grande force d’évocation, à la fois poétique et lucide, subtil et puissant, fait de boue et d’humanité.



Un dernier extrait pour preuve : "Le jour, les francs-tireurs leur tiraient dessus ; la nuit, c’était les coups de mortier ; mais il n’y avait pas de batailles, seulement une marche sans fin, de village en village, sans but, sans rien perdre ou gagner. Ils marchaient pour marcher. Ils cheminaient lentement, bêtement, penchés en avant pour résister à la chaleur, sans penser, tout de sang et d’os, simples grogneurs, combattant avec leurs jambes, grimpant sur les collines et redescendant dans les rizières, traversant les rivières, remontant, redescendant sans cesse, toujours en train de se coltiner des choses, un pas, puis un autre, puis un autre, puis un autre encore, mais sans volonté, sans intention, parce que c’était automatique, c’était de l’anatomie, et la guerre n’était qu’une question de posture et de transport, se coltiner était tout, une sorte d’inertie, une sorte de vide, une lassitude du désir, de l’intellect, de la conscience, de l’espoir et des sentiments humains"
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À propos de courage

"À propos de courage"...plus qu'un simple récit, un plongeon dans l'esprit d'un homme envoyé au Viêtnam et qui, d'une certaine façon, restera engloutie dans les entrailles de ce pays. La guerre, les amis, les amis que l'on perd, la vie ailleurs, l'espoir et puis finalement la guerre encore. Tim O'Brien n'a qu'une mission: nous raconter le Viêtnam, pas les combats qui font rage mais les esprits des hommes qui se délient. Le survivant O'Brien n'a qu'un devoir: raconter pour l'éternité, le Viêtnam et la guerre, les amis qui ne sont plus, les souvenirs qui rongent la nuit et le criminel qui, un jour, s'est soudainement réveillé en lui pour ne jamais se rendormir.

"À propos de courage" est un livre de vie où cohabitent des soldats fantômes, une certaine idée de la mort et peut être même aussi, une certaine idée de la vie.
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À propos de courage

Un livre qu'il est difficile de refermer quand on l'a commençe. Une écriture pleine d'intelligence et vibrante d'authenticité. Avec Kent Anderson, cet auteur me semble incontournable pour qui s'interesse à la guerre du Viêt Nam.
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À propos de courage

Tim O'Brien a fait la guerre du Vietnam. Comme beaucoup il en est revenu blessé et marqué à vie. Ce livre est écrit à partir de ses souvenirs, il parle de la guerre, des hommes et du Vietnam. Les textes sont courts, bien écrits et comme le titre l'indique évoquent le courage. Ce courage dont tous ont fait preuve dans les moments difficiles mais qui leur a aussi fait faute parfois. Pas de condamnation ni de glorification, juste un état des lieux. A lire.
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À propos de courage

A PROPOS DE COURAGE de TIM O’BRIEN

Quand il était parti au Vietnam le lieutenant Jimmy Cross, l’unité où avait été affecté Tim, avait emporté les lettres de Martha qu’il ouvrait régulièrement le soir. Ils avaient tous emmenés des affaires selon leurs goûts, anti moustiques, savons, chaussettes, drogue, mais tous avaient des photos, ceci en plus de leur charge normale, leurs armes et éventuellement celles qu’ils avaient pris à l’ennemi. Jimmy avait aussi du cognac, des vitamines et le galet de Martha, se demandant si elle l’aimait autant que lui l’aimait. Drôle de guerre, la nuit les mortiers, le jour les francs-tireurs, pas vraiment une bataille. Dans leur unité, Lavander meurt d’une balle dans la tête en allant pisser, certains blaguent, d’autres sont désenchantés ou résignés, certains jouent les machos, ce jour là, Jimmy brûle lettres et photos. Il joue son rôle, laisse Martha à sa place. Des années plus tard Jimmy rendra visite à Tim O’Brien, des retrouvailles difficiles, puis la parole prit le dessus, ils échangèrent les souvenirs, Martha, avec laquelle rien ne s’était concrétisé. Souvenir d’une guerre d’attente, « creuser des tranchées, écraser des moustiques », restent des images des fragments. Les histoires, vraies ou fantasmées qu’on se raconte le soir comme celle de Mark qui avait fait venir Mary Ann sa petite amie qui serait finalement partie avec un groupe de bérets verts. Puis O’Brien revient sur son départ au Vietnam, été 1968, sa tentative de passer au Canada, sa rencontre avec Elroy qui gère un hôtel sur la frontière près du lac, leur relation comme père et fils, un homme bienveillant qui ressent le désespoir de Tim.

Un livre témoignage de Tim O’Brien sur sa guerre au Vietnam, la vie de sa section, l’avant et l’après. C’est la guerre à travers les détails de la vie quotidienne, les petits moments, la sensation de ne pas comprendre pourquoi et comment on en est là. Des histoires d’hommes, 19/22 ans qui découvrent un univers où l’on tente de survivre à peine sorti du cocon familial et de l’école.

Un roman autobiographique écrit sans fioritures qui a eu un énorme retentissement à sa sortie aux États Unis.
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Au lac des bois

Après sa lourde défaite électorale, John Wade part avec sa femme dans un coin perdu du Minnesota pour se remettre de l'épreuve.



John, Kate, leur couple, chacun s'enferme dans un silence, une volonté d'oubli, pour tenir et faire face. L'oubli c'est la technique de John depuis son enfance pour faire face à l'adversité . Seulement l'oubli ne fonctionne qu'un temps et ces élections ont fait remonté à la surface les drames de la guerre du Vietnam où John fut soldat.



Et puis un jour Kate disparait, fuite, meurtre, suicide, on ne sait et l'auteur nous promène d'une théorie à une autre.



En général j'apprécie moyennement les romans à plusieurs voix, ceux mêlant des documents et encore moins ceux dont la fin n'est pas "terminée" et ici il y a tout! J'aurais du détester ce roman, ce n'est pas le cas car tout est bien dosé, le suspens savamment maintenu et entretenu.



Un roman étrange et prenant
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Au lac des bois

Au lac des bois de Tim O’Brien

Paru chez Gallmeister



Premières phrases : « En septembre, après la primaire, ils louèrent un vieux cottage jaune dans la forêt au bord du lac des Bois …’



Peu après sa cuisante défaite aux élections sénatoriales, John propose à Kathy sa femme de s’éloigner un peu de la vie publique et de se reconstruire petit à petit dans un endroit calme et isolé perdu au bord du lac des Bois dans le Minnesota.

Ils reprennent pied tout doucement, se ré-apprivoisant et envisageant un avenir différent, lorsqu’un matin au réveil John constate l’absence de Kathy et de leur petit bateau, il l’attendra des heures … en vain.

S’est-elle perdue ?

S’est-elle noyée ?

L’a-t-elle quitté ?

Voisins, policiers, famille mèneront l’enquête, ratissant le lac et ses alentours, fouillant dans chaque bras formés par les eaux, sur chaque ilots,…

Au fond … qui est vraiment John dont le passé choquant a refait surface …

Un roman mystérieux, où les pistes se multiplient, se croisent pour mieux nous perdre.



Attention lecteur, certains passages de texte sont difficiles à lire non par la forme mais par le fond.



Emma aime :

-Comme toujours l’ambiance des textes publiés chez Gallmeister

-le mélange des genres

- ce questionnement permanent.




Lien : https://www.instagram.com/le..
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Au lac des bois

Malgré les très bons sondages au début de sa campagne qui le donnaient gagnant haut la main, John Wade, le gouverneur du Minnesota, essuie une défaite cuisante aux élections sénatoriales. Humilié, bafoué, blessé, il décide de louer, avec sa femme, Kathy, un vieux cottage dans la forêt au bord du lac des Bois afin de s'y ressourcer, oublier ces élections, se retrouver tous les deux et penser à leur avenir. Après tant de tumultes, le couple veut croire que, évidemment, tout n'est pas perdu. Mais, après quelques jours passés paisiblement au rythme des balades, des baignades et des soirées sous le porche, Kathy disparaît subitement un matin. John ne s'inquiète pas jusqu'au moment où il se rend compte que le bateau garé dans le hangar n'est plus là et que le soir venu, sa femme n'est toujours pas revenue. Le shérif, prévenu de cette disparition, met aussitôt en place des recherches mais s'interroge aussi sur le rôle de John dans cette sombre histoire...



Après une défaite humiliante à des élections, quoi de plus ressourçant qu'une mise au vert ? Histoire de digérer cet échec personnel et professionnel et réfléchir à l'avenir. Sauf que la disparition inexpliquée de Kathy va mettre à mal John Wade. S'est-elle enfuie ? Perdue ? Ou pire noyée ? D'une grande habileté, Tim O'Brien tisse un roman patchwork mélangeant aussi bien le présent, le passé, les pièces à conviction, les témoignages ou encore les hypothèses. Il dévoile, petit à petit, le passé peu glorieux de John Wade lors de la guerre du Vietnam, nous plongeant ainsi dans une ambiance de plus en plus oppressante, et délivre peu à peu la relation unissant John et sa femme. Des personnages parfaitement dépeints psychologiquement au cœur desquels de nombreuses zones d'ombre surgissent. Un roman prenant, à la fois troublant et fascinant, campé autour de l'illusion, du mensonge et du secret.
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Au lac des bois





"D'une manière ou d'une autre, semble-t-il, nous effectuons tous des escamotages, effaçant l'histoire, verrouillant notre vie, et glissant jour après jour dans les ombres grisaillantes. Notre position est incertaine. Tous les secrets mènent à l'obscurité, et au-delà de l'obscurité il n'y a que des peut-être."



John Wade, homme politique qui a le vent en poupe, voit sa carrière s'effondrer à la révélation du secret bien gardé de sa participation au massacre de My Lai. En même temps que sa carrière, c'est toute sa vie qui est remise en cause, son couple, sa façon d'accommoder la vérité pour la rendre tolérable, d'escamoter ce qui dérange, de faire croire à une personnalité solide et bienheureuse là où tout n'est que fragilité et masque.



Bien au-delà du traumatisme central de la guerre du Vietnam, toute la personnalité de John Wade, depuis l'enfance - mais de façon beaucoup plus générale tout le roman - vise à une manipulation de la vérité, une culture de l'illusion. Magicien de l'enfance pour séduire un père alcoolique suicidaire, espion de son épouse, homme incertain et fragile, John enfouit, sous l'apparente réussite, sa quête d'amour, de reconnaissance et de bonté. Par le silence il croit pouvoir défier le mal qui tout au long de sa vie, s’impose à lui.



" Il y avait longtemps, encore enfant, il avait appris le secret qui permettait de transformer son esprit en tableau noir. Efface tout ça. Dessine des jolies images à la place."





Tim O'Brien mène magistralement ce récit complexe mais fluide de la perte et de la fuite . John et Kate après la défaite se retirent loin de tout dans un lieu de nature idyllique où Kate va a son tour disparaître. L'auteur alterne efficacement la description de cette pause supposée ressourçante, des recherches, des hypothèses, des éléments antérieurs de la vie des personnages qui ont amené à cette situation, avec des témoignages ultérieurs recueillis lors de l'enquête, des citations littéraires en rapport avec les traumatismes de guerre, la façon d'y faire face, la disparition… Il décortique, comme on enlève les couches d'un oignon dit un des personnages, la fragilité de ce couple, apparemment résiliant, mais dont l'étayage se base sur les silences et ce, jusqu'à une certaine folie.



Cela donne un enchevêtrement brillant d' éléments qui pourraient paraître disparates, mais confèrent au contraire une extraordinaire richesse au récit et à l'étude de la personnalité de cet homme tragique, insaisissable parce qu'il l'a voulu tel, se croyant protégé derrière ses non-dits, en quête perpétuelle d'une reconnaissance. Témoin de la précarité de chacun, le mot peut-être est le fil rouge de ce récit qui n'affirme jamais rien, mais aborde ses personnages avec une totale humanité .
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Au lac des bois

Oui,catégorie O'Brien j'ai préféré Dan ou Flann.Résumons.Au bord du Lac des Bois, en lisière des forêts sauvages du nord du Minnesota, John et Kathy Wade tentent de recoller les pièces de leur vie et de leurs sentiments, mis à mal après l'échec cuisant de John aux élections sénatoriales.Un jour, Kathy disparaît. Leur canot n'est plus là - s'est-elle noyée ou bien perdue ? A moins qu'elle ne se soit enfuie, pour renaître à une nouvelle existence ? Les recherches s'amplifient, les hypothèses les plus troublantes aussi. Pour découvrir la vérité, il faudra enquêter sur le passé de Wade.Ce passé,comme tout passé littéraire sinon il n'y a pas de littérature,cache une faille,un gouffre,le Vietnam et plus précisément la tristement célèbre tragédie de My Lai.John Wade était de la compagnie Charlie.Lui,passionné de prestidigitation, s'est-il ainsi employé à effacer toute trace de sa présence et de sa participation à ce massacre?



Le roman Au Lac des Bois est construit selon le principe des hypothèse et des faits avérés.Certains chapitres reprennent des éléments techniques ainsi que des témoignages de voisins,d'anciens du Vietnam.On y lit aussi quelques citations concernant la magie et même de rares notes d'écrivains,Edith Wharton ou Cervantes.Je n'ai pas été conquis,trouvant le mélange parfois laborieux, et m'apprêtai à rédiger un article somme toute défavorable.J'ai finalement un peu amendé ma sévérité pour les raisons suivantes.



Parfois quelques lignes,voire deux ou trois pages suffisent à faire d'un livre somme toute décevant un bon souvenir littéraire.A la fin un chapitre nommé La nature de l'Angle décrit l'extrémité Nord-Ouest du Minnesota.C'est là,peut-être, que Kathy Wade s'est perdue.On ne saura pas mais en quelques paragraphes Tim O'Brien nous dépeint cettre extrémité jadis colonisée par d'autres hommes du Nord,Finlandais et Suédois.Cet angle est la partie la plus septentrionale des 48 états centraux des U.S.A. et c'est prodigieusement ciselé, quelques animaux,chouette,cerf,faucon,une église en rondin abandonnée depuis des lustres,une autoroute fantôme.C'est une extrême Amérique et j'aime toutes les extrêmes Amériques.



Enfin,presque subrepticement,Tim O'Brien glisse un mot sur deux auteurs presque fantômes,les deux grands "disparus" du continent,déjà cités sur ce blog,Ambrose Bierce et B.Traven.Un petit bout de chemin avec ces immenses,et Tim O'Brien fait mieux que sauver son roman,somme tout très acceptable.

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