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Citations de Timothée de Fombelle (1026)


Pour l'instant, le voici capitaine de la douce Amélie. Seul maître à bord pour de longs mois. Devant lui, un jeune homme descend du mât et saute sur le pont. Gardel l'arrête d'un geste.

- Retrouve-moi les vêtements du petit.
-Qui? demande le garçon essoufflé.
- Le détrousseur de Lisbonne. Où sont sa veste et sa chemise?
- C'est le cuisinier qui les a gagnés au jeu.
- je te dis de me les apporter tout-de-suite!

D'où vient son pressentiment? Certains hommes sont ce flair qui leur fait dresser le nez quand passe quelque part le parfum des trésors. (p. 65).


[chapitre 8 : Le parfum des trésors : ]
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Monté sur le gaillard d'arrière, le capitaine s'approche de la roue du gouvernail. Deux hommes doivent la maintenir à deux mains pour garder la cap. La grosse boussole devant eux indique qu'ils marchent vers le sud-ouest.

Le vent souffle fort. Les vagues sont hautes. Gardel aime quand le bateau se couche et que la vitesse soulève une mousse blanche sur la mer. A la barre, les hommes donnent de grands coups à l'opposé du vent pour plonger dans les creux, puis ils redressent la roue et grimpent sur la crête des vagues. Parfois des paquets d'eau balaient le pont et font pleurer les deux pauvres porcelets qui ont le mal de mer, amarrés à la cage aux poules, à l'arrière.

Vaugelende, le second du capitaine, vient enfin de faire établir les voiles basses. Gardel sait que le voyage qui commence est surtout une affaire de rapidité. Plus il sera bref, plus il sera rentable. Les marins, la marchandise, les vivres et le navire, tout s'abîme avec le temps. Même le capitaine est périssable. Chaque jour qui passe fait donc perdre de l'argent. Lazare Gardel a construit sa réputation sur la vitesse. (p. 63)


[Chapitre 8 : Le parfum des trésors : ]
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Lorsque, trois mois plus tôt, Ferdinand Bassac, le plus gros marchand de La Rochelle, l'a engagé pour la quatrième fois comme capitaine de l'un de ses bateaux, ils se sont retrouvés pour signer le contrat rue de l'Escale dans l'hôtel de Bassac, la délicieuse maison de l'armateur.
C'était un dimanche. La plume de fer était posée sur le bureau à côté du contrat. On entendait jouer du piano dans les étages. En tournant son chocolat dans sa tasse, Bassac demanda:

- Quel est votre secret, capitaine?
- Quel secret?
- Vous avez mis treize mois seulement pour le dernier voyage, en comptant le temps passé en Afrique et dans les îles... Et pourtant, vous partiez d'Amsterdam.
Gardel attendit un peu et répondit sur le ton de la confidence: Je sais ce qui ralentit un bateau, monsieur Bassac... Il suffit de ne pas en avoir un gramme à bord.
- Pas un gramme de quoi, Gardel ?
Le capitaine prenait son temps. Le jeune Saint-Ange, le comptable de l'armateur, se tenait debout à l'écart. Une mésange s'était posée sur la fenêtre ouverte. La tiédeur de mai entrait dans la pièce avec de odeurs de lilas et de sablés au four.

- Pas un gramme de quoi ? répéta Bassac, tout excité.
- Quelque chose de plus dangereux que la vermine ou les rats qui pourrissent la coque. Quelque chose de redoutable. Il faut en écraser la moindre trace.
- Et c'est...? demanda Bassac? C'est...?

Gardel répondit entre ses dents :
- L'humanité.

A ce moment, le comptable Saint-Ange sursauté dans son coin. La mésange s'envola. Même Ferdinand Bassac fut traversé par un frisson. Il tourna la tête vers la porte qui s'ouvrait entre les collections de livres, craignant que sa fille chérie, un visiteur, une femme de chambre, n'importe quel être humain ait entendu ces mots qui allaient si mal avec le bois ciré du cabinet, avec le parfum du jardin, et tous les philosophes au grand coeur qui s'étalaient dans la bibliothèque.

Bassac et son comptable essayèrent malgré tout de rire de ce trait d'esprit, mais Gardel ne les suivit pas. Il resta impassible.
Ferdinand Bassac tira alors vers lui en tremblant la dernière page du contrat. Il la signa de ses initiales. La plume creva presque le papier. (p. 63 à 65).


[Chapitre 8 : le parfum des trésors]
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Joseph pense soudain que si tout continue ainsi, il devra oublier pour longtemps le bruit des cloches d'église. C'est peut-être son seul regret. Les cloches et le pain chaud. Et aussi le vent dans les feuilles. Et la fraîcheur au bord des forêts en été. La pluie dans les gouttières. C'est tout ce qui lui manquera désormais ...
Et peut-être aussi les ardoises mouillées qui fument au soleil. Le pas d'un cheval sur le pavé pendant la nuit... Peut-être qu'il regrettera un peu cela. mais rien d'autre.
Non. Rien.
Plus tard, si tout se passe bien, il ne restera que les cris des cormorans, puis le grincement du bateau sur l'océan, puis la rumeur de la forêt d'Afrique. Et ce ne sera que le commencement de tout. (p. 51)


[Chapitre 6 – Un simple d'esprit]
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Chez les Okos, le mot "alma" signifie "libre". Mais ce genre de liberté n'existe dans aucune autre langue. C'est un mot rare, une liberté imprenable, une liberté qui remplit l'être pour toujours. Le père d'Alma raconte que chez lui, ce nom pourrait se dire "marquée au fer rouge de la liberté". Alma ne comprend rien à cette histoire de marque et de fer. Dans la langue de sa mère, la langue des Okos, il n'y a pas de fer. Il n'y a de mots que pour ce qui est important. Pour dire la couleur de chaque heure de la nuit ou le gloussement qu'on fait en dormant quand une herbe vient nous toucher l'oreille.
(p. 31 - p. 32)


[Chapitre 4: Forteresse sauvage ]
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Le capitaine va retrouver le charpentier.
- Et l'ivoire, sur le pont, demande Poussin, il vous appartient aussi, capitaine?
Poussin a raison. Gardel compte bien vendre cet ivoire à son compte.

- Je voulais justement vus parler de cela, monsieur Poussin. De votre manie de poser des questions.
- Vous allez perdre ces défenses au prochain coup de vent. Elles ne sont pas amarrées. Trois pauvres bêtes seront tombées pour rien.
- Trois? Il y en avait six, dit Gardel avec inquiétude.
- Six défenses, si je peux me permettre, cela fait trois éléphants. C'est une question de sciences naturelles. Vous confondez avec les licornes, capitaine. (p.273 - p.274)


[Chapitre 36 : Une bombe ]
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Tous les enfants sont transparents pour les cœurs qui ne le sont pas.
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Des gazelles bondissantes font des ricochets dans la nuit. Alma aime la beauté de ce jour neuf, où tout recommence, où le monde ressemble à l'animal mouillé qui vient de naître. Plus bas, l'eau de pluie a laissé des miroirs rose et bleu.
Maintenant, la lumière monte autour d'elle. Alma a de l'eau jusqu'aux cuisses quand elle franchit les ruisseaux, entourée d'oiseaux verts presque invisibles. En rejoignant le rive, ses pieds nus se colorent du rouge de la terre.
Elle s'arrête en haut d'une colline sous l'acacia de Brouillard. Les branches dessinent un plateau, très haut au-dessus d'elle. La langue entre les dents, elle fait un sifflement aigu. Si aigu et si régulier qu'on l'entend à peine et qu'il se mélange au bruit du vent dans l'herbe.
C'est avec ce sifflement qu'elle appelle Brouillard. Elle s'arrête. Elle regarde l'infini du paysage tout autour. le ciel est violet. Très loin, vers le couchant, des buffles et des éléphants profitent de l'éclaircie pour regagner des terres plus hautes. l'orage n'est jamais loin mais les animaux se répandent dans la plaine.
Nouveau sifflement. Alma respire doucement. Les cigales se réveillent. Brouillard ne vient pas. Où est-il passé? Elle repense à ses inquiétudes de la nuit. D'habitude, quand il n'attend pas près de son arbre, il arrive au premier sifflet.
Des antilopes se sont rapprochées. Alma a reconnu leurs trois lignes noires verticales, juste sous la queue. Ce sont des impalas qui tournent vers elle des lèvres blanches et de grands yeux, comme s'ils savaient quelque chose.

[Chapitre 3: Son coeur dans l'herbe:]  (p. 25)
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Alma avait compris tout de suite qu'il venait de très loin. Il était arrivé par la magie de la pluie. Le ruissellement et les cascades avaient rempli le ravin pour le laisser passer, presque en volant, au-dessus de l'enfer des épines. Il venait de là-bas, tout là-bas. (p.19)


[Chapitre 2 - Vers le reste du monde :]
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Parfois, ensemble, ils se mettent à rire tout bas sans raison, simplement parce que c'est trop doux, trop délicieux, et qu'il faut bien que ça déborde. (p.17)


[Chapitre 2 - Vers le reste du monde :]
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Lam entend sa soeur qui murmure. On devine qu'elle sourit en chantonnant. Elle aime être la reine de ce pays qu'elle crée pour lui. Elle aime raconter ces histoires belles et dangereuses qui lui viennent aux lèvres sans qu'elle sache comment. (p.12)


[chapitre Et certains lions sont rois : ]
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La vallée est entièrement fermée par des falaises. Elle est belle et chaude comme un paradis. Elle ressemble à une main immense remplie de prairies, d'arbres et de bêtes sauvages. Une main ouverte qui donne tout ce qu'il faut pour vivre: la nourriture, les nuits étoilées et les petits singes dans les branches pour s'amuser. Elle donne les pluies battantes dans lesquelles ils s'enfoncent tout nus en courant, les siestes entre leurs parents, les hautes herbes qui penchant quand passent les lions ou le vent. (p.10)


[chapitre Et certains lions sont rois : ]
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Il y a des gens qui peignent des tombeaux pour s’y coucher. Moi, pendant quatre mois, je peignais des fenêtres pour voir la vie, dehors.
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— Mais pour traverser la nuit, il faut d'abord te souvenir d'avant. Pendant la sécheresse, on ne mange pas ce qui brûle au soleil dans les champs, on mange le blé qui a poussé quand tout allait bien et que la terre était inondée. Ce blé qu'on a gardé précieusement. Rappelle-toi les temps heureux. Ta mémoire est ton grenier. Elle te gardera vivante.
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— C'est votre père qui demande que je vous appelle Amélie, explique Saint-Ange. Il dit qu'on a presque le même âge.

— Le huitième de votre âge est la racine carré du mien, répond Amélie Bassac avec une prétention quelle regrette déjà. On ne peut pas dire que nous avons le même âge.

— Pas tout à fait le huitième, mademoiselle. Je crois que vous êtes du mois de décembre.

Elle en était sûre. Elle se mord l'intérieur de la joue. « Le pire, pense-t-elle, c'est qu'il sait compter. »
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Cet homme est amoureux d'elle. Elle le sait. Elle n'aime pas les gens amoureux. Elle n'aime ni l'amour ni les gens, d'ailleurs.
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Cette fille paraissait sortir d'un roman. Même son parfum avait l'air inventé.
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Ce qui est brisé est plus tranchant que ce qui est entier, disait-il. Ce qui est brisé peut tuer comme un éclat de glace. Je sais que ma sœur a quelque chose de brisé en elle depuis des années. Si elle est dangereuse, tu dois me le dire, Petit Arbre.
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(...) avaient la forme d'un escargot avec la maison au centre, et je faisais des cercles de plus en plus grands pour tenter d'arriver au bord. Et puis, un jour, un été j'y suis arrivé. C'était là et je ne l'avais jamais vu.
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De chaque côté du sillon où il avance, les pousses de cotonnier ne mesurent que quelques centimètres. Elles sont d'un vert tendre qui donne envie de les croquer. Les semaines précédentes, les esclaves les ont déjà triées sur leur butte de terre en supprimant celles qui étaient trop proches des autres. Lam apprend les usages de ce monde. On doit prendre soin de chaque pousse comme on ne prend soin d'aucun être humain à des dizaines de lieues à la ronde. Le coton est roi.
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