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Citations de Titaua Peu (61)


C’était un peuple qui se racontait ses légendes, qui se lègue des tas
de croyances, oralement.
Aujourd’hui, les discours sont
pudiques, quand ils existent. Mutismes, le Tahitien ne dit
pas les choses, il semble avoir oublié.
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Mon pays, il est autre, autrement fait. De son Histoire, on ne connaît que des bribes parce que les choses, la vie elle-même, étaient oralité.
Naturellement, les mots se
disaient, se léguaient, pas de support écrit en vue d’une
postérité toujours éphémère.
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Difficile, j’ai les couleurs, j’ai les odeurs, mais je sais pas, à y repenser, comment les dire.
C’est comme les lieux, toute ma petite vie s’est jouée là-bas, mais je ne saurais pas les nommer ces lieux, ni les décrire.
Ça ressemble à une pudeur, difficile à éliminer.
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Je sais pas comment parler de mon pays, de mon île Tahiti… C’est presque comme une évidence. Je veux dire que mon île est en moi, bien assise en ma mémoire, en mes souvenirs.
Et c’est tellement évident qu’il est difficile de l’en faire sortir.
Les autres, les étrangers, s’attendent peut-être à des choses quelque peu exotiques.
Moi, je sais pas si c’est exotique. Je sais pas si tout ce que je peux dire de mon pays peut satisfaire à leurs exigences.
Si ce n’était pas le cas, je ne m’en excuserais pas, car je ne crois pas
avoir le droit de sacrifier à la mode un vécu, personnel et
collectif : le mien, celui de ma famille, de mes voisins et par extension celui de mon peuple…









 
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C’étaient de grandes rêveuses, on peut pas leur en vouloir. Juste en vouloir à ces hommes qui venaient de loin, qui semblaient représenter l’avenir.
Juste leur en vouloir parce qu’ils leur ont fait miroiter des tas d’ouvertures, des perspectives de bonheur outre-Océan.
Combien de ces filles sont parties et combien sont réellement heureuses, là-bas ?
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Ce que je n’appréciais pas non plus, c’était le mépris qu’elles affichaient pour les gars de chez nous.
Pour elles, c’étaient des imbéciles. Des mecs trop violents aussi, des brutes sans rien dans la tête.
Il est vrai qu’on a souvent vu des femmes battues chez nous, comme maman, et une vieille journaliste de la place s’est servie de ces images malheureusement
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Chez nous, les proxénètes, ça n’existe pas (pas encore), les vraies putes non plus, enfin les vraies femmes qui font le trottoir… Celles-là, elles devaient être uniquement dans les bars, interdiction pour elles de s’afficher. Elles aguichaient les marins de passage — Dieu sait qu’ils sont nombreux ici — et après, c’était leur cul, ça ne nous regarde en rien. Moi, je préférais les travestis d’avant, ils avaient une réelle sagesse, insoupçonnée, un sens de la solidarité aussi et surtout un formidable appétit de vivre. Les catins chez nous, on dit que ce sont plus des salopes que des putes. Je veux dire : elles faisaient pas vraiment ça pour l’argent, ô misère. La plupart, elles aimaient faire ça, mais pas avec n’importe qui. Pas avec leurs concitoyens, juste avec des Français (militaires la plupart du temps), qu’on appelle Farāni  ; sans doute dans l’espoir de pouvoir partir un jour, de quitter ce trou pour revenir de temps en temps et, si possible, riches. Je cherche pas à les critiquer purement et salement, à les juger. Mais, c’était triste.
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De toute façon, les travestis, même aimables, même bonnes fées du logis,eh bien ils resteront toujours des travestis avec tout ce que ça comporte « d’anti-naturel ».
Mais en général, ils sont assez bien tolérés. Les gens en rient, c’est sûr, mais on les laisse tranquilles quand même.
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Maman, elle, disait souvent que notre aînée était la plus fragile, la plus dépendante, qu’elle ne
resterait de toute façon jamais célibataire très longtemps
C’est cette fragilité qui faisait que notre mère la couvait un peu plus que nous autres.
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L’avoir vue m’a apaisée et frustrée aussi. Cet homme,
son homme, était tout près d’elle et m’empêchait de la toucher et de lui dire que je l’aimais.
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J’avais besoin de la chaleur de maman, il fallait qu’elle me retienne de partir vers ce trou noir qui déjà m’attirait. Aujourd’hui encore, quand le besoin se fait pressant, je demande à ma mémoire de me rendre l’odeur de ma mère, la chaleur de ses seins lourds et sécurisants.
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Il avait pris l’habitude de la frapper, il avait même
commencé le jour de leur mariage.
À cette époque encore, certaines familles polynésiennes, si souvent louées pour leur sens de la solidarité, en étaient toujours aux mariages arrangés, forcés.
Question de terres.
Parfois pour rien… Il n’y avait pas d’amour dans le cœur de ma mère ce jour-là, à l’église, pas même une idée de profit.
Ce mariage, pour lui, ce n’était que l’occasion de prouver qu’il serait désormais le maître de sa vie, de nos vies.
Elle devait savoir qu’il était viril, surtout ne jamais l’oublier…
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Que faire face à cet homme grand et puissant ? Lui tirer une balle dans le dos, c’est la seule chose qu’on aurait dû faire, aujourd’hui encore.
Non content de la frapper
comme la dernière des bêtes, il lui dit qu’elle était laide avec tout ce sang sur la figure, il rajouta qu’il avait trouvé plus jeune et plus belle !
Je ne le haïssais pas uniquement,
non ! Je voulais qu’il fût mort, qu’il n’existât même pas. Je désirais le néant, pour lui, ou pour nous, peu importe.
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Pour lui, ce ne devait pas être une femme, pas même un chien peut-être. Tout au plus un dévidoir à sperme.
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Quelqu’un avait dit un jour « les mots comme thérapie ».
Foutaises, là les mots ne viennent pas, ils sont trop faibles.
Mes sœurs et moi, nous nous disions que c’était injuste.
Nous l’aimons, elle est belle jusque dans la détresse.
Elle ne mérite pas tant de souillure, non !
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Tout départ est en soi une fuite. Cette famille quitte la Nouvelle-Calédonie et retourne chez elle à Tahiti. Les parents, dix ans plus tôt, avaient fui le paradis pour Nouméa.
Un peu comme Adam et Ève exclus de l’Éden aprèsavoir commis le péché.
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Elle a quelque chose dans le regard, on dirait ce vide qu’ont dans les yeux les gens qui n’attendent plus grand-chose. Leurs enfants se tiennent droit devant eux.
L’aîné sourit, il lui manque une dent, il doit avoir زneuf ans.
La cadette fait une moue bien visible, elle est à la droite de sa petite sœur qui a une espèce de rictus et qui plisse les yeux. Enfin, il y a moi, le bébé, que tient la femme au regard un peu triste.
Un bébé normal, potelé…
rien d’autre à dire.
Autour d’eux posent des amis qu’ils ne reverront sans doute jamais plus.
La photo est encore là aujourd’hui, elle dégage toujours autant de lumière.
Une lumière presque crue, aveuglante.
C’est un portrait de famille, mais on ne peut pas dire qu’elle soit très chaleureuse.
Elle a en quelque sorte figé la tristesse du départ.
Ils avaient beau tous sourire, ça sonnait un peu faux.
La douleur est encore visible… Je crois que tout départ est en soi
une blessure.
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Titaua Peu
Pina, elle qui n’a rien, a pourtant tout.
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Un petit corps balance. Plutôt, il tournoie à demi.
(…) Ce corps, c’est le tendre sacrifice sur l’autel de l’immonde.
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Il y a des quartiers qui ne défrayent jamais la chronique. Tenaho est un de ceux-là. Situé à l’est de Papeete, à Pirae très exactement, il est presque confidentiel. (…) À Tenaho, les gens se souviennent de la famille T. Une famille aux très nombreux enfants. À la misère ni plus ni moins insoutenable que celle d’une autre mais aux coups du sort innombrables. À la destinée enfin, qui a dépassé tous les pronostiques.
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