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Critiques de Tom Charbit (46)
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Les Sirènes d'Es Vedrá

C'est l'histoire d'un DJ mondialement connu qui se retrouve seul dans une maison en pierre, en Ardèche, au milieu de nulle part, avec le Mistral qui souffle, qui siffle, qui le rend fou. Comment en est-t-il arrivé là, c'est tout le sujet de ce roman.



Juan Llosa, 39 ans, raconte comment il est devenu DJ, comment il a passé vingt ans de sa vie à mixer dans les plus grands clubs du monde, comment il a passé ces années en nuits blanches, avec la musique, le sexe, la drogue, l'alcool, l'argent.

Il explique le monde du DJ et son fonctionnement, sa façon de vivre, ses erreurs, la femme de sa vie qu'il a laissée tomber à 18 ans, et toutes les autres.



Et il raconte sa descente aux enfers à cause de ses crises d'acouphènes qui le rendent fou. Jusqu'à avoir des moments de surdité totale. Son style est désabusé, ironique, il me fait penser à du Beigbeder, en fait.



Il raconte comment, pour ne pas devenir sourd, il a échangé son appartement parisien contre une maison en Ardèche, avec un copain DJ. Un médecin lui a conseillé le calme absolu, mais il arrive en hiver dans ce petit bourg qui doit grouiller de touristes l'été, mais qui semble totalement vide. La maison, récemment réaménagée, est faite de baies vitrées côté salon, et la vue est exceptionnelle.

Les montagnes, la rivière, les rochers, les cailloux, les arbres presque morts et presque déracinés, et surtout ce vent qui siffle, qui claque, qui donne froid, qui rend fou aussi.



Lorsque peu à peu il sort de la maison pour aller faire ses courses au bourg, il fait des connaissances, et des amis de son pote DJ deviennent peu à peu des amis. Il rencontre des viticulteurs bio, des écolos purs et durs, des fanatiques de l'amour tantrique, des hommes qui ne quittent pas le bord du comptoir du bar du coin, la boisson du cru, les retraités qui connaissent l'histoire du pays, les guerres, les invasions.



Et les parents de la femme qu'il a toujours aimée qui perdent la mémoire et qui sombrent dans l'Alzheimer, les écrivains qui philosophent sur la meilleure façon de retrouver le bonheur, qui passent à la radio, la musique actuelle faite pour plaire aux masses, et là l'histoire commence à devenir, pour moi, une occasion de régler ses comptes ou de donner son avis, négatif bien sûr, sur les faits de société :



On commence avec les réunions pour militer contre le gaz de Schiste, les activistes écologiques, et là il fait un parallèle entre cet activisme de révolte et sa propre musique :



"..la musique que j'ai jouée et contribué a faire connaître, elle vient de cette révolte du peuple"...

(j'en suis restée comme deux ronds de flan, moi)..



Le reste du livre est à l'avenant : chaque moment avec des amis, chaque discussion lui offre la possibilité de, tout en ne prenant pas part à la conversation, donner son opinion dans le livre, si possible en s'énervant, sur divers sujets comme les sociétés américaines de produits chimiques, contre les gens qui exposent leur vie à table, contre les méfaits du porno dans l'amour chez les jeunes, les végans, les restos vegans, les vins "bio" vegans, les sextoys, le cerveau reptilien et j'en passe. La première moitié du roman était bien, la deuxième moitié a été lourde à lire.



Tous ces sermons sous prétexte de donner son avis......sans que ça soit dans une conversation, un débat, ç'aurait été moins indigeste.



Ce roman m'a bien plu, le ton et le style aussi. Dans la première partie. Dans la deuxième partie, même sous-tendue par son histoire d'amour tragique avec Ana, on se noie. J'ai survolé des paragraphes entiers, à force d'être engluée dans ses opinions sur tout et n'importe quoi. Si j'ai terminé le livre, c'est bien pour savoir ce qui arrivait à Ana. En fait, Tom Charbit aurait dû reprendre son souffle un peu, et continuer dans la veine de la première partie. Je trouve dommage de fiche en l'air un bon début avec un joli style, intéressant, pour tomber dans le verbiage.



J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une Opération Masse Critique Babelio en partenariat avec les éditions Seuil.
Lien : https://melieetleslivres.fr/..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Mon premier coup de coeur de ce début d'année !

J'ai immédiatement été conquis par le style, faussement bonhomme, d'une fluidité, d’une précision et d'une concision extrêmes dans le choix des mots, jamais lourd et très cinégénique (le style ;-) On visualise bien, l'air de pas y toucher, les personnages, les paysages, les situations. Les dialogues, également très fluides, sonnent vrai, et y sont probablement aussi pour beaucoup (c’est très désagréable de mettre des auteurs dans des cases, mais ça place quand même quelques banières pour les éventuels lecteurs curieux : j’ai fortement pensé à du Philippe Djian).

J'ai aussi bien aimé la confrontation des deux mondes, la fête puissance 1000 vs la retraite ardéchoise. Ça pouvait faire cliché et prêter à sourire, mais c'était sans compter sur l'habileté de l'auteur, qui sait amener les choses par petites touches. Selon les paroles d'un personnage, un éditeur : "Arrête tes conneries. C'est un premier livre, parle de ce que tu connais." Dont acte, ce livre est probablement assez autobiographique, n'empêche, vivre les choses ne donne pas le talent pour les raconter !

Si je devais émettre un léger bémol (il en faut bien un, sinon ça ne fait pas sérieux) j'ai été un peu gêné par les quelques digressions (écologie, géologie...) , des sujets qui visiblement tiennent l'auteur à coeur, et qu'il a tenu à placer de façon un peu maladroite pour le coup. Mais ce n’est pas très gênant, il retombe vite sur ses pieds…

Un grand bravo pour ce premier roman…

ps : j’ai un peu honte, en revanche, je ne suis pas certain d’avoir bien compris la toute fin, si un lecteur pouvait m’éclairer par message privé, histoire de ne pas spoiler ;-)
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Les Sirènes d'Es Vedrá

Roman faisant partie de la sélection 2024 du Prix du Meilleur Roman.



Un roman singulier qui "caricature" volontiers notre vingt-et-unième siècle, ses protagonistes et ses usages.



Un roman qui use du langage des réseaux sociaux, de ses attitudes : jugements, étiquettes, lieux communs semblent le reflet d'un monde superficiel.



Je n'étais pas en phase avec le personnage pincipal, DJ renommé, star d'Ibiza. Personnage assez imbuvable, à l'attitude souvent horripilante. Il est le narrateur, donne le ton et, de ce fait, le roman a pu parfois m'énerver, m'enquiquiner ; il a aussi mené la lectrice que je suis par le bout du nez. Il m'est arrivé, certaines nuits de lire deux ou trois chapitres d'affilée parce que l'envie de savoir, de découvrir , d'avancer dans le récit était très présente.



L'auteur semble avoir bien capté notre époque et ses travers et met en scène des personnages assez "clichés", pétris de contradictions entre ce qu'ils expriment, leur manière de vivre et leurs aspirations.

Pourrait-on étiqueter cet écrit "roman de moeurs" ?

L'analyse reste assez superficielle ; l'auteur décrit certaines catégories d'acteurs souvent avec dérision, parfois en reprenant, les étiquettes, les préjugés véhiculés par " la volaille qui fait l'opinion".

On y rencontre des bobos écolos, vivant leur retour à la terre ; de vrais ruraux qui cherchent à s'adpater aux mutations de leur environnement; des parisiens, des vacanciers néerlandophones.



Beaucoup de personnages de ce livre semblent en perte de repères, en quête d'un nouvel équilibre dans un monde dont ils ont perdu les clefs.



Et c'est en cela que ce roman m'a touchée, car il est assurément de notre époque et ses acteurs cherchent leur Nord, leur boussole. Ne sommes-nous pas tous proies de quelques sirènes dont nous cherchons à nous dépêtrer ?








Lien : https://bafouilles.jimdofree..
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Les Sirènes d'Es Vedrá

A presque 40 ans, Juan est une célébrité dans le monde de la nuit. DJ mondialement connu, il est toujours par mont et par vaux, conjuguant fêtes, alcool et drogues. Mais lorsque son corps le trahit et que la surdité le guette, il lui faut réagir ! Juan décide alors de partir se mettre au vert en Ardèche, loin de la jet set. Commence alors pour lui une nouvelle vie auprès des habitants et de leurs traditions...

Je n'aurai sans doute jamais lu ce roman si Babelio ne me l'avait pas proposé lors d'une Masse Critique et je les en remercie, tout comme les éditions du Seuil, car j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture !

Grâce aux nombreux allers/retours entre passé et présent, on comprend mieux la vie tumultueuse de Juan, ses excès et leurs conséquences mais aussi sa nouvelle vie faite de rencontres et de bonheurs simples.

Je me suis vraiment attachée à son personnage. Les étapes qui mènent à sa résilience sont faites de doutes, de questionnements qu'il aborde avec beaucoup de sincérité et d'autodérision parfois.

Et que dire de la fin ? Inattendue et émouvante, je n'ai pu retenir quelques larmes...

A découvrir !!!

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Les Sirènes d'Es Vedrá

Les sirènes d'Es Vedrà titre mystérieux , vient de l'endroit où le mythique héros Ulysse rencontre les sirènes , lui se fait attacher au mât pour pouvoir entendre le chant à la fois beau et redoutable , et fait boucher les oreilles de son équipage par de la cire .

Ce chant des sirènes actuellement c'est l'histoire de la descente aux enfers de Juan , DJ de renommée internationale qui a vécu à cent à l'heure , entrainé dans un rythme de folie avec tout ce qui va avec le monde de la nuit , c'est à dire , drogues , alcool , filles .

Et puis la quarantaine arrive et l'impensable aussi , les acouphènes violents qui deviennent de plus en plus fréquents , les maux de tête terribles et comble de malheur , la surdité qui frappe par surprise , surdité partielle bien entendu mais signe annonciateur d'une surdité définitive sans aucun espoir de guérison .

Le tableau du monde de la nuit est effrayant et hélas tellement juste .

Il y a heureusement une belle note d'espoir , une très belle histoire d'amour avec Ana .

Que dire de ce roman ?

Certes il est bien écrit , addictif , je l'ai lu quasi d'une traite mais suis je la seule à avoir ressenti ça ?

Trop de sujets actuels évoqués et parfois peu nuancés , il y a trop de longueurs , quelques pages qui m'ont donné envie de jeter l'éponge et heureusement j'ai continué en passant tout de même quelques pages indigestes , je dis heureusement car la fin est très belle .

Dommage le coup de coeur annoncé par les premières pages , le coup de coeur tant attendu m'a fait faux bond , je ne serai donc pas dithyrambique comme les autres avis mais j'assume .

Un grand merci à Babelio pour ce Masse critique privilégié.

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Les Sirènes d'Es Vedrá

D'une qualité indéniable, ce livre inclut le lecteur dans l'histoire racontée.

Il peut s'y trouver, s'y retrouver.

Il peut découvrir, ressentir.

Il ne peut être indifférent à l'histoire de Juan, dj atteint d'acouphènes et en perdition parmi ces « gens broyés sur l'autel de la fête ».



Un monde dans le monde se raconte dans la descente aux enfers de l'homme englouti par les heures de « vol », les tours du monde infernaux, l'alcool, les drogues, l'amour sans amour… sauf une femme, Ana et l'engloutissement de leur relation absorbée par les abus, dérives, mal-être… et pourtant présente, respectueuse, assoiffée de retrouvailles.



Juan réfugié dans un village du sud de l'Ardèche tente d'y voir clair.

Il porte un regard lucide sur lui-même, sur les autres, sur la société.

Lucidité auto-destructrice et destructrice, rencontres, découvertes écolo-altermondialistes, découverte de l'autre, des autres.



Présence d'une nature forte et puissante, dérangeante souvent pour le citadin enfoui dans l'artificiel.

Les descriptions de paysages, les sensations dues aux éléments naturels, les villageois, les rues, les routes en lacets, la maison, tout existe sans fioritures langagières et nous plonge dans l'univers de Juan, ses doutes, ses excès, ses appels à l'aide sous la dérision voire le mépris de ses propos.



Puis la chute, il est si difficile de changer…



Pourtant le livre va se refermer sur un espoir surgi de l'horreur, de la tristesse et de l'éveil à l'autre vie (dite normale???) grâce à une petite vie balbutiante posée dans ses bras et à l'amour, le vrai même s'il n'est plus que cendres.



Un très beau livre où l'on écoute le vent, les paroles, où l'on boit l'apéro au village, où l'on observe les uns et les autres, où l'on rit aussi (la scène de l'accouchement dans l'eau…), où l'on s'émeut, se révolte, rejette, évite de juger, tente de comprendre, verse une larme, rumine sur le titre qui n'est pas innocent, bref la vie, une vie, des vies.



Merci aux Éditions le Seuil et à Babelio pour cette découverte.

Merci aussi à l'auteur Tom Charbit pour ce premier roman. Que sera le deuxième?
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