Tom Sharpe

C’était très bien, la publicité, et la justice aussi était une bonne chose, à condition qu’elles s’appliquent aux autres.

- Les cours qu’ils suivent, continua le principal avant qu’aucun contradicteur ne puisse intervenir, sont tous orientés vers la vie professionnelle à l’exception d’une heure, une heure obligatoire de culture générale. Le problème c’est que personne ne sait ce que c’est la culture générale.

- La culture générale, dit Mrs Chatterway, fière du long combat pour l’éducation progressiste qui l’avait déjà amenée à faire progresser l’analphabétisme dans plusieurs école primaires jusque là d’excellent niveau, en offrant à des adolescents socialement défavorisés une solide base de connaissances ouverte sur une culture au sens large, car je crois…

- ça veut dire leur apprendre à lire et à écrire, dit un directeur de société. Il faut que les gars puissent lire un mode d’emploi.

- Chacun a son point de vue, se hâta d’intervenir le principal. Masi si vous deviez trouver vous-même des professeurs qui acceptent de passer leur vie à faire cours à des classes bondées de gaziers, de plâtriers et d’imprimeurs qui ne voient absolument pas pourquoi on les a amenés là, et qui plus est pour leur enseigner une matière qui, à proprement parler, n’existe pas, vous ne pourriez pas faire la fine bouche. Tout le problème et là.

La commission n’avait pas l’air convaincue.

- Dois-je comprendre par-là que les professeurs de culture générale ne seraient pas toutes des personnes dévouées à leur métier et qui se font une haute ide de leur vocation? demanda Mrs Chatterway, l’air mauvais.

- Pas du tout dit le principal, j’essaie seulement de vous faire comprendre que les enseignants de culture générale ne sont pas des hommes comme les autres. Ils ne peuvent pas tourner rond. Leur travail le leur interdit.

- Mais ils sont hautement qualifiés, dit Mrs Chatterway. Ils sont tous diplômés.

- Certes. Comme vous le dites si bien ils sont tous diplômés. Ce sont tous des professeurs distingués mais leur difficultés énormes qu’ils rencontrent ne peut pas ne pas les marquer. Je vais vous faire une comparaison. Prenez un chirurgien du cœur et faites lui couper des queues de caniche pendant dix ans, il ne tiendra pas le coup. C’est une comparaison très juste, croyez moi.

- Tout ce que je peux dire, protesta l’entrepreneur en bâtiment, c’est que tous les professeurs de culture générale ne finissent pas par enterrer leur femme dans des puits de fondation.
- Tout ce que je peux dire quant à moi, dit le principal, c’est que je suis extrêmement surpris qu’il ait été le seul à le faire jusqu’à présent.

C'est une des particularités les plus surprenantes de la vieille Angleterre : des familles entières vivent dans des maisons construites par leurs ancêtres des siècles auparavant, sur des domaines qui étaient déjà les leurs avant la conquête normande. Les Grope de Grope Hall sont l'une d'entre elles.

Je trouve que l'amibe a raison. Elle vit seule, totalement célibataire et quand elle a envie d'une progéniture, elle se coupe en deux et laisse l'autre partie vivre sa vie. La solution idéale : pas de responsabilités, pas d'engueulades, pas de remontrances et surtout pas de baise.

A l'intérieur de la base, tout à changé. Le général Belmonte, souffrant toujours du choc d'avoir vu un pénis géant se circoncire lui-même puis se transformer en fusée et exploser, a été placé en maison de retraite pour anciens combattants en Arizona.

[à propos de la pendaison pour les criminels, qui ne prend que 20 secondes]

-- C'est plus lent avec les femmes parce qu'il faut leur mettre des culottes imperméables.
Wilt écarquilla les yeux d'horreur.

Se faire appeler "mon amour" par Wilt était un évènement exceptionnel qui, ces dernières années, n'avait le plus souvent annoncé que des ennuis.

- Tout ce que je peux dire, protesta l'entrepreneur en bâtiment, c'est que tous les professeurs de culture générale ne finissent pas par enterrer leur femme dans des puits de fondation.
- Tout ce que je peux dire quant à moi, dit le principal, c'est que je suis extrêmement surpris qu'il ait été le seul à le faire jusqu'à présent.

p.268.
Nous ne sommes rien d'autre que nous-mêmes et nous n'y pouvons malheureusement rien. Le moule où nous fûmes coulés n'a pas été brisé. Appelez-le hérédité, appelez-le hasard...

Pour la première fois de sa vie d'adulte Wilt était sûr d'avoir raison sur toute la ligne, et cela lui donnait une force tranquille dont il ne se serait jamais cru capable.

- Vous feriez peut-être mieux de vous inscrire en Initiation à la Littérature, suggéra-t-il.
- C'est ce que j'ai fait l'année dernière. Mr Fogerty est formidable. Il m'a dit que j'avais beaucoup de dispositions.
Wilt étouffa une envie de lui dire que les dispositions évoquées par Mr Fogerty étaient d'ordre plus physique que littéraire......

Finalement il choisit une chemise à fines rayures et un jean.
- Tu ne vas pas venir comme ça ? lui dit Eva qui, fort dévêtue, sortait de la salle de bains.
Elle avait la figure plâtrée de poudre blanche et ses lèvres brillaient sous le carmin.
- Doux Jésus, dit Wilt. Un masque de Mardi Gras anémique !

- Si vous avez faim, la cuisine est en bas, le long du passage à votre droite, près de la porte de service. C'est là que je prends mes repas et le thé.
Considérant le tour de taille de la secrétaire, Wilt imagina combien ce thé devait être copieux mais s'abstint de tout commentaire.

Elle est restée trois ans à son chevet; son cardiologue l'avait prévenue que l'état de son mari ne s'améliorerait jamais, mais dévouée au delà de tout, elle a persévéré. Elle n'a accepté que son mari soit mis dans une maison de retraite qu'après avoir rencontré un fonctionnaire important du Foreign Office et en être tombée amoureuse.

Edward n'est pas bête, mais il n'est pas doué pour les études. Il trouve que l'histoire c'est "vieux jeu". Je lui ai dit que c'était normal puisque c'était du passé, mais je ne l'ai pas convaincu.

Si vous essayez de me faire croire qu'un fou sadique est venu ici dimanche dernier avec trois cadavres et a passé sa journée à utiliser nos machines pour les transformer en plats cuisinés propres à la consommation selon les règles sanitaires, je vous garantis qu'il y a des têtes qui vont tomber au commissariat.

" -Si. Je crains que mon frère n'ait fait le plongeon. J'ai essayé de l'en dissuader, mais.....

-Tu veux dire qu'il s'est noyé? demanda Putrefact rempli d'espoir.

-Oh! mon pauvre Alexandre gémit la mère.

Frederick attendit que ses lamentations cessent d'être clairement audibles.

-Pas encore, mais en tout cas elle s'est mouillée.

-Mais tu as dit qu'il était mort.

-Pas mort, mais à jamais perdu, continua inexorablement Frederick. J'ai dit que nous avions perdu un membre de la famille. Je pourrai trouver une autre façon moins délicate mais moins exacte aussi, de m'exprimer. Je pourrais dire, par exemple....

-Tais - toi! hurla Putrefact qui avait enfin compris la signification du changement de pronom.

Sa femme avait l'esprit plus obtus:

- Mais pourquoi dis-tu qu'il a fait le plongeon?

Frederick se servit une coupe de champagne.

- J'ai toujours pensé, que dans ce genre d'opération, le moment vient où il faut se jeter à l'eau. Et Alexandra ou Alexandre, comme dans le passé, a certainement
-Ta gueule! hurla Putrefact.

Mais Frederick ne pouvait être réduit au silence aussi facilement et il continua d'une voix douce:

-J'ai toujours voulu avoir une soeur et même s'il est encore un peu prématuré de le dire, ma chère mère, vous pouvez au moins vous consoler en pensant que vous n'avez pas perdu un mâle mais gagné un mutant.

Il ne s'arrêta pas là. Tandis qu'on évacuait du salon Mrs Putrefact évanouie, Frederick s'inquiéta auprès du représentant épiscopal pour savoir si l'Eglise catholique avait, sur le changement de sexe, une position aussi catégorique que sur l'avortement.

Je trouve que l'amibe a raison. Elle vit seule, totalement célibataire et quand elle a envie d'une progéniture, elle se coupe en deux et laisse l'autre partie vivre sa vie. La solution idéale : pas de responsabilités, pas d'engueulades, pas de remontrances et surtout pas de baise.

Saisissant un couteau à découper, il s'avança d'un pas lourd vers son fils, se jeta sur lui et tomba face contre terre.
- Papa ne tourne pas rond? demanda Esmond tandis que Vera s'agenouillait près d'Horace et lui retirait le couteau des mains.
- Il n'est pas lui-même. Ou plutôt il a l'impression qu'il est est quelqu'un d'autre. un truc comme ça. Esmond, est*ce que tu peux, pour une fois, arrêter de raser les murs et aider ton père à retrouver ses esprits avant que j'appelle une ambulance?"

Albert Ponson dévisagea Horace. Ses propos étaient difficiles à avaler. Il n’avait jamais apprécié son beau-frère ni compris comment sa sœur avait pu l’épouser, mais il partageait le sentimentalisme primaire de Vera et sa croyance dans les valeurs familiales les plus simples. Pour lui, les pères devaient aimer leurs enfants, ou du moins être fiers d’eux. Kif-kif pour les chats et les chiens. Vous les aimez parce qu’ils vous appartiennent. Raconter qu’on détestait son fils n’était pas seulement désagréable mais contre nature.