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Citations de Tom Sharpe (242)


Elle avait veillé à ce que Yapp reçoive la meilleure éducation que l'invective pouvait lui procurer, tout en le confiant aux bons soins d'une tante sourde et bigote. Dans de telles circonstances, il n'était pas étonnant que Walden Yapp soit devenu un aussi curieux jeune homme. En fait, il était surprenant qu'il soit devenu quoi que ce soit. Sa tante l'avait préservé de l'univers traditionnel de l'enfance de peur de le voir prendre des habitudes obscènes. Nourri intellectuellement à la fois par la Bible et par la rhétorique enflammée de sa mère, il avait à dix ans à tel point amalgamé les deux dans son esprit qu'il chantait Plus près de toi, mon Dieu aux réunions du Parti Travailliste et l'Internationale à la chapelle.
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Être anglais était la vertu suprême et être prisonnier en Angleterre, mieux que d’être libre nulle part ailleurs. Si ça n’avait tenu qu’à lui, la guerre aurait pu durer indéfiniment. Il vivait dans une vaste demeure, avec un parc où il se promenait, une rivière où il pêchait, un potager où il jardinait en un pays idyllique plein de bois, de collines et de femmes blondes dont les maris étaient à la guerre pour sauver le monde d’individus comme lui.
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Dix ans de Plâtre 2 et de rencontre avec la barbarie lui avait au moins appris qu'il n'existait pas de réponse à toutes les questions et que la teneur de la réponse importait peu du moment qu'on la donnait avec conviction. Au XIVe siècle, on lui aurait dit que cette idée venait du diable. Dans le monde post-freudien d'aujourd'hui, on appelle ça complexe ou, pour être tout à fait moderne, déséquilibre hormonal. Dans cent ans, on donnerait une toute autre explication encore. Réconforté à l'idée que la vérité d'un jour fait la risée du lendemain et que ce qu'on pense ne compte tant qu'on agit pour le mieux, Wilt finit par s'endormir.
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- Y'avait cet étudiant habillé en pingouin tu vois. «S'il vous plait, qu'il dit, voudriez-vous me laisser le passage ?» Comme ça. Et tout ce que je faisais c'était regarder les livres dans la vitrine...
- Les livres, dit Wilt d'un air sceptique. A 11h du soir, vous regardiez des livres ? Je n'arrive pas à y croire.
- C'étaient des illustrés, des histoires de cow-boys, dit le maçon. Dans une boutique d'occasion à Finch Street.
- Avec des filles, expliqua quelqu'un.
Wilt opina du chef. Cela avait l'air plus vraisemblable.
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Wilt, resté en dehors de toute cette controverse, s’était demandé en silence, comme il le faisait maintenant, d’où vient cette curieuse idée très récente que les mots peuvent changer les choses. Un cuistot est un cuistot, n’en déplaise au titre de « Savant culinaire » dont on l’affuble. Quant à l’employé du gaz, lui donner du « Spécialiste en liquéfaction et gazéification » ne change rien au fait qu’il n’a jamais suivi qu’une formation d’employé du gaz.
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— On n’est plus dans le coup, mon vieux, soupira Braintree. La réalité, c’est que les ordinateurs sont là et bien là, et que les enfants savent s’en servir, et pas nous. Langage compris.
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Je leur ai quand même fait passer un mauvais quart d’heure, à toutes ces enflures ; de toute façon il faut bien qu’il y ait quelqu’un pour les ramener sur terre de temps en temps. Ils ne vivent que dans les nuages, là où tout est net et hygiénique parce que c’est un monde qui n’est peuplé que de mots. Comme ça rien ne s’y passe jamais. Vu ?
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— Essayons de remonter de là à ses comportements précédents. Vous n’avez rien remarqué de particulier ? Le capitaine Clodiak nia de la tête. — Non, rien. Il n’est pas homosexuel, plutôt bien élevé, il n’a pas tendance à draguer les femmes ; je dirais même qu’il a des complexes, peut-être est-il un peu dépressif. Rien que je puisse classer comme inhabituel chez un Anglais.
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L’être humain civilisé est un mythe, une créature légendaire qui existe seulement dans l’imagination des auteurs de romans, où ses fautes et ses faiblesses sont expurgées et son sens du devoir et du sacrifice magnifié.
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« Fous philanthropes » est exactement la bonne formule pour désigner les Américains avec leurs bases aériennes, leurs armes nucléaires, et leurs imbéciles diplômés du Département d’État qui sont capables de confondre un bon père de famille, parfaitement insignifiant, avec un stalinien pur et dur, membre du K. G. B. – et qui arrosent ensuite la planète entière à coups de milliards de dollars pour tenter de défaire les conneries qu’ils ont faites.
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Le monde était plein de gens comme Goldstone qui jouaient à vivre et qui découvraient la réalité seulement quand elle leur donnait des coups de pieds dans les gencives.
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Une bétonnière à tambour était arrivée sur le chantier et reculait lentement vers le panneau en bois. Elle s'arrêta, et il y eu un moment d'attente douloureux quand le chauffeur sauta dans la cabine pour griller une clope. Un type, le chef de chantier sûrement, sortit d'une baraque et se dirigea vers la bétonnière. Tout un petit groupe entourait maintenant le trou fatidique. Wilt quitta son bureau et se mit à la fenêtre. Qu'est-ce qui les retenait ? Le chauffeur finit par remonter dans la cabine et deux types enlevèrent le panneau. Le chef de chantier fit un signe au chauffeur. La bétonnière se mit en position. Un autre signal. Le tambour tourna. Le béton allait sortir. Wilt le vit commencer à couler et juste à ce moment-la le chef de sentier jeta un regard dans la trou. Puis un des ouvriers. Un instant plus tard c'était l'affolement. Signaux frénétiques, hurlements. À travers la vitre, Wilt voyait des bouches et des bras s'agiter, mais le béton continuait de couler. Wilt ferma les yeux et frissonna. Ils l'avaient trouvée, cette conne.
Sur le chantier l'air était lourd d'incompréhension.
- Qu'est-ce qui se passe ? Mais je l'envoie le plus vite que je peux ! cria le chauffeur, se méprenant sur le sens des signes que lui faisait le chef de sentier.
Il tira un peu plus sur le levier et la vitesse de coulée du béton augmenta encore. Deux secondes plus tard il se rendit compte qu'il avait dû gaffer. Le chef de chantier, cramponné à la portière de la cabine, hurlait à s'en faire péter les tympans.
- Arrête, bon Dieu, arrête ! Il y a une femme dans le trou !
- Une quoi ? dit le chauffeur en arrêtant le moteur
- Une femme, merde ! Et merde, regarde ce que t'as fait. J' t'ai dit d'arrêter. J' t'ai dit d'arrêter le béton. Et toi peinard tu lui as balancé vingt tonnes de béton sur la gueule.
Le chauffeur descendit de la cabine et alla regarder le tambour de la bétonnière d'où s'écoulait nostalgiquement les derniers gravillons.
- Une femme, dit-il. Dans ce trou ? Qu'est-ce qu'elle foutait là ?
Le chef de sentier lui lança un regard diabolique.
- Ce qu'elle foutait ! mugit-il. Et qu'est ce que tu fais quand tu prends vingt tonnes de béton sur la tronche. Tu te noies !
Le chauffeur se gratta la tête.
- Ben je savais pas qu'elle était là. Comment j'aurais fait ? Fallait me le dire.
- Te dire quoi, aboya le chef de sentier. Mais bon sang j t'ai dit d'arrêter. T'écoutais pas c'est tout.
- J' croyais qu' tu disais d'aller plus vite. J'entendais rien.
- Mais tout l' monde m'a entendu bordel ! rugit le chef de sentier.
[...]
- Tes sûr de c 'que tu dis ? demanda le chauffeur.
- Évidemment, hulula le chef de sentier. Demande à Barney.
L'autre ouvrier, pas de doute c'était Barney, hocha la tête.
- Elle était là, pas d'erreur. Juré craché. Toute retournée avec une main en l'air et les jambes...
- Bon Dieu, dit le chauffeur plutôt secoué, qu'est-ce ce qu'on va faire maintenant ?
Wilt se le demandait aussi, et ça le tracassait aussi. Appeler la police probablement. Le chef de sentier n'y méprenant pas.
- Amène les flics. Une ambulance. Les pompiers. Une pompe. Pour l'amour de Dieu, dégote une pompe !
- Pas la peine, dit le chauffeur. Tu pourras jamais pomper le béton. Ça sert à rien. Elle est morte, non ? Écrabouillée. On s' noie pas avec vingt tonnes de béton. Pourquoi elle a rien dit ?
- Et qu'est ce que ça changeait ? demanda le chef de sentier d'un air mauvais. T'aurais continué de toute façon.
- Ben d'abord comment elle est arrivée là ? dit le chauffeur pour changer de sujet.
- Qu'est-ce que j'en sais, moi ! Elle a dû tomber.
- Et tirer le panneau derrière elle. Sûr, gars, dit Barney qui paraissait avoir l'esprit pratique. On l'a tuée.
- Évidemment, brama le chef de sentier. Dieu de Dieu, je lui ai dit d'arrêter. Tu m'as entendu pourtant. À un kilomètre à la ronde on m'entendait. Mais Chris, non. Il a fallu qu'il continue d'envoyer son foutu...
- Elle a été tuée avant d'arriver dans le puits, dit Barney. La panneau aurait pas été là si elle était juste tombée.
Le chef de sentier s'essuya le visage avec son mouchoir et contempla le panneau.
- C'est au moins ça, marmonna-t-il. Personne peut dire qu'on n'a pas respecté la sécurité. T'as raison. C'est un meurtre, bordel de Dieu !
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C'est alors que le malheur se produisit. Le pied droit de Wilt dérapa sur le shampooing qui s'était répandu sur le siège des toilettes, glissa sur le bord de la cuvette, et Wilt, la poupée et la porte de l'armoire à pharmacie avec laquelle il avait essayé de se sauver planèrent un instant dans l'espace. Lorsqu'ils heurtèrent la baignoire, lorsque le rideau de douche et la tringle s'effondrèrent, lorsque le contenu de l'armoire se répandit sur le lavabo, Wilt lança un dernier cri de désespoir. Il y eut un plop qui rappelait celui d'un bouchon de champagne et Judy, répondant finalement à la pression des soixante-dix kilos de Wilt qui s'effondraient sur elle depuis la baignoire, le libéra. Mais Wilt ne s'en souciait plus. Il était lessivé dans tous les sens du mot. Il n'était que vaguement conscient des cris dans le couloir, du bruit de la porte qu'on brisait, des visages qui le regardaient avec des rires hystériques.
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Elle était en grande discussion avec un individu vêtu en tout et pour tout d'un pagne taillé dans un torchon publicitaire à la gloire des fromages d'Irlande.
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- Tu ne vas pas venir comme ça ? lui dit Eva qui, fort dévêtue, sortait de la salle de bain.
Elle avait la figure plâtrée de poudre blanche et ses lèvres brillaient sous le carmin.
- Doux Jésus, dit Wilt. Un masque de Mardi gras anémique !
Eva le bouscula au passage.
- Je suis Gatsby le Magnifique, proclama-t-elle, et si tu avais deux sous d'imagination tu trouverais autre chose à te mettre qu'une chemise de travail et un jean.
- Gatsby le Magnifique, c'était un homme, non ? dit Wilt.
- Tant pis pour lui, dit Eva en enfilant le pyjama jaune.
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Pour Wilt, seul existait un éternel présent, constitué d'une succession de moments présents qui, plutôt que d'avancer, s'accumuler derrière lui comme le ferait une réputation.
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En fait, il avait eu un "bleu de Porterhouse".
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La France ne l’attirait pas non plus. D’abord, c’était trop proche de l’Angleterre. Et puis, il appartenait à une génération qui avait été élevée dans le mépris des Français et dans la conviction que l’adultère était le passe-temps favori de toute la population de cette pernicieuse nation
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p.155-6.
À cet instant, Mrs Bale entra pour lui rappeler qu'il avait une audience dans vingt minutes.
- Pour quelle affaire ?
- Celle du chauffeur de taxi tabassé par des types ivres morts qui ont refusé de payer la course, une fois conduits dans leur village.
- Ah oui ! Je vais le condamner pour avoir provoqué une échauffourée.
- Le chauffeur ? Pourquoi lui ? Pourquoi pas les voyous qui étaient soûls ? Après tout, c'est leur faute si tout a commencé.
- Vous n'avez pas idée de la honteuse faiblesse du système juridique actuel. Il n'y a pas assez de prisons et nous n'avons pas le droit d'utiliser les cellules des commissariats de police à cause de leur coût. Alors, c'est bien plus économique de mettre le chauffeur de taxi à l'amende : ça lui apprendra à ne pas laisser monter des gens ivres dans son taxi. Et quand je le condamnerai, il ne se plaindra pas : il s'estimera heureux que je ne l'envoie pas en prison. Vous devriez voir les autres juges... Des éponges pleines d'eau de lessive : Allez, donnez-moi mon manteau.
Mrs Bale sortit en soupirant et en se demandant pourquoi elle était devenue la secrétaire de Sir George. Feu son mari répétait souvent : « La loi est aussi bornée qu'un âne. »
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p.121.
Aujourd'hui, on ne demandait pas aux « étudiants en communication », comme on les appelait, de réfléchir ou de discuter, mais de rester plantés devant un ordinateur et de faire seulement l'effort de le manipuler le plus vite possible. La plupart du temps, les jeunes s'adonnaient à des jeux virtuels d'une rare violence, ou ouvraient des pages de Facebook pour les remplir de photos ridiculement vicieuses de leurs condisciples.
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p.77.
- Tu as dû aller dans une école bizarre.
- Toutes les écoles sont bizarres. Elles le sont forcément, vu le nombre de crétins qui en sortent.
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p.260.
Dans Wilt 4, Henry Wilt se fait, littéralement, le porte-parole de l'auteur dans les épreuves qu'il traverse lors de son séjour à l'hôpital. Lorsqu'il résidait en Angleterre, Tom Sharpe avait connu les mêmes conditions d'hospitalisation, voire les mêmes erreurs de diagnostic que son personnage. En effet explique-t-il, c'est avant tout pour des raisons médicales qu'il a fui l'Angleterre, afin de trouver un pays où le système de santé est plus efficace que celui de son pays.
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p.257-8.
Dans ces deux romans, tout comme dans Wilt 4, Wilt sait manipuler l'adversaire en usant uniquement de la parole, plus efficace à ses yeux que la violence physique. Tom Sharpe, qui a été lui-même emprisonné dans les geôles sud-africaines avant son expulsion, revient, roman après roman, sur ces confrontations lors d'interrogatoires policiers où le suspect est condamné d'avance. Dans les trois premiers romans sur Wilt, les époux Wilt s'affrontent eux aussi dans un univers où chacun incarne des forces qui s'opposent : Eva l'extravertie pleine d'énergie qui domine son mari et Henry l'introverti dont l'action est paralysée par la réflexion.
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p.166.
Après quelques péripéties passablement frustrantes, Flint finit par trouver Wilt dans l'univers kafkaïen du centre hospitalier d'Ipford. Il avait d'abord été dirigé vers la neurologie, pour apprendre que Wilt venait d'être transporté en vasectomie.
Mais pourquoi donc, grands dieux ? Demanda-t-il à l'infirmière. D'après ce qu'on m'a dit, il a été agressé. Il n'a pas besoin d'une vasectomie !
- Non, c'est vrai. D'ailleurs, il n'y est pas resté longtemps. Maintenant, il est en hystérectomie...
- En hystérectomie ? Doux Jésus ! Dit Flint d'une petite voix. (Il pouvait à la rigueur concevoir qu'on prescrive une vasectomie à un homme présumé responsable de la présence sur Terre de ces horribles quadruplées. Après tout, il convenait d'épargner au monde de futures catastrophes. Mais une hystérectomie !) Un homme, en hystérectomie ? Vous ne pouvez pas faire une hystérectomie à un homme ! C'est impossible !
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p.155-6.
Une fois Wilt étendu sur la banquette arrière, l'équipe de ronde partit vers l'hôpital d'Ipford, où l'accueil fut loin d'être chaleureux.
- Ouais, encore un ? s'exclama l'urgentiste débordé qu'avait appelé une infirmière de l'accueil. Ça va être coton, avec ce putain d'accident ! On n'a plus un seul lit de libre. On n'a plus de chariots. Je ne suis même pas sûr qu'il reste un bout de couloir. Et pour rendre le travail dans cet abattoir humain encore plus réjouissant, on a quatre médecins en congé maladie, et l'habituelle pénurie d'infirmières. Il ne peut pas rentrer chez lui, votre gars ? Il risque moins de crever là-bas.
On finit tout de même par installer Wilt sur un brancard et par lui trouver une place dans un couloir. Fort heureusement, il était toujours inconscient.
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