Sir Giles, maitre du château Handyman, est le représentant du Worfordshire Sud au Parlement. Pour être plus précis, il n'est que le dépositaire de ladite demeure, par son union avec Lady Handyman. Problème, le mariage n'a jamais été vraiment consommé - le physique hommasse de cette dernière et son caractère autoritaire n'aident pas, le chatelain ayant des appétits qui le portent plus vers les coups de cravache et le bondage. Lady Maud, la quarantaine bien entamée, désirant un enfant pour perpétuer la lignée des maîtres du château, devant le peu d'entrain de son mari, a décidé de demander le divorce. Les dispositions matrimoniales sont claires, pour garder son droit sur le château, Sir Giles doit accomplir son devoir, procréer, et pour que le divorce lui permette de récupérer son bien, Lady Handiman est tenue d'apporter la preuve de l'infidélité de son époux. le lord est prêt à tout pour garder la mainmise sur la bâtisse ou tout au moins sur la valeur qu'elle représente, tout en se soustrayant à ses obligations. Ainsi lui vient l'idée diabolique de faire jouer les rouages politiques aux fins de construction d'une autoroute au milieu du domaine et de raser le château, entrainant l'expulsion des habitants de la gorge de Cleene. À malin, malin et demi, c'est sans compter avec les ressources de son épouse, son caractère combattif, avec le soutient et la dévotion indéfectible du jardinier Blott pour sa maitresse. Commence un authentique combat à mort où tous les (pires) coups sont permis.
Bien franchement, Lord Giles et Lady Handyman sont deux personnages suprêmement antipathiques. L'un est un réactionnaire du pire acabit et l'autre est une authentique hystérique, impérieuse avec çà. On aimerait bien que ça se termine à la déconfiture des deux belligérants, hélas un camp triomphera. le récit est assez désopilant, les paragraphes se répondant, c'est une véritable partie de tennis de ping-pong qui s'engage. L'humour anglais jouant à plein, c'est au final un roman fort distrayant.
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L'intrigue du roman est complètement déjantée. Un couple se déchire, se défait lentement. Pour se débarrasser d'elle sans perdre sa fortune, le mari ne trouve rien de mieux que de planifier la destruction de leur demeure par une autoroute. Elle, va tout faire pour l'en empêcher, jusqu'à installer un parc animalier dans la propriété, gageant que l'opinion publique britannique, ne pourrait tolérer que l'on fasse du mal à des animaux.
Lady Handyman porte bien son nom ("homme à tout faire"), et si une personne mériterait encore plus ce nom, c'est son jardinier, Blott. Au départ, il apparaît comme un employé bas du front, qui ne s'intéresse qu'à ses roses. Il va prendre le parti de sa maîtresse, transformer le château en bunker (sans doute, grâce à ses origines teutonnes), et mettre de sérieux bâtons dans les chenilles des bulldozers venus massacrer le paysage bucolique.
Entre autres, le rusé Blott concocte une boisson très spéciale pour enivrer un conducteur d'engins, et lui faire détruire tout un village... D'autres scènes tout aussi visuelles, mériteraient de figurer dans un film d'action.
Le roman, distrayant, vaut aussi par sa description ironique de la société anglaise, de ses ambitieux fonctionnaires, de ses avocats timorés, et de ses lords excentriques. En filigrane, on peut y déceler une référence à ce qui fit la grandeur de l'Empire britannique. En effet, Lady Handyman est de descendance aristocratique. Blott n'est même pas anglais à l'origine, mais comme beaucoup d'immigrés, il est bien plus royaliste que le roi, totalement fan de son pays d'adoption, à la fois fasciné par les anglais, et convaincu que leur conservatisme a du bon...
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Excellent comme toujours dirais-je, pseudo oblige, peut-être?
Je me demande pourquoi, il n'y a pas de film de ces livres, c'est un humour british que j'affectionne, je m'imagine toujours les scènes et me dit que ça ressemble assez à un script pour le cinéma...
4* car ça permet de vider l'esprit entre deux livres références, du côté de chez Swann et/ou Les essais par exemple, qui demande de l'attention, et ou l'on rit rarement, c'est un peu comme la pause au boulot...
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Rien dans le physique de Maud ne laissait supposer une sexualité particulièrement insatisfaisable, aussi Sir Giles avait-il été surpris, pour ne pas dire peiné, par son interprétation au pied de la lettre de ce qu'il lui avait soufflé, lors de leur lune de miel: il désirait qu'elle l'attache sur le lit et qu'elle le batte. On avait entendu ses cris sur la Costa Brava à un kilomètre à la ronde et cela lui avait valu une conversation embarrassante avec le directeur de l'hôtel. Sir Giles n'avait pas pu s'asseoir pendant le trajet du retour.
P12
Être anglais était la vertu suprême et être prisonnier en Angleterre, mieux que d’être libre nulle part ailleurs. Si ça n’avait tenu qu’à lui, la guerre aurait pu durer indéfiniment. Il vivait dans une vaste demeure, avec un parc où il se promenait, une rivière où il pêchait, un potager où il jardinait en un pays idyllique plein de bois, de collines et de femmes blondes dont les maris étaient à la guerre pour sauver le monde d’individus comme lui.
Et puis, on ne pouvait pas dire du paysage qu'il était uniformément beau. Lady Maud se trouvait dans le panorama, et quelques fussent ses autres qualités, on ne pouvait décemment la trouver belle. Elle était grosse et lourde, et avait des formes dont quelqu'un avait dit un jour, fort à propos, qu'elles étaient rodinesques. En tout cas, Sir Giles, qui la regardait avec l'objectivité que donnent six ans de mariage, la trouvait phénoménalement laide.
Elle avait accepté sa demande en mariage sans illusion, mais se rendit compte trop tard que son long célibat avait créé chez lui des habitudes et des fantasmes qui l’empêchaient de remplir sa part du contrat. Sir Giles n’était pas fait pour la paternité, tant s’en fallait. Après l’expérience funeste de leur lune de miel, Maud avait tenté une réconciliation, mais en vain. Elle avait essayé la boisson, les plats épicés, les huîtres et le champagne, les œufs durs : il était resté inexorablement impuissant.
J'ai autre chose à vous annoncer, dit enfin Hoskins. Il en pince pour votre légitime.
Sir Giles fit un drôle de bruit.
-Il quoi? s'étrangla-t-il.
-Il s'est épris de Maud, lui expliqua Hoskins. Il m'a dit qu'il la trouvait charmante et délicieuse.
-Charmante et délicieuse? Dit Sir Giles. Maud?
- Et avenante.
-Oh mon Dieu! Je comprends maintenant pourquoi elle arbore l'air satisfait d'un chat qui viendrait d'avaler une souris.
P112
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Par les temps qui courent, avouez qu'on lirait bien une bonne comédie réussie ? J'ai ce qu'il vous faut.
« Wilt » , de Tom Sharpe, c'est à lire en poche chez 10/18.