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Critiques de Valérie Toranian (91)
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L'étrangère

Le génocide arménien, horreur du 20ème siècle dont les livres d’histoire ne parlent pas, toujours non reconnu par les turcs à ce jour ! Valérie TORANIAN, elle, a décidé d’en parler, à travers le destin d’Aravni, sa grand-mère paternelle, surnommée Nani par tous ses petits-enfants.



L’étrangère, c’est elle. Une survivante qui préfère se taire. Mais sa petite-fille aimerait pourtant qu’elle lui raconte son histoire. Elle, enfant issue d’un mariage mixte, continuellement écartelée entre ces deux origines, française et arménienne. Elle devra pourtant attendre que celle-ci, tout à la fin de sa vie, accepte d’en livrer quelques bribes ! Valérie découvrira alors l’horreur.

Car Aravni a tout vécu ou presque : la perte de tout ses proches (exceptée sa tante), la déportation, « les marches de la mort », la famine, les massacres...Et enfin la survie, envers et contre tout. Mais au prix de tant de souffrances et de sacrifices ! Seul son immense amour pour son fils lui apportera un peu de lumière et de bonheur.



Vous l’aurez compris, j’ai adoré ce roman, qui est un magnifique hommage d’une petite fille à sa grand-mère, un merveilleux portrait de femme courageuse, absolument émouvant. L’écriture de Valérie TORANIAN est poignante, tous les sentiments humains y sont décrits : la haine, la lâcheté, l’horreur, mais où l’amour restera plus fort que la haine, à travers l’héritage arménien qu’Aravni tient par-dessus tout à transmettre à ses petits-enfants, et arrière petits-enfants.

C’est également un témoignage de l’auteur sur sa propre vie, qui raisonne particulièrement en moi, issue également de parents « d’origine et de confession » différentes.



Pour conclure, ce roman raisonne comme un hommage à tous ces rescapés de génocide, quel qu’il soit, qui ont décidé au plus profond d’eux-mêmes d’être plus fort que la haine. A lire à tout pris.



Pour finir deux passages forts, qui m'ont particulièrement marqué, parmi tant d’autres qui résument à eux seuls ce splendide roman :



"Le fait que les Turcs refusent jusqu'à aujourd'hui de reconnaître le génocide des Arméniens rend fou. Ce serait comme dire aux descendants des Juifs dans une Europe où les nazis auraient gagné la guerre : il ne s'est rien passé..."



« L’entreprise d’extermination totale passe par la déshumanisation des victimes : faites-en des animaux, hagards, prêts à tout pour survivre ; ils oublieront qu’ils ont été des hommes et des femmes, ils perdront leur éducation, leurs valeurs, leur solidarité. Une fois qu’ils auront déserté l’espèce humaine, il n’y aura plus d’obstacle moral à les tuer tous….. » Ma grand-mère, drapée dans son admirable orgueil,......., refusait de devenir la bête qu’ils voulaient qu’elle devienne ».



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L'étrangère

Amassia, juillet 1915. Aujourd'hui, l'on fête Artavar. La fête jusqu'ici préférée d'Aravni. Mais, aujourd'hui, il n'y a pas de messe, ni de prêtre. Les hommes ont tous été arrêtés il y a quelques jours. Dont le père et le mari d'Aravni. Elles apprennent qu'apparemment les Turcs les auraient même exécutés. Aujourd'hui, la jeune femme, âgée de 17 ans, accompagnée de sa mère, de sa petite soeur et de sa tante n'ont d'autre choix que de fuir ce pays. Emportant les quelques richesses qui leur restent, celles qui n'auront pas été pillées par les Turcs, elles embarquent dans le premier convoi. En chariot ou à pied, c'est un long cortège qui laisse derrière lui Amassia, une ville qui, d'ici dix jours, sera vidée de ses 13000 arméniens. Un convoi qui s'éclaircira au fil des jours, soumis aux viols, aux enlèvements d'enfants et à la maladie...

Valérie adore sa grand-mère, Aravni, alias Nani. Mais, elle en a un peu honte. Pas vraiment belle, un corps masif, une grosse poitrine, un peu bizarre. Et trop étrangère, trop différente de sa famille maternelle. Gamine, elle allait sans hésiter s'empiffrer de ses tire-bouchons et prenait du plaisir à regarder la télé, alors interdite par son père, et suivre avec Nani les feuilletons. Ne parlant que quelques mots de français, sa présence compensait à elle-seule le manque de conversation. Pourtant, Aravni en aurait des choses à raconter... le génocide, l'exil, les horreurs...



Avec beaucoup d'émotions, Valérie Toranian nous plonge à la fois dans le passé de sa grand-mère et dans ses propres souvenirs lorsqu'elle était plus jeune. Elle retrace, pas à pas, le parcours ô combien difficile d'Aravni. La fuite, la misère, les séparations, la maladie, les morts autour d'elle... et le génocide arménien que les Turcs, encore aujourd'hui, refusent de reconnaître. Aravni, une femme forte et courageuse qui se sera battue toute sa vie durant. Un portrait de femme saisissant raconté aujourd'hui par sa petite-fille qui alterne brillamment ses propres souvenirs et le destin tragique de sa grand-mère. Un portrait puissant et émouvant d'une grand-mère si attachante, parfois têtue et revêche. Un récit sensible et étonnant où l'humour n'est jamais bien loin. Pour ne pas oublier...
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L'étrangère

Que faire face à la carapace du silence, non celle de l'oubli, mais au contraire, d'une mémoire trop vive, trop présente ? Comment pouvoir transmettre, se souvenir quand on nous interdit l'accès à notre histoire familiale, si dure et innommable soit-elle ? Comment arriver à retisser ce lien pour se réapproprier ses racines ?



Les parents pensent qu'il suffit de ne pas en parler pour que la douleur s'amenuise, pour que le coeur et l'esprit oublient et qu'on puisse enfin exister. Les enfants s'étourdissent dans des commémorations et des batailles nécessaires contre l'oubli et son travail de sape, au risque de se perdre et ne plus vivre dans cet ici-maintenant qui de toute façon, ne ferait plus sens, sans ce combat mené. Et les petits-enfants entre rien et tout, ne savent pas comment vivre avec, faire comprendre ou partager ce mal-être.



Aravni, Vram (qui se fait appeler Georges), Valérie (que l'on nomme Astrig) sont les 3 générations de l'étrangère qui, chacune à leur manière, vont devoir batailler avec cette horreur que la Turquie a de plus en plus de mal à faire passer pour une guerre civile, doublée d'une famine : le génocide arménien. Les faits historiques sont tenaces et n'ont que faire de la volonté des uns ou de la mémoire des autres. Ils ne disent, n'acquiescent ni ne nient : ils sont.



"Le fait que les Turcs refusent jusqu'à aujourd'hui de reconnaître le génocide des Arméniens rend fou. Ce serait comme dire aux descendants des Juifs dans une Europe où les nazis auraient gagné la guerre : il ne s'est rien passé..."



Aravni a eu ce destin tragique des victimes de ce génocide ; entre chance inouïe et instinct de vie, elle s'en est sortie. Valérie Toranian, nous raconte là, autant l'histoire d'Aravni, que la sienne propre. Celle d'une gamine qui s'accroche aux jupons de sa Nani et s'empiffre de pâtisseries orientales, d'une adolescente qui, contre l'indifférence et le négationnisme, veut « savoir », pouvoir brandir cette vérité tue, puis d'une future maman qui, tel un scribe, cherche à lutter contre l'oubli en recueillant la parole avant qu'elle ne s'éteigne, avec au creux du ventre, un petit bout d'homme et d'Arménie…



Il faut lire ce livre, cette danse incertaine à la recherche de la vérité, ce fil tendu à craquer de la parole désirée, entre Aravni qui ne peut dire et Valérie qui veut entendre pour consigner les faits, les inscrire dans l'histoire familiale pour pouvoir « tenir debout », génération après génération.



Entre malice et réelle souffrance – palpable – Aravni lézarde, ruse face à Astrig – entre compréhension et exaspération – hantée par l'urgence de savoir avant qu'il ne soit trop tard.



Et cet épilogue...
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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L'étrangère

Aravni est Arménienne. A 15 ans, elle est obligée de fuir et de traverser les pires situations lorsqu'elle est confrontée au génocide en 1915. De sa traversée de Turquie, dans les convois, à son arrivée à Paris plusieurs années plus tard, Aravni ne dit rien. Elle préfère ne pas se rappeler en espérant que sa mémoire oubliera...

Valérie Toranian signe ici un magnifique hommage à sa grand-mère paternelle. Tendre et aimante, elle évoque la vie de cette femme forte et courageuse, tant à travers les souvenirs de son passé, que ceux de sa vie en France, au milieu de ses petits enfants. D'une écriture émouvante, parfois dure, Valérie Toranian nous touche profondément...
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L'étrangère

Valérie Toranian rend hommage à sa grand-mère paternelle, Aravni, arménienne, arrivée en France dans les années 1920 après avoir échappé au génocide perpétré et non reconnu par les Turcs.

Valérie, petite fille, jeune fille, jeune maman, nous raconte son enfance aux côtés de sa grand-mère, de sa famille.

Très agréable à lire, avec des personnages touchants, le roman se partage entre les chapitres de l'enfance de Valérie et le récit très douloureux de la fuite de sa grand-mère devant l'horreur.

Celle-ci doit se résigner à perdre les siens, à errer sur les routes, dans les convois.

Aravni va être abritée en Syrie, à Alep puis avec son deuxième mari, ils vont entreprendre un voyage et arriver à Marseille et ensuite à Paris où elle ne sera pas au bout de ses peines.

Grâce à Aravni et à son fils Vram, ses trois petits-enfants fréquenteront des cours à l'école arménienne et ne perdront pas le lien avec leur culture paternelle.

La mère de Valérie est française, professeur de latin. Aravni va être choquée par sa belle-fille mais les deux femmes s'entraideront, se respecteront et s'estimeront beaucoup.

C'est un livre magnifique, d'une très belle écriture avec des scènes douloureuses mais aussi des passages très humoristiques lors de l'enfance et la jeunesse de Valérie. Le choc des cultures est désopilant. Valérie ressent aussi l'injustice envers ses amies juives dont le passé cruel est reconnu et pas le sien.
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L'étrangère

La déportation, les camps, les coups, les morts... Non, je ne vais pas vous parler de l’Holocauste des Juifs mais du génocide arménien. Non, je ne vais pas comparer ces deux tragédies. Elles sont aussi violentes l’une que l’autre.

La première a été reconnue par les Allemands. La seconde a toujours été niée par les Turcs. Alors comment vivre, comment se reconstruire dans le silence, comment partager l’insoutenable quand toute revendication est balayée par le temps, par l’oubli.



Le génocide arménien fait partie de l’histoire de Valérie Toranian. Cette tragédie est inscrite dans son sang. Elle est fille et petite-fille d’Arméniens. Et c’est en discutant avec sa grand-mère, rescapée du génocide de 1915, qu’elle a pu mettre des mots sur l’histoire familiale.

« Ma grand-mère est une « rescapée du génocide ». Ces trois mots la définissent, la contiennent et l’isolent du reste de l’espèce. Son drame se confond avec elle : c’est une identité et une fin en soi. »



Et c’est avec beaucoup de délicatesse et pas mal d’humour que l’auteure alterne les chapitres consacrés à sa grand-mère fuyant la barbarie et son installation en France, et ceux consacrés à sa propre enfance et son amour partagé entre une grand-mère un peu bourrue, parlant à peine le français, aux cheveux noirs et bouclés et sa mère blonde aux yeux bleus, professeur de français latin-grec. Une dualité peu à peu effacée par la connaissance de ses origines.



Une écriture pleine de sensibilité et de tendresse pour apaiser la lecture de pages pleines d’effroi. Une lecture pour comprendre le génocide arménien, pour le devoir de mémoire, pour mieux appréhender le sort des réfugiés.

A lire !
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L'étrangère

Voilà un roman qui mérite un vrai coup de coeur. A travers le destin d'Aravni, rescapée du génocide arménien en 1915. Puis, la vie qui reprend le dessus, à Paris malgré tout, le temps peut-il assécher les larmes ? Drapé dans le silence, c'est par la voix de sa petite fille que l'histoire émergera.

Valérie Toranian nous offre un vrai bonheur de lecture avec ce portrait de femme qui brasse une foule d'émotions. Alternant avec un égal plaisir pour le lecteur ses souvenirs d'enfance et l'histoire terrible d'Aravni. Valérie Toranian redonne la parole à une femme de caractère a qui on a volé son adolescence. C'est bouleversant et remarquablement écrit. A ne pas rater.
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L'étrangère

Quand on parle de génocide, l'horreur nous glace le sang et on pense inévitablement à l'extermination du peuple juif par les nazis. Plus proche de notre époque, on évoque le génocide rwandais. L'un comme l'autre, même s'ils connaissent leurs négationnistes, cela reste des comportements isolés, et condamnables. Il en est un autre qui celui-là fait l'objet d'un négationnisme d'état et qui dans le concert des nations peine à faire reconnaître sa réalité, c'est le génocide arménien de 1915. L'éloignement dans le temps n'est pas la cause de ce manque reconnaissance. La cause est à rechercher dans le traité de Lausanne de 1923.



Cet accord qui met un terme à la première guerre mondiale dans cette région du monde sous la coupe de l'empire ottoman comporte entre autres clauses l'amnistie des crimes commis par les Turcs entre 1915 et 1922. Il ôte de facto aux Arméniens la possibilité d'engager des procès en reconnaissance du massacre de leur population, permettant à leurs bourreaux de travestir la destruction organisée d'un peuple en victimes collatérales d'une guerre civile.



Double peine pour un peuple minoritaire en son pays : un passé de martyr, un avenir d'oubli.



Valérie Toronian est la descendante du côté de son père de ces Arméniens qui ont dû fuir la Turquie pour échapper aux persécutions. Vivant à Paris dans la proximité de sa grand-mère paternelle qui a connu ces effrois et perdu toute sa famille, elle cherche à recueillir son témoignage pour faire échec à l'oubli organisé. L'étrangère est l'histoire arrachée au silence de cette personne au crépuscule de sa vie. Cet ouvrage est selon les termes de Valérie Toromian une reconstitution romancée de l'histoire d'une personne qui a vécu la tentative d'anéantissement perpétrée contre son peuple.



Ce sujet lourd est magnifiquement traité par cette auteure qui nous invite au cœur de sa famille. Il relate en termes dénués de tout esprit de vengeance la reconstruction d'une femme, sa grand-mère, qui tente par ses mots et gestes quotidiens de faire vivre une culture qu'elle sait menacée par son assimilation dans le pays qui l'a accueillie. Un pays dont la société, insouciante ou accaparée qu'elle est par ses propres déboires, ne cherche pas à connaître la cause de son expatriation. C'est une noble intention que celle de cette auteure de donner de l'audience au silence que s'est imposé sa grand-mère dans ce pays pour qui elle est devenue et restera une étrangère. Elle le fait avec conviction, sens de la filiation et beaucoup de simplicité, sans sombrer dans la grandiloquence larmoyante. C'est ce style qui est le plus à même de contrecarrer l'oubli institué. C'est très réussi.

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L'étrangère

« Coupable d'oser prétendre au statut de victime alors que je n'ai aucune preuve convaincante. Mon dossier est vide. »



C'est avec le film Mayrig d'Henri Verneuil sorti en 1991, que je découvre l'existence du génocide arménien. Mayrig, la mère interprétée par Claudia Cardinal, m'aura complètement bouleversée.



Avec l'Étrangère, j'ai reçu une forte charge émotionnelle à la lecture des évènements historiques, visuellement très forts.



C'est en voulant faire de la place sur mes étagères que j'ai ouvert l'Étrangère, en me disant qu'une fois lu, ce livre suivra son chemin dans une ruche de partage. Je l'avais eu en cadeau suite à l'achat de deux livres. Je me souviens l'avoir choisi entre le rayon décoration et la caisse, à demi en équilibre avec une pile de bouquins… Et pourtant...

Catégorie roman, l'Étrangère est l'ouvrage qui m'aura le plus remuée depuis cette année.





En 1987, le génocide arménien a été reconnu par le Parlement européen, puis par vingt-neuf pays en avril 2017. La position turque, quant à elle, maintient un refus ferme de reconnaissance en présentant la cruauté des faits comme une tragédie consécutive à la Première Guerre mondiale.

Le gouvernement Ottoman de 1915 s'est surtout acharné à détruire toutes les preuves…



Voilà pourquoi le dossier de Valérie Toranian est vide…

Vide comme le crâne d'un squelette prenant la poussière quelque part dans les déserts ottomans…



Depuis avril 1915 jusqu'à une date non définie, certains parlant de juillet 1916, voire 1923, les deux tiers des arméniens périssent suite aux déportations, massacres, famines, marches de la mort, d'une ampleur massive.

Ce génocide coûte la vie à plus d'un million deux cent mille arméniens, sous l'ordonnance du parti Jeunes-Turcs, alors en place, les accusant de collaboration avec l'ennemi.

Un mois après le début de l'extermination, en mai 1915, les alliés accusent la Turquie de « crimes contre l'humanité et la civilisation ».





L'autrice, à travers les yeux et les souvenirs de sa grand-mère, rend le plus singulier, le plus émouvant des hommages. Il s'adresse en premier lieu à Aravni, sa tatik, mamie en arménien. Aravni porte en lumière le vibrant témoignage de tout un peuple, grâce au récit poignant de sa petite-fille.

Valérie Toranian avance avec prudence, à pas de velours, pour parcourir la mémoire en souffrance d'une veille femme…

L'autrice y conjugue passé et présent avec force et subtilité.



« Comme les enfants qui ne se lassent pas d'entendre la scène augurale de l'histoire d'amour entre leurs parents, je rêve d'un chapitre romanesque pour ma grand-mère, un épisode qui la détache du tragique. Je voudrais équilibrer les émotions de la spectatrice que je suis. Je voudrais qu'au coeur du malheur surgisse un coucher de soleil sur le Bosphore. »



J'ai aimé ses formes et sa griffe. Elle touche avec discrétion l'impardonnable et l'incompréhensible. Elle explique son ressenti avec une grande sincérité. Elle reste à l'écart, spectatrice de l'histoire d'un peuple dont elle est un des fruits, puis elle devient actrice d'une confession à fleur de peau.



Étrangère là-bas et pourtant chez elle, étrangère ici et pourtant accueillie. Valérie Toranian se demande jusqu'à quel point l'étrangère n'appartient à aucune civilisation. L'étrangère est rayée de la carte comme une erreur. Alors l'étrangère s'appartiendra à elle seule, et saura se reconnaître pleinement.



« Et je t'attache à moi par tes papilles, par ton petit ventre dodu d'enfant qui n'a jamais connu la faim, et tous ces gâteaux, c'est ma revanche sur la vie, ou plutôt sur la mort... »



Aravni, éclate ! Flamboyante comme une fleur gorgée de soleil. Acharnée de vivre. Pour elle, pour eux, pour tous. La reconnaissance n'est pas facultative. Ni oubli, ni excuses… Justice et réparations pour le peuple arménien.



« Et je t'attache à moi par le sucre et le sel, par ses épices douces-amères dont ta mère ignore même l'existence, et à chaque nouvelle bouchée je te fais mienne aussi sûrement que ta mère t'a fait sienne lorsqu'elle t'a sortie de ses entrailles en poussant un grand cri. »



Les livres offerts par hasard sont parfois les plus marquants...



Lu en mai 2021
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L'étrangère

Un pur bonheur que ce petit livre ! Valérie Toranian plonge à la source des origines de sa grand-mère arménienne et évoque avec justesse le martyre d’un peuple dont le génocide n’a jamais été reconnu par la Turquie.

Dans un texte touchant et truffé d’humour, Valérie Toranian décrit les liens charnels qui l’attachent à son aïeule, qu’elle ne peut cependant s’empêcher de comparer à son autre grand-mère fine, distinguée et élégante… au détriment bien sûr de sa grand-mère arménienne, vraiment pas sortable !

Il est émouvant de constater qu’elle aura d’abord attendu de maîtriser la langue de sa grand-mère, puis que celle-ci lui aura imposé d’attendre son accouchement avant de lui raconter son histoire et celle de son peuple.

Un petit plus qui m’a amusée, Valérie et moi avons visiblement le même âge : nous avons regardé la Demoiselle d’Avignon, Belle et Sébastien et Amicalement vôtre, et avons été affublées des mêmes kilts et pantalons de velours …

Très intéressant et facile à lire, à conseiller à tout le monde pour découvrir ou redécouvrir l’histoire du génocide arménien.

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L'étrangère

Valérie est la petite fille d'Arvani qui ne souhaite pas dévoiler son passé. Arrivée en France en 1923, après avoir fui le génocide arménien en 1915, au cours de cette période, elle a dû batailler pour rester en vie.



Valérie Toranian nous transmet dans ce roman les instants qui ont marqué l'adolescence puis l'âge adulte de sa grand-mère qui malgré toutes les épreuves traversées reste une nani joyeuse et aimante au fort caractère.

Nous suivons également l'enfance de Valérie qui est partagée entre ses racines arméniennes et la culture française avec une mère professeur de français.



Valérie Toranian a su écrire un roman touchant grâce à l'alternance entre les chapitres, avec d'un côté les évènements tragiques du passé et de l'autre les situations parfois cocasses entre les deux cultures. Ce livre nous permet d'appréhender tout un pan de l'histoire encore tabou mais également le quotidien avec une grand-mère qui ne parle pas bien français et qui veut le bonheur de ses petits-enfants.



J'aimerais simplement avoir les mots justes pour vous transmettre à mon tour toute l'émotion que m'a procuré la lecture de ce magnifique et bouleversant roman. Et, je pense très certainement que ce livre sera pour moi, mon coup de cœur de l'année 2015.
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L'étrangère

Je me souvenais du nom de Valérie Toranian pour l’avoir souvent vu dans le magazine « ELLE », mais nous sommes ici bien loin des pages de papier glacé et des sujets « mode ».

L’auteure a choisi dans ce roman de revenir sur l’histoire de sa famille et en particulier sur celle de sa grand-mère paternelle, Aravni.

Aravni a vécu l’indicible, les « grandes marches » de l’exode Arménien, ce génocide longtemps caché, souvent ignoré, pour des considérations de géopolitique. La violence des chapitres sur le génocide est contrebalancée par la tendresse de ceux où l’auteure revient sur son rapport à sa grand-mère, cette femme un peu rude, aimante à sa façon, si différente. Sur son rapport à son « Arménité » aussi, qui la singularise et dont le poids n’aura pas toujours été facile à porter. Les pages sur son enfance ou son adolescence sont extrêmement touchantes…

Lecture bouleversante, parfois insupportable, mais dont je retiens surtout une immense tendresse et un hommage magnifique à Aravni.



Challenge Multi-défis 2018
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L'étrangère

Dans le marasme littéraire qui est devenu mon quotidien en cette début d’année, un bien joli roman s’est fort heureusement greffé. Alléluia, le mois de janvier n’aura pas été vain !



Lu d’une traite, tranquillement installée sur mon canapé, une tisane à portée de main, L’étrangère est exactement le genre de romans que j’affectionne. Pourquoi ? Parce qu’ils me font du bien au moral, des sanglots coincés dans la gorge, très émue et en même temps heureuse d’avoir été aux côtés de personnage hauts en couleur à la destinée romanesque, malmenés par le rouleau compresseur de l’Histoire et qui s’en sortent malgré tout à force de pugnacité.



Et puis, Valérie Toranian y parle de sa famille, notamment de sa grand-mère, Aravni, l’immigrée arménienne, sa nanni avec laquelle elle a entretenu une relation complexe faite de complicité, d’amour mais aussi de non-dits des deux côtés, l’une taisant son terrible passé, l’autre parfois honteuse de cette grand-mère qui ne rentrait pas dans le moule classique de la mamie française. Je ne vais pas vous le cacher, mon cœur de petite-fille a été énormément touché par cette histoire car je me suis reconnue dans ce portrait. J’ai la chance d’avoir eu une grand-mère du type mamie gâteau à la mode méditerranéenne, qui me parlait beaucoup du passé, nostalgique de son Algérie tant aimée, à coup de makrouds, de bonne louchée de couscous parce qu’il faut manger ma fille ! Aravni fait de même avec Valérie (la gavant de gâteaux arméniens dans le dos de sa belle-fille française très attachée aux repas sains et équilibrés ;)).



Surtout, L’étrangère est une déclaration d’amour faite par l’auteur à sa grand-mère qui a vécu le génocide arménien de 1915, alors qu’elle n’était qu’une jeune fille de 16 ans. Avant la Shoah il y eut ce drame atroce qui a vu mourir 1,5 millions d’Arméniens de l’empire Ottoman. Aravni perdra tout dans cette tragédie : son père, sa mère, sa petite sœur adorée, son mari. Son seul compagnon de route fut sa tante, la seule qui ait survécu. De camps en marches forcées meurtrière, d’exactions en vexations de toutes sortes, elle verra le pire de ce que l’homme est capable d’infliger à autrui. Il aura fallu du temps pour qu’Aravni se confie à sa petite-fille, quasiment à la fin de sa vie. Pas évident de parler de ces choses-là à quelqu’un qui ne pas peut comprendre, la fameuse solitude des survivants de génocides. C’est extrêmement émouvant.



Comment peut-on encore en 2017, occulter cette page de l’histoire qui ne fait l’objet que de quelques lignes dans les manuels ?! Cela me révolte et c’est pourquoi le récit de Valérie Toranian est d’autant plus important. Courrez lire ce roman, ce témoignage, pour la mémoire de ceux qui ont vécu l’enfer, pour ne pas oublier, pour faire un pied de nez à une communauté internationale qui sous couvert de relations diplomatiques, accepte de taire le pire !
Lien : http://www.livreetcompagnie...
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L'étrangère

Voilà un très beau roman dur, drôle et touchant ! Je lis rarement des témoignages, car ce n’est pas un genre qui me permet de m’évader… Pourtant, j’aurais été déçue de passer à côté de cette perle. Dans « L’étrangère », on va suivre deux récits : celui de Valérie Toranian lorsqu’elle était plus jeune et celui d’Arvani, sa grand-mère, lorsque cette dernière a dû fuir son pays en 1915. L’alternance est bien dosée. On évite ainsi d’enchaîner les scènes sombres, émouvantes et traumatisantes…



En effet, ce qu’a vécu Arvani prend tout simplement aux tripes… La pauvre arménienne va devoir vivre de terribles épreuves lorsqu’elle va apprendre que les Turcs ont exécuté son père et son mari. Seulement âgée de 17 ans, elle n’aura d’autre choix que de fuir le pays avec le reste de sa famille… Hélas, ce périple est loin d’être calme et sans douleur… On va assister à de multiples pillages, à des jeunes filles vendues, au génocide arménien et à un voyage incessant, difficile et fatiguant. La scène des bébés abandonnés m’a fait l’effet d’un coup de poing dans le ventre, tout comme d’autres passages qui ne m’ont pas laissée de marbre… Malheureusement, c’est une réalité…



À l’inverse, les chapitres avec l’auteure que l’on surnomme « Astrig » sont attendrissants. J’ai adoré découvrir sa relation avec sa grand-mère, son admiration pour sa mère et ses pensées pleines de naïvetés. La scène de la jupe tricotée est simplement trop mignonne ! Tout comme celles des gâteaux en forme de tire-bouchon… Avec sa plume belle et maîtrisée, Valérie Toranian arrive à transmettre une pluie d’émotions. On a là un très bel hommage à sa grand-mère ! Ce portrait poignant ne laissera certainement pas le lecteur indifférent… Pour ma part, cette œuvre découverte via le club des lecteurs est presque un coup de cœur.




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L'étrangère

L'étrangère c'est le portrait, sur deux époques, d'une même femme Aravni, arménienne dont on fait la connaissance dans les années soixante-dix, au travers des yeux de sa petite fille, Valérie, qui relate son attachement mais aussi les moments de honte vis à vis de cette grand-mère qu'elle adore et à qui elle ressemble tellement, mais qui est trop grosse, trop expansive, trop tout... et puis il y a l'autre Aravni, dix-sept ans en 1915, tout juste mariée qui doit fuir avec sa mère sa sœur et sa marraine dans les convois organisés par les Turcs pour tout simplement les exterminer.

C'est donc un très beau portrait que dresse Valérie Toranian , alternant avec beaucoup d'intelligence, les épisodes heureux, quelques fois drôles, souvent nostalgiques avec des moments beaucoup plus durs, liés à cet exode forcé qui n'a pour but que de laisser mourir le maximum d'arméniens sur les routes.

J'ai aimé le style simple et sans pathos, le regard touchant de Valérie Toranian pour sa grand-mère, sa découverte au fur et à mesure de ses questions sur les conditions de survie de sa grand-mère alors toute jeune et avec ce premier roman, c'est l'occasion de découvrir ou redécouvrir cet épisode tragique, un génocide non reconnu par la Turquie, qui reste pour les Arméniens comme une plaie béante.

L'étrangère, un premier roman humain et sensible.
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L'étrangère

Valérie Toranian, nous livre un récit poignant sur la vie de sa grand-mère paternelle Aravni dite Nani, petit surnom affectueux que lui on donné ses petits-enfants.

C'est un roman à deux voix, celle de Valérie enfant puis jeune fille et l'autre c'est celle de Aravni, jeune fille lors du génocide arménien.

Ce mélange du récit de l’aïeule et de sa petite-fille en fait un roman original plein de sensibilité et d'amour. C'est aussi un témoignage de Valérie Toranian sur sa propre vie entre « Deux mondes », l'Arménie, la France.



Il y a de l'amour, de l'humour, de l'horreur, de la bonté, de la lâcheté, tous les sentiments humains y sont transcrits. Certaines pages font même sourire malgré l'horreur qu'on y trouve dans d'autres.

On ne peut que se révolter à la lecture des événements décrits, comment l'humain peut-il commettre de telles atrocités. Et surtout après tant de temps comment un tel génocide ne peut-il être reconnu par ceux qui l'ont commis.

Édifiant et très bien fait, j'ai beaucoup aimé l'écriture de Valérie Toranian, pour un premier roman c'est une réussite mais surtout un beau témoignage envers sa grand-mère et ceux qui ont souffert de cette terrible épreuve.
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L'étrangère

Un beau roman qui nous montre à l'échelle d'une vie ce que le génocide Arménien a pu faire subir aux populations.

Ici on suit le périple de la grand-mère de la narratrice et l'enfance parisienne de sa petite fille. Cette dernière vit avec un héritage secret qu'elle ne comprend pas. Tiraillée par la culture française de sa mère et le poids de l'histoire arménienne qu'elle a en héritage par son père et sa grand-mère paternelle.

Un livre touchant et remplie de vie malgré l'ombre de la mort qui règne sur la route des Arméniens qui fuit.

Des touches d'humour adoucisse le récit.
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L'étrangère

Dans ce bouleversant roman, Valérie Toranian nous porte dans l’horreur du génocide arménien. « L’étrangère », retrace le destin d’Aravni, une toute jeune fille dans la tourmente du génocide arménien, qui n’est autre que sa grand-mère rescapée du génocide. A travers son récit c’est le calvaire des Arméniens qui nous est conté, Dans « L’étrangère » Valérie Toranian alterne le passé de sa grand-mère et son passé, le périple d’Amasia, Alep, Marseille et Paris de son aïeule et son histoire de petite fille, qui essaye de comprendre ce silence autour du drame.

Un roman poignant à recommander.
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L'étrangère

C'est aussi par son histoire, son héritage familial que l'idendité d'un être se fait. Capital de vie, de mort, de joie et de tragédie : l'auteur relate le destin de sa grand-mère, arménienne et aborde le génocide arménien. Un bel hommage à une femme, à une grand-mère aimée et à un peuple. Un beau livre.
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L'étrangère

Touchant. Voilà le premier adjectif qui me vient à l’esprit pour définir ce récit. Car en plus d’être le témoignage poignant d’un peuple meurtris, dont le génocide arménien, à ce jour, n’est toujours pas reconnu par les Turcs, il s’agit également d’un bel hommage. Celui d’une petite fille à sa grand-mère, Aravni, si mystérieuse qu’elle lui était, au fond, étrangère. Étrangère de par sa langue, sa culture, sa souffrance voilée, sa fierté et sa pudeur. Ce n'est qu'au crépuscule de sa vie, que la vieille dame concède enfin à livrer sa tragique histoire. L'autrice nous la transmet dans ce livre sous une forme romancée qui ne retire rien à la véracité et l'horreur du récit initial.



Les chapitres sont plutôt courts et alternent entre le récit passé d’Aravni, rescapée d’une déportation arbitraire, violente, inhumaine par des Turcs qui plaident la cause de la Première Guerre mondiale, et Valérie, qui nous livre des anecdotes et ses souvenirs d’enfance, au sein d’une famille franco-arménienne, tiraillée entre deux parts d’elle-même. Avec ses cheveux noirs et bouclés, où se situe-t-elle ?



C’est un récit authentique, chargé en émotion, où l’amour et la tendresse, l’entraide et la compassion, côtoient la monstruosité et la cruauté des hommes. Un passage en particulier m’a marquée par sa noirceur et le désespoir qu’il induit… Qu’il est cruel d’être mère en ces temps obscurs. Nous ne saurons pas tout de ce qu’a dû traverser et endurer Aravni et les siens, cette dernière laissant planer quelques zones d’ombres, floues, des non-dits. Mais l’on en sait déjà bien assez pour se rendre compte de l’ampleur des maux et des souffrances qu’un tel traitement implique. Je n’avais qu’une connaissance limitée de ce génocide des Arméniens, alors merci à Valérie Toranian pour ce devoir de mémoire.



On ressent que l’autrice a écrit avec son cœur, teintant le récit de bonheur, de tristesse et de nostalgie. C’est à la fois intime et universel. A lire.



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