Citations de Vania Prates (61)
Il y avait quatorze façons différentes pour les voleurs de délacer, couper, tirer, subtiliser une bourse. J’utilisais la plus simple, une fine lame contre ma paume qui servait à trancher les fils en une demi-seconde sans que j’aie besoin d’avoir recours à la très – trop – légendaire bousculade
Il avait appris à voler dès son plus jeune âge. Certains m’avaient même dit qu’il venait à peine d’apprendre à marcher qu’on lui enseignait déjà à glisser sa mimine dans les poches. Je n’en étais pas au point de croire en cette légende, mais il était évident qu’il avait du talent. Un vrai petit diable. Il deviendrait certainement un voleur hors pair une fois adulte. Je comptais bien être là pour le voir évoluer et je m’étais promis de veiller à ce qu’il ne soit pas arrêté ou pendu avant. C’était malheureusement un risque que nous encourions tous.
La foire Saint-Germain. Un lieu de divertissement pour certains, de commerce pour d’autres, un passe-temps pour les plus riches, qui y faisaient leurs achats ou assistaient aux spectacles de tous genres. Pour le peuple, c’était davantage une période d’intense labeur, aussi bien pour les commerçants, qui devaient se battre pour vendre leurs produits face à une forte concurrence souvent déloyale, que pour les comédiens, qui devaient jongler entre la finesse et l’originalité pour mériter leur place dans une troupe.
T’a fait miroiter un monde d’aventures et de liberté ? Tous les deux ? Ne sois pas si naïve, voyons ! Vous avez dix-sept ans, vous êtes jeunes et, crois-moi, ce que tu penses ressentir ne durera pas. Dans quelques mois, tu vas te réveiller dans un pays étranger, loin de tous ceux qui t’aiment, et tu te demanderas pourquoi tu as suivi un pauvre type qui t’aura déjà laissée tomber pour une autre…
Comment pouvais-je, à dix-sept ans, faire un choix qui aurait des conséquences sur tout mon avenir, toute mon existence ? Que devais-je faire ? Suivre mon cœur, mon intuition, et prendre un billet d’avion, risquant de perdre le soutien financier de mes parents ? Car il était à présent évident que je ne pouvais plus parler d’un quelconque soutien affectif. Et si je décidais que je pouvais vivre sans ? Trouver un travail provisoire et vivre l’instant présent jusqu’à ce que je me trouve. Combien de temps cela prendrait-il ? Et qu’est-ce qui m’attendait dans cette vie d’incertitude à part le frisson de l’aventure ?
Nombreux étaient ceux qui considéraient les forains comme des gens atypiques, en marge de la société, comme s’ils étaient régis par leurs propres lois. Cette aura que je percevais chez eux, justement, avait quelque chose d’attirant, de familier pour moi.
Je m’étais toujours sentie en trop, et désormais, il me semblait évident que je n’étais pour eux que le résultat d’une union faite dans les règles. Une descendance, une héritière. Mais les sentiments n’entraient pas en ligne de compte.
Ne prends jamais de décisions avec tes sentiments, jamais ! Ton cœur te trahira. Les émotions sont nocives, quelles qu’elles soient. Il n’y a rien de tel pour te pourrir la vie. Pense avec ta tête, ton esprit pratique et ta raison. Rien d’autre ! Et tu auras la vie qu’il te faut.
La vie, ce n'est pas d'attendre que l'orage passe, mais d'apprendre à danser sous la pluie
Et dans son cœur, je reprendrai la lumière qu'elle m'a dérobée
– Tu croire pouvoir tout avoir avec volonté et ruse. Temps et patience n’existent plus pour vous, jeunes d’aujourd’hui. Mais tout ce qui est construit trop vite s’écroule plus vite encore.
La première chose que je ressens, c'est la douleur. J'ouvre les yeux et, aveuglée par le soleil, les referme aussitôt. Je retente le coup avec plus de prudence et finis par m'adapter à la lueur du jour. Je regarde autour de moi et ne vois que du vert, du flou ; un tourbillon de verdure. C'est alors que je me pose la question : "Où suis-je ?" Laquelle va en entraîner une autre, bien pire : "Qui suis-je ?"
Il y en a qui sont fascinés par le dauphins, d'autres par les requins, moi c'est les baleines. Pour leur présence, leur force, leur grandeur d'âme. Tous les autres poissons et mammifères de la mer la craignent ou la respectent. Pourtant, elle n'est pas dangereuse. Elle n'use pas de son pouvoir ou de sa grandeur pour intimider, elle fait sa vie tranquillement. C'est là une qualité qu'un humain dans sa condition serait incapable de détenir.
- J'ai peur, Kail.
Ces simples mots suffisent à effacer la colère dans son regard et sa douceur reprend le dessus. Il vient me serrer de nouveau contre lui.
- J'ai peur d'être une criminelle, avoué-je. Dans l'un de mes souvenirs, je mettais le feu à des appartements, il y a eu un mort. J'ai peur. Je ne veux pas être une tueuse.
- Oh, Obsidienne, tu parles du baron ? murmure-t-il.
Je me raidis.
- Tu sais ce qui s'est passé ?
- J'étais avec toi, mon amour. Près de toi, toujours.
Il existe plusieurs communautés et chacune d elles possèdent ses propres traditions. J'en ai donc inventé une. Une tradition selon laquelle les tatouages auraient une signification, définirait une identité. Et surtout cela me permet aussi de cacher subtilement mon visage. De le changer en tout cas.
[...] je suis certain que nous gagnerions davantage à cohabiter avec nos voisins des autres terres. Les coutumes, les traditions et la manière de vivre sont différentes, mais nous pourrions aisément partager nos croyances et nos savoirs, cela ne ferait que nous enrichir. S'isoler du reste du monde restreindra le champ des possibilités ainsi que celui des compétences.
J'avais 12 ans. ça semble jeune pour beaucoup de gens, mais à cet âge je devais déjà savoir courir plus vite que n'importe qui, faire cent pompes par jour, être ceinture noire de judo et supporter la moindre douleur.
Intransigeante, moi ? Oui, sans aucun doute. C'était nécessaire. J'avais, dès l'arrivée de Liam, instauré une règle qu'il avait dû respecter, coûte que coûte. Dans les combats, il n'y avait aucune pitié, ni d'un côté ni de l'autre. J'avais besoin d'être mise à l'épreuve, pas d'être ménagée par peur qu'on m'abîme trop. Au départ, Liam avait refusé.Maître lui avait clairement stipulé qu'il ne fallait pas trop m'"endommager" mais j'avais réussi à le convaincre en lui faisant comprendre que j'avais fait virer mes précédents entraîneurs pour cause d'incompétence. Liam s'en était étonné. Selon lui, ce n'était pas cool de faire virer un collègue intentionnellement. C'est à ce moment-là qu'il avait compris que je ne ressentais rien, ou pas grand-chose. les scrupules, je ne connaissais pas.
Hormis ces petits détails, Jeen était un fier gaillard plein de vie, qui me regardait comme si j'étais la femme la plus sexy au monde. Après tant de temps passé à l'isolement, je pouvais assez le comprendre. Seulement, il dut vite se rendre à l'évidence : je n'étais pas sur le marché. Liam et Jonatan avaient compris depuis longtemps que personne ne me touchait.Personne. La question ne se posait même pas. Maître insistait beaucoup sur le sujet et se montrait intraitable.
- Débée.
- D.B. ? Ce sont les initiales de quoi ça ?
Il se mit soudain à tousser. D'abord doucement, puis de manière continue. Il regarda avec horreur son verre qui tomba sur la moquette. Et enfin, ce fut son tour. Il s'écrasa à côté de la flaque de whisky avec un bruit sourd et une couleur de peau avoisinant le violet. Sa toux s'intensifiait. Bientôt son coeur le lâcherait. Définitivement. Ce poison était rapide et efficace.
- D.B.? répondis-je enfin, en haussant les épaules. J'imagine que ça veut dire Diabolique.
Puis je repartis en direction de l'ascenseur. Un dernier coup d'oeil à ma montre m'indiqua l'heure. 00h30. L'heure à laquelle j'avais prévu de sortir. Les caméras s'éteignirent à nouveau et je repris le même chemin.
Mission accomplie.