Citations de Victor Hugo (8682)
Le jour s'enfuit des cieux; sous leur transparent voile,
De moments en moments se hasarde une étoilé;
La nuit pas à pas monte au trône obscur des soirs;
Un coin du ciel est brun, l'autre lutte avec l'ombre,
Et déjà succédant au couchant rouge et sombre,
Le crépuscule gris meurt sur les coteaux noirs.
Et là-bas, allumant ses vitres étoilées,
Avec sa cathédrale aux flèches dentelées,
Les tours de son palais, les tours de sa prison,
Avec ses hauts clochers, sa bastille obscurcie
Posée au bord du ciel comme une longue scie,
La ville aux mille toits découpe l'horizon.
...
Ma fille , va prier ! - D'abord, surtout, pour celle
Qui berça tant de nuits ta couche qui chancelle,
Pour celle qui te prit jeune âme dans le ciel,
Et qui te mit au monde, et depuis, tendre mère,
Faisant pour toi deux parts dans cette vie amère,
Toujours a bu l'absinthe et t'a laissé le miel !
LES FEUILLES D'AUTOMNE
Eh! qu'est -ce donc que cette agonie de six semaines et ce râle de tout un jour?
Qu'est-ce que les angoisses de cette journée irréparable , qui s'écoule si lentement et si vite? Qu'est-ce que cette échelle de torture qui aboutit à l’échafaud?
Le désespoir est entouré de cloisons fragiles qui donnent toutes sur le vice ou sur le crime.
Dorénavant, nous nous trouvons sur la même route tous les deux cette route là s'appelle la route du bien, Ce n'est pas une route facile, il est possible que vous trebuchier, mais il n y a rien de plus admirable qu un homme qui decide de reprendre le droit chemin
C'est de la physionomie des années que se compose la figure des siècles.
Il parla debout, avec une voix pénétrante et bien ménagée, avec un œil clair, honnête et résolu, avec un geste presque toujours le même, mais plein d'empire. Il dit les choses comme elles étaient, simplement, sérieusement, sans charger ni amoindrir, convint de tout, regarda l'article 296 en face, et posa sa tête dessous.
-Monsieur!
-Hein?
-Qui ça qui a été mangé?
-Le chat.
-Qui ça qui a mangé le chat?
-Les rats.
-Les souris?
-Oui,les rats.
L'enfant, consterné de ces souris qui mangent les chats, poursuivit:
-Monsieur, est-ce qu'elles nous mangeraient, ces souris-là?
-Pardi! fit Gavroche.
On ne demande aux naïfs que d'être honnêtes, moyennant quoi ils peuvent prétendre à être les bases des monarchies.
Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soi.
(...) Il sied que le peuple vous craigne ;
Votre sceptre est un fouet, très habile, vraiment.
Apprivoiser, c'est là tout le gouvernement ;
Régner, c'est l'art de faire, énigmes délicates,
Marcher les chiens debout et l'homme à quatre pattes ;
Vous y réussissez, vous atteignez le but ;
(...).
( I, 2)
Un des nombreux passages forts de la Préface de 1832 :
Mais vous, est ce bien sérieusement que vous croyez faire un exemple quand vous égorgillez misérablement un pauvre homme dans le recoin le plus désert des boulevards extérieurs ? En Grève, en plein jour, passe encore; mais à la barrière Saint-Jacques ! mais à huit heures du matin ! Qui est-ce qui passe là ? Qui est est-ce qui va là ? Qui est-ce qui sait que vous tuez un homme là ? Qui est-ce qui se doute que vous faites un exemple là ? Un exemple pour qui ? Pour les arbres du boulevard, apparemment.
La coccinelle
Elle me dit : Quelque chose
Me tourmente. Et j'aperçus
Son cou de neige, et, dessus,
Un petit insecte rose.
J'aurais dû - mais, sage ou fou,
A seize ans on est farouche,
Voir le baiser sur sa bouche
Plus que l'insecte à son cou.
...
– Savez-vous ce que c'est que l'amitié ? demanda-t-il.
– Oui, répondit l'égyptienne. C'est être frère et soeur, deux âmes qui se touchent sans se confondre, les deux doigts de la main.
– Et l'amour ? poursuivit Gringoire.
– Oh ! l'amour ! dit-elle, et sa voix tremblait, et son oeil rayonnait. C'est être deux et n'être qu'un. Un homme et une femme qui se fondent en un ange. C'est le ciel.
Le rêve du héros, c'est d'être grand partout et petit chez son père.
Deux balles dans la tête.
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.
Le logis était propre,humble,paisible,honnête:
On voyait un rameau bénit sur un portrait.
Une vieille grand-mère était là qui pleurait.
Nous le déshabillons en silence.Sa bouche,
Pâle,s'ouvrait;la mort noyait son oeil farouche;
Ses bras pendants semblaient demander des appuis.
Il avait dans sa poche une toupie en buis.
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies.
Avez-vous vu saigner la mûre dans les haies?
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend.
L'aïeule regarda déshabiller l'enfant,
Disant:-Comme il est blanc!approchez donc la lampe.
Dieu!ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe!-
Et quand ce fut fini,le prit sur ses genoux.
La nuit était lugubre;on entendait des coups
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres.
- Il faut ensevelir l'enfant,dire les nôtres.
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer.
L'aïeule cependant l'approchait du foyer.
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides.
Hélas!ce que la mort touche de ses mains froides,
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas!
Le parfum de la fleur est votre petite âme,
Et l'âme de la femme est votre grand parfum !
(Sous les arbres)
Cosette et Marius se revirent.
Ce que fut l’épreuve, nous renonçons à le dire.« Il y a des choses qu’il ne faut pas essayer de peindre ; le soleil est du nombre.»
cette barricade n’est faite ni de pavés, ni de poutres, ni de ferrailles ; elle est faite de deux monceaux, un monceau d’idées et un monceau de douleurs. La misère y rencontre l’idéal. Le jour y embrasse la nuit et lui dit : Je vais mourir avec toi et tu vas renaître avec moi. De l’étreinte de toutes les désolations jaillit la foi. Les souffrances apportent ici leur agonie, et les idées leur immortalité. Cette agonie et cette immortalité vont se mêler et composer notre mort. Frères, qui meurt ici meurt dans le rayonnement de l’avenir, et nous entrons dans une tombe toute pénétrée d’aurore.
Une habitude idiote qu'ont les peuples, c'est d'attribuer au roi ce qu'ils font. Ils se battent. À qui la gloire ? Au roi. Ils paient. Qui est magnifique ? Le roi. Et le peuple l'aime d'être si riche. Le roi reçoit des pauvres un écu et rend aux pauvres un liard. Qu'il est généreux ! Le colosse piédestal contemple le pygmée fardeau. Que Myrmidon est grand ! Un nain a un excellent moyen d'être plus haut qu'un géant, c'est de se jucher sur ses épaules. Mais que le géant laisse faire, c'est là le singulier ; et qu'il admire la grandeur du nain, c'est là le bête. Naïveté humaine.
La statue équestre, réservée aux rois seuls, figure très bien la royauté ; le cheval, c'est le peuple. Seulement ce cheval se transfigure lentement. Au commencement c'est un âne, à la fin c'est un lion. Alors il jette par terre son cavalier, et l'on a 1642 en Angleterre et 1789 en France, et quelquefois il le dévore, et l'on a en Angleterre 1649 et en France 1793.