Jusqu'à un degré que le philosophe social sait reconnaître, le travail est bon ; au delà de ce degré, il est douteux et mixte ; plus bas, il devient terrible.
Le coeur humain ne peut contenir qu'une certaine quantité de désespoir. Quand l'éponge est imbibée, la mer peut passer dessus sans y faire entrer une larme de plus.
𝓛𝓮𝓼 𝓹𝓵𝓾𝓼 𝓯𝓸𝓻𝓽𝓮𝓼 𝓹𝓻𝓮𝓾𝓿𝓮𝓼 𝓭𝓮 𝓵'𝓪𝓶𝓸𝓾𝓻 𝓼𝓸𝓷𝓽 𝓾𝓷𝓮 𝓯𝓸𝓾𝓵𝓮 𝓭𝓮 𝓬𝓱𝓸𝓼𝓮𝓼 𝓲𝓶𝓹𝓮𝓻𝓬𝓮𝓹𝓽𝓲𝓫𝓵𝓮𝓼 𝓹𝓸𝓾𝓻 𝓽𝓸𝓾𝓽 𝓪𝓾𝓽𝓻𝓮 𝓺𝓾𝓮 𝓵'ê𝓽𝓻𝓮 𝓪𝓲𝓶é.
Correspondance de Victor Hugo - 1947 - T1 - 1822 - Le Manuscrit à la Fiancée - p.254 -
L'utopie c'est l'avenir qui s'efforce de naître.
La routine c'est le passé qui s'obstine à vivre.
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Nuits de juin
L’été, lorsque le jour a fui, de fleurs couverte
La plaine verse au loin un parfum enivrant ;
Les yeux fermés, l’oreille aux rumeurs entrouverte,
On ne dort qu’à demi d’un sommeil transparent.
Les astres sont plus purs, l’ombre paraît meilleure ;
Un vague demi-jour teint le dôme éternel ;
Et l’aube douce et pâle, en attendant son heure,
Semble toute la nuit errer au bas du ciel.
Les rayons et les ombres
La volonté, c'est le clou auquel on accroche son projet pour l'avoir toujours devant les yeux.
dans "Quatre-vingt-treize (1874), Reliquat
En poussant l'aiguille du cadran vous ne ferez pas avancer l'heure.
dans : "Post-Scriptum de ma vie" (1901)
La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire. Qui que vous soyez qui voulez cultiver, vivifier, édifier, attendrir, apaiser, mettez des livres partout.
(Extrait du discours d'ouverture du congrès littéraire international de 1878)
La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand. Laissez-le rayonner, laissez-le faire.
Discours d'ouverture du congrès littéraire, 1878.
Il a pour lui l'argent, l'agio, la banque, la bourse, le coffre-fort et tous ces hommes qui passent si facilement d'un bord à l'autre quand il n'y a à enjamber que de la honte. Ces hommes, le malfaiteur et ses complices, ont un pouvoir immense, incomparable, absolu, illimité. Ils s'en servent pour jouir. S'amuser et s'enrichir, tel est leur « socialisme ».
Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent ; ce sont
Ceux dont un dessein ferme emplit l'âme et le front.
Ceux qui d'un haut destin gravissent l'âpre cime.
Ceux qui marchent pensifs, épris d'un but sublime.
Ayant devant les yeux sans cesse, nuit et jour,
Ou quelque saint labeur ou quelque grand amour.
C'est le prophète saint prosterné devant l'arche,
C'est le travailleur, pâtre, ouvrier, patriarche.
Ceux dont le cœur est bon, ceux dont les jours sont pleins.
Ceux-là vivent, Seigneur ! les autres, je les plains.
Car de son vague ennui le néant les enivre,
Car le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.
Inutiles, épars, ils traînent ici-bas
Le sombre accablement d'être en ne pensant pas.
Ils s'appellent vulgus, plebs, la tourbe, la foule.
Ils sont ce qui murmure, applaudit, siffle, coule,
Bat des mains, foule aux pieds, bâille, dit oui, dit non,
N'a jamais de figure et n'a jamais de nom ;
Troupeau qui va, revient, juge, absout, délibère,
Détruit, prêt à Marat comme prêt à Tibère,
Foule triste, joyeuse, habits dorés, bras nus,
Pêle-mêle, et poussée aux gouffres inconnus.
Ils sont les passants froids sans but, sans nœud, sans âge ;
Le bas du genre humain qui s'écroule en nuage ;
Ceux qu'on ne connaît pas, ceux qu'on ne compte pas,
Ceux qui perdent les mots, les volontés, les pas.
L'ombre obscure autour d'eux se prolonge et recule ;
Ils n'ont du plein midi qu'un lointain crépuscule,
Car, jetant au hasard les cris, les voix, le bruit,
Ils errent près du bord sinistre de la nuit.
Quoi ! ne point aimer ! suivre une morne carrière
Sans un songe en avant, sans un deuil en arrière,
Quoi ! marcher devant soi sans savoir où l'on va,
Rire de Jupiter sans croire à Jéhova,
Regarder sans respect l'astre, la fleur, la femme,
Toujours vouloir le corps, ne jamais chercher l'âme,
Pour de vains résultats faire de vains efforts,
N'attendre rien d'en haut ! ciel ! oublier les morts !
Oh non, je ne suis point de ceux-là ! grands, prospères,
Fiers, puissants, ou cachés dans d'immondes repaires,
Je les fuis, et je crains leurs sentiers détestés ;
Et j'aimerais mieux être, ô fourmis des cités,
Tourbe, foule, hommes faux, cœurs morts, races déchues,
Un arbre dans les bois qu'une âme en vos cohues !
"Ceux qui vivent, ce sont ceux qui luttent"
Enfant, vous êtes l'aube et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez ;
Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !
Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies,
Car vos petites mains, joyeuses et bénies,
N'ont point mal fait encor ;
Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange,
Tête sacrée ! enfant aux cheveux blonds ! bel ange
À l'auréole d'or !
Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche.
Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche.
Vos ailes sont d'azur.
Sans le comprendre encor vous regardez le monde.
Double virginité ! corps où rien n'est immonde,
Âme où rien n'est impur !