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Citations de Victoria Mas (844)


Debout près de la cheminée ou assis sur des canapés du siècle dernier, des jeunes hommes discutent à voix basse et fument cigares ou cigarettes. La nouvelle élite parisienne, bien-pensante et conformiste. Sur les visages se lit la fierté d' être né dans la famille qu' il faut ; la nonchalance de leurs gestes révèle le privilège de n' avoir jamais eu à connaître le labeur. Pour eux, le mot valeur ne prend sens qu' au regard des tableaux qui ornent les murs et au statut social dont ils jouissent sans avoir oeuvré pour l' acquérir.
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"Mais la folie des hommes n'est pas comparable à celle des femmes : les hommes l'exercent sur les autres ; les femmes, sur elles-mêmes."
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"Entre l'asile et la prison, on mettait à la Salpêtrière ce que Paris ne savait pas gérer : les malades et les femmes."
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"Certes, certaines femmes en ont déjà amené d'autres - des belles-mères plus que des mères, parfois des tantes. Mais la majorité des aliénées le furent par les hommes, ceux dont elles portaient le nom. C'est bien le sort le plus malheureux : sans mari, sans père, plus aucun soutien n'existe - plus aucune considération n'est accordée à son existence"
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Les rêves sont dangereux, Louise. Surtout quand ils dépendent de quelqu'un.
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Elle demeure prudente, et s'entoure de personnes qui ne la prendront pas pour une hérétique. S'ils savaient.
Ces gens qui l'ont jugée, qui m'ont jugée moi... leur jugement réside dans leur conviction. La foi inébranlable en une idée mène aux préjugés. T'ai-je dit combien je me sentais sereine, depuis que je doute ? Oui, il ne faut pas avoir de convictions : il faut pouvoir douter, de
tout, des choses, de soi-même. Douter. Cela me semble si clair depuis que je suis de l'autre côté, depuis que je dors dans ces lits qui me faisaient horreur auparavant.
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Croire, c’est s’aider.
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-Pouvez-vous me dire exactement pourquoi je suis ici ?
- La réponse n'est-elle pas évidente?
- On accepte bien qu'une jeune fille ait vu la Viergeà Lourdes.
- Il ne s'agit pas de la même chose.
-Pourquoi? Pour quelle raison est-il accepté de
croire en Dieu, et inconvenant de croire aux Esprits?
- La croyance et la foi sont une chose. Voir et
entendre des défunts, comme vous le prétendez, est anormal.
- Vous voyez bien que je ne suis pas folle. Jamais je n'ai souffert d'une crise. Je n'ai aucune raison de rester
ici. Aucune !
- Nous avons des raisons de penser que vous souffrez sans doute d'un dérèglement...
- Je ne souffre de rien. Vous redoutez juste ce que vous ne comprenez pas. Vous vous prétendez soignants... Avez-vous seulement vu vos crétins en blanc derrière, qui depuis tout à l'heure nous lorgnent comme si nous étions de la viande ! Vous êtes méprisables !
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Assis au bureau, le doigt sur une feuille, La Tourette
intervient.
- Votre fiche précise que vous avez dit vous-même à votre grand-mère...
- Que mon grand-père décédé m'avait fait passer un
message, oui. Je n'ai rien demandé. C'est arrivé, voilà tout.
Babinski sourit.
- Entendre des défunts n'est pas le genre de choses qui « arrivent », mademoiselle.
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- Si vous cherchez une nouvelle bète curieuse à montrer à tout Paris, il ne s'agit pas d'un divertissement.
- Nous sommes ici pour comprendre et soigner, pas pour nous amuser.
- Il serait en effet navrant que la Salpètrière devienne un cirque à femmes.
- Si vous faites référence aux cours publics du docteur Charcot, ils sont tout ce qu'il y a de plus honorable dans la profession.
- Et votre bal, alors? J'ignorais que les hôpitaux
étaient des lieux de mondanités.
- Le bal de la mi-carême divertit les aliénées et leur permet de retrouver un semblant de normalité.
- C'est les bourgeois que vous divertissez.
-Mademoiselle, contentez-vous de répondre à la
question.
-Pour vous répondre précisément, je ne commu-
nique pas avec les Esprits.
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Personne n'aime mieux les salles d'examen que les médecins eux-mêmes. Pour ces esprits pétris de science, c'est ici que les pathologies se découvrent, que le progrès se fait. Leurs mains jouissent de faire usage d'instruments qui terrifient ceux sur qui ils s'apprêtent à les
utiliser. Pour ceux-là, ceux contraints de se mettre à nu, ce lieu est fait de craintes et d'incertitudes. Dans une salle d'examen, les deux individus qui s'y trouvent ne sont plus égaux : l'un évalue le sort de l'autre; l'autre croit la parole du premier. L'un détermine sa carrière; l'autre détermine sa vie. Le clivage est d'autant plus prononcé lorsqu'une femme passe les portes du bureau médical. Celle-ci offre à l'examen un corps à la fois désiré et incompris par celui qui le manipule. Un médecin pense toujours savoir mieux que son patient, et un homme pense toujours savoir mieux qu'une femme : c'est l'intuition de ce regard-là qui rend aujourd'hui anxieuses les jeunes femmes attendant leur évaluation.
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Cette jeune bourgeoise ne lui paraît pas spécialement
folle, même si les plus profondes folies ne se voient pas. Thérèse se souvient de clients, les plus convenables, les
plus propres au premier abord, qui une fois la porte de la studette fermée se révélaient de véritables malades.
Mais la folie des hommes n'est pas comparable à celle des femmes : les hommes l’exercent sur les autres; les femmes sur elle même.
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Face à elles, un public entièrement masculin : trois assistants sont assis derrière un bureau rectangulaire. Costumes et cravates sombres, ils s'entretiennent à voix basse en ignorant les aliénées inquiètes. Derrière eux, debout, cinq internes attendent aussi. Vêtus d'une blouse blanche, rictus aux lèvres, ils dévisagent sans pudeur les examinées du jour. Leurs regards s'attardent sur les seins, les bouches, les hanches. Leurs coudes s’apostrophent discrètement. Ils se chuchotent des vulgarités à l'oreille. À les voir ainsi remuer, Eugénie se dit qu'il faut décidément avoir vu et connu peu de femmes pour prendre autant de plaisir devant ces malades sans défense.
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Oh, non. Tu vois, j'me suis jamais sentie aussi tranquille qu'entourée de folles. Les hommes m'ont maltraitée. Mon corps est cabossé. J’boite, ma jambe m’fait mal. J’ai des douleurs à crever chaque fois que je pisse. J’ai une cicatrice qui m’traverse tout le le sein gauche, on a voulu m’le couper au couteau. Ici, j’suis protégée. On est entre femmes. J’tricote des châles pour les filles. J'me sens bien. Non dehors, plus jamais. Tant qu’les hommes auront une queue, tout l’mal sur cette terre continuera d’exister.
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Geneviève remarque que l'homme a la main moite. Il pose la plume sur la feuille, glisse son bras sous la table et essuie sa paume sur le tissu de son pantalon. Les boutons de son costume semblent le serrer. Sous sa moustache poivre et sel, ses lèvres tremblent. Il est rare,
pour ce notaire réputé et imperturbable, d'avoir à faire un effort pour maintenir sa contenance. Les murs de cet hôpital déstabilisent quiconque y pénètre, à commencer par celui qui vient y placer sa fille, ou son épouse, ou bien sa mère. Geneviève ne compte plus les hommes qu'elle a vus s'asseoir sur cette chaise :ouvriers, fleuristes, professeurs, pharmaciens, marchands, pères, frères, époux - sans leur initiative, la Salpêtrière ne serait sans doute pas aussi peuplée.
Certes, certaines femmes en ont déjà amené d'autres - des belles-mères plus que des mères, parfois des tantes. Mais la majorité des aliénées le furent par les hommes, ceux dont elles portaient le nom. C'est bien le
sort le plus malheureux : sans mari, sans père, plus aucun soutien n'existe - plus aucune considération n'est accordée à son existence.
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- Il faut avoir vu bien peu de femmes pour prendre autant de plaisir devant des malades sans défense !
- Tu t’adresses à des médecins, jeune fille ! Tes insinuations sont infondées et inacceptables.
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Les rêves sont dangereux, Louise. Surtout quand ils dépendent de quelqu’un.
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- Entendre des défunts n’est pas le genre de choses qui « arrive naturellement » mademoiselle.
- On accepte bien qu’une jeune fille ait vu la Vierge à Lourdes ! Pour quelle raison est-il acceptable de croire en Dieu et inconvenant de croire aux Esprits ?
La croyance et la foi sont une chose, voir et entendre des morts comme vous le prétendez est anormal.
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- Nous sommes ici pour comprendre et soigner pas pour nous amuser.
- Et votre bal, alors ? J’ignorais que les hôpitaux étaient des lieux de mondanité.
- Le bal de la mi-carême divertit les aliénées et leur permet de retrouver un semblant de normalité.
-Les patientes pourraient se divertir sans que vous les donniez en spectacle aux bourgeois.
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Ces hommes là n’estiment les femmes que lorsque leur plastique est à leur goût. Quant à celles capables de nuire à leur virilité, ils se moquent d’elles, ou mieux encore, s’en débarrassent.
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