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4.34/5 (sur 19 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Hermalle-sous-Argenteau , le 25/9/1970
Biographie :

Vincent Brems est un matheux mais aussi un auteur, à ses heures.
https://vbrems.lima-city.de/fr/intro.html

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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
L'hiver s'était fait long. Amélie avait six mois, le dos de Sandrine se portait mieux, le patron la congédia pour un motif bidon, question de ne pas attendre qu'elle s'engrossât de nouveau. Son chômage étant suffisant pour le loyer, les frais courants, elle décida de prendre une année sabbatique et rencontra le même jour un étudiant, mince, grand, bouclé, qui lui plut beaucoup. La bonne santé qu'il rayonnait, sa manière de la zyeuter quand elle dansait, sa timidité de vierge, lui donnaient beaucoup de charme. Il lui offrit un verre sans bégayer, mais presque. Ils se revirent chaque jeudi au Perroquet. C'était le jour où Jenny s'occupait du bébé. Platoniques, fort tendres, ils s'effleuraient du bout des doigts, du bout des lèvres. Un soir, ils couchèrent ensemble. Ce fut très doux. Elle ne le revit jamais. Elle reçut dix mois plus tard une bafouille de sa part qu'elle ne lut qu'en biais. Il la remerciait de lui avoir tout appris. "Enculé" fut l'épithète dont elle le qualifia.
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Elle adorait les revues, Cosmopolitan et Vogue. Ses clients aussi, même les hommes. Elle apprenait par coeur les interviews des faiseurs de modes, se montrait bienveillante avec tel nouvel acteur, telle égérie de telle marque. Sa préférence allait à Angelina Jolie dont elle avait presque l'âge. Non pas qu'elle lui ressemblât : elle était tout autant longiligne qu'elle se trouvait potelée. Elle aurait aimé, elle aussi, adopter une flopée de gosses, se marier incognito avec Brad Pitt. Elle avait toujours trouvé que Fabio lui ressemblait. Il avait quitté Elodie, son ex, à la fin des amours tumultueuses de Brad Pitt et Jennifer Aniston et ils s'étaient mariés à l'époque de Mr. & Mrs. Smith. Elle, qui avait toujours été fan de Friends, était devenue du jour au lendemain ennemie jurée de Jennifer.
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Ils firent un “à fond”, glaçon compris, et, comme de coutume, en recommandèrent un, qu’ils burent plus lentement pour s’apaiser. On chantait encore Milord qu’ils passaient au suivant.
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Elle déposa sur le cercueil la couronne de roses blanches que Sandrine avait choisie et, devant lui, bien en évidence, une photo de Fabio. C'était en juillet, dans le jardin. Libert était venu. Ils avaient fait une grillade. Fabio portait un marcel à petits trous et posait son bras autour des épaules de Sandrine. Son visage était inondé de soleil. Il faisait son plus beau sourire. Celui qu'elle aimait. Celui qu'il faisait quand il se moquait de lui-même. Ce qui, quand elle y réfléchissait, était devenu rare. Le portrait - un gros plan - représentait Fabio de trois-quarts, bronzé, les yeux bleus rayonnant en direction du photographe, un sourcil légèrement plus haut que l'autre, les cheveux courts gominés en bataille...
Cette image évoquait la chaleur de l'été, le fumet des viandes fortes rôtissant sur la braise, les cris de Libert quand il jouait avec Noémie, le goût du ketchup, des pommes de terre pétées*, les fous rires qu'ils avaient eus, le soir, quand Noémie dormait et qu'ils buvaient de la bière. Sandrine luttait contre les larmes, mais ses yeux se mouillaient. Elle appela Noémie pour qu'elle vint s'asseoir.

*cuites au four ou dans la braise.
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Fred se leva, fit quelques pas dans l'allée centrale entre les chaises. Il tenait dans ses mains, qui tremblaient, un papier chiffonné. Sandrine ne l'avait jamais vu ainsi. Il n'avait pas cet air machiste de bourgeois insolent qu'il affichait d'ordinaire, mais celui d'un adolescent grandi trop tôt qui doit lire un poème en public. Son front était humide ; ses oreilles cramoisies...
Ecrire l'éloge funèbre d'un frère qu'il n'aimait pas n'avait pas été chose facile. Cécile, assise à côté de lui dans l'avion, s'en était rendu compte. Parfois, elle avait tenté de l'aider, de le distraire, mais soit il avait été comme absent, comme ailleurs, soit il lui avait vertement reclapé le bec. Ce fut d'ailleurs ce qu'il fit la dernière fois qu'elle lui adressa la parole en cours de vol.
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Leur tournée continua au rythme des rencontres, des hasards, de la houle. Ils tanguèrent de bar en bar. C'était la tempête. Le vent leur crachait son écume à chaque angle des rues. Un vieux truc de poivrot pour reprendre pied : c'était de changer de quartier, d'aller prendre un kebab. Par le temps qu'il faisait, c'était l'idéal. Près de l'opéra, la pluie les giflait, la bise les mordait. Ils allaient contre vent d'est, presque en ligne droite. Arrivés place Saint-Lambert, ce grand trou, il n'y avait plus personne. Un moment, ils marchèrent à reculons, les bras en croix, dos au vent, soutenus par la bourrasque. L'air glacé leur pénétrait le corps. Bon Dieu qu'ils étaient bien !
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L'occasion était trop belle. Thérèse en profita pour exprimer ce que depuis longtemps elle ruminait :
"Dis-moi, Sandrine, prononça-telle de manière doucereuse, à propos de coupable. Est-ce que l'enquête avance ?
_ Certainement, (répondit Sandrine) sur le même ton, en levant les yeux de son portable que, justement, elle consultait. Vu les questions qu'ils posent, je crois qu'ils sont sur la piste du crime passionnel."
Elle se maîtrisait. Elle avait dit ces mots avec calme, posément. Seul un faible tremblement des mains dénonçait son anxiété.
Un silence se fit. Elle avait tous les regards rivés sur son visage où frémissait un sourire. Son coeur battait. Jean, dans son fauteuil, ne mâchait plus.
"Ils soupçonnent mon amant", dit-elle d'un sourire devenu franc.
Thérèse et Jean, qui n'aimaient rien tant que de briller dans une conversation, pâlissaient et ne disaient plus rien.
On sonna.
"Je vous présente Lazlo", ...
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Les nuits qui suivirent furent insomniaques. Si le soir elle veillait, écarquillant les yeux pour faire venir des larmes qui ne voulaient sortir, le jour, elle dormait sur ses jambes. Les clientes devinaient les cernes sous les fards. Parfois, elle ne répondait pas à une question ; parfois, elle ne finissait pas une phrase qu’elle avait commencée. Sa paupière inférieure s’endolorissait. Les larmes qui ne coulaient pas engourdissaient ses cils, lui faisaient mal de toute leur pesanteur. C’était une navrance physique, un mal très concret ; si elle n’en avait su la cause, elle serait allée chez le médecin. Étaient-ce des rêves ou des cauchemars qui la tourmentaient jours et nuits ? Elle ne le savait pas. À quel ordre moral aurait-il fallu se vouer pour distinguer ici le blanc du noir, le bien du mal ? Qu’aurait fait son père en pareil cas ? La même chose qu’elle : rien.
Fabio ne joua plus la comédie de celui qui travaillait chez son frère. Il dormait ses matinées et sommeillait ses après-midi pour tirer le meilleur profit de ses nuits blanches et rentabiliser son commerce.
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Elle ne remarqua ni le regard de reproche qu'adressait la mère d'Eugène, depuis son cadre, du haut des escaliers ni celui plus figé de la tête de cerf au-dessus de la porte d'entrée. Elle était de bonne humeur, pleine d'élan, aussi rayonnante que le grand lustre qui pendait au plafond, à une poutre maîtresse, au milieu de la pièce, entre aïeule et cervidé.
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Au début réservé, ne sachant quelles informations étaient confidentielles et lesquelles ne l'étaient pas, Fabio s'était retenu : puis peu à peu, il s'épanchait. Libert, de toute façon, finirait par tout savoir et plus il en disait, plus il voulait en dire. Les mots venaient tous seuls. Les idées s'entrechoquaient. C'était la logorrhée. Il voulait mettre le Soleil jaune sans dessus dessous, le mettre à la modernité, en faire un tripot, une fumerie, un Moulin rouge, un Porn Valley, un Las Vegas, un Crazy Horse. Il parlait investissements, imaginait des caméras, une roulette, un service sécurité, des conseillers artistiques. Il abondait de chiffres, vendait la peau de l'ours, rêvait veau, vache, cochon, et plans sur la comète. Evidemment, Libert y aurait sa place...
Libert aussi s'échauffait. N'était-ce pas idéal ? Un rêve. A cent mètres de la Hollande. A deux pas de l'Allemagne. Des zones de non-droit, en veux-tu en voilà. Les flics matois à la botte de politiciens véreux. Ils voyaient tout en grand : l'argent qui ruisselait, l'abondance. Les bagnoles, les filles, le luxe. A cette heure-là, dans leur ébriété, tout était permis. Le réveil dur, la gueule de bois, c'était pour les autres, pour plus tard.
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