Citations de Vincent Hauuy (236)
... , je me rends compte de la vacuité de nos relations. Quand les problèmes apparaissent, les masques tombent. Lorsque je suis rentrée à la maison, aucun de nos soi-disant amis ne s'est manifesté en dehors de quelques SMS impersonnels ou de messages sur Facebook. Sans doute par crainte d'être contaminés par la morosité, d'être exposés aux radiations du malheur. ( p 78 / 79 )
Le hall de l’étage l’accueille avec une froideur spartiate et l’impressionne autant par ses larges volumes — la hauteur doit bien approcher les trois mètres — que par sa décoration quasi inexistante ; une petite table recouverte de poussière sur laquelle repose un vase en céramique
craquelé. Aucune fleur pour apporter un peu de vie à cet environnement
morose. Quelques toiles d’araignées anciennes ornent les coins, des traces de moisissure noires s’étirent et lézardent le plafond.
La porte sur la gauche est fermée (peut-être pas verrouillée, mais Marc
n’a pas envie d’attirer l’attention), alors par défaut, il s’engage à droite : un
couloir plongé dans une semi-obscurité. De pâles tableaux (des copies
d’impressionnistes dont Marc ignore le nom) sont accrochés sur un papier
peint qui s’effiloche par endroit. Ici, l’odeur d’humidité devient vite prégnante et le froid incommodant. Cette maison est immense, réalise Marc. Et — Lila avait raison — très mal isolée. Comment peut-on vivre dans cet endroit ?
Nous n'avions pas de mot pour exprimer notre ressenti à ce moment-là, mais nous avions inconsciemment compris le portée de ce geste. D'un revers de la main, mon père venait d'ébranler les fondations déjà fragilisées de notre foyer et l'onde de choc de cette gifle allait bientôt se propager bien au-delà de la cuisine et provoquer un séisme destructeur.
Le vide est toujours présent dans ma poitrine. Un gouffre dans lequel je peux tomber à chaque instant. Je suis toujours terrifiée à la moindre sonnerie, je suis incapable de tenir plus de quelques secondes dans la foule avant que mon cœur ne s'emballe et que je manque de m'évanouir. L'idée d'entrer dans un café me terrorise. Je peux continuer, la liste est longue. Je ne souhaite qu'une chose, ne plus avoir peur.
Ce monstre nous a droguées.Pourquoi?Que pEut-il chercher dans notre tête de si important?
_Ne t'inquiète pas,ma colombe,tu n'as pas à avoir peur des morts.Ce sont les vivants dont tu dois te méfier.
- Les déménagements peuvent effectivement être une source de stress, mais dans votre cas, c'est tout à fait mineur en comparaison avec ce que vous avez subi. Où allez-vous, sans indiscrétion ?
- Dans les Vosges, à Plainfaing.
- Je vois, dit-il les yeux levés vers le plafond couleur crème.
Non. Visiblement pas, si j'en juge son regard absent. Moi-même, j'ignorais l'existence de ce village aux abords du col du Bonhomme, bien loin du tumulte parisien. [...]
Alors pourquoi les Vosges ? Pour leur ressemblance avec le Maine. Des sapins, des lacs, la nature. Je n'en demande pas plus.
J’ai également une pensée pour Camille qui, à sa façon, avait étouffé mes ardeurs d’artiste. Vivre dans son ombre était difficile et c’est une forme de revanche que je prends aujourd’hui sur elle.
Lorsque je fais du rangement, aucune idée noire ne vient me tourmenter. D’ordinaire, ce sont des vautours prêts à fondre sur moi dès qu’une question m’assaille, que je repère un détail insolite ou qu’une légère douleur donne naissance à une angoisse de mort. Ces spectres rapaces ressentent ma peur, s’en nourrissent. Mais ils sont tenus à l’écart quand les tumultes qui agitent mes pensées se calment ou que mon cerveau se brouille et devient sourd à leurs plaintes. Je passe moins l’aspirateur pour la propreté que pour la paix que cette activité me procure.
J’ai peur qu’à l’angoisse de la solitude ne s’ajoute celle de la vacuité ; les deux mâchoires d’un même étau dont je subirai la pression constante ces prochains jours. D’ailleurs, je pense qu’une aide à domicile serait plus adéquate qu’une aide-soignante.
Je suis chez moi. Cette pensée m’apaise. J’ai eu l’impression de revenir à la vie dans un hôpital ou de sortir d’un de ces cauchemars qui semblent si réels.
je pense que la guerre, et particulièrement la Seconde Guerre mondiale, continue de faire des victimes. Sans même parler des groupuscules néo-nazis, mais simplement de notre relation à la haine. Jamais dans l'histoire un homme, un dictateur n'avait soufflé si fort sur le brasier de la haine au point d'incendier le monde et de soulever des peuples entiers. Et quand la guerre a pris fin, pensez-vous que ce grand foyer s'est éteint pour autant? Non, il y a des gens (...) qui ont continué à l'entretenir pour que jamais il ne meure.
J'ai été aveugle et sourd. Je me suis trompé sur toute la ligne, je n'ai rien compris à la vie, la vraie, pas celle qui se passe derrière le voile, pas celle où je m'épanouissais au détriment de mes proches. Et je me dis que j'en paie le prix
La normalité, tous comme la notion de bien et de mal, est avant tout une question de perspective (...)Pour un djihadiste, le mal est incarné par l'Occidental lambda et tout ce qu'il représente. Pourtant, ce dernier n'a pas l'impression d'être nuisible
Tu vois à quel point tu es pathétique ? À quel point tu es devenu tout ce que tu détestais ? Un faible, un moins que rien. Et tu sais comment tu en es arrivé là, alors que tu avais tout pour réussir cette foutue mission ? Tu sous-estimes tes adversaires tout autant que tu surestimes tes capacités à les défaire. Réveille-toi, C’est fini le temps des exploits, de ta vivacité intellectuelle, de tes réflexes. Tu es vieux, bien trop vieux, et tes employeurs devaient être désespérés pour avoir fait appel à toi.
Un homme capable de donner des faux renseignements, même à ses meilleurs amis, quitte à briser leurs carrières ou les envoyer au cimetière. Une ordure qui manipule les autres sans vergogne. Une personne à laquelle je n’accorde aucune confiance.
Méfie-toi de cet homme, souffle une voix dans sa tête. Il a déjà menti à ton oncle, son soi-disant meilleur ami. La tromperie, c’est son métier.
Elle est plus que jamais seule et recluse. Isolée du monde dans une suite de milliardaire qui fait deux fois la taille de son appartement. Assise dans un lit dont les seuls draps doivent coûter plus d’un mois de loyer. La vue des cimes enneigées depuis la baie vitrée de sa chambre offre un spectacle à couper le souffle.
Elle ne peut même pas se plaindre de la nourriture, digne d’un chef étoilé.
Mais elle est loin de passer du bon temps en vacances, c’est juste que son enfer a pris l’aspect d’un paradis terrestre.
Rester ici est un risque, donc.
Mais bouger peut l’être plus encore. Sa gueule tuméfiée et ensanglantée n’a aucune chance de passer inaperçue, et s’il croise les policiers dans l’ascenseur ou les escaliers…
Et il y a plus inquiétant que la perte d’appétit, ou les fourmillements dans ses membres. Au-delà de la confusion et d’une sensation d’oppression, il a l’impression que ses souvenirs se mélangent, se télescopent.