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Critiques de Virginie Noar (41)
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La nuit infinie des mères

être mère n'est vraiment pas facile et sans père, ça l'est encore plus. Virginie Noar nous livre un texte très beau et très triste sur la solitude d'une mère. Peut-être, certaines mères se sentiront moins seules en lisant ce livre qui révèle autant les plus beaux moments que les plus sombres. Entre fatigue et douceur de peau d'enfant, la nuit infinie des mères nous rappelle que cette phase difficile ne dure pas toujours.
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Le corps d'après

La narratrice est une jeune femme à l’enfance compliquée. L’amour, le désir, la violence et les errances ont peuplé son adolescence. Aujourd’hui, l’idée de ce qui deviendra un enfant émerge avec le premier test de grossesse, premières émotions partagées avec le futur père… Mais ce qui importe n’est-il pas de savoir comment être mère, le devient-on, est-ce automatique, cet instinct maternel dont tout le monde nous bassine les oreilles, existe-t-il ? Et comment se déroule cette période hors du temps, d’un corps qui se transforme pour en abriter un autre, étranger et tellement proche.



Viennent alors les incertitudes, les angoisses, les questionnements, et si je ne savais pas, et comment va se transformer ce corps qui ne m’appartient presque plus. En parallèle, et en italique dans le roman, les souvenirs d’enfance, une enfance pas si facile ni si gaie que cela, à rechercher l’amour d’une mère.



Etonnant, violent, contestataire, Le corps d’après est un livre combat. Ce combat pour se réapproprier son corps, celui en mutation, qui en invente un autre, qui se dédouble, mais qui pendant des mois va appartenir aux obstétriciens qui l’auscultent, l’observent, le fouillent, le violentent contre ou malgré la volonté des femmes. Qui devra être conforme aux attentes d’une société moralisatrice et contraignante, parsemée d’interdits et d’obligations, et du côté du corps médical, de dictats et d’examens forcés, non expliqués, non acceptés mais fait comme si le consentement médical n’avait pas à être demandé.



Car comment lutter si l’on ne sait pas, si l’on n’ose pas, par méconnaissance souvent, par peur, par crainte de mal faire. La femme tente de protéger coûte que coûte cette intégrité qu’on lui refuse parfois, par habitude, lassitude, parce qu’on est le sachant. Face à ces violences gynécologiques qui semblent d’un autre temps, mais qui sont bien contemporaines, la narratrice ose dire non. Puis vient le temps de l’accouchement, ce plus beau jour de sa vie, qui se fait dans la douleur, l’incertitude, le silence et le mépris de ces sachant qui une fois encore n’expliquent pas, ne rassurent pas…

Lire ma chronique complète sur le blog Domi C Lire https://domiclire.wordpress.com/2019/11/04/le-corps-dapres-virginie-noar/
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Le corps d'après

Un livre sur le corps féminin : celui d’avant, celui qui donne la vie et celui qui s’adapte à la naissance d’un enfant.

La narratrice dont on ne connait pas le prénom – s’agit il de l’auteur ? - se lance dans une description, sans pudeur mais avec une extrême violence, de son corps qu’elle connaît à merveille, à travers tout ce qu’il a pu vivre depuis sa propre naissance jusqu’à sa découverte de son statut de mère. Un corps qui a connu des souffrances physiques dues à la maltraitance maternelle et à des viols familiaux, un corps qui lui a permis de vivre financièrement en devenant actrice pornographique. Un corps qui semble avoir vécu toutes les souffrances qu’un corps peut endurer. Mais aussi un corps qui lui a permis de découvrir le désir, l’extase, l’orgasme. Un corps qui subi « une grossesse » et après la douleur de l’enfantement lui offre enfin l’angoisse mais surtout le bonheur de devenir, d’être une mère.

C’est un livre essentiellement sur la femme, sur une femme et son ressenti. La place de l’homme, de l’amant, du père est réduite à sa plus stricte expression. Il faut qu’il soit là pour qu’elle explore encore plus profondément les capacités de son corps, il faut qu’il soit là pour qu’il y ait une grossesse. Mais son rôle est annexe, secondaire.

Les chapitres alternent le présent et le passé. L’enfant maltraitée qu’elle était et la femme qu’elle est devenue et qu’elle va devenir à cause ou grâce à l’arrivée de l’enfant dans sa vie.

C’est très bien écrit mais certains passages sont difficiles à lire, trop obsessionnels. La chair et le sexe sont omniprésents. J’aurai aimé que Virginie Noar me montre d’autres aspects de cette femme, des sentiments plus positifs, heureusement vers la fin apparaît l’amour maternel.

Un livre perturbant, déroutant, dans lequel je ne me suis pas retrouvée, moi femme et mère de trois enfants. Certes, je n’ai pas eu la même enfance mais surtout je n’ai pas eu du tout le même vécu au niveau de la grossesse et de l’accouchement. J’ai eu beaucoup de mal à la suivre, à la comprendre, à comprendre son raisonnement. Contrairement à cette femme, pour moi la naissance de mes enfants, - j’ai eu beaucoup de chances - cela n’a été « que du bonheur ».

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Le corps d'après

J’ai entendu parler du premier roman de Virginie Noar, Le corps d’après (Editions François Bourin), alors que j’étais encore enceinte. Il a vite fait partie des livres de la rentrée littéraire que je voulais absolument lire. Si je ne devais en dévorer qu’un seul ce serait celui-là. Je l’ai reçu quelques jours avant mon accouchement et compte tenu du thème abordé je voulais attendre le retour à la maison avant de l’apprivoiser.



Virginie Noar explore le corps féminin sans pincette



Dès les premiers pages, j’ai su que ce manuscrit allait me bouleverser. Le corps et l’esprit féminins y sont triturés, souillés, broyés, explorés, dénudés, violentés et finalement aimés. Le corps et l’esprit y sont pluriels puisque le féminin regorge d’infinis reflets de la madone, à la « putain » en passant par la mère, la femme, la fillette et l’adolescente. Ce corps est un territoire organique cartographié par Virginie Noar, une auteure qui ne prend pas de détours pour saisir à pleine main cet antre de chair et de sang. Virginie Noar ne prend pas de pincettes pour peindre et décrire ces situations plus que cocasses, dégradantes, déshumanisantes où la femme devient un objet de procréation et appartient en un coup de semence à la société toute entière. Les violences obstétricales y sont abordées. L’auteure libère cette parole en usant crument d’un verbe brusque et intense. Elle retrace le parcours d’une mutation, d’une transformation, d’une découverte, d’une inconnue. Un parcours semé d’embuches, d’interrogations, de démarches d’une fillette devenue adolescente puis femme sexuée et sexuellement active et enfin mère.



Du pratique au plus philosophique et psychologique



Virginie Noar jongle avec brio entre l’aspect parfois comique et ironique de la situation, le côté pratique et celui plus philosophique et psychologique. Aux prémices d’une maternité à venir, tout n’est qu’efforts, vulnérabilité et peur avant que la mère se déleste de ce fardeau pour entrevoir enfin le bonheur et l’amour – pas si inné que cela. Démarches rébarbatives administratives et médicales, rendez-vous chez ce docteur qui nous considère « hypertonique » ou « pas assez détendue » au moment où sa main explore le plus intime sans ménagement, l’annonce au père, la déclaration à la caf, les effets secondaires sur un corps qui, au delà du bonheur annoncé, subit une mutation de tous les instants. Et les doutes, les pensées noires et fugaces qui font culpabiliser, cette volonté aussi de récupérer son corps de femme une fois l’enfantement advenu, dois-je forcément allaiter, si non que faire de l’instinct primaire du nourrisson qui cherche à téter …



Ce roman, sous forme de témoignage, est d’une générosité déconcertante. Doux et intensif, le texte et le rythme d’écriture incisifs sont une vraie claque et ouvrent les yeux sur un bouleversement aux nombreuses aspérités bien trop souvent mises sous silence au profit d’un bonheur évident.
Lien : https://lesmotsdesautres.com..
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Le corps d'après

Avec Le corps d'après, Virginie Noar mène le lecteur dans une plongée vertigineuse au plus intime d'une femme : son corps. Corps qui enfante, délivre la vie et qui sous prétexte médical devient corps observé, exploré sans consentement, ausculté, fouillé sans pudeur. Et la narratrice de remonter l'histoire de son corps : les tentatives d'appropriation par d'autres, la découverte du plaisir qu'il peut procurer, la tentation de l'utiliser comme pour se prouver qu'on peut en être maître.



Dans ce livre puissant, Virginie Noar interroge nos corps livrés en pâture aux injonctions sociétales, ces corps pas si libres tant on tente de les contraindre, les « normer », les dompter pour notre "bien". Elle y explore aussi l'aventure de la maternité, celle d'un corps qui accueille, protège, qui trahit parfois, devenant étranger à apprivoiser. Un premier roman féminin et féministe dans sa plus belle assertion : celle qui revendique la liberté de choisir.



Et si la dédicace de ce roman s'adresse « Aux fillettes qu'on a prises pour des poupées en plastique qui ont fermé les yeux quand on les a couchées à terre et les ont rouverts quand elles se sont relevées », on pourrait aisément conseiller Le Corps d'après à tous pour faire taire les idées reçues qui murmurent aux oreilles des petits garçons que les fillettes sont des poupées fragiles.
Lien : https://wp.me/p3WvbT-eb
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Le corps d'après

Wahou quel livre ! En recevant ce titre dans le cadre de la masse critique Babelio je ne m'attendais pas du tout à ça ! Quel récit poignant. Etant jeune maman depuis peu pour la deuxième fois, j'ai vécu ce récit comme si c'était le mien. Je ne sais pas si on peut parler de roman ou plutôt de témoignages. Virginie Noar aborde la femme et la maternité de manière crue et directe. Elle explique par quoi une femme passe pour créer, enfanter, accoucher, materner...



Certains passages sont vraiment décrits sans filtres et peuvent même heurter mais j'ai trouvé qu'elle avait les mots justes. Et pour être actuellement dans "le corps d'après" , on imagine pas par quoi peut passer une femme après un accouchement. Même dans la vie de tous les jours.



C'est un livre qui se lit facilement, des chapitres courts, des allers retours dans le temps. Et l'évolution d'une grossesse sans en faire trop.



Je ne peux que conseiller ce livre après l'accouchement. Il m'aurait peut-être refroidi en étant enceinte...
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Le corps d'après

Virginie Noar

"Le corps d'après"

208 pages

AOUT 2022



# Flop flop...#



L'autrice avec ce livre que je ne qualifierais pas de roman, à choisit de nous dire ce que ressent une femme qui accouche...

Je ne suis pas du tous d'accord avec ce livre, avec cette façon de dire les choses.

Dans ce livre on y trouve beaucoup de vulgarité, maltraitance, des gestes gynécologiques à la limite de l'attouchement sexuel...

Le style de l'autrice me dérange trop brut, trop cash dans son interprétation.

Alors oui beaucoup de femmes ont du mal à accepter leur grossesse, du mal avec les rdv où parfois le gynécologues sont pas tendre où même le après une fois bébé à la maison...

Mais l'autrice revient beaucoup trop à mon goût sur le sexeet hurle avec dégoût toute sa grossesse....

Pour avoir vécu 3 grossesses franchement on es loin de la réalité de la femme enceinte ou bien peut être alors une minorité.

Je ne vois pas l'intérêt de ce livre..certes certain passage sont vrai mais tous les reste es pour ma part trop stigmatiser.
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Le corps d'après

Ce livre a été une claque pour ma part en rendant compte de la violence obstétrique qui se joue en France.



Ici, c'est la fin pure et simple des tabous liés à la grossesse et à l'accouchement.



On ne ment plus. Ici, la grossesse n'est pas conçue comme la clé de la réussite féminine. Ici l'accouchement n'est pas une joyeuse ballade en félicité. Ici, la maternité n'est pas instinctive. Elle se construit, s'appréhende différemment.



Ce livre fait du bien. Tout simplement.



A lire par tous et pour tous.









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Le corps d'après

Le corps féminin, le corps d’après. D’après l’enfance, d’après l’adolescence. Le corps qui se transforme, qui évolue, qui pousse, grandit, s’élargit, s’arrondit, s’alourdit. Le corps d’après.



Dans ce récit intimiste et sans concession, Virginie Noar explore les questions de l’identité, de la féminité, de la maternité. Parfois avec violence, parfois avec douceur, mais toujours avec une grande poésie et une maitrise parfaite des mots. Ai-je le droit de désirer ? Ai-je le droit de vivre ma vie comme je l’entends ? Serais-je une bonne mère ? Suis-je la compagne idéale ? Puis-je faire mieux, différemment, autrement ?



Mais toujours au travers du prisme du corps. Ce corps féminin qui nous appartient, mais pas tout à fait. Cette enveloppe faite de tissus divers et variés, qui nous porte et nous pousse. Ce corps qui nous lâche, parfois. Ce corps que nous n’avons pas choisi et avec lequel, pourtant, nous devons composer chaque jour de notre vie durant.



Et puis, il y a l’accouchement. L’acmé du roman, décrit avec tant de précision et de détails. Ce moment où notre corps ne nous appartient définitivement plus. Ce moment où il est entre les mains d’un autre, un étranger. Le corps malmené, qui devient un objet. La violence, encore et toujours. La violence qui fait d’un événement si heureux et extraordinaire, un véritable calvaire pour certaines. Femme-objet, future mère. Pour donner la vie, il faut donner son corps. Son corps au corps médical, qui va – trop souvent – le bafouer, l’humilier, l’érafler, le couper, l’arracher, le déchirer.



Virginie Noar nous parle de ce que c’est qu’être femme. Ça prend aux tripes, ça questionne, ça fait mal. Parce que la vérité fait mal, parfois.



Un récit essentiel, dans lequel la violence n’a d’égale que la beauté du texte.

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Le corps d'après

"Le corps d'après" m'a semblé être un cri violent. Un cri de protestation contre les normes, les fausses obligations, les "il faut". Contre les violences gynécologiques, devenues banales car justifiées par la médecine et son contrôle statistique des risques. Contre les indications multiples qui prônent la bonne manière d'accoucher et d'élever un nouveau-né. Ce récit est un appel viscéral à remettre en question ces normes et à retrouver l'instinct qui a permis la survie de l'espèce humaine au fil des millénaires.



Très organique, ce témoignage (plus que roman) accorde une grande place au corps ("d'après" mais aussi beaucoup "d'avant"), à ses sensations et ses transformations. À la fin de ma lecture, outre les questionnements bienvenus, il me reste cependant une pointe de malaise et de lassitude face à cette violence des corps qui semble parfois volontairement et abusivement recherchée, une sorte de cri désespéré et inépuisable de ce corps malmené.
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Le corps d'après

Donner la vie, c’est rendre la mort possible en même temps. C’est terrifiant et merveilleux.



Je me suis protégée de ce livre en refusant de le lire. Une amie m’avait dit ‘qu’il n’était pas pour moi, pas après ça’. Je l’ai écoutée. Parce que ‘Ça’ m’avait brisée et elle avait raison. Ne pas resombrer dans ces souvenirs douloureux contre lesquels je me bats et tente toujours de trouver des réponses. Peut-être n’y en a-t-il pas finalement. Il faut vivre avec comme disent les gens, faisant de cet évènement une normalité. Mais en quoi ‘Ça’ est-il une chose banale ? Qui l’a décidé ? Qui parle en mon nom ? Alors j’ai eu envie de lire ce texte, peut-être pour me consoler, m’apaiser et comprendre ce Corps d’après.



Un bébé devenu Elle. Elle, se transforme. Elle, me transforme. Elle fait de moi une femme mère. Elle me fabrique corps merveilleux. Elle a besoin de moi comme j’ai besoin d’elle. Elle naîtra seulement lorsque je naîtrais d’être sa mère. Je n’ai rien à faire sinon être là, exister, respirer. Ne pas mourir.



C’est un récit sur le corps de la femme. Cette puissance qui prône en chacune de nous. Virginie Noar explore ce corps sous toutes ses coutures. Celui qui tente et lutte. Celui qui enfante. Celui qui subit les violences obstétricales. Celui qui assouvit les désirs masculins. Celui que l’on tente de s’approprier. Celui qui nous est étranger. Les mots bouillonnent, fusent, parfois cash. Ce corps-objet qui s’adapte, une vie entière, aux éléments de la vie, faisant front, sans cesse, seul.



Il a tout son pouvoir pour naître à la vie si j’accepte de me soumettre à la force des éléments dans la tempête, si je concède à mon corps son pouvoir d’abandon, si je deviens l’alliée de ma douleur. Il a tout en son pouvoir pour faire advenir mon corps de mère. Personne ne pourra dire combien je suis là, à combien de mètres je suis sous les vagues de la naissance, personne ne pourra mesurer la taille de cette transcendance. Personne ne pourra compter la magnitude du tumulte et la force des corps parturients. Eux auront peur, mais moi je serai forte. C’est une évidence.



Le corps d’après est pour moi un texte plein de sincérité. Tout en étant terrible à lire, il m’a fait du bien. Virginie Noar décrit toutes les facettes de la féminité, de ce corps qui change, du rapport qu’on porte à soi-même, des étapes de la vie apportant une certaine maturité, de cette maternité trop souvent idéalisée et qui se brise en un rien. Un premier roman osé. Osant mettre des mots sur la Femme et ses mystères.



Trois millimètres d’une vie fabriquée dans le dedans de mon corps. Trois millimètres de promesses que j’imagine sans retour possible. Mais ce n’est pas imaginable tout ça. Je ne sens rien dans mon corps habité. Mais, sur le petit écran, on le voit bien, que je ne suis plus vide.



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2020/01/31/37987438.html
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Le corps d'après

"Certaines femmes disent que le jour de l'accouchement est le plus beau de leur vie… Je me demande à quoi ressemblent les autres jours de leur vie." - Florence Foresti (on a les références qu'on peut !)



"Donner la vie, c'est rendre la mort possible en même temps. C'est terrifiant et merveilleux."



Ce premier roman n'en est pas un. "Le Corps d'après" de Virginie Noar tient plus de l'essai, voire du manifeste dans ses dernières pages ou, plus sûrement, du témoignage de l'intime.



La narratrice anonyme – l'autrice, peut-être ? – rend compte par le menu - toute pudeur bue, et c'est libérateur - des modifications d'un corps, le sien, qui accueille son premier enfant. Un corps qui depuis le plus jeune âge a connu la maltraitance, le viol, la pornographie et qui, pas rancunier, lui a fait connaître en retour le plaisir.

Un corps multiple et complexe, à la fois possession et objet possédé.



La forme narrative choisie est intelligente, jouant l'alternance entre passé et présent, entre des souvenirs issus de l'enfance de la narratrice, ces "années gelées" faites d'un "mélange d'immense tristesse et de joie tendre, une sorte de confusion trouble entre désordres joyeux et misère sociale, coups, humiliation, force fraternelle, grandes folies, corps souffrants, heureuse nostalgie, hurlements, tête baissée, rires d'enfant" et l'évolution de sa grossesse, la préparation à la venue de cet enfant à naître, ce moment où "Il y a des problèmes. Il y a des problèmes partout dans le corps des femmes, surtout quand elles sont fécondées et mues par la mission de maintenir l'humanité en existence valable. Mais les experts en blouse blanche sont là pour les prévenir, les empêcher, les étouffer, tous ces problèmes."



L'écriture est crue, vraiment, pour dire la froideur du milieu médical, l'ignorance et la perplexité anesthésiée de la future mère qui laisse les autres jouer de son corps... à son corps défendant.



Une écriture sans filtre pour exposer les doutes, les interrogations, les craintes,



"J'aime être enceinte. Je me sens pleine, épanouie, exaltée d'une féminité nouvelle. Mais quand tout sera fini, il sera l'heure d'une autre vie. Pas la mienne. La sienne, c'est tout."



la lutte contre les injonctions de la société "c'est que du bonheur", puis l'accouchement, la douleur inapprivoisée parce qu'inapprivoisable au moment de mettre au monde un être à la fois étranger et tellement proche, un presque soi et pourtant autre.



Une écriture délétère qui révèle le corps meurtri, mais soulagé, alors que pointe déjà l'angoisse consubstantielle à toute naissance.



"Je ne ressens rien, juste le soulagement d'en avoir fini avec cette guerre perdue d'avance. Je suis vidée, je suis douleur, je suis un corps amputé."



Ou encore



"Puis-je redevenir un corps vierge d'enfant, revenir en arrière, changer d'avis ? […] il doit bien y avoir des solutions pour régler tous les problèmes des mères incapables."



Et le père, dans tout ça ? Incapable, lui aussi ? On n'en saura rien, ou si peu. Il est évacué en quelques lignes au hasard du récit, exilé dans la marge



"Lui, à côté de nous, contemple dans le silence cet instant arrêté ; il est devenu un papa, et peut-être se dit-il "c'est elle, c'est ma fille", ou peut-être qu'il ne se dit rien parce qu'il est là, c'est tout."



et c'est à ce moment-là que je décroche.



Cette narratrice, en glissant du "je" au "nous", semble vouloir parler au nom de toutes les femmes et, assez contradictoirement j'en conviens (mea culpa), au lieu de m'inclure, elle me met à distance :



"Notre désobéissance est oeuvre.

Notre insoumission nécessaire.

Notre corps, le rempart d'une lutte obligée."



La raison, si raison il y a, est à trouver éventuellement dans ma propre expérience. J'ai eu la chance que mes deux grossesses ne soient que du bonheur et je ne me reconnais nullement dans ce témoignage-là, dans ces revendications que je n'ai pas. "Désobéissance", "insoumission", "rempart", "lutte" sont des mots durs, violents, agressifs, tranchants, des mots qui ne me sont pas naturels quand il s'agit de donner la vie, d'accueillir un enfant.



Alors, et c'est bien dommage, ce livre, de prime abord ambitieux et sincère, est devenu crispant ; autant j'aime le témoignage, autant je goûte moins le manifeste.



1er roman,

Lu pour la session automne des #68premieresfois
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Le corps d'après

Un hymne au corps féminin. A celui qui se transforme au fil de la vie et de ce qu’on lui impose.

Le corps d’après, c’est celui d’après la maternité de l’héroïne, celui d’après la violence des témoignages insérés dans l’histoire.

Tous ces corps que l’on oblige, que l’on n’écoute pas, auxquels on ne fait pas confiance.



Un véritable coup de poing que ce livre où l’auteur met le doigt sur tout ce que nous nous infligeons et finalement que nous infligeons à nos enfants.



«Ce matin, nous lui dirons pardon, pardon, petite.

Pardon pour le froid qu’on a laissé entrer, pardon pour la déchirure brutale, la lumière dans les yeux, pardon pour mon corps que je les ai laissés coucher, vaincue, pour te sortir de force, pardon pour l’absence, les cris et l’impatience de ces nuits qui ne finissaient jamais, pardon pour les choses, toutes les choses inutiles achetées, bien rangées à coté de toi qui n’avait besoin que de nous. Pardon pour les pas pressés, le monde entier veut aller vite, très vite, faire naitre les bébés en douze heures maximum, les habiller les laver leur mettre un pyjama et les présenter à ceux qui attendent. Le monde entier est très pressé de voir l’enfant jouer, parler, ouvrir les yeux, manger obéir, se conformer, grandir, étudier, travailler consommer, baiser, enfanter, faire naitre des bébés, fabriquer des petites filles et des petits garçons et aller vite, vite, avant que l’éternité ne se fasse la malle.

Pardon, petite, pardon. »



Retrouver son corps, l’accepter pour le rendre plus fort de tout ce qu’il est capable d’accomplir.



« Notre désobéissance est œuvre.

Notre insoumission nécessaire.

Nos corps, le rempart d’une lutte obligée. »



Se redécouvrir fort malgré les conforts qui nous endorment et nous rendent incapables de ce que les femmes ont toujours su faire.



Bravo pour cet uppercut !

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Le corps d'après

Un livre ambitieux par le thème et l’écriture, et qui navigue entre roman, témoignage et manifeste féministe.

Un livre que j’ai beaucoup aimé, bien que agaçant comme son héroïne, femme pleine de contradictions, de générosité, débordant de certitudes et d’hésitations.

Débordant, voilà le mot. Les émotions jaillissent à tout bout de page, l’héroine est un être de passion, qui nous livre les bouillonnements à l’intérieur de son corps, de l’adolescence à la maternité.

Il s’agit d’une femme en construction, morcelée, une femme-caméléon, une femme qui ne connait pas les frontières de son corps. J’ai eu l’image d’une maison avec des portes battantes et des fenêtres entrebâillées, des volets qui claquent, des clés qui ouvrent et ferment des serrures.

Comment en est-elle arrivée là, l’auteur ne l’explicite pas, juste quelques références à sa mère. Quel parcours de vie peut mener à une telle incomplétude, voire schizophrénie ?

D’un chapitre à l’autre, avançant ou reculant dans le temps, j’ai découvert le corps pluriel de cette femme.

Il y a le corps sexué, le corps-plaisir, celui qui est ouvert à toutes et à tous, celui où tout est permis, y compris de jouer avec la douleur, corps parfois pathétique dans sa recherche de l’ivresse.

Le corps-objet médical, qui peine à s’entrebâiller, où les soignants entrent par effraction, avec lequel elle se sent impuissante, en colère, humiliée.

Le corps maternel, corps-girouette balloté, proie des injonctions sociétales et des convictions intériorisées : la puissance physique du corps de la femme, capable de l’enfantement, capable de nourrir l’enfant.

Le corps-malade, outil pour se faire aimer de sa mère.

En quoi tous ces corps habités par la même femme sont-ils si différents ?

Oui, cette femme est complexe, comme tout être humain, et je peux me reconnaitre en elle, car qui n’a pas douté de son corps, que ce soit à l’adolescence (ou à la vieillesse), devant la maternité (ou la maladie), à propos de sa sexualité, féminine ou masculine. Toutes et tous nous traversons ces questionnements, en cela, ce livre pose des questions essentielles.

Là où ce livre m’est étranger, c’est quand l’héroïne généralise ses sentiments, ses opinions, à l’ensemble des femmes, quand elle dit « nous » au lieu de « je ».

Elle est persuadée s’être déconstruite par rapport à sa mère, à la société, et avoir accédé à la liberté d’être elle-même, mais je m’étonne qu’elle reste sujet de croyances comme l’instinct maternel et qu’elle confonde autodétermination et individualisme.

Bref, j’ai beaucoup aimé ce livre !

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Le corps d'après

De l'annonce de la grossesse à la délivrance, c'est tout qui se transforme en la femme qui va finalement devenir mère. Avec toutes les peurs et les fantasmes qui gravitent autour de la maternité, on va au-delà toujours, dans ce récit pour décrire le bouleversement d'une vie...



Il y a dans ce roman quelque chose de poignant, de terrible et de sincère. On va dans la profondeur des sentiments et on les vit de manière physique. Il y a une force et du caractère dans ce récit qui ne se cache pas sous les faux-semblants.



Il n'y a pas de pudeur, tout est décrit avec véracité, sans tricherie, sans chichis. Il y a une force et du caractère dans ce récit qui ne se cache pas sous les faux-semblants. Elle n'a pas pour valeur de choquer, mais seulement de dire les choses.



On parle ici de désir, de plaisir, de transformation. On aborde ici toutes les étapes de la maternité, toutes les facettes de la féminité aussi. Le corps, la psyché changent, son rapport à soi, au monde qui l'entoure.



La narratrice acquiert au fil des appréhensions, des questions, une finesse, une sagesse, une maturité. Elle nous décrit la confusion, la contradiction des sentiments qui nous sidère, nous terrifie. Elle nous raconte son parcours de femme, ne nous apprend rien, mais nous délivre tout ici avec beaucoup d'amour et d'humilité.



Parce qu'il y a un avant et un après et que l'on ne naît pas mère, mais que l'on le devient !



Un récit brut, émotionnel, féminin mais surtout définitivement humain. A découvrir !
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Le corps d'après

Un très bon roman de cette rentrée littéraire dans lequel Virginie Noar nous plonge, sans filtre et sans tabou, dans l’histoire du corps féminin, de son vécu, de ses souffrances, ses plaisirs et ses transformations avec la grossesse. Un roman que l’on devrait tou.s.tes lire au moins une fois dans sa vie!
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Le corps d'après

🌺Le corps d'après🌺 de Virginie Noar

- 207 pages.- 7,90€



La narratrice oscille entre le corps d'avant et le corps d'après la grossesse.



Le corps qu'on offre, le corps qui souffre, le corps dont on se sert, le corps cocon, le corps vide, le corps qui porte la vie. Le corps qui change, le corps qui met au monde...



Magnifique livre, touchant, cru, révoltant, poétique, beau, dur.



Un corps d'enfant qui devient ado puis femme.



Retrouver son corps après la naissance.



Un livre que je recommande.



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Le corps d'après

La narratrice raconte son histoire, celle d’une femme enceinte qui entre en collision avec le corps médical mais aussi avec ses proches suite à l’expérience de la maternité. J’ai été soufflé par ce roman. Dès le début on découvre une écriture sans filtre qui sert à merveille le propos. Virginie Noar a beaucoup de talent pour restituer les émotions. La langue est crue et incisive. Ce premier roman est une réussite et j’ai pensé lors de la lecture a des livres lus l’année passée sur le même thème. « La femme brouillon » d’Amandine Dhée notamment, un récit engagé d’une autre manière mais tout aussi fort. Le ton cynique d’une page laisse la place la page suivante à de rudes descriptions où le corps à toute son importance. Un roman riche dans ses thématiques et âpre dans sa forme. Évidemment, je ne peux que vous conseiller cette lecture.
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Le corps d'après

« C’est que du bonheur… »

Cette injonction sociétale, cette esthétisation de la maternité, cette convenance, l’auteur en fait un roman ou un manifeste devrais-je dire. Ce violent cataclysme va interroger la narratrice sur son rapport au corps. Son entrée dans la maternité, elle en fait un combat et évoque de manière édifiante la femme plurielle qu’elle est et que nous sommes toutes.

C’est l’histoire du parcours d’une transformation : la narratrice va conscientiser l’ensemble des violences subites depuis son enfance et raconte, à l’aide de l’écriture incisive de l’auteur, les situations avilissantes multiples qu’elle a pu subir.

Elle remonte ainsi l’histoire de son corps, elle s’émancipe petit à petit à travers son cheminement, s’apaise, s’approprie. Elle se libère de ce corps objet, prédisposé.

Cet intime mis à jour de manière dérangeante, débordante, intense est non seulement une célébration du corps féminin mais soulève également de multiples questions comme celle du choix, du fantasme, de la féminité, de l’instinct, de l’émancipation. C’est le temps de la réconciliation.

L’écriture brutale, intense qui lutte contre cette fatalité m’a percutée.
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Le corps d'après

Le corps d’après : il fallait oser écrire ce livre, plutôt récit : le bouleversement du

corps pendant la grossesse, l’accouchement « que du bonheur », la peur de ne pas

savoir s’y prendre avec le bébé, la perte de la liberté, que faire, allaitement ou pas ?,

la sexualité après…..

Questionnements, angoisses, peurs , un livre vrai, dépouillé de toute fioriture qui

bouscule. Il est percutant, cru, perturbant.

L’écriture directe m’a parfois déstabilisée. Pour moi, un manque d’émotions

également.

Virginie Noar m’a obligée à réfléchir et à me ramener quelques décennies en arrière.

Et je ne me souviens pas d’être passée par toutes ses questions et

angoisses……Alors, certainement « Que du bonheur » !!!!

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