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Critiques de Virginie Noar (41)
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La nuit infinie des mères

La nuit infinie des mères - Virginie Noar - Récit - Éditions François Bourin - Des livres qui ont leurs mots à dire - Lu en avril 2022.



La narratrice, une maman solo, se raconte dans ce récit, sans concession, sans faux-semblant, avec une rigueur sans faille.

Comment l'autrice Virginie Noar a-t-elle pu entrer ainsi dans le vécu d'une jeune maman dont le mari est parti un jour sans explication, sans un mot, la laissant là, avec une petite fille et dans l'attente d'un petit garçon à naître ?



Elle nous raconte sa rencontre avec Lui, son souci d'économie, son envie d'une vie ailleurs, loin du capitalisme.

Ils décident de quitter la ville pour un petit village loin du bruit et de la pollution.



Et puis, il y a eu l'après.

"Comment raconter l'échec d'une vie policée. Une vie sacrifiée sur l'autel de la maternité". Page 16



"Lui avait eu sa mère à son service...

Elle avait été éduquée comme une femme à servir les autres - les hommes les enfants les malades les vieux -

une petite fille mignonne qui deviendrait femme à soigner son corps mais aussi celui des autres. Les hommes. Le foyer". Page 30

"Il avait appris à être pris en charge par des femmes, j'avais appris à prendre en charge les hommes. Et que cela soit injuste et absurde n'y changeait rien". Page 31



Ces quelques phrases annoncent la descente dans la nuit infinie de cette maman. La solitude, la fatigue, le manque d'argent , une enfance pas facile avec sa propre mère changeante et sans tendresse.

Elle voulait être différente, ne pas faire comme elle, être une maman aimante et attentionnée, elle espérait le retour de Lui.

"Il reste à mon histoire les matins blancs qui succèdent aux nuits symétriques, la douleur du vraisemblable, tout ce que je comprends chaque jour un peu plus depuis qu'il n'est plus là". Page 32.



Alors, elle se débat avec ses démons, son immense lassitude, son combat pour rester debout, tenir un jour et encore un autre jour pour assurer le quotidien de ses enfants comme si tout allait bien. Elle affronte ses doutes, ses questions sans réponse, est-elle une bonne mère, fait-elle de son mieux.



Elle s'oublie pour n'être plus que mère, la femme a disparu en elle.



C'est une lecture poignante, j'ai corné tellement de pages pour retrouver des phrases qui me touchaient, empreintes d'un réalisme stupéfiant que je me suis demandé s'il n'y avait pas une part d'autobiographie dans ce récit.



A la fin de ma lecture, une petite lueur d'espoir pointe sous la plume de Virginie Noar.



Peut-être que certaines d'entre vous se reconnaîtront dans ce récit au plus près des pensées d'une maman en détresse et qui malgré tout s'est battue pour rester une maman comme elle voulait l'être, douce, attentionnée et aimante, offrir à ses enfants cet amour qu'elle n'a pas eu.



A lire avec un bon moral.



Bravo Virginie Noar pour cette magnifique introspection

dans la tête de cette jeune femme.



Virginie Noar est pigiste et travailleuse sociale.

Avant ce livre, elle a écrit "Le Corps d'après" paru en 2019 aux mêmes éditions.



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Le corps d'après

Hymne ou élégie à la féminité, à la maternité?



Ce récit, tant il est difficile d'y associer le mot roman, est une confession extrêmement intime de tout ce qui peut tourmenter l'esprit féminin, de la petite enfance, celle qui crée les les ancrages pour les souffrances futures jusqu'à l'âge adulte, lorsque la terrible étape de la maternité vient bouleverser encore ce qui semblait être établi sur des critères façonnés par l'entourage, la famille, la société.



Les questions sont ordinaires, et constituent le fond e commerce de toute une littérature censée comprendre et proposer des solutions, comme si elles existaient, ces solutions. Puis-je être mère? Qu'est ce que c'est être une bonne mère? Jusqu'à ce que l'urgence d'un petit être vagissant refoule ces interrogations pour laisser place à un instant maladroit et toujours culpabilisant.



La grossesse, avec son lot de modifications corporelles aussi étranges que l'évolution de l'enfance vers la puberté, la sensation d'être habitée, et surtout l'intrusion intempestive de mains étrangères à l'intérieur de son corps, pour d'autres raisons que le plaisir partagé, dans une volonté de bien-faire qui ne se pose plus les questions de l'accord de la patiente.





Point culminant de l'épreuve : l'accouchement. Décrit avec sensibilité et réalisme, cette douleur incomparable qui survient par vagues successives, annihilant tout raisonnement logique, avec la seule terreur de la vague suivante. Et puis les tissus meurtris, déchirés, qui sonnent le deuil du corps jouissant d'antan. Assortis d'une fatigue immense, hypnotisante, délétère. Et la naissance de l'angoisse permanente pour la survie de l'enfant.





A qui s'adresse un tel récit? Aux femmes, sans doute, pour faire ressurgir ce vécu plus ou moins lointain. Mais je serais curieuse de savoir ce qu'en pensent les hommes s'ils tentent l'aventure de se plonger dans cette lecture.

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Le corps d'après

Quel bel hommage à la Femme !

*

Lu dans le cadre des #68premièresfois

*

Je ne sais même pas par où commencer tellement ce roman-manifeste est dense. Surprenant aussi dans l'écriture, sa forme est originale.

J'ai pensé à un assemblage de mots (d'idées) qui rappelle le Slam . Ce fameux mouvement poétique très rythmé qui se passe aussi sur scène.

Déroutant aussi avec des bouts de mots, posés sur la ligne comme pour marquer l'importance de chaque item.

*

L'auteure travaille auprès de femmes et cela se ressent dans sa façon de les décrire, les sublimer surtout.

Moi-même en tant que maman, je n'ai pu que me remémorer ces instants où la vie prend forme dans notre utérus, où l'angoisse nous tenaille, mais aussi la peur, la joie, le doute. La similitude s'arrête là.

La narratrice (qui n'est pas nommée) est morcelée. Un peu comme dans un syndrome schizophrénique. Elle se définit avec plusieurs corps/fonctions (sexué, médical, transgénérationnelle vis à vis de sa mère...).

Cette narratrice est aussi en colère. Tout au long de sa vie, elle se rebelle.

*

Le ton est cru, sans filtres mais riche en émotions. Voire parfois trop, ça déborde. J'ai finalement eu peu d'empathie pour l’héroïne. Elle donne cette impression de parler au nom de toutes les femmes, cela donne donc une distance.

*

C'est presque un pamphlet, le féminisme qui parle à tous, surtout pour sortir de ses idées reçues.

Attention, le ton et intime et brusque, il faut savoir apprivoiser ce texte.

Sacré coup de poing
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La nuit infinie des mères

De Virginie Noar, j'ai lu le corps d'après, sur l'accouchement et le bouleversement qu'il provoque sur le corps et dans la tête d'une femme.



Cette fois-ci, l'auteur nous donne à lire l'histoire d'une mère célibataire et de ses deux enfants, un nourrisson et une petite fille... Pour profiter de la vie de famille, la narratrice et le père avaient décidé de partir vivre dans un village de montagne isolé. Sauf qu'il ne reste que la mère. Le père est parti, absent, on ne le connaît pas.



Elle, la femme sans nom, la mère, se retrouve en huis-clos avec ses deux enfants. Allaiter, soigner, consoler, jouer, ramasser, faire le ménage, la vaisselle, être une bonne mère, aimer ses enfants. Elle se retrouve perdue dans son rôle maternel, submergée par toutes ses injonctions, avec son manque de lui, le père. Ses journées se répètent inlassablement. Elle est broyée par ce statut et par son amour monstrueux pour les petits, qui déborde et l'étouffe. Un trop plein. Son corps est tout entier dédié à ses enfants. finis le désir, les rêveries, le frisson, la séduction. Elle est à leur disposition, en tête à tête, dans un corps à corps parfois dangereux. Non, il ne faut pas leur faire de mal, ils n'y sont pour rien.



La nuit, elle ne trouve pas plus le repos. Les cauchemars l'assaillent, le souvenir et le désir de l'homme la hantent. Alors, elle voudrait dormir pour toujours et tout abandonner, les enfants et la vie qui va avec.



L'auteure ne mâche pas ses mots. C'est cru et direct et la lecture met souvent mal à l'aise. Mais malgré cela, j'ai ressenti de l'empathie pour cette femme, ce qui n'avait pas été le cas pour l'héroïne de son premier roman.



D'une poésie rare, ce roman est un diamant brut. Vraiment, j'ai rarement été autant touchée par une écriture. Le livre secoue et ose questionner l'amour maternel, supposément inné. Il aborde des thèmes essentiels comme le rôle des mères dans la société et en creux celui de l'absence des pères ou de leur moindre implication.



Sous la forme d'un récit, on se retrouve dans la tête de cette femme à bout, sur la corde raide. Une lecture aussi courte qu'intense qui ne laisse pas indifférent.e.













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Le corps d'après

«De chair et d’os et de viscères»



Virginie Noar a choisi pour son début en littérature de nous dire ce que ressent vraiment une femme qui accouche, combien le rôle de mère est difficile et combien l’expression «ce n’est que du bonheur» est galvaudée. Édifiant!



Le test de Rorschach est probablement le test de personnalité le plus célèbre au monde. Inventé en 1921 par le psychiatre suisse Hermann Rorschach, il permet à partir de tâches d’encre de définir le profil psychologique des patients. Si je vous en parle en introduction à cette chronique, c’est parce la graphiste Élodie Campo a choisi l’une de ces tâches pour illustrer la couverture de ce roman. Choix judicieux, car il invite d’emblée le lecteur à imaginer, à interpréter… et à confronter cette image au titre énigmatique «Le corps d’après».

Même si, dès les premières lignes, qui décrivent une épisiotomie, on comprend que cet après est la période qui suit un accouchement. Et que nous sommes bien plus proches d’une tragédie que d’un hymne à la joie. À en croire l’équipe médicale, tout s’est bien passé, le bébé est là et les premiers tests sont concluants. Reste à faire place nette. Tout à l’air si simple. Le bonheur promis se heurte pourtant à une dure réalité: «tu claques des dents, tu voudrais dormir et qu’on t’arrache de ce corps étranger, là, tout de suite, ne jamais avoir vu cette étendue de sang qui macule la salle de bains étroite et virginale. Tu t’assieds sur la cuvette des toilettes parce que.

Ça virevolte. Tu ne peux plus. Tu as mal. Peur. Tu chuchotes "au secours". Ça tourne. Ça virevolte. Tu tombes, de ce corps nu qui saigne sans s’arrêter. Mais tu n’es pas morte. Tu n’es pas morte.»

Toujours en vie, il faut alors tenter de se réapproprier ce corps «de chair et d’os et de viscères», d’apprivoiser la peur omniprésente, de croire que tout va s’arranger. Pour cela Virginie Noar choisit de revenir sur les épisodes précédents, de nous raconter comment tout a commencé et le plaisir qu’il y avait alors de faire l’amour et de s’abandonner. Il n’était pas question de tomber enceinte: «Ce n’était pas du tout prévu comme ça. On devait baiser, c’est tout, s’exténuer, glisser l’un contre l’autre, mouillés tremblants, le souffle court, se pénétrer, jouir puis soupirer, tout ça pour ne pas oublier qu’on était vivants et qu’on ne deviendrait jamais des gens morts, usés, aigris.»

Après le test de grossesse positif, elle nous raconte le parcours classique de la femme enceinte, libre et célébrée. «J’effectue des prises de sang, plein de prises de sang, j’organise et planifie des rendez-vous, je me rends aux cabinets d’échographie, j’écarte les jambes et remonte ma culotte, essuie mes cuisses et rabats la manche de mon pull-over, je n’omets pas Ies «merci au revoir à bientôt pour le prochain examen, je suis tellement heureuse», je signe des formulaires, cachette des enveloppes, je préviens la terre entière, surtout la CAF et la Sécu, c’est important. Et la bonne nouvelle, c’est que tout va bien. Tout est sous contrôle.»

Jolie formule pour cacher toutes les peurs de la naissance à venir et celles, encore plus terrifiantes face au nouveau-né.

Sylvie Le Bihan avait ouvert la voie au printemps. Dans son roman Amour propre elle s’interrogeait sur le statut de ces femmes qui refusent la maternité, qui revendiquent le droit de ne pas aimer les enfants. Virginie Noar lui emboîte en quelque sorte le pas en démystifiant la belle histoire que l’on nous vend sur la grossesse et la maternité. N’en reste pas moins un lien viscéral mis en exergue par une très belle formule: «Donner la vie, c’est rendre la mort possible en même temps. C’est terrifiant et merveilleux.»




Lien : https://collectiondelivres.w..
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La nuit infinie des mères

****



Jamais elle n’aurait imaginé vivre cette vie-là. Jamais elle n’aurait admis les pensées qui la traversent parfois, seule face à son désarrois. Jamais elle n’aurait envisagé d’élever ses enfants en mère célibataire. Et pourtant, elle est seule, dans cette maison, dans ce village, dans les draps de son lit froid. Délaissée, abandonnée, isolée, ses jours et ses nuits sont centrées sur ses enfants, leurs larmes, leurs besoins, leurs envies, leurs chagrins… Elle s’efface, doucement, brutalement, inexorablement…



La nuit infinie des mères est un texte poétique, lyrique, sensible sur le quotidien d’une mère. L’amour qu’elle porte à ses enfants, tout comme la lassitude qui la submerge parfois, sont évoqués avec des mots si justes, si purs, qu’ils semblent universels.



L’auteur convoque pour nous cet univers maternel que traversent aussi bien la lumière que l’obscurité. Un matin baigné de soleil et ce bonheur simple d’un café chaud que l’ombre d’un cri, d’un appel impérieux, vient envahir…

Virginie Noar éveille en nous cet abîme qui englouti, et cette force qui relève.



Être mère est une chance, une richesse, une joie et un bonheur immense. La plupart du temps… Être mère s’apprend, se consolide, se joue et s’accepte… Mais c’est aussi un rôle qui peut être angoissant, éreintant et culpabilisant. Les mots de Virginie Noar se posent avec une justesse sidérante sur les maux des mères…



C’est beau, c’est dur, c’est léger et c’est écrasant . C’est toute l’ambivalence de cet amour soudain, entier, infini… C’est une lecture qui prend au cœur et au corps, et qui pose un regard bienveillant sur ce que chaque mère de ce monde peut traverser…


Lien : https://lire-et-vous.fr/2022..
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Le corps d'après

Ce premier roman faisait partie de la sélection « Rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois… La session est terminée depuis février et, en cinq participations à cette belle aventure, c’est la deuxième fois que je ne lis pas tous les romans sélectionnés.

Le Corps d’après de Virginie Noar était dans ma PAL numérique et je remettais toujours à plus tard sa lecture…



Quand, enfin, j’ai décidé de me plonger dans ce livre, je n’ai pas réussi à m’intéresser à ce que je lisais ; je parvenais seulement à lire quelques pages de temps en temps et leur contenu me laissait une impression de malaise.

J’ai songé à abandonner, ce qui ne me ressemble pas, surtout que 256 pages ne sont pas vraiment une grosse épreuve à avaler. J’ai donc effectué quelques recherches : l’auteure traite ici un sujet qu’elle connaît bien puisqu’elle est travailleuse sociale et exerce dans un espace de rencontre parents-enfants.



J’ai donc poursuivi ma lecture en me focalisant sur les deux clés d’approche : le récit du corps souffrant de porter la vie d’une femme qui subit sa grossesse et, en miroir et en italique, l’histoire morcelée de sa vie passée, puis de la passion amoureuse qui a aboutit à cette promesse d’enfant.

Il s’agit bien ici de bousculer les idées reçues : la grossesse n’est pas toujours un épanouissement et ce n’est pas que du bonheur d’accoucher et de devenir mère ; l’allaitement maternel n’est pas une fin en soi.

Il y a beaucoup de violence dans ce livre, autour de la maltraitance infantile et conjugale, de la sexualité, de la maternité, des normes et des injonctions, des gestes invasifs du corps médical pour le suivi gynécologique des femmes…

L’histoire de la narratrice qui s’exprime à la première personne est complexe, lourde à porter et la grossesse vient cristalliser toutes ses anciennes blessures.



Je crois avoir compris le message que Virginie Noar voulait faire passer mais j’ai buté sur un style brut, instrumentaliste, victime peut-être de cette ambiance dont il est le reflet et le porte-parole.

Pourtant, certains passages sont poétiques, allégoriques… J’ai repéré de belles trouvailles stylistiques, comme quand, au moment crucial de l’accouchement la narration à la première personne se fait tout à coup impersonnelle et omnisciente, pour marquer une dépossession, un éloignement, un état de choc : brièvement, sur quelques pages, le « JE » devient « l’accouchée »…

Et puis, il y a cette boucle narrative mortifère malgré sa dénégation : « Mais tu n’es pas morte …» ; cette phrase ouvre le récit et le ponctue. C’est ce que l’on dit à quelqu’un pour relativiser, pour minimiser. Ici, il s’agit de marquer le passage de parturiente à mère.

L’auteure mêle passé enfoui, souvenirs traumatiques, temps présent et « avenir pas encore convoqué » dans son récit, anticipant brièvement le post-partum, révélant un éternel recommencement ; il n’est pas anodin que le bébé soit une fille, une « enfant femelle [devenant] cette femme sous contrôle, vouant peut-être sa vie à la reconquête de son précieux féminin ».

L’épilogue, véritable manifeste féministe, m’a surtout délivrée d’une lecture difficile… C’était enfin fini !



Un roman dérangeant qui n’était pas pour moi, à l’instant T.

Je n’ai jamais réussi à m’attacher à cette « mère funambule »… Dommage !





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Le corps d'après

Une magnifique couverture qui laisse votre imagination ouvrir les portes de ce roman sans filtres, pour public averti.



J’ai lu ce « récit » il y a de longs mois. Je l’ai fini essoufflée et l’esprit chancelant. Les mots jaillissaient sans ordre, définissant à peine toutes les émotions que j’ai ressenti tout au long de ma lecture et en refermant ce livre. Retour peu évident à faire, il sera à l’image du récit. Brut.



« Le corps d’après » ce sont les mots d’une femme qui n’est pas prête à être mère. Enfin si, biologiquement. Mais qui veut l’être à sa façon, libre de ressentir son être-profond, et tous ces doutes et contradictions humaines. Et féminines. Envoyer un pied de nez à toutes ces formes de bienséances et ces principes de vie qu’on s’impose.



La narratrice parle d’elle et débute le roman par l’annonce de sa grossesse.. cette effervescence autour de sa personne : la joie, la surprise, le bonheur, les félicitations. Tout ce qu’elle est censée ressentir dans ce moment là, les clichés que l’on attend d’une femme heureuse, enceinte. Mais elle, elle est partagée entre ce qu’on attend d’elle et ses sentiments, ceux aux portes de son corps, qui la foudroient et la bousculent par ce qu’ils sont bien réels eux. Elle a l’air même de regretter être enceinte, de ne pas y prendre plaisir. Arrivent le questionnement du pourquoi être mère ? Poursuivre un héritage ? Réparer les erreurs de nos parents ? Ou vouloir enfanter par habitude ?



Puis le changement radical pour revenir dans les souvenirs du début de sa carrière : la pornographie. La rencontre avec son producteur et la brutalité de leurs échanges. Quelle idée de passer de l’accouchement à un entretien d’embauche chez le pornographe… pas de vulgarité, juste la réalité du métier.



Ensuite elle revient dans le présent et sur la violence de la libération, l’accouchement et ce nouveau sentiment de ne rien contrôler, qu’en plus elle en souffre. Puis de nouvelles émotions contradictoires, pourquoi se sent elle vidée maintenant ? Pourquoi ces contractions violentes et viscérales de mère, d’avoir peur que son enfant meurt ?



Les étapes de la vie de femme sont décrites ici sans pudeur et les mots sont tous choisis.. ils viennent des entrailles parfois. La narratrice est tantôt libérée, libertine, épanouie, puissante, vulnérable.. Elle ose dévoiler et assumer un érotisme débridé, caché au fond de chacune de nous. Parfois accompagné d’une violente douceur.



La plume de Virginie Noar est superbe, acerbe et incisive, poétique et intime explorant toute sa sexualité. Elle est aussi brute, belle et puissante, perverse et maternelle.



Mais est-ce peut être là l’éternel quotidien des femmes, leurs doutes et leurs questionnements, leur craintes, leurs entraves et dénis mais aussi leurs intimes besoins. Quand le corps réclame..



Ce récit, auto biographique ou pas, nous intime de nous affirmer, d’envoyer valser le conformisme et d’Osez être Femme avant d’être mère.
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Le corps d'après

C'est l'histoire du corps de la femme, à plein d'âges différents, le corps qui reçoit des coups, qui attise le désir, qui jouit, qui devient plein de l'enfant à naître, qui donne naissance, qui souffre...

C'est l'histoire de cette chair évaluée, triturée, contrôlée, monitorée par les hommes en blanc et les autres. Intimité devenue spectacle, publique et sociale.

Ce texte est très bien écrit, l'écriture est directe et dit les choses, quitte à choquer. La femme prend ici plusieurs facettes, on se rend compte que la féminité est plurielle et mouvante et l'on suit la narratrice évoluer dans son rapport à son corps au fil du récit.

Mais malgré ces qualités, le livre n'a pas réussi à me toucher. Je n'ai pas eu franchement d'empathie pour l'héroïne. Je crois que le style a supplanté le reste et m'a empêché de me laisser aller à l'histoire. Il m'a manqué un petit supplément d'âme. Peut-être juste une pause, un peu de simplicité aussi.

Je dirais que c'est un bel exercice littéraire, plus récit - voire pamphlet - que roman.



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Le corps d'après

Il parait que les mots sont crus et la parole presque violente. Il parait que le corps s’offre à voir sans pudeur, dans l’acte sexuel comme dans l’acte de vie. Sans doute…Mais ce qui apparaît surtout entre les lignes de ce premier roman, entre les courbes de ce « Corps d’après », c’est tout le talent de Virginie Noar pour décrire la violence de l’impudeur imposée au corps des femmes dans ce moment si précieux d’intimité que représente la mise au monde d’un enfant.

Le corps d’après, c’est le corps d’après l’annonce, le corps d’après le voyage d’un autre corps à l’intérieur de soi, le corps d’après la bataille, d’après la douleur, d’après l’écartèlement ultime. Le corps d’après, c’est le corps vide, le corps épuisé, endolori, devenu étranger à soi-même. C’est celui qu’on cache, celui dont on ne parle pas, celui sur lequel on ne peut plus compter parce qu’on ne le reconnait pas. C’est celui sur lequel, avec beaucoup de franchise, de bienveillance et de délicatesse, Virginie Noar a su poser les mots, les siens et ceux de toutes celles qui n’ont pas pu les trouver ; les siens et ceux de toutes celles qui n’ont pas pu les oublier.

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La nuit infinie des mères

Être mère.

Seule.

Comme un parcours du combattant.

Une offrande.

S’oublier.

Être mère.

Forte.

Comme une Wonder Woman.

Un rôle à jouer.

S’oublier.



« Pareille aux hivers, la nuit des mères est invariable. La pénombre emmure nos espoirs en même temps que s’estompe la lumière. Il ne nous reste alors qu’à constater l’irrémédiable immobilisme de notre ordinaire, celui des ménagères qui ne vivront plus que de rituels inlassables, de vaisselle crasse à récurer le dos courbé, de jouets à ramasser le corps lassé, de lendemain éternels. Il ne nous reste alors qu’à espérer de l’obscurité la possibilité d’anesthésier nos rêves. Il ne nous reste qu’à demeurer dans le silence comme tous les soirs passés, comme tous les soirs à venir. »



Dans ce second roman, Virginie Noar continue d’explorer la maternité, l’amour et l’abandon. Comme dans Le corps d’après, elle ne fait pas dans la dentelle, dit les choses, les vraies. Il n’y a pas de mère parfaite, de rôle à jouer, de clichés à vanter. Cette mère a peur, doute, souffre et ne peut vivre ainsi, seule, avec ses deux enfants. Elle est meurtrie par ce qu’elle est devenue. Alors, elle pense au pire et est en droit de le faire. Aucune échappatoire. L’abandon. Elle aime ses enfants d’un amour fort mais il est destructeur. La société a fait d’elle une mère, juste une mère. Or elle est aussi une femme et c’est cette force qui lui donne le courage de tenir debout.

Un texte bouleversant, engagé comme j’aime. Miroir d’une société « coincée du popotin » !



« Dépression maternelle, burn-out, troubles du post-partum, souffrance périnatale, ce sont des mots comme ceux-là qui pourraient définir ma peine, l’enfermer, la ranger, faire un peu de place dans le désordre. Je voudrais m’en échapper mais les jours déclinent inlassablement avec l’écho de ces mots gris. »



http://www.mesecritsdunjour.com/archives/2022/02/01/39330168.html


Lien : http://www.mesecritsdunjour...
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La nuit infinie des mères

J'ai la chance de ne lire que de beaux livres en ce moment, enfin beaux pas forcément par rapport à ce dont ils parlent, mais par la finesse, leur réalisme, leur absence de concessions, le miroir qu'ils me tendent en temps que mère et que femme.

J'ai sûrement été accrochée par la très belle couverture comme un test de Rorschach. J'y ai vu un poisson bleu aux nageoires déployées vu du dessus, ce qui somme toute, m'a donné la tonalité du roman : l'impression d'être sous l'eau, comme noyée.

L'auteur ici, nous raconte de façon à la fois onirique et très réaliste, le quotidien d'une mère célibataire avec deux enfants. Plaquée par son conjoint et père des enfants, obligée de faire face à l'ordinaire d'une vie dédiée, la narratrice s'oublie. Elle ne peut compter sur personne, même pas sa propre mère pour l'aider. de sa mère, elle ne connaît que le fait qu'une femme doit être dévouée à sa famille, ses enfants, le monde extérieur. Il faudra attendre un accident de voiture pour que la mère jeune maman et sa propre mère renoue un dialogue. Il est vrai qu'il est rare que les mères partent, s'enfuient lorsqu'il y a des enfants, il est vrai aussi que tous les hommes ne sont pas des pères absents.

Des pères absents naît la colère des mères, colère qui se retournent contre l'enfant, la mère, les deux ou qui ne permettent pas à un enfant à sa mère de vivre une vie heureuse, paisible, loin des clichés véhiculés par la presse, les écrits. Comment concilier mère célibataire et travail ? La maternité n'est pas un monde tranquille : il est sombre et cruel. J'ai retrouvé dans ce livre beaucoup de mes sensations de jeune maman. Pour être parent, il n'y a pas de mode d'emploi, parfois la femme ne devient pas mère lorsque l'enfant paraît. Oui, on peut vouloir des enfants et ne pas les supporter quotidiennement, avoir besoin d'aide sans être une mère indigne. On peut vouloir pour eux mieux que pour soi-même, on leur dessille les yeux pour qu'ils ne tombent pas dans les mêmes pièges que nous. Un roman court et prenant.
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Le corps d'après

Il y a eu Virginie Despentes et son "Baise moi" qui a marqué toute une génération et voilà que la relève se fait entendre avec la voix d'une autre Virginie qui signe un ouvrage tout aussi générationnel.

Un livre organique et à l'écriture nerveuse ou le corps de la femme est au centre du sujet.

Le corps comme acte politique contre une société patriarcale, le corps objet de jouissance solitaire sans pudeur, corps maîtrisé, corps qui répond aux injonctions masculines ou encore corps qui sans cesse cherche à se remplir de l'autre.

Mais aussi corps de la maternité qui transforme, qui fait peur qui est sujet à des violences toutes médicales et ramène à ce corps de petite fille mal aimé, mal traité ou lâchement abusé.

Si c'est parfois un peu confus dans les aller retour entre l'histoire de l'auteur (vrai ou pas là n'est pas le sujet) c'est néanmoins une voix importante pour parler de cette génération qui refuse de se plier et dit enfin que la maternité n'est pas acquise aux femmes par instinct.

La relève est là, bien là et si cette lecture m'a quelque peu déstabilisée elle n'en reste pas moins une belle découverte.
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La nuit infinie des mères

absolument indispensable.

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Tout aussi déculpabilisant et nécessaire que son précédent Opus "le corps d'après", Virginie Noar donne ici voix à la détresse éperdue de la mère célibataire en un long cri de colère de rage et d'amour.
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La nuit infinie des mères

Pour son deuxième roman, Virginie Noar continue d’explorer le thème, à la fois, si complexe et si beau, de la maternité. Être femme, être mère. En solitaire. Parce que l’autre est parti. À déserté. Il est partout. Et pourtant, il est absent.



À nouveau, les mots de Virginie Noar sont d’une poésie saisissante. On se délecte de se perdre dans les méandres des mots de l’auteure. Ils sont si crus, mais si beaux. Ils dénoncent une réalité sans fard, mais avec un lyrisme rarement égalé.



Ouvrir ce roman, c’est lire la peur et la magie d’être mère. La peur de faire mal, de mal faire, de trop faire, de défaire sans possibilité de reconstruire. Ouvrir ce roman, c’est lire l’amour incommensurable qu’une femme peut ressentir lorsqu’elle devient mère. Lire la fatigue et le dépassement. Mais également la fusion et l’amour infini. L’amour à mort.



Ce roman est une pépite absolue. Une plongée singulière et sans fard dans le monde de la maternité.



C’est un immense coup de cœur. Lisez-le. Lisez-le !
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La nuit infinie des mères

J’ai découvert Virginie Noar avec son premier roman, Le corps d’après, le récit d’une femme qui vient d’enfanter et qui parle à cœur ouvert du bouleversement tant psychologique et physique d’un tel évènement. Dans ce texte, elle ne prend aucune pincette, ne cherche pas à dorer les contours de ce cap passé par bon nombre de femmes. Un roman cru, franc et sincère. Je venais tout juste d’accoucher à la lecture de ce livre, alors autant vous dire qu’il a eu un écho tout particulier pour moi.



Il me tardait de découvrir La nuit infinie des mères, sorti en ce début d’année. J’y ai d’abord cherché les suites des « aventures » de cette mère évoluant dans les marasmes de l’enfance de sa propre progéniture. Mais je m’en suis vite détachée pour me concentrer sur ce « je », ce nouveau « je » offert par l’auteure. Cette mère-là veille sur ces deux enfants, seule, abandonnée par le père, isolée à la campagne. Elle doit faire face à la solitude, à la responsabilité qui lui incombe. Elle se pose toutes ces questions que nous n’osons jamais prononcer à voix haute : « Que se passera-t-il s’il m’arrivait quelque chose ? Au bout de combien de temps le voisin réagira aux pleurs de mon enfant de l’autre côté du mur » ? Le « je » est une mère qui porte à bout de bras sa petite fille et son petit garçon, c’est une mère fatiguée qui nourrit de son sein, qui console, qui panse, qui rassure, qui protège … Elle ne peut pas partir, elle. Une mère ne part pas. Elle ne quitte pas le foyer. Cela ne se fait pas et c’est mal vu. Le patriarche lui a le droit à la rigueur, il est excusé, il a de bonnes raisons.



Virginie Noar nous sert les limites de la maternité, les limites de la substance maternelle qui tente par tous les moyens d’élever autrement, de moins interdire, de moins contraindre, de moins violenter même si parfois la situation la dépasse et laisse entrevoir l’irréparable. Comme Le corps d’après, Virginie Noar n’a pas peur des mots. Elle dit ce qui ne peut être dit. Elle nous met face à une réalité que nous n’osons pas regarder. Elle écrit le parcours d’une femme qui tâtonne, qui cherche, qui trébuche mais qui jamais n’abandonne. Elle crie le courage des mères célibataires, elle nous excuse de nos faiblesses, elle nous ouvre les yeux sur notre force insoupçonnée. Et entre deux chapitres, elle glisse en italique le « je » de sa petite fille, de celle qui appelle « maman », pour se rassurer, pour se réjouir, pour partager, pour rappeler à cette femme qu’elle est son centre du monde.



Ce roman se pare de nouveau d’une sensible et bouleversante sincérité, d’une poésie foudroyante et franche. Ce récit de société apparait comme un véritable témoignage où le réalisme tend à lui donner toute sa richesse.
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Le corps d'après

Le Corps d’après est le récit d’un enfantement et d’une lutte contre les violences faites à la condition féminine, les injonctions, le bonheur factice, le conformisme, les corps asservis. Au bout du chemin, pourtant, jaillit la vie. Celle qu’on s’inventera, pied à pied, coûte que coûte. Pour que, peu à peu, après la naissance de l’enfant, advienne aussi une mère, femme enfin révélée à elle-même.



Virginie Noar a écrit dans une forme d'urgence, elle a souhaité dénoncer cette violence faite à toutes celles qui sont nées femelles. Celles qui sont nées assignées, pesées, mesurées, évaluées. Celles qui sont attendues au rayon des poupons en plastique, qui sont colorées de rose bonbon. Celles qui sont priées de bien se tenir, de s’asseoir comme-ci et de parler comme-ça pour être de vraies petites filles. Celles qui sont vouées à devenir épouse et mère. Parce que la sexualité des femmes est réprimée, salie, acculée quand celle des hommes est glorifiée, normalisée, excusée, parce qu'elle est épuisée d'être sans cesse rappelée à son devoir de séduction, de procréation, d'éducation, de gestion domestique, parce qu'elle n'en peut plus de tous ces magazines féminins qui culpabilisent les lectrices plus qu'ils ne les déculpabilisent, Virginie Noar a accouché de toute cette maltraitance contenue pour en être enfin libérée.



Le corps d'après c'est un cri de colère contre cette société encore trop patriarcale. Cette société qui infantilise les femmes y compris lorsqu'elles s'apprêtent à enfanter. Cette société qui les avilit sous prétexte d'une hypothétique maladie que serait la grossesse. Le corps d'après est un récit qui touche à l'intime tout en étant un manifeste s'adressant aux femmes, les exhortant à s'affranchir, à désobéir, à ne pas se soumettre, à considérer leur corps comme un rempart d'une lutte obligée. Ce livre est un hommage rendu à la femme, au corps féminin d'avant et d'après l'accouchement.



L'écriture de Virginie Noar est volontairement incisive, son style cru, comme pour mieux refléter la violence infligée aux femmes, tout en se transformant néanmoins au fil du livre. Le tout s'apaise à l'approche de la délivrance. Pour mieux s'identifier à elles, la narratrice n'a ni prénom, ni âge, ni origines. Elle a une sexualité et est maman en devenir. Elle, c'est moi, c'est toi, c'est nous, c'est elles.



Le corps d'après est un récit intéressant, nécessaire à toutes celles qui ne s'autorisent pas encore à dire que non, la maternité ce n'est pas que du bonheur. C'est parfois aussi tout l'inverse. Sur ce, mes enfants m'appellent...




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Le corps d'après

Un livre vraiment bouleversant, et tellement vraie. Ce n'est pas le premier livre que je lis sur la maternité sans filtre. Il y a d'abord eu In Carna et puis le dernier roman de Julia Kerninon et maintenant celui ci. Il est déjà paru en grand format en 2019 et maintenant, il est accueilli en poche et j'en suis ravie. j'ai découvert l'auteure avec son deuxième roman qui m'avait beaucoup touché aussi, lu après l'arrivée de mon premier enfant. La nuit infinie des mères m'avait fait me sentir moins seule.



Celui ci, le corps d'après aussi. Bien que certains passages soit quand même trash et je me suis du coup demandé comment j'aurais vécu sa lecture sans avoir vécu une première maternité. Est ce que la peur se serait réveillée ? serait-elle devenue la dominante de cette lecture ?



je ne saurais le dire. maintenant que j'ai vécu un accouchement, je reconnais simplement beaucoup de choses. Des choses qui ont aussi résonné pendant ma lecture de la naissance en Bd de Lucile Gomez, le fait de la médicalisation souvent excessive de la grossesse et de l'accouchement, le fait que le regard de cette médicalisation dit plein de choses fausses aux femmes... qui du coup se sentent incapable de beaucoup de choses. Virginie Noar etend cette incapacité aux enfants aussi et c'est criant de vérité. Sous le couvert de la protection, on empêche plein de choses que ce soit dans la grossesse, dans le post partum et dans l'éducation des enfants. Et c'est tellement dommage car en laissant faire, on se découvre des trésors... la nature est bien faite, nos enfants sont bien faits et ils sont capables et les femmes aussi sont capables.



Je sais bien que le progrès aide sur beaucoup, je ne dis pas et Virginie Noar, non plus, de laisser la péridurale ou tout progrès dans nos grossesses, maternité ou éducation. Mais laissons à chacun la liberté de choisir sans jugement. Je trouve que c'est le plus dur aujourd'hui, le jugement de chacun... Parfois, c'est sûrement sans le vouloir car c'est ancré mais pourtant chacun devrait réfléchir à la phrase qu'il va sortir à la mère qui est en travail, au père qui s'occupe de son enfant en crise, à l'enfant qui découvre son environnement avant de dire ce que la société lui dicte.



Est ce que cette phrase va aider ou juste culpabiliser et juger ?



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Le corps d'après

Avis mi-figue mi-raison sur "Le corps d'après" de Virginie Noar



L'auteur alterne roman de vie actuelle et souvenirs d'enfance/adolescence. Cette alternation permet de comprendre en théorie les combats intérieurs de la narratrice d'aujourd'hui (une narratrice dont on ne connaîtra jamais le prénom d'ailleurs, est- ce une façon de sur à chacune de se retrouver dans le personnage ? ).



De prime abord, je n'ai pas réellement saisi le pourquoi des souvenirs sexuels au milieu d'un récit sur la maternité. Et à la fois cette relation entre sexualité et maternité semble évidente, la première menant indéniablement à la deuxième, possédant l'une l'autre autant de plaisirs que de souffrances. Le corps de la femme est évoqué comme un instrument puissant au service de la nature, au service de la vie mais c'est aussi l'enveloppe de l'esprit, un esprit qu'on essaie de formater depuis le plus jeune âge de façon consciente (par exemple par les médias) ou inconsciente (par exemple par la famille, avec ses codes, son éducation, ses croyances). Un corps également soumis aux quelques bien-pensants qui encadrent la maternité, ceux là même qui ne laissent que très peu de place à la parole de la (future) mère...



Dans la douleur, dans la reconstruction, l'auteur évoque le passage de la chrysalide en papillon. La chrysalide qui voit sa carapace se fissurer, saigner, (jouir ?) pour finalement laisser (re)naître un être libre, délesté des poids du passé, soulagée d'avoir compris son passé et donc enfin capable d'avancer.



Future mère, je pense que certains passages crus m'ont freinée dans ma lecture, ce qui n'aurait peut-être pas été le cas post-accouchement, mais au final la deuxième partie du récit m'a semblée cohérente et plus engagée, un combat "féministe" clairement affiché par l'auteur qui n'hésite pas à utiliser des mots secs, des descriptions sans filtre.
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Le corps d'après

Le Corps d'après est un roman qui est à la fois un cri de révolte contre les injonctions liées à la maternité et une déclaration d'amour au corps des femmes et à ce pouvoir incroyable qu'il a de donner la vie.



La narratrice est une jeune trentenaire transformée par sa grossesse. Elle partage ses pensées intérieures en vrac, sans filtre, dans un style parfois télégraphique.

Les chapitres sont courts et suivent une progression chronologique, retraçant les grandes étapes sur le chemin de la maternité, du début de la grossesse au 7ers mois du bébé.



Le statut de femme enceinte fait par ailleurs ressortir des souvenirs traumatiques, relatés en italiques comme des flash-backs au fil du récit, de son enfance dans une famille violente à ses expériences sexuelles souvent extrêmes.



Si cet aspect du récit peut choquer ou mettre mal à l'aise certains lecteurs, le lien établi par l'autrice entre féminité, sexualité, maternité et (a)normalité est confrontant.



Le Corps d'après dénonce notamment le politiquement correct autour de la maternité (le fameux "c'est que du bonheur"), l'hypermédicalisation de la naissance et l'asservissement du corps des femmes qui en résulte, mais aussi la pression du désir masculin qui empêche les mères de s'abandonner à leurs instincts et de vivre pleinement les premiers mois avec leur bébé.



Au final, ce roman aux accents freudiens est assez déroutant, mais il a le mérite de faire tomber de nombreux tabous autour de la maternité, qu'il s'agisse de ses aspects psychologiques ou physiologiques.
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