LE BON LIEUTENANT de WHITNEY TERREL
Irak, environs de Bagdad. Le Lieutenant Emma Fowler est en mission pour récupérer un corps dans une maison éventrée. Elle se sent responsable de ce qui est advenu à Beale lorsqu’elle et son groupe venus pour installer des caméras de surveillance ont été pris pour cible. C’est la combinaison d’un laissez-passer pour un kamikaze, d’un interprète qui ment dans des traductions qui semble avoir été à l’origine de cette embuscade. Fowler se sent d’autant plus coupable que son sentiment d’abandon de Beale la ramène à son enfance avec son frère et que son coéquipier sur l’opération est également son amant.
TERREL mène son récit à rebours, c’est ce qui en fait la principale originalité. On va revenir jour après jours sur l’enchaînement des mensonges, des erreurs jusqu’à l’origine, la décision d’aller poser ces caméras de surveillance.
J’avoue avoir eu bien du mal à suivre l’histoire en remontant le temps. La trame est assez mince et la structure narrative rend difficile une vision globale de l’aventure. Déçu ce qui est rare en ce qui me concerne sur un Gallmeister.
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Pas grand chose à ajouter à la critique de Corboland78 que je rejoins en tous points.
Un bon parti pris de départ - décortiquer à rebours un fait de guerre en Irak pour en comprendre les mécanismes et origines -, une parfaite - mais clinique et froide - documentation d'un auteur qui maîtrise son sujet, mais un livre dans lequel je ne suis jamais entré. Une écriture complexe et une omniprésence des détails opérationnels qui font - malheureusement - passer l'analyse critique au second plan (en d'autres termes, on est tellement concentré sur le suivi du fil de sa lecture qu'on ne peut que difficilement "dézoomer" pour prendre du recul).
Dommage car je suis d'habitude bon client de ces thèmes.
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Whitney Terrell, né en 1967 à Kansas City (Missouri), est un écrivain et un journaliste américain, auteur de romans policiers. Il a travaillé comme vérificateur de faits pour le journal The New York Observer. En 2006 et 2010, il suit comme journaliste l'armée américaine en Irak. Il couvre ces faits pour le The Washington Post, Slate et National Public Radio. Il collabore également avec d'autres journaux et magazines, et enseigne ou bénéficie de programmes d'écritures dans différentes universités américaines. Après un premier roman publié en 2001, Le Bon lieutenant, son troisième vient tout juste de paraître.
Irak, en 2006. Après une embuscade qui a mal tourné, le lieutenant Emma Fowler doit récupérer le corps de son adjoint enlevé et tué par l’ennemi. Ce drame, le lieutenant le sait, est la conséquence d’impérities et d’erreurs commises en interne : mauvaise appréciation de la situation, vacheries entre les services…
Je n’ai pas aimé le bouquin. Au moins sur ce point je dois être clair, car la suite le sera peut-être moins. Il y affectivement une suite qui me demande de gros efforts d’explications : objectivement, je pense qu’il s’agit d’un bon roman (en tout cas il n’est sûrement pas mauvais) mais j’ai eu un mal de chien à le terminer car je n’y suis pas entré !
L’originalité du livre, mise en avant par tous, tient dans sa construction : une chronologie inversée. Le récit débute en juin 2006 et remonte vers octobre 2005. On rembobine la pelote pour comprendre ce qui peut expliquer ce qui s’est passé. A ce jeu l’écrivain maîtrise parfaitement son art. Pour continuer dans les compliments, Whitney Terrell excellemment documenté n’est pas avare en détails techniques et militaires, un peu trop peut-être, ce qui m’amène aux critiques : ces détails pointus, le style d’écriture volontairement adopté pour coller au sujet (tchac ! tchac !) et le fait qu’on avance en marche arrière, rendent la lecture assez difficile.
De plus – mais là, j’en revendique la responsabilité complète – le sujet ne m’a pas intéressé. Pourquoi m’être lancé dans un récit de guerre, genre qui ne me séduit plus depuis longtemps ? Qu’est-ce qui n’a pas encore été dit des horreurs des conflits, des lâchetés des uns, des peurs des autres, du courage aussi, de l’incompétence de certains gradés, de « la fin qui justifie les moyens » etc. Donc, là encore on trouve certains de ces éléments (magouilles « ils s’étaient tous fait des coups par derrière », faux témoignages « Comment vous croyez qu’il arrive à attraper autant de prisonniers ? »). Selon l’éditeur, un roman « pour démonter la logique absurde de la machine militaire américaine », oui certes, mais remplacez « américaine » par une autre nation et ça sera du pareil au même.
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« Le bon Lieutenant » de Withney Terrel, à l’instar de « Fin de Mission » de Phil Klay ou de la « Quête de Wynne » d’Aaron Gwyn, fait partie de ces livres qui nous en disent davantage sur les guerres en Irak et en Afghanistan que tous les films, reportages ou articles sur le sujet.
La structure narrative du roman surprend car tout en restant strictement linéaire, l’histoire se déroule à rebours : elle débute par le dénouement puis raconte, telle une tragédie grecque, la succession des évènements qui y conduisent inéluctablement. Malgré cette chronologie inversée le roman se lit vite, et donne constamment envie de connaître la suite, enfin ce qui précède...
Le personnage principal, le lieutenant Fowler fait partie du Génie et est chargée d’assister l’Infanterie sur le front Irakien en lui fournissant le support logistique approprié. Fowler souffre encore sans le dire de l’abandon précoce d’une mère qui lui a confié trop jeune la charge de son jeune frère Harris, vite égaré sur les voies de la délinquance juvénile, et de son incapacité d’alors à gérer la situation. Elle se pose sans cesse la question de sa légitimité à commander sa section, à prendre les bonnes décisions, à protéger ses hommes, tout en suivant les règles militaires et l’idée qu’elle se fait d’une certaine intégrité. Sa relation suivie avec un lieutenant des transmissions, lui permet d’exprimer ses doutes et d’éviter de se noyer dans ses inquiétudes. Ce dernier, le dénommé Pulowski ne partage pas le goût pour l’univers militaire de Fowler et tente de prendre le maximum de recul avec une réalité qu’il juge aussi absurde qu’effrayante. Son sens de l’humour, la vivacité de ses réparties et le caractère très technique de son engagement militaire lui permettent de prendre une certaine distance avec un conflit à la fois complexe, irrationnel et terrifiant.
Le roman repose en grande partie sur la psyché tourmentée du « bon lieutenant », Fowler, qui ne se dérobe jamais, qui culpabilise, qui croit en l’armée, en ses valeurs d’ordre, d’exemplarité, et se fait une haute idée de sa fonction et des devoirs qu’elle lui confère envers les hommes de sa section. La désinvolture apparente, l’ironie mordante et le sens aigu de l’absurdité d’une guerre où les Américains ne sont pas forcément les bienvenus auprès de la population qu’ils sont censée libérer, dont fait preuve le lieutenant Pulowski font contrepoint avec l’engagement sans failles de Fowler et participent du pouvoir d’attraction du roman.
« Le bon Lieutenant », au delà du parti pris formel d’une chronologie inversée, est un livre aussi touchant qu’original, il déroule un monde qu’on connaît mal, une guerre complexe fondée sur un mensonge d’Etat (les fameuses armes de destruction massive) que l’on considère avec un mélange d’incompréhension et de gêne. Il nous permet de saisir et de partager les motivations, les erreurs, les peurs et le courage des soldats engagés sur un front lointain aux ramifications politiques, économiques, et religieuses infinies. Il changera notre regard sur ces soldats emportés dans le tourbillon d’un conflit asymétrique qui oppose une armée à des terroristes sous les yeux de civils pris au piège. En abordant une guerre qui n’en est pas une, « Le bon Lieutenant » hantera pour longtemps notre imaginaire...
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♪ Rame, rame. Rameurs, ramez… ♫
Livre offert dans le cadre de Masse critique, je découvre avec impatience l’objet blanc et noir aux éditions Rivages dont je ne suis malheureusement pas actionnaire (1) malgré ma large collection de romans noirs de cet éditeur.
Et bien ! Voilà un roman qui a toutes les apparences d’un polar tout à fait classique. Si je me réfère bien aux cinq sens, « Le chasseur solitaire » possède tous les pré-requis qui concourent au genre.
Commençons, vous voulez bien, par la VUE d’un cadavre d’une jeune femme blanche en tenue de golf, que Stan Granger a sorti de l’eau au cours d’une journée de pêche. Il s’avère que la victime est Clarissa Sayers, au TOUCHER morte depuis trois jours au moins et ayant dérivée pendant des kilomètres sur le fleuve Missouri non loin de Kansas City. Vous êtes d’accord avec moi, qui dit cadavre dit polar !
Des OUÏ-dire rapportent même que la jeune femme entretenait une liaison avec un jeune noir Booker Short, qui plus est, a disparu depuis le meurtre de Clarissa. L’enquête confiée au lieutenant Keegan se résume alors à la recherche du suspect n°1 à bord d’une StinGray, la voiture de Clarissa la nuit du meurtre. Une relation amoureuse et une voiture volée, deuxième indice accablant pour un polar !
Le suspect Booker avait connu Clarissa et son père, le juge Thornton Sayers, dans une propriété dont les membres d’une certaine aristocratie se retrouvaient pour des parties de chasse. Et petit à petit, Booker a eu le mauvais GOUT de s’acoquiner avec la belle jeune fille. Une histoire d’amour qui finit mal, un mobile idéal pour un polar !
Circonstance aggravante, il faut signaler que Booker Short est un fugitif en conditionnelle qui a pris cinq ans de prison pour usage de chèques en blanc ; oui, l’argent n’a pas d’ODEUR. Et pourtant, Booker a réussi à obtenir ce boulot d’homme à tout faire dans cette propriété grâce à Mercury Chapman, un riche homme d’affaire blanc. Prison et chèques volés, cela ne fait plus de doute, « Le chasseur solitaire » est un polar. Et c’est mon dernier mot, Whitney !
Que nenni, Whitney Terrel, auteur américain de ce premier roman datant de 2001 et traduit en français en 2010, a décidé de prendre la tangente au bout d’une centaine de pages et de transgresser le genre.
Sous une plume qui tutoie parfois le grandiose, Terrel nous livre un roman sombre et sociologique. Sur fond de racisme omniprésent, il explore alors le passé trouble de Booker Short, ses rapports avec son grand-père Issac Bentham ayant combattu en France en 40 et reconstitue le puzzle de cette vie brisée.
Le gros point noir de ce livre, c’est qu’il faut se le « farcir » ce roman et même « ramer » comme le dit si bien Souchon. J’ai eu toute la peine du monde à rester concentrer pour venir à bout de ce roman de plus de cinq cent pages. Plus que l’épaisseur du livre, c’est la complexité de l’écriture, des personnages et du récit qui m’a obligé à livrer bataille pour franchir les différentes étapes de ce roman fleuve mi- sourire mi- pleurs…
Conclusion, un auteur talentueux qui mérite plus qu’un détour mais qui devrait simplifier son récit pour le rendre plus accessible et plus captivant de bout en bout.
Les amateurs d’action à deux cent à l’heure et d’intrigue au suspense insoutenable, passez votre chemin ! Les adeptes des longs romans travaillés et à tiroirs, jouant sur le passé, distillant une histoire d’amour impossible, vous serez comblés et en redemanderez.
Pour les indécis, si vous vous sentez d’attaque, essayez de voir si vous pouvez le toucher pour pas cher, en goûter au moins cent pages, et si vous n’aimez vraiment pas, vous n’en entendrez plus jamais parler.
Un conseil, c’est le moment d’utiliser de votre sixième sens !
Ps : Petite anecdote amusante dans le livre pour les femmes coquettes !
Le lieutenant Keegan est une femme flic qui a affirmé au cours de l’enquête que Clarissa avait elle-même enfilé sa tenue de golf car elle portait un soutien-gorge assorti au reste de sa tenue, ce qu’un homme est incapable de réaliser !
Très intéressant, cette déduction pour une Sherlock Holmes au féminin ?
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Quand la blanche Clarissa, fille du juge Sayers est retrouvée, morte, noyée dans le Missouri, la populace est en émoi....
D'autant plus que la jeune Clarissa fricotait avec un jeune de 20 ans qui avait, pour ces braves gens, l'inconvénient d'avoir la peau noire...
Il est donc le suspect numéro un....
Ce jeune homme se nomme Booker Short...
Et ce dernier est, depuis, introuvable.... D'autant plus qu'il semble qu'il bénéficie d'une protection d'une personne importante pour une raison fort mystérieuse...
Whitney Terrel avec "Le Chasseur solitaire" a voulu faire un grand (et beau) roman du Sud aux accents faulknériens, mais à trop vouloir accentuer, le trait devient lourd....
Je n'ai pas réussi à me passionner pour Booker Short....
"Le Chasseur solitaire" a cependant reçu de bonnes critiques aux USA et aussi en Europe...mais je suis passé à côté...
Je pense à la citation de P.G Wodehouse (créateur du célèbre Jeeves) : « La fascination de la chasse comme sport dépend presque entièrement du fait que vous soyez devant ou derrière le fusil. »
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Très bon roman. On perd un peu le fil de l'histoire de temps en temps au rythme des flashbacks. L'atmosphère est chaude, pesante. Une belle mise en scène du racisme "ordinaire" régnant aux Etats-Unis, comme ailleurs. Je vous le conseille.
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Une peinture expressionniste de la ségrégation en explorant des énigmes les plus importantes du comportement humain. Une oeuvre dense où l'on peut percevoir les murmures de Faulkner ou Melville...
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Premier roman de Whitney Terrell. Nous sommes à Kansas City, ville marquée par la ségrégation. Les Noirs et des Blancs cohabitent dans un climats racisme ordinaire. La fille du juge Sayers, Clarissa, est retrouvée morte dans le Missouri. Le premier suspect n’est autre que son amant, un jeune noir de vingt ans, ancien détenu, Booker Short. Celui-ci, protégé par un notable de la ville auquel le lie un secret vieux de soixante ans, Mercury Chapman, se cache pour échapper à la police tandis que les vieilles haines resurgissent.
Le livre est prenant même si le récit est ponctué de très, trop, nombreux flashbacks. Passé et présent s’entremêlent dans la narration, à l’image de la vie de ces personnages hantés par leur passé. Récit dense, ponctué de nombreux descriptifs qui donne, je pense, un sens à cette tragédie.
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