Citations de William Boyd (606)
Mais c'est lorsqu'il se lança dans les variations sur un thème de Borodine qu'il [Kilbarron] révéla toute l'étendue de son génie... Une vitesse d'exécution et une dextérité stupéfiantes, une intense concentration, une formidable dramatisation -mouvements de tête, yeux fermés, expressions frappantes, bras levés, balancements sur le tabouret.
Tate was one of those rare artists who did not need, and did not seek, the transformation of his painting into a valuable commodity to be bought and sold on the whim of a market and its marketeers. He had seen the future and it stank.
January 8th, it seems, is not only my birthday but also the fateful day when the painter Nat Tate contrived to round up and burn almost his entire output. Four days later he jumped to his death from the Staten Island Ferry, thereby completing the ragged circle of his life's events.
William Boyd's description of Tate's working procedure is so vivid that it convinces me that the small oil I picked on Prince Street, New York, in the late '60s, must indeed be one of the lost Third Panel Triptychs. The great sadness of this quiet and moving monograph is that the artist's most profound dread-that God will make you an artist but only a mediocre artist- did not in retrospect apply to Nat Tate
– David Bowie
Nous atterrissons à Nice. Pan Am. Je passe la douane sans trop de problèmes et je me retrouve dans le hall d'arrivée me demandant quoi faire maintenant - s'il y a un autobus pour aller en ville, si je devrais prendre un taxi. Je vois un homme - cheveux noirs, visage blanc, costume bleu - qui me regarde curieusement. Je décide de l'ignorer.
Mais il vient vers moi.
On ne peut regarder l'avenir avec confiance que si on connaît la vérité sur son passé.
Nous voyons tous le monde différemment. Il n'y a rien d'étrange à cela. C'est le principe même : nous en avons chacun une vision personnelle.
Laisse la vie venir à toi, disant toujours mon père, ne cours pas partout à sa recherche.
J'ai regardé le jour se parer de nuit, j'ai vu évoluer les sublimes dégradés du soleil en son déclin, l'orangé sanguin virant imperceptiblement au bleu glacier sur le tranchant de l'horizon, j'ai écouté la mer réclamer inlassablement le silence : chut, chut, chut.
C'est une nuit sombre, une nuit de brouillard et de crachin, à Londres, fin 1915. Le brouillard nacré et fumeux s'enroule et reste suspendu -- comme à un million de chandelles mouchées -- autour et au-dessus des pâtés de maisons à la manière d'une chose grimpante, molle, insinuante, en quête des entrées et des escaliers, des ruelles et des allées, des toits devenus presque invisibles. Les réverbères projettent un cône de luminescence jaune mouillé qui semble disparaître dès que la lumière frappe son petit cercle brumeux sur le trottoir luisant, comme si l'effort de percer l'envahissante obscurité et de tomber là était tout ce dont il fût capable.
Etonnant, les secrets que nous révélons quand nous pensons ne pas être observés. Etonnant, les secrets que nous pouvons révéler quand nous pensons que nous le sommes.
Le retour sur le passé vous montrait tous les tours et détours qu'avait pris votre vie, les hasards et contingences, les coups de chance et de malchance, les aléas dont était faite toute existence.
Tout en ramant, il pouvait voir, au-delà de la ville et des petites falaises qui l'entouraient, jusqu'aux sommets d'un blanc presque éclatant du mont Blanc et de sa chaîne de montagnes à l'ouest.
Installé sur sa plaine d'alluvions, Genève s'étendait devant ses yeux sous le soleil matinal -- de grands immeubles, massifs et prospères, le long du lac, et sa cathédrale se dressant, solitaire, au-dessus du niveau des toits ocre et gris, ce qui lui rappela Vienne, Dieu sait pourquoi. Au loin, des collines basses, et les neiges éblouissantes des montagnes.
Mais Gilda lui semblait presque appartenir à une autre espèce de femme, tant elle était incroyablement pâle, avec toutes ces tâches de rousseur sur sa poitrine et, sur ses petits seins dressés, les mamelons d'un rose très pâle, presque invisibles. Des tâches de rousseur parsemaient son dos et ses épaules, tandis qu'ici et là -- sur ses côtes, le haut de ses bras, ses cuisses -- pullulaient des petits grains de beauté plats, des têtes d'épingle, en constellations, telles des éclaboussures de peinture marron.
On commençait à faire les foins dans les champs, les faneurs fauchant les prés et emplissant l'air de l'odeur douceâtre et prononcée de l'herbe coupée.
Il se sentait bien, comme chaque fois qu'il marchait vers un objectif, l'esprit uniquement concentré sur ce qu'il percevait et voyait autour de lui, tandis qu'il longeait les taillis de chênes et de hêtres, suivait des chemins encaissés bordés de charmes et de prunelliers, entendait un coucou attardé lancer sa chanson à deux notes, contemplait les petites fermes du haut de la crête, traversant les grandes routes aussi vite que possible, fuyant la circulation et les rappels bruyants du XXe siècle.
Il fit bonne route dans la fraîcheur du petit matin, parmi les collines, apercevant de temps à autre, sur sa droite, dès qu'il se trouvait sur les hauteurs et que les vallées lui offraient une vue au sud des bribes d'une mer argentée.
A travers son propre reflet, il contemplait le parc qui s'obscurcissait, le soleil maintenant disparu derrière l'horizon, tandis que sa lumière imprégnait et illuminait encore l'air bleu-gris. C'était comme si les vieux tilleuls, chênes et ormeaux se figeaient, perdaient leur caractère d'arbre pour devenir de grands monolithes opaques et chevelus. Et, alors que les dernières lueurs du soleil s'en séparaient, ils révélaient mieux encore la géographie artistique du jardinier paysagiste qui, un siècle plus tôt, avait planté les jeunes arbrisseaux ici et là -- sur les buttes, au bord du petit lac, sur de tendres vallons -- pour réaliser un paysage presque parfait que lui-même ne verrait jamais.
Dehors, il faisait encore jour -- le bleu profond des courtes nuits d'été commençant juste à vaincre les ultimes irisations du soleil dans le ciel.
La fille de mes rêves, vous la connaissez?
Elle sourit sous les diamants de la rosée
Quand le matin déchire les brumes lunaires
Et que les étoiles se fondent dans le bleu de l'air.
Parfois, dans les rayons du soleil, je l'avise
Et j'entends son chant profond dans la brise
Puis j'aperçois dans ses yeux grands ouverts
Le miracle de son sourire et le bleu des mers
Elle est toujours ma merveilleuse amie
Ravissante, sincère et enchantant ma vie
Peut-être si je la nomme la reconnaîtrez-vous,
Elle s'appelle Amour -- et c'est vous.