Citations de William Boyle (180)
Dans les années cinquante, quand j'allais au lycée St. Augustine, il suffisait de lancer un regard de travers à son professeur pour avoir droit à une rouste monumentale. Ça, c'était le bon vieux temps. Cette époque me manque. Une fois - une seule fois -, j'ai fait une remarque déplacée en cours et Frère Clemente, que je n'oublierai d'ailleurs jamais, m'a remis à ma place avec un mètre en bois. Jamais plus je n'ai fait le malin. J'ai travaillé sérieusement, et en silence, tout le reste de l'année. Vous, que craignez-vous, monsieur Calabrese ? Rien. De nos jours, il n'existe plus de Frère Clement. OLN n'est pas St. Augustine. Nous vivons à une époque où l'on peut dire ce que l'on veut et s'en laver ensuite les mains.
- Tu te souviens de la femme de Vic ? demande Enzio.
- Vic Ruggiero ? Vic le tendre ? Evidemment. Rena. C'est quelqu'un de bien, cette fille.
- Je vais être franc avec toi. J'ai essayé de la sauter. Depuis le temps qu'on est voisins ! ça fait des années que Vic est mort, je me disais qu'elle était peut-être en manque, je l'ai jamais vue avec un autre type. Son amie Jeanne m'a dit que j'avais ma chance. Et pourquoi pas, après tout ? Je prends tout ce qui se présente, moi, et Rena est bien foutue pour son âge.
J'aurais dû aller à Coney Island et me taper une pute russe, comme d'habitude. Mais non, il a fallu que je fasse preuve d'ambition.
Harry se retourne
- Nom de Dieu ! t'as fait des avances à Rena Ruggiero ? Et si la bande de Vic l'apprend ?
- Et alors, qu'est-ce qui s'est passé ? demande Harry.
- Je ramène Rena chez moi. Je lui sers un verre de vin. Je mets un porno.
- T'a mis un porno ?
- Ouais.
- Tu pensais que ça l'exciterait ?
- Ben ouais.
Harry éclate d'un gros rire gras de vieux bonhomme.
- Qu'on ne vienne pas me raconter que tu sais ce que veut la gent féminine. Qui aurait l'idée de mettre un porno pour briser la glace ?
- Qu'est-ce que tu as entendu ?
- Des trucs dégueulasses.
- C'est pas dégueulasse. C'est la manière que les adultes ont de se montrer leur affection. Et puis t'avais qu'à pas écouter.
- Bas les pattes.
Adrienne est bien calme pour quelqu'un qu'on est en train de palper comme un fruit au supermarché.
Un homme n'a pas le droit de toucher une femme qui lui a dit non.
Ça signifie que l'amitié est la plus belle des histoires d'amour.
Bobby a du respect pour l'expérience. Dans tous les autres domaines de la vie, les gens respectent l'expérience. Une fille qui a couché à droite à gauche, c'est une salope ? Non. C'est une fille qui s'y connait. Une fille qui peut lui apprendre des trucs. Malgré son sang italien, il n'a pas hérité du complexe "vierge ou pute".
Le regret. Le regret d'avoir éjaculé le foutre qui a précipité l'arrivée sur terre d'un petit crétin comme toi.
Comme dans un conte de fées où la demeure du personnage finit par symboliser l'état de son âme. Ravagée.
Quoi ? Je suis amoureux de Giovanna, j'y peux rien. Tu sais ce que j'imagine ? Quand elle pose son cul dans les toilettes, au lieu de chier une bonne grosse merde, je parie qu'elle pond un beau ruban de glace à l'italienne.
Le corps de quelqu'un qui joue au softball surtout pour boire de la bière.
a façon de dire "Tout va bien, ici ?" irrite copieusement Wolfenstein. Ca paraît évident que tout ne va pas bien ici, pense-t-elle, mais elle ne lui claque pas ça comme ça. Les prêtres, il faut les contourner comme on contournerait un clochard fou armé d'un couteau. Ils sont prêts à partir au quart de tour. D'après son expérience, en tout cas. Parmi les prêtres qu'elle a rencontrés, elle estime que pas plus d'un tiers étaient normaux. Et elle en a croisé plein à Los Angeles, certains qui accomplissaient un travail important et d'autres qui aimaient traîner dans le caniveau, l'oeil dérangé et fébrile, flirtant avec le péché.
- Tout ne va pas bien, non, dit Wolfstein.
Soeur Dorothy plonge la main dans la poche de son pantalon bleu, sort une petite flasque argentée et verse un peu du liquide qu'il contient dans son café.
- Notre petit secret, dit-elle.
Elle remet la flasque dans sa poche et mélange l'alcool avec son petit doigt.
- Vous êtes alcoolique ? Comme c'est original...
- Tu connais beaucoup de nonnes alcooliques ?
- J'habite dans un quartier irlandais du Bronx. Tous les prêtres et les nonnes que je connais sont des alcoolos.
- Une vraie malédiction, dit soeur Dorothy en teintant les mots d'un accent irlandais joliment chantant.
Dans sa chambre, Lucia ne fait jamais grand-chose à part fixer le plafond ou le poster de Jeter et, de temps à autre, feuilleter les pochettes de ses CD. Parfois elle contemple sa galerie d'ours en peluche, qui la plonge dans un embarras parfaitement compréhensible; A douze ans, elle a essayé de les mettre à la poubelle, mais Adrienne les a récupérés, les a reposés sur son lit et a déclaré "Ils m'ont coûté cher, ces putains d'ours."
En face, ça crie. Encore cette Adrienne qui passe un savon à sa fille. Sa voix évoque une poubelle métallique traînée sur un trottoir.
Lui, il ne voulait surtout pas finir comme eux. Il voulait de belles pompes, une jolie petite copine, une grosse voiture et un flingue contre la hanche. Il voulait être comme les Brancaccio. Bosser avec eux. Se pavaner comme un gangster, cheveux gominés et portefeuille aussi épais qu'une bible.
- La semaine dernière je suis tombé dans la douche. J'ai failli me casser la bite.
- C'est dur de vieillir.
Ce dont parle Richie, ce n'est pas entiérement nouveau pour Lucia, elle a déjà entendu quelques allusions ici ou là. Les Bracaccio. Le boulot de Papa Vic. Le boulot de Richie. Mais jamais elle n'avait eu droit à une explication aussi claire. "La mafia" , putain.
- Y a du mouvement dehors ?
- J'ai rien vu, dit Wolfstein.
Mais elle a appris que l'obscurité pouvait cacher beaucoup de choses.
D'une voix emplie de rage et de regret, Rena plaide auprès de Dieu et semble s'attendre à recevoir une réponse. Après cette folle matinée, Wolfstein ne serait pas surprise si Dieu soulevait le toit de la chapelle, passait la main à l'intérieur et attrapait Rena tel King Kong avec Jessica Lange.