William Boyle nous entraîne à nouveau au cœur de Brooklyn et nous offre un superbe roman noir empli d’humanité. Dans ce quartier en perpétuel mouvement, des mafieux sévissent, les jeunes rêvent d’ailleurs sans pouvoir s’échapper et des tragédies sociales se jouent en silence. C’est là que prend naissance l’intrigue de ce roman à la fin des années 90. Deux adolescents désœuvrés jettent des cailloux du haut d’un pont et atteignent de manière fatale une jeune automobiliste. Un geste irréfléchi lourd de conséquences.
Dans ce récit, il y a plusieurs histoires, ce qui permet à l’auteur de mêler très habilement les codes du roman noir à une étude de caractères subtile. Il se focalise sur la vie de ses personnages avec beaucoup de sensibilité, tisse des liens entre eux jusqu’à ce que leurs destins se rapprochent irrémédiablement pour finir par se croiser quelques années après le drame.
Si les activités douteuses des escrocs, les règlements de comptes, les crimes perpétrés par les gangsters entretiennent la noirceur de l’intrigue, c’est surtout la manière dont William Boyle explore l’âme, les fêlures et les zones d’ombre de ses personnages qui retient l’attention, la manière dont il se concentre sur leur vie. Une vie qui donne et reprend sans état d’âme, qui façonne les destins. Celui de la jeune Amélia qui se rêvait écrivain et meurt dans cet accident tragique, celui de Bobby, le coupable, rongé par le remords et toujours englué dans les ennuis, du père, Jack, inconsolable, dévasté par le chagrin et la colère. Cet homme, qui porte le récit sur ses épaules, redresseur de torts à ses heures, anéanti par les deuils successifs, devient encore plus émouvant lorsqu’il trouve dans un atelier d’écriture animé par la jeune Lily une manière d’exorciser sa douleur, lorsqu’une étincelle paternelle se rallume en lui et lui redonne goût à la vie.
William Boyle excelle à écrire la complexité de l’humain. Son empathie pour ses personnages est palpable, comme s’il y avait une petite part de lui dans chacun d’eux, un peu de la vie de Jack, un peu des passions de Lily pour la littérature ou de Francesca pour le cinéma. Il pose un regard d’une grande bienveillance sur ceux que la vie n’a pas épargnés, se penche aussi sur ceux qui ne sont pas toujours fréquentables.
Au fil du roman, il décline les thèmes qu’il affectionne, les trajectoires de vie qui s’entrechoquent, le hasard qui donne des tournures inattendues à la vie, l’amour, le sens de la famille, celle qu’on se choisit, qu’on recompose et le chemin si difficile qui mène au pardon, à la résilience. La littérature, le la musique et le cinéma sont omniprésents, donnent du sens au monde, à la vie. Quel autre remède que l’art pour adoucir les chagrins ?
En poursuivant son exploration quasiment cinématographique de Brooklyn, du quartier où il a grandi, il donne au récit une atmosphère particulière, enveloppante et mélancolique et on lui emboîte le pas sans hésiter.
William Boyle écrit à hauteur d’homme. En fabuleux conteur d’histoires, il fait surgir de la lumière et de l’amour au beau milieu de la noirceur. Éteindre la lune est un roman profondément humain, à la fois émouvant et tendre, sombre et lumineux. Une très belle réussite !
- Shoot the moonlight out - William Boyle - Traduit par Simon Baril - Éditions Gallmeister
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Avec "Eteindre la lune", William Boyle signe un roman noir lumineux sur la perte. New-York, y joue un rôle central, véritable miroir du rêve et du désespoir des personnages.
L’ambivalence de certains personnages pose la question de la frontière morale. Car la violence se fait l’instrument de la vengeance quand les forces de l’ordre sont relayées au second plan. L’espoir de jours meilleurs trouve son expression dans la création : Francesca se rêve réalisatrice, Lily est écrivain. William Boyle rend ici un très bel hommage à la puissance de la fiction. Rythmé et parsemé d’humour, "Eteindre la lune" est un très bon roman choral qui sait capter une étincelle d’humanité dans la nuit.
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L’effet papillon, les hasards de la vie et la nature humaine, voilà la trame profonde des roman de William Boyle, et ce dernier ouvrage ne fait pas exception. Les personnages, écorchés vifs, toujours attachants, cherchant toujours en vain s’extirper de ce quartier de Brooklyn qui les étouffe voient leurs destinées s’entrechoquer, et la frontière entre l’amour, l’envie de vengeance et le pardon est très étroite.
Après la Cité des marges, encore un magnifique roman de William Boyle, grand maître du roman noir… mais toujours plein de bienveillance
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Plusieurs personnages de tous les âges, vont se trouver reliés par des événements en cascades, ainsi que des décisions, quelques fois hasardeuses. Mais leurs destins vont tous converger pour se retrouver dans une fin tragique, pour certains. L'auteur aime Brooklyn, on sent une certaine nostalgie du temps qui passe. Bref un très bon moment à passer, avec cet excellent roman noir.
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Nous voilà au cœur de Brooklyn, où nous rencontrons quatre destins, quatre personnages troublés dans leur existence, portant la mort d'un proche chaque jour. Deux adolescents ayant perdu un parent, cherchant l'exil comme seul refuge, une homme à la recherche de l'assassin de sa fille et une jeune femme un peu paumée, toujours bouleversé par la perte de son père.
Premier livre de Boyle que je lis! D'habitude je fait une confiance aveugle aux éditions Gallmeister, mais voilà, je n'ai pas réussis à rentrer dans l'histoire, j'ai même trouvé ce livre mauvais. Les personnages sont tous sans profondeurs, c'est limite si ils ne se ressemblent pas un peu tous, avec leur passé torturé. La première partie est d'une lenteur sans nom tandis que la seconde m'as paru bâclée. Les histoires de mafias m'ont parurent exagérés, j'avais l'impression d'être devant un mauvais film d'action. Sans parler de la fin qui ... ne ressemble pas du tout à une fin !
Un petit peu déçues des éditions Gallmeister qui m'avaient séduit avec cette quatrième de couverture, me vendant un roman noir et un "Balzac moderne". Ils auraient du s'abstenir.
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Voilà une lecture qui me met à mal... C'est un roman très bien écrit, avec des personnages attachants, une intrigue prenante et bien menée. Bref tout pour plaire. Mais dès le début, j'ai senti qu'on se dirigeait vers quelque chose d'implacable et que, quoi qui se passe au cours du roman, la fin serait dure... Et j'ai tellement de mal avec ce type d'ambiance...
Beaucoup de personnages dans ce roman. Je pense que le personnage central est Jack, un homme qui en 5 ans voit mourir sa femme, ses parents et sa fille, Amelia, de 18 ans. 5 ans plus tard, il s'inscrit à un atelier d'écriture, façon pour lui de rester proche de sa fille qui voulait devenir écrivain. Il y rencontre Lily, qui anime l'atelier. Le courant passe très vite entre cette jeune fille qui a perdu son père et Jack qui voit en elle la jeune femme qu'aurait pu devenir Amelia. Il y a quelques années, Lily a vécu avec Bobby, fils du nouvel époux de sa mère. Ils ne se parlaient pas, et se sont perdus de vue à la séparation de leurs parents respectifs. Mais Bobby est le garçon qui a tué Amelia en jetant une pierre sur sa voiture du haut d'un pont...
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Brooklyn- Vengeance- Jeunesse- Coïncidence.
Tout commence par un jeux d'enfants aux conséquences dramatiques: lancer depuis un pont un caillou sur les voitures. Celui-ci va heurter Amelia et la tuer.
Quelques année plus tard, on retrouve Jack, le papa ,veuf qui essaie de survivre et qui va s'inscrire à un atelier d'écriture en souvenir de sa fille qui écrivait des romans.
Nous allons retrouver l'enfant Bobby qui a tué la jeune fille et toute une galerie de personnages qui dans un premier temps nous ne trouvons pas le lien et qui au fur et à mesure les liens se resserrent dans cette histoire dramatique et dense.
Un roman noir, très bien construit, d'une belle sensibilité malgré cette vengeance et ce petit monde de truands.
Un roman très plaisant et puissant.
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Bobby, 14 ans, s’amuse à lancer des cailloux sur des voitures. L’un d’eux touche une
conductrice qui perd le contrôle de son véhicule et meurt dans l’accident. Elle avait 18 ans et
était la fille de Jack, « redresseur de torts » à ses heures . Quelques années plus tard, Jack
s’inscrit à un atelier d’écriture dans l’espoir d’exorciser sa douleur et noue avec la jeune
femme qui l’anime, Lily, une relation quasi filiale. Mais il se trouve que le hasard des familles
recomposées fait d’elle l’ex-belle-sœur d’un Bobby qui n’a rien perdu de sa capacité à
s’attirer des ennuis.
Un fil ténu relie entre eux à leur insu les différents personnages et chapitre après chapitre ,
l’intrigue se tisse lentement mais de manière implacable .Le récit se passe dans les quartiers pauvres de Brooklyn où
malgré des destins brisés , des horizons bouchés , des deuils inachevés ,percent des passions
juvéniles et des sentiments quasi filiaux .Mais l’appât du gain et de la vie facile va
bouleverser le destin des protagonistes .Cela va mal finir , quoique ! Un très bon roman
« policier » qu’on ne lâche pas avant la fin !William Boyle sait nous décrire avec talent les destinées des différents personnages sans cacher l'empathie qu'il a pour eux !
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William Boyle nous emmène à Brooklyn, là où il a vécu et où il fait vivre Jack, Lily, Francesca, trois personnages abîmés par le deuil, Bobby dont la mère est partie lorsqu'il avait six ans, Max l'arnaqueur qui veille sur ses parents, Charlie French le bad boy à la gachette facile. L'histoire se passe en 2001, bien avant la vulgarisation des téléphones portables. Il y a de la nostalgie lorsque que Boyle nous parle des téléphones publics,de sa ville si proche de New York, des pizzérias aux pizzas peut-être un peu caoutchouteuses et de la maison de Jack.
A quatorze ans, Bobby a causé la mort d'Amélia la fille de Jack, lors d'un jeu bête, tellement bête. Mais la vie ne permet pas de revenir en arrière et effacé les bêtises. Depuis, il porte cette mort et vit dans une culpabilité infinie qui l'a enfermé. Ainsi va la vie : Bobby va rencontrer Francesca alors qu'il accompagne Max le roi de la pyramide de ponzy , Jack va rencontrer Lily à un atelier d'écriture animé par la jeune fille, Charlie va aller tuer quelques personnes après avoir confié un sac rempli de drogue et d'argent à Max. Beaucoup d'humanité, de sincérité et d'empathie dans ce livre que j'ai adoré.
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À chaque livre qu’il écrit, William Boyle s’affirme comme le peintre de Brooklyn. Il est le portraitiste hors pair de la ville qu’il aime, qui l’a vu naitre. Chaque livre amène son supplément de saveur dans les phrases, dans les personnages écorchés, cassés, dans l’histoire qu’il tisse minutieusement. Son dernier livre, « Éteindre la lune », ne fait pas exception à l’œuvre qu’il construit depuis Gravesend.
L’auteur jongle à merveille entre ses différents personnages pour construire son intrigue. Tout débute avec un geste malheureux, crétin. Un caillou lancé par Bobby percute une jeune conductrice, entrainant sa perte de contrôle et sa mort. Quatorze années plus tard, le père de la victime Jack vit dans la solitude la plus misérable, en compagnie de la mort. Son inscription à un atelier d’écriture est cathartique, il reprend goût à la vie en côtoyant la jeune femme qui l’anime, Lily, et qui lui rappelle tant sa fille. Les éléments s’enchainent dans la vie aussi de Bobby qui a vieilli mais qui reste à l’affut des ennuis, une rencontre amoureuse, un sac plein de billets et de drogues volé, un homme tué. Tout s’emballe et les personnages se relient les uns avec les autres avec la magie de l’écrivain.
L’efficacité de Boyle tient de la tension narrative qu’il met en place en nous invitant dans les vies de chacun, chacune. Jack le père moribond, une femme et une fille morte, est terriblement touchant dans ses émotions tues. Que dire de ce pauvre Bobby à la source des emmerdes, et de Lilly la jeune écrivaine en herbe harcelée par son ex-compagnon si ce n’est qu’ils sont émouvants. William Boyle raconte des histoires, des histoires qui nous happent, proches du fait divers que l’on peut parfois lire dans les quotidiens. Il sublime ces faits pour parler du monde, de la noirceur et de cet effet papillon qui scénarise nos destins.
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Roman un peu terne malgré les sujets abordés (drames familiaux, criminalité, rédemption par la culture, rencontres variées, difficultés sociales). On se déplace de façon très réaliste dans un quartier de Brooklyn, on y rencontre des habitants de tous âges, bien décrits et globalement attachants, mais l’intrigue qui les lie m’a semblée faible et présenter bien moins d’intérêt que la galerie de personnages proprement dits.
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Il suffira d'un caillou pour bouleversé le destin de Bobby, de Jack, de Lilly... D'un caillou.
Roman très bien construit avec des personnes détruits par la vie, détruit par le mal, détruit par leur action.
William Boyle fait vivre ses personnages au fils des pages, leurs offrants une destiné tracé et bouleversé par des choix parfois douteux.
Bonne lecture
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Je ne puis mettre plus d'une étoile car j'ai abandonné le livre peu intéressé par cette histoire de romance et celle des voyous de brooklin, trop nombreux et dont je n'arrivais plus à suivre les noms. A partir du moment où on a du mal à entrer dans le sujet mieux vaut s'arrêter.
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A l'aube de ce siècle et en quelques années, Jack a perdu ses parents, son épouse adorée et surtout sa fille Amélia, accidentellement tuée par un gosse jamais identifié qui lançait des pierres depuis un pont d'autoroute.
Cinq ans plus tard, son immense chagrin n'a pas faibli mais il essaie de surmonter sa peine en participant à un atelier d'écriture dirigée par Lily, une jeune femme qui lui rappelle Amélia et avec qui il noue une amicale relation.
De son côté, le gamin lanceur de pierres est resté traumatisé par son acte et file un mauvais coton en côtoyant la pègre New-Yorkaise. Lily sera le catalyseur du dénouement de ce drame.
Brooklyn et son univers de violence mafieuse servent de toile de fond à cette solide histoire de père meurtri qui hésite entre pardon et vengeance et trouve un apaisement au contact de cette jeune femme qui ressemble tant à sa fille disparue.
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Un livre choral qui interroge les liens familiaux et amicaux dans un décor délaissé par le rêve américain au profit d’un réalisme brutal, qui le rend fascinant et qui met d’autant plus en lumière les personnages qui y évoluent.
Plus qu’une histoire de mafieux, c’est celle de personnes dont les luttes intérieures les mènent à la lutte entre elles.
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Eteindre la lune se situe à Brooklyn, et dans la lignée des précédents romans de William Boyle met en scène la vie du quartier de Gravesend à travers quelques personnages aux destins croisés.
Dans le prologue, Bobby, 14 ans, s'amuse à lancer des cailloux sur des voitures, jusqu'au jour où son lancer provoque la mort d'une jeune femme, Amelia.
Des années plus tard, Jack, le père d'Amelia, est toujours inconsolable. Pour exorciser son chagrin il s'inscrit à un atelier d'écriture mené par une jeune femme, Lily, qui réveille chez Jack son instinct paternel.
Parallèlement, Bobby a grandi et ne s'est jamais remis d'avoir causé la mort d'une jeune fille. Mais ce traumatisme ne le pousse malheureusement pas à rester dans le droit chemin...
Plus je lis William Boyle et plus j'apprécie ses romans, qui se ressemblent tout en étant très différents, et témoignent d'un très grand talent à décrire l'humain. Les personnages ont tous quelque chose d'attachant ; le plus beau est pour moi Jack et son coeur débordant d'amour paternel.
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Bobby, 14 ans, désoeuvré, jette des trucs sur les voitures qui passent sur l'autoroute, depuis son quartier de Brooklyn. Il finit par provoquer un accident dans lequel périt Amalia, une jeune fille de 18 ans dont le père, Jack, se fait redresseur de tort dans son quartier, n'hésitant pas à aller loin dans la violence. 5 ans après le drame, Jack rejoint un atelier d'écriture, animé par Lily, l'ex belle-soeur de Bobby (ce qu'il ignore), tandis que Bobby travaille pour un arnaqueur local que Jack a dans le collimateur. Bon, je suis passée à côté. Si le livre se lit vite, sans déplaisir, les situations et coïncidences incroyables deviennent irritantes, et le final, vraiment too much est passablement peu crédible.
Ça reste sympathique, les relations entre tous ces personnages cabossés par la vie et minés par les deuils sont assez chouettes, l'histoire d'amour entre Bobby et Francesca est réussie... Les ingrédients sont bons, la recette est suivie scrupuleusement, mais... pour moi, degré zéro du frémissement littéraire, absence d'étonnement et de mystère, et surtout absence d'une vraie voix qui s'adresse personnellement au lecteur.
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