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Critiques de William Ospina (12)
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Ursua

Quand la puissance lyrique de l'écriture transcende la violence de la conquête.

L'écrivain colombien William Ospina a consacré une trilogie aux conquistadors espagnols dont Ursúa constitue le premier volet. Ces quelques 400 pages retracent l'odyssée de Pedro de Ursúa, qui mourut assassiné lors d'une expédition sur l'Amazone le 10 janvier1561. Témoignage dramatique et flamboyant de la colonisation à la manière des Chroniques des Indes -William Ospina a dit son intérêt pour les Elegías de varones ilustres de Indias du poète Juan de Castellanos-, le roman n'est pas une biographie même s'il attache à décrire la vie d'Ursúa , sa jeunesse navarraise et son périple américain. Le Basque quitta la Navarre, explora le nord de la Colombie, fonda la ville de Pamplona, monta une expédition pour trouver l'Eldorado en voyageant sur le fleuve Marañón. C'est lors de cette dernière expédition qu'il fut assassiné sur l'ordre de Lope de Aguirre, lorsque des expéditionnaires l'exécutèrent en 1561, ainsi que sa maitresse Inés de Atienza. On connait la suite de l'aventure pour l'avoir vue chez Werner Herzog dans le film Aguirre, la colère de Dieu ou chez Carlos Saura dans El Dorado (où Lambert Wilson incarne Pedro de Ursúa). Aguirre prit la tête de l'expédition et se déclara ennemi de la couronne d'Espagne.



William Ospina possède une écriture poétique d'une rare puissance d'évocation. Son roman est pétri de sensualité cruelle. Ursúa est un parcours hallucinant sur un vaste territoire constitué de milliers de tribus, un long périple sur ce que sont aujourd'hui le Vénézuela, la Colombie et le Panama, restitué à la manière des Chroniques compilant les faits les plus marquants comme les plus terribles des conquistadors espagnols. La voix du chroniqueur nous plonge avec effroi et fascination dans les heures noires de la conquête. Les Européens passent de l'émerveillement à la cruauté la plus sanglante aveuglés par la soif de l'or. La voix s'enfonce dans les forêts, se perd dans les savanes, marche sur les cadavres des Muzos de Colombie, des Tayrones, des cimarrones…

Le choix de faire d'un sang-mêlé, fils d'un juif converti et d'une indienne d'Hispaniola, le chroniqueur et le témoin privilégié de l'aventure espagnole en terre colombienne nous renvoie à ce que deviendra dès lors la population d'Amérique du sud, une population métissée et donne une résonance particulière aux vers de Pablo Neruda, "Salimos ganando… Se llevaron el oro y nos dejaron el oro… Se lo llevaron todo y nos dejaron todo… Nos dejaron las palabras."

Je n'ai qu'une hâte, me laisser de nouveau porter par l'écriture sublime d'Ospina, avec Le pays de la cannelle, consacré la découverte du fleuve Amazone par Francisco de Orellana et aux tribulations de Gonzalo Pizarro puis La serpiente sin ojos qui clôt la trilogie avec Pedro de Ursúa et Lope de Aguirre.
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Le pays de la cannelle

Bien plus qu'une quête des origines, ce roman épique de William Ospina, le pays de la cannelle, deuxième livre de sa trilogie sur la colonisation espagnole, est une quête d'identité individuelle et collective, mêlant discours historique fictionnel et dimension mythique de la réalité latino-américaine, dans une écriture à l'esthétique baroquisante qui n'aurait pas déplu à Alejo Carpentier.

L'auteur met en scène un narrateur, fils d'un conquistador décédé, parti au Pérou en quête de l'héritage paternel et raconte sa participation à l'expédition organisée par Pizarro à la recherche de forêts de canneliers, les conquistadores ayant déjà accompli la conquête et la destruction de l'empire inca. Cette quête de cannelle, plus rare et plus profitable que l'or, va mener cette expédition aux confins de la selva amazonienne et de son fleuve. L'aventure se révèlera démesurée, cupide, violente, foisonnante et initiatique.



Cette oeuvre s'inscrit dans le mouvement littéraire du "Nouveau Roman Historique de l'Amérique Latine" et en reprend donc tous les codes, avec pour objectif de proposer une nouvelle lecture et écriture historique fondatrice d'une identité latino-américaine revisitée par le métissage de ses constituants. Reprenant la théorie de la transculturation de Fernando Ortiz qui a marqué une majeure partie la littérature d'Amérique Latine du 20ème siècle, l'auteur élabore un discours historique porté par la littérature, depuis un narrateur d'origine à la fois espagnole et indigène, capable de comprendre ces deux mondes identitaires qui s'affrontent. le narrateur métis prête également sa voix à d'autres personnages en rapportant leurs aventures ou mésaventures, offrant à ce roman une polyphonie apte à évoquer la diversité des origines ethniques, culturelles et spirituelles qui détermine l'identité latino-américaine contemporaine.

Fidèle à cette tradition du "Nouveau Roman Historique de l'Amérique Latine", William Ospina joue en permanence de l'intertextualité pour mieux relire et réinterpréter les oeuvres qui ont bâti le discours officiel et donc dominant de la conquête espagnole en puisant dans les Chroniques des Indes, les Chroniques de Carjaval et surtout les Elégies de Juan de Castellano, laissant émerger dans ce roman une véritable célébration historique et géographique de l'Amérique Latine.



Enfin, c'est par le discours littéraire que l'auteur se propose de refonder le discours historique : dans une écriture au foisonnement très poétique, l'expédition en terre amazonienne devient mythique et magique, monstrueuse et sublime et révèle la crise identitaire du protagoniste-narrateur, la mémoire et son traitement poétique devenant source collective d'un nouveau narratif de l'Histoire latino-américaine. Ainsi, William Ospina propose de transformer un dialogue historique conflictuel des cultures latino-américaines en une synthèse esthétique respectueuse de la diversité de l'identité de ce sous-continent.
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Le pays de la cannelle

Un jeune espagnol de l'île Hispaniola (Saint-Domingue) vit dans le souvenir de son père, un conquistador qui a assisté et participé à la chute de Quzco. Lorsqu'on lui annonce la mort de celui-ci, il décide de partir récupérer la fortune familiale, délaissant celle qu'il a toujours considérée comme sa nourrice indienne, et qui est en réalité sa mère. Ces origines métis seront déterminantes dans le parcours du jeune homme qui va rejoindre les destinées de Pizarro et Orellana, au Pérou.



Je dois avouer que c'est un roman curieux mais fascinant, à la fois roman historique (la conquête espagnole des Amériques), long poème et récit initiatique. L'écriture est en effet très poétique et sied à merveille à ce long voyage à travers une civilisation sur le point d'être complètement engloutie et une nature grandiose. Cela pourrait être également le journal de bord ou carnet intime d'une vie car le narrateur s'adresse à une personne dont nous ne connaîtrons l'identité que dans les dernières pages.



Le jeune homme écoute les histoires et légendes indigènes dont se sont abreuvés les Espagnols pour conquérir cette civilisation. A la fois fasciné par les richesses et les splendeurs de pierre mais aussi touché par le sort des peuples indiens, le narrateur ne peut qu'assister, témoin impuissant, à la destruction de ce monde et à la folie des hommes.



La conquête fut sanglante, les crimes commis par les Espagnols atroces. Parmi tous les épisodes violents qui rythmèrent la chute des empires Incas, Mayas ou Aztèques, il est difficile d'oublier le meurtre d'Atahualpa ou le massacre des Indiens par Gonzalo Pizarro, qui les fit dévorer par ses chiens lors de cette fameuse expédition pour trouver la cannelle, alors davantage prisée que l'or... Des événements qui sont relatés dans le roman, ainsi que cette descente hallucinée du fleuvre Amazone, des mois durant par Orellana et ses hommes. C'est à cette occasion que nait la légende des Amazones, ou celle de l'Eldorado. Et l'on comprend mieux comment le cerveau enfiévré de l'une de ces brutes peut faire naître un monde d'une grande richesse auxquels s'accrocheront tous ceux qui sont avides de pouvoir et rêvent de faire fortune. L'incompréhension, l'ignorance, le désespoir, les désillusions seront le lot du triste équipage qui descendit le grand fleuve, subissant attaques des Indiens, maladies, faim... Mais pour quelques autres, comme le jeune héros de cette aventure, la forêt cesse d'être une ennemie pour devenir une entité protectrice, d'une beauté primitive. Et une fois que l'on a foulé le sol de ces terres sauvages et mystérieuses, elles vous hantent pour la vie.



Enfin, dans la dernière partie du roman, Ospina nous livre la clé de cette colonisation : en Europe, la guerre, l'ambition et la soif de pouvoir avaient un prix : les immenses richesses englouties par les seigneurs, les rois et les empereurs ne pouvaient plus se trouver en Europe. Alors il fallut se mettre à la recherche d'un autre continent à piller et telle fut la tragédie vécue par les peuples indigènes d'Amérique...



Ce qui navrant d'une certaine façon, c'est que le propos d'Ospina demeure d'actualité : les Espagnols puis d'autres européens pillèrent et massacrèrent les peuples indigènes pour l'or, les pierres précieuses, les épices. Aujourd'hui, les Occidentaux continuent de piller l'Amérique du sud pour le bois précieux, le pétrole, les terres rares au mépris des droits des peuples autochtones. Le monde a donc si peu changé ?



Ospina a prévu une trilogie sur le thème de la colonisation du Nouveau Monde : après Ursua et le pays de la cannelle, il sortira en 2011 le dernier volet : La serpiente sin ojos.


Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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Le pays de la cannelle

Lorsque la Team de BOB a proposé ce roman en partenariat, j’ai longtemps hésité avant de postuler. William Ospina est un parfait inconnu dans mon univers littéraire, de plus le titre ne m’évoquait rien. Il est vrai que l’histoire et moi ne sommes pas de grands amis.

Et puis je me suis dit “pourquoi pas ?” Les partenariats sont aussi faits pour découvrir des mondes inconnus, des horizons divers.

Voilà comment je me suis retrouvée avec “ Le pays de la cannelle” entre les mains.



Le début du roman est un peu long et difficile à suivre.

Nous faisons la connaissance d’ un jeune espagnol qui vit aux Caraïbes avec sa nourrice ( qui est en fait sa mère) pendant que son père parcourt le monde à la recherche d’or.

Nous sommes en 1540 et les conquistadors ont débarqué au Pérou en quête d’aventures et de richesses.

Par une lettre qu’il gardera toujours sur lui, il apprend la mort de son père, terrassé dans l’éboulement d’un temple Maya.

Quelques années plus tard, ayant droit sur les richesses de son père, il part sur ses traces afin de récupérer son héritage.



Commence alors l’aventure.

Le narrateur ( le jeune homme espagnol revenu de son périple) raconte son histoire à une tierce personne. William Ospina ne nous dévoile son identité qu’à la fin du roman.

De son arrivée à Qusco où son père est décédé, jusqu’à son retour en Espagne : sa rencontre avec les conquistadors, son émerveillement et sa déception face aux temples incas et leur mise à sac, ses recherches pour retrouver l’or de son père, son enrôlement aux côtés de Gonzalo Pizzaro dans l’expédition pour découvrir le pays de la cannelle( el dorado qui ne fut qu’une chimère), les aventures et les mésaventures qui ont jalonnés son voyage, les découvertes fabuleuses et les horreurs commises par les siens…puis son retour parmi son peuple pour conter son voyage.



Parenthèse historique : Le Pérou et ses fameuses cités d’or ( légende qui naquit avec la découverte des Amériques ) attirèrent la convoitise des aventuriers et des conquistadors. Ces derniers montèrent de grandes expéditions afin de conquérir et piller les richesses des autochtones. C’est avec violence et cruauté que cette terre sauvage fut violée et dépouillée.

Mais pour toujours, le trésor de ce pays réside dans la beauté de ses paysages et dans les vestiges de ses mystérieuses cités encore habitées par l’esprit et la magie des Incas.

En 1542 Gonzalo Pizzaro et Franscisco Orellana découvrent le fleuve Amazone.



La dernière partie m’a un peu ennuyée. William Ospina y décrit la vie politique de cette époque et les enjeux ( un besoin sans cesse grandissant de richesse) des puissants en Espagne. Il remonte en amont de l’histoire pour nous expliquer que l’avidité de pouvoir et de richesses des européens était tellement grande qu’elle justifiait à leurs yeux la destruction de terres lointaines et de peuples jugés inférieurs. La loi du “je suis plus fort alors je t’écrase”.



A l' instar du fleuve que nos aventuriers ont suivi, William Ospina nous entraîne dans son récit par des ondulations dans le rythme de ses mots. D’une prose poétique douce et enivrante comme le calme illusoire d’une eau apaisée, nous sommes brusquement entrainés par une vague de mots durs et crus qui illustre la violence des hommes entre eux. Puis vient l’émerveillement avec des descriptions fabuleuses d’une faune encore vierge. Mais ce repos n’est que de courte durée car l’homme et sa puissance se rappelle à nous. Le ton s’emballe et les mots s’entrechoquent.



Comme notre jeune espagnol, j’ai fait un étrange voyage dans un univers qui m’était inconnu jusque-là. J’ai été transporté dans son récit comme dans un songe et j’ai beaucoup appris sur l’histoire de la colonisation espagnol et sur moi-même.



William Ospina signe ici un grand roman d’aventures, mais aussi un roman historique.

C’est un excellent récit de voyage qui nous ouvre les portes sur une époque riche en découvertes ( mais au prix de nombreux morts ).
Lien : http://ecritureetpoesie.cana..
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Le pays de la cannelle

Si le voyage épique au coeur de l'Amazonie constitue le morceau de bravoure du dernier roman du colombien William Ospina, il n'en est pas nécessairement la partie la plus intéressante. Le périple est long, la langue est belle et chamarrée mais les riches descriptions sont parfois comme un festin trop copieux, elles restent sur l'estomac. Au-delà de son caractère foisonnant et halluciné, Le pays de la cannelle délivre un portrait saisissant des conquistadors, en particulier des frères Pizarro, et une fascinante description du choc sanglant qui les opposa aux Incas, avec la barbarie et la folie des "envahisseurs". Récit initiatique, roman d'aventures, récit de voyage(s), chronique historique : le livre de William Ospina est tout cela à la fois, une fresque visuelle pleine de bruit et de fureur, écrite dans un style baroque, luxuriant et capiteux que l'on trouve rarement dans les romans contemporains.
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Le pays de la cannelle

Le pays de la cannelle de William Ospina, écrivain colombien, est un beau roman riche, touffu et luxuriant comme la forêt amazonienne qu'il nous fait découvrir, éblouissant à l'égal de l'Empire du Soleil dont sont issus les rois incas, traversé par des éclairs de violence à l'image des conquistadors espagnols, les frères Pizarro, dont la cupidité, la cruauté et la démesure ont eu raison de cette brillante civilisation. Ouvrir ce livre, c'est entrer dans une aventure passionnante, à la découverte d'un monde étrange, qui nous amène aussi à une belle réflexion philosophique.



En 1540, le jeune héros du roman, âgé de 17 ans, (qui est aussi le narrateur) décide de quitter Hispanolia, abandonnant sa mère indienne pour partir au Pérou récupérer l'héritage de son père dont il vient d'apprendre la mort. Ce dernier, un conquistador espagnol, Marcos de Medina, a participé à la conquête à côté de Francisco Pizarro. Le jeune homme nourri par les récits des lettres de son père arrive donc peu de temps après la victoire des conquistadors. Il découvre, nostalgique, les ruines de cette grande civilisation en train de disparaître. Il comprend bientôt qu'il ne parviendra jamais à remettre la main sur la fortune de son père. Il s'engage alors à côté de Gonzalo Pizarro dans une expédition vers Quito, où d'après les dires des indiens, existe un pays entièrement planté de canelliers, à la recherche donc de la cannelle, épice plus précieuse encore que l'or. Une aventure qui le mènera bien au-delà du but poursuivi, sur le plus grand fleuve du monde, l'Amazone, à la découverte d'un monde étrange, mystérieux, fascinant et dangereux dont il sort transformé à jamais.



Le pays de la cannelle est donc d'abord un roman d'aventure qui raconte les épreuves endurées par ces hommes, froid et souffrance sur les parois glacées de la cordillère des Andes, voyage sur les eaux déchaînées et tumultueuses de l'Amazone et de ses affluents, attaques des indiens hostiles, faim, maladies du corps et de l'âme, désespérance, peur mais aussi découverte d'un monde sans limite, l'immense forêt amazonienne avec ses légendes, ses peuples, sa flore et sa faune. Beauté et douleurs étroitement liées. Il fallait le talent de William Ospina pour décrire cette équipée sauvage, composée de 240 soldats et officiers espagnols accompagnés par 4000 indiens, 2000 lamas, 2000 chiens de défense et 2000 porcs pour les nourrir - des chiffres qui passent l'imagination - menée par un chef d'une férocité et d'une brutalité proches de la démence.



Ce roman historique s'appuie sur une grande érudition qui nous fait découvrir la civilisation inca, les différentes phases de la conquête, la découverte de l'Amazonie. William Ospina fait revivre pour nous ces conquistadors espagnols, venus d'Estramadur, que la dureté de la vie en Espagne à cette époque a façonnés, âpres et ambitieux, sans scrupules, mi-homme, mi-bêtes, se riant de la mort, prêts à tout pour échapper à leur condition. Face à eux, une civilisation d'une richesse et d'une beauté inouïes, ancienne et raffinée, dont l'écrivain nous fait partager les croyances, les légendes, la quête spirituelle. Le roman se fait alors dénonciation de cette conquête féroce, de cette boucherie de l'Histoire accomplie pour l'amour de l'or. Il dénonce ainsi l'extinction d'une civilisation, l'extermination d'une race par une autre et au-delà toute colonisation basée une incompréhension de l'autre et un sentiment de supériorité qui dénie le statut d'hommes à ceux qu'elle soumet. Le jeune de Médina dont la mère est indienne comprend la spiritualité inca et se sent proche d'eux.



Ainsi Le pays de la canelle est un roman baroque, foisonnant, par la forme et le style, qui nous entraîne bien loin dans le temps et dans l'espace mais c'est aussi une quête spirituelle à la recherche de soi-même.

Le Narrateur est âgé lorsqu'il raconte son histoire à Ursua, un ami plus jeune, pour le dissuader de partir sur sur l'Amazone et de l'entraîner avec lui. C'est ce qui explique que le récit s'accompagne toujours d'une réflexion sur l'expérience vécue dans sa jeunesse. Le vieillard sait ce que le jeune ne peut saisir. Avec les années, il donné un sens à ce qu'il a vécu. Il a compris que ce qui vaut la peine d'être recherché plus encore que la richesse, c'est la beauté: "... si l'on me demandait quel est le plus beau pays que j'ai connu, je dirai que c'est celui dont nous rêvons.." car seul le rêve permet à l'homme de se surpasser, d'aller au-delà de ses limites. Pourtant dans cette recherche de la beauté, les espagnols ont détruit une beauté plus grande encore. Il a compris aussi que ce que l'on recherche est en soi car "où que tu ailles, tu porteras ces vieilles questions, tu ne trouveras rien dans tes voyages qui n'ait été avec toi de toute éternité et quand tu affronteras les choses les plus inconnues, tu découvriras que ce furent elles qui bercèrent ton enfance."




Lien : http://claudialucia.blog.lem..
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Ursua

Roman historique, Ursua narre la vie d'un conquistador d'origine navarraise, Pedro de Ursua, arrivé dans le Nouveau Monde à l'âge de 17 ans et qui y mourut, assassiné par Lope de Aguirre, à l'âge de 31 ans. Le rêve d'Ursua, c'est de découvrir le pays d'Eldorado, pays mythique de l'or, ce métal qui rend fou les Européens, lesquels, au nom du métal précieux, massacrent, découpent et pendent tous les Indiens qu'ils trouvent. Ursua impressionne par son courage et ses qualités de guerrier, même s'il n'est pas un fou destructeur comme Lope de Aguirre ou un politique redoutable comme Pedro de Heredia.

A travers ses campagnes, Ursua affronte des Indiens belliqueux par tous les moyens. En réalité, Ursua s'affronte lui-même, lui et ses rêves de gloire et de richesse. Il n'est pas le seul : le Nouveau Monde est le champ de bataille de tous les orgueils démesurés des hidalgos espagnols. Ces rivalités débouchent sur des trahisons, des meurtres, des passions qui sont difficilement imaginables aujourd'hui. Ce monde, que les conquistadores ont connu, n'existe plus : un monde encore inconnu où la légende revêt encore les apparats de la réalité. Ursua, c'est l'itinéraire d'un homme fasciné et fascinant, peu inquiet mais inquiétant qui tente tout pour imposer sa volonté même au détriment d'autrui.
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Ursua

AUX BASQUES DE L’ELDORADO



Que voilà un beau roman !

Qui plus est pour un premier roman.

William OSPINA, colombien de Bogota, nous conte là l’histoire d’un basque espagnol Pedro de URSUA et de sa quête de l’El Dorado.



L’action se déroule en 1544, 52 ans après la découverte des « Indes » par Christophe COLLOMB.

Depuis cette date fatidique de l’Histoire des Amériques, c’est la boucherie.

Comme toujours, après les explorateurs, les « gestionnaires »… Et quels gestionnaires !



Ceux, dont l’Histoire avec un grand H a finalement retenu les noms, en étaient pourvus de multiples Haches.

Pour la plupart, ces « conquistadors » étaient issus des bas fonds de la société espagnole : aventuriers en tout genres, spadassins en manque d’action, soldats désoeuvrés. Ils sont partis avec des chevaux (qui effrayaient tant les indiens), des chiens d’attaque, des arquebuses et autres technologies guerrières de l’époque testées sur les grands champs de bataille européens.



En face, la multitude des nations indiennes, avait initialement reçu respectueusement ces « dieux » tant attendus. Puis, ils ont rapidement déchanté car la beauté de leur art aurifère a fait leur malheur. La cupidité des explorateurs combinée aux énormes besoins politiques de la couronne espagnole a fait le reste. Ce fut le début de la boucherie et de la quête de l’or et de l’El Dorado.



C’est dans ce contexte que Pedro de URSUA, jeune noble basque espagnol avide d’histoires du Nouveau Monde, a la possibilité de quitter ses Pyrénées et de s’embarquer pour le Nouveau Monde.

A partir de là débute pour le lecteur un remarquable épopée épaulée par la carte du « Nouveau Royaume de Grenade au XVIème siècle » en double page au début du livre.

Apparaissent tour-à-tour la Castille d’Or et Panama, les « Gouvernorats » de Cartagena, Popayan, San Juan, les fleuves Cauca et Magdalena, les ethnies des Zenues, Chitareros, Guanes, Panches, Popayan, Catios, Emberas, Aburraes, Tayronas…



Au fil des pages, le lecteur rêve des ces paysages. Par contre les « indiens » eux cauchemardent.

Sitôt débarqué à Panama avec ses compères basques, Pedro de URSUA tombe dans ce creuset d’ambitions, de pouvoir et de violence.

Tout y passe : le jeu politique, les intérêts bien compris de chacun, les expéditions punitives…

Peu à peu l’adolescent devient Homme, lui aussi avec sa Hache. Avec en toile de fond, son rêve d’El Dorado.



Conclusion : un livre 5+ étoiles – une chronique historique racontée par un sang-mêlé qui prend en compte la « perspective colombienne » - un récit chatoyant, doré, el doradesque…



P@comeux - 2014/08 ©

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Le pays de la cannelle

Ce roman du colombien Willian Ospina est le deuxième tome d'une trilogie sur la sanglante colonisation espagnole.

Le premier tome est Ursúa (2005) et le dernier, Le serpent sans yeux (2012), traduction littéraire du titre en espagnol, non encore disponible en français.

Le pays de la cannelle fut recompensé par le très prestigieux Prix Romulo Gallegos 2009, octroyé tous les deux ans au Venezuela.

Ce tome va nous narrer l'épopée qui fut l'invasion avec la destruction de l'Empira Inca par les troupes espagnoles, ainsi que la découverte du fleuve Amazone, de la partie péruvienne du Haut Amazone comme on l'appelait en Espagne au XVI siècle.

Le langage employé par Ospina est baroque, foisonnant, d'une grande musicalité. Il a voulu employer le langage utilisé par les chroniqueurs des Indes qui travaillaient pour la couronne espagnole. C'est très réussi.

Les quatre frères Pizarro sont protagonistes de cette épopée, particulièrement Gonzalo, plus jeune de 24 ans par rapport à Francisco, le plus cruel et ambitieux de tous. Gonzalo est parti à l'aventure pour se forger un royaume pour lui tout seul, alors il est parti vers le mythique pays de la cannelle qui allait l'enrichir. Pour cela il s'est lancé dans une aventure terrible de deux ans avec 240 vaillants espagnols et 2000 indiens porteurs.

Le voyage fut dévastateur: Gonzalo Pizarro est sorti vivant et malade mais pauvre et déçu d'avoir laissé échapper la gloire.

Un récit grandiose écrit dans un langage somptueux.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Le pays de la cannelle

Entre Aventure et Histoire



Le pays de la cannelle de William Ospina nous conte les aventures d'un jeune espagnol né sur l'ïle de Saint-Domingue, au large des côtes d'Amérique latine. L'écrivain colombien signe ici un livre plein de richesse, celle de la langue, celle de l'histoire et enfin celle de l'aventure.



A travers le récit que le narrateur confie à un ami au moment de son retour au Pérou après avoir passé une grande partie de sa vie en Europe et vécu un voyage éprouvant rempli d'illusions perdues, de privations et de batailles, William Ospina nous raconte l'histoire de la conquête espagnole. Il en dénonce l'atrocité et la brutalité, la destruction d'une civilisation riche et sa domination, le vol de toutes les richesses d'un peuple pacifique et le manque d'humanité commun aux commanditaires et aux exécutants de ce pillage. Nous rencontrerons également les légendes millénaires indiennes, la servilité des indiens, la richesse de leur religion et de leurs réalisations et la variété de leur peuple.



C'est également une grande aventure que nous conte William Ospina dans un style baroque et poétique. Tout comme cette langue si faussement douce et énivrante, nous allons traverser avec le narrateur le plus grand fleuve connu à ce jour. Privations, batailles, maladies et découvertes seront à chaque tournant du fleuve si tourmenté derrière ses apparences calmes. Calme au moment des descriptions d'une nature inviolée, le rythme s'accèlère et produit des chocs quand la violence des hommes vient détruire cette quiétude.



Ce récit est également celui d'une quête d'identité poursuivie par notre narrateur partagé entre ses racines indiennes et espagnoles. Honteux de sa culture indienne et pourtant envoûté par elle, il subira le remords qui le fera fuir en Europe, à la recherche des racines inexistantes de son père conquistador. Culpabilisé de la violence des siens, il sera pourtant toute sa vie soldat, sans être capable "d’en tuer beaucoup et de rire au milieu du massacre", il s'assoira sur son statut d'aventurier pour passer en Europe et conté sa découverte d'un nouveau monde. Il nous parle plusieurs fois des différents récits qu'il a du faire de son aventure sur la grand fleuve, devant chaque fois s'adapter à son public, presque toujours désintéressé de l'essentiel.



A travers un récit d'aventure, William Orsena nous offre donc une plongée dans une Histoire à la fois glorieuse et horrible. Les méandres du grand fleuve nous guide vers une réflexion sur la conquête, sur l'identité, sur les différences, sur le pouvoir, sur les occidentaux et sur les hommes en général. Il nous entraîne dans un autre monde lointain et passé tout en nous plongeant dans une quête spirituelle à la recherche de nous-même.



Un livre semblable à son contexte : magique comme la forêt amazonienne, riche comme la culture inca et violent comme les conquistadors.
Lien : http://petiteslecturesentrea..
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Le pays de la cannelle

Je me suis franchement ennuyée en lisant de récit. Dans la première partie, le narrateur revient sur l'histoire des Incas et des conquistadors avec force détails qui auraient pu être passionnants, mais qui se sont révélés soporifiques sur moi. Puis, aux environs de la page 100, enfin, le narrateur part à l'aventure. Les débuts sont longs et laborieux, et quand finalement les péripéties s'enchaînent, l'auteur m'avait définitivement perdue...



Les quelques réflexions pseudo-philosophiquesqui jalonnent les derniers chapitres ne m'ont pas plus convaincue.


Lien : http://lecturissime.over-blo..
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Le pays de la cannelle

Magnífico
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