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Critiques de William Styron (188)
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Des havanes à la Maison-Blanche

14 nouvelles ou articles parus dans des journaux ou des revues. Présentent un intérêt historique (Kennedy à la Maison Blanche, réception à l’Elysée du temps de François Mitterrand) ou biographique : WS croyant pendant plusieurs semaines qu’il a la syphilis, James Baldwin, Truman Capote, amis de WS, promenades de WS dans le Connecticut.



Comme souvent avec S, c’est fin, profond, élégant. Mais, il est à la fin de sa vie, il connait la gloire, on le sent satisfait de lui, en particulier quand il relate son invitation par François Mitterrand. Il se considère comme un des grands de la littérature mondiale, ce qui est moins fin. Mais c’est excellent.

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Le choix de Sophie

Page 72 : j'arrête. Je n'arrive pas à entrer dans l'histoire qui n'a certes pas véritablement commencé.

Pavé de la littérature américaine ; j'en avais lu de bonnes critiques. Pourtant je reste insensible : le narrateur m'apparaît cynique et je n'ai plus envie de suivre son histoire à ses côtés. Ses divagations m'ennuient et cela a commencé par la lecture de ses critiques de livres lorsqu'il est employé à la maison d'édition Mac Graw-Hill. Je suis passée à côté de ce livre certes très rapidement et sans insister. Mais la lecture est un plaisir et je m'autorise désormais à ne pas finir un livre
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Le choix de Sophie

Ce roman, je l'avais dans un coin de ma tête depuis quelques temps, retardant le moment de m'y plonger, et finalement ce moment est arrivé. Totale immersion dans l'Amérique des années 40, celle d'une ségrégation raciale et de l'opposition entre le nord et le sud, dans une ambiance digne des films noirs hollywoodiens. Il y a Sophie, rescapée des camps, que Stingo, le narrateur, jeune écrivain en quête d'inspiration pour son premier roman, rencontrera dans cet immeuble situé au coeur de New York. Sophie et puis Nathan, dont les ébats au-dessus de sa chambre en feront le premier témoin d'un couple auto destructeur. Tout est décuplé dans ce roman, et j'ai vraiment été saisie par le style de l'auteur, dont la traduction permet de s'imprégner du récit et d'être dans la tête des personnages, grâce aux mots choisis avec justesse. Encore émue par les dernières pages de cette fresque qui interroge l'humanité en chacun de nous, je dirais que ce roman prend aux tripes comme on dit.
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Face aux ténèbres

Un ouvrage paru dans les années 90, mais dont le sujet universel reste actuel tout comme les dires de l'auteur. Le fait que ce dernier ait lui-même vécu une dépression grave accentue la portée de ses paroles et de ses observations. Le lecteur ne peut que constater l'étendue de l'incompréhension de la population face à une maladie qui, pourtant, est très présente et touche de nombreuses personnes. Il prend conscience également de la désinvolture avec laquelle la majorité de la documentation sur le sujet traite de celui-ci et de sa guérison. William Styron met d'ailleurs en garde contre la médication systématique d'antidépresseurs et ce, parfois, dans des doses non maîtrisées. Le patient est ainsi mis en danger par un corps médical auquel il fait confiance. De ce fait, l'ouvrage présent en appelle à l'esprit critique de tout un chacun même s'il est difficilement exploitable lorsque la dépression est présente.

Cette chronique influe un souffle nouveau car n'essaie en rien d'imposer des dites vérités et des dites solutions. L'auteur prône ici l'incompréhension d'un tel mal, la difficulté à décrire ce dernier et la guérison difficile qui diffère d'un être à l'autre. Le liseur est loin des livres de bien-être actuels dont la plupart assure que le rétablissement est simple et ne tient qu'à la bonne volonté de la personne touchée par la dépression. Cela fait du bien de lire un récit sincère, sans faux espoirs, qui livre avec transparence ce qui attend un homme touché par une dépression grave tout en insufflant la possibilité de se soigner et d'en sortir grandi.

Il est effarant de voir le nombre d'écrivains et d'artistes touchés par cette maladie et le pourcentage de ceux-ci ayant choisi le suicide face à leurs maux. Le lecteur connaissait quelques exemples, mais est surpris de voir certains noms apparaitre.

Un témoignage livré avec humilité qui ouvre les consciences et met en garde contre ce mal dont personne n'est à l'abri.
Lien : https://livresratures.wordpr..
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Le choix de Sophie

William Styron, Le choix de Sophie, 1979, traduit par Maurice Rambaud, Gallimard, 1981



En 1947, Stingo, un jeune sudiste tout juste débarqué du Tidewater et des éditions McGraw-Hill échoue à Brooklyn chez Yetta Zimmerman où il fait la bruyante rencontre de Sophie, jeune polonaise rescapée d’Auschwitz, et Nathan, un chercher généreux au caractère volcanique et corrosif ; lesquels participeront à son éducation sentimentale. Il y a du Flaubert chez Styron.



Ce roman est le double récit de l’enfer connu par Sophie à Auschwitz et du choix qu’il lui a été imposé de faire d’une part et d’autre part, le récit de la schizophrénie et des accès de violence de Nathan.



Si, au départ, stylistiquement les personnages se tiennent, notamment par l’emploi de vocabulaire yiddish ou de tournures de phrase incorrectes, cette distinction s’abolit peu à peu dans un récit qui devient uniforme.

On peut également déplorer la longue digression sur l’internement de Sophie à Auschwitz et sa relation avec Rudolf Hoss que Stingo qualifie d’« interminable récit ».



Au final, on se dit que Styron n’a pas trancher dans le choix du sujet traité dans son roman, et c’est fort dommage car il tenait là une matière formidable.





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Face aux ténèbres

FACE AUX TÉNÈBRES de WILLIAM STYRON

Récit autobiographique du processus de dépression de l'auteur ses questionnements ses "solutions "

Un récit lucide et courageux des terribles moments vécus, la difficulté pour les autres, spectateurs, de comprendre et d’aider.

Intéressant.
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A tombeau ouvert : Cinq histoires du corps ..

A TOMBEAU OUVERT de WILLIAM STYRON

5 nouvelles par l’auteur du choix de Sophie. Très bien écrit STYRON en s’appuyant sur son expérience personnelle, puisqu’il fut militaire, raconte sa vie de réserviste rappelé pour la guerre de Corée. La peur, l’héroïsme, l’espoir du retour, une magnifique approche des problématiques du soldat.
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Un matin de Virginie

UN MATIN DE VIRGINIE de WILLIAM STYRON

Trois nouvelles autobiographiques romancées sur l’enfance de STYRON. Une sur l’armée et les 2 autres sur sa petite enfance. Souvenirs des inégalités et des injustices avec les noirs que l’on retrouve dans d’autres de ses écrits. Une belle plume, très sensible que j’avais déjà appréciée avec « à tombeau ouvert » et « face aux ténèbres.
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Les confessions de Nat Turner

LES CONFESSIONS DE NAT TURNER

Nat Turner est emprisonné pour avoir mené une révolte d’esclaves noirs en Août 1831. En prison son avocat va lui « soutirer » son histoire et celle de la sanglante révolte. Pieux et intelligent, un peu pasteur, un de ses maîtres successifs le promet à l’émancipation, hélas la plantation périclite et sa libération ne se fera pas. Personnage complexe nourri de Dieu et de mysticisme, à la sexualité qui oscille entre son amour des hommes noirs et son rêve de viols de femmes blanches, il va mûrir un plan diabolique pour éliminer les blancs dans une tuerie sanguinaire.

Sur la base d’une révolte réelle, une des rares documentée, Styron fait un travail d’historien, de psychologue et va se mettre à dos lors de la parution du livre un peu tout le monde par son refus d’un manichéisme béat. C’est, selon moi, un des plus beaux livres sur l’esclavage, un livre âpre, violent qui vous laisse longtemps pensif après l’avoir reposé. Malgré les polémiques qui ont suivi la parution de ce livre, Styron a obtenu le Prix Pulitzer 1967.
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Le choix de Sophie

Vers la page 100, mon choix est de stopper la lecture de ce roman. Je n'accroche pas à l'écriture de William Styron. Je trouve sa prose lourde, pesante. Pourtant les critiques sont positives. Le résumé de cette histoire me donne envie de connaître la suite et ce "fameux" choix de Sophie. Mais je n'y arrive pas et ne prend aucun plaisir à ce style d'écriture. J'avoue ne pas comprendre l'engouement général et les prix qu'a remportés cet ouvrage.

C'est un acte manqué en ce qui me concerne. Je regarderai le film lorsque l'occasion se présentera...

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Le choix de Sophie





17. LE CHOIX DE SOPHIE – William STYRON



Un livre monument. Stingo, Nathan, Sophie en 1947 à Brooklyn pour une plongée dans l’histoire, dans la folie individuelle et collective et un regard inédit sur Auschwitz mis en abîme avec l’histoire de l’esclavagisme dans le sud des Etats-Unis. Dans l’inconscient collectif, on ne retient que l’épisode lié au titre : une mère sur un quai d’Auschwitz qui doit décider lequel de ses enfants elle envoie à la mort. Mais aussi puissant soit ce passage, l’auteur explore en profondeur l’horreur du nazisme et met des mots sur l’indicible. Sa force est de l’aborder à travers un personnage – Sophie – qui n’est en rien une héroïne et qui n’est pas juive, qui est née dans le terreau de l’antisémitisme endémique qui caractérise la Pologne et qui veut simplement et instinctivement se sauver. Se sauver avant l’horreur et après l’horreur, ce qui est un combat perdu d’avance. Styron, dans un style ample et fourmillant, passe du présent au passé, du passé au présent et rend extraordinairement attachant le narrateur qui va trouver dans sa rencontre avec Sophie et Nathan la source initiatique de son éveil littéraire et sexuel. Bien avant l’époque woke, l’auteur explore le poids du passé dans le présent, la culpabilité qui traverse les générations, Stingo finançant son séjour à Brooklyn avec le prix payé jadis pour la vente d’Artiste, un jeune esclave noir. C’est un très beau livre sur la survie, sur le rapport au silence des survivants, sur la culpabilité qui étrangle et sur le fait qu’une fois que les vannes ont cédé, que des mots ont été prononcés, que le passé revit, la vie même n’est plus possible. Mourir lentement du silence, voire du déni ou ne plus pouvoir vivre quand tout a été dit. L’occasion aussi pour l’auteur de dénoncer la pudibonderie américaine, le rapport contrarié et frustré au sexe d’une génération. Mais l’essentiel est évidemment ailleurs. Comme dans la Mort est mon métier de Robert Merle, Styron met en en scène celui qui dirige le camp et dans la foulée d’Arendt démontre comment l’anormalité barbare devient la normalité. la question écrit-il, n’est pas de avoir où était Dieu à Auschwitz mais bien ou étaient les hommes. Tant de livres ont été écrits à ce propos, mais ici plus que dans beaucoup autres, le lecteur souffre de l’inhumanité du lieu, respire l’odeur nauséabonde des cops brulés, ressent la déchéance des corps et des âmes. Avec la musique comme seul frêle rempart, comme seul refuge de beauté contre le noir absolu.

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Face aux ténèbres

Ce texte est le fruit d'une conférence tenue en 1989, dans lequel Styron évoque publiquement l'état dépressif dont il souffre en secret depuis plusieurs années. Une mélancolie souvent atténuée par l'alcool, qui s'exacerbe lors du sevrage et plonge l'auteur dans une spirale infernale. Haine de soi, morosité, et bientôt pensées suicidaires, qui vont le mener à l'hospitalisation. Malgré un suivi psychiatrique et un traitement régulier, c'est cet épisode de retrait du monde qui lui permettra finalement de remonter la pente. Un témoignage juste et sincère, dans lequel l'auteur avoue que chaque parcours est différent et qu'il faut toujours rester modeste face à la maladie.
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Le choix de Sophie

Lu en V.O.

Quel roman exceptionnel! Se situant en 1947 racontant des événements survenus en 1943 à Auschwitz et en 1947 à Brooklyn New-York ce roman qui fut porté à l'écran avec Merryl Streep dans le rôle de Sophie, est un bijou par la force des émotions qu'il suscite chez le lecteur et par la structure de L'histoire qui favorise une progression mesurée de toute l'ampleur de la tragédie vécue par l'héroïne à Auschwitz et aussi à New-York.



Ce n'est pas un conte de fée, plutôt un drame dans lequel on a quand même droit à des moments de franche hilarité grâce au narrateur ,Stingo, qui sera le confident de Sophie et bien plus qu'un simple témoin de sa vie à Brooklyn. Il y a dans ce roman un mélange d'innocence, de romantisme, de sensualite et de monstruosité .c'est quand même rare que le titre d'un roman passe dans le langage populaire car on utilise l'expression " le choix de Sophie" pour désigner un choix déchirant.



Ce ne fut pas une mince tâche que de lire ce roman en V.O. Car il y a des mots et des expressions qui m'ont donné un peu de fil à retordre mais ça m'a permis d'apprécier la très belle écriture de William Styron. Je relirai ce roman en français pour être certain de ne rien manquer, d'autant plus qu'on m'a dit que la traduction est excellente.
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Face aux ténèbres

Que dire d'autre que l'horreur, la douleur quotidienne vécue par l'auteur. Une plongée dans les symptômes de cette maladie si peu compréhensible qu'on met souvent sur le compte d'un manque de volonté, la maladie du siècle, dépression grave, ou mélancolie. Instructif de comprendre ce que ressent l'auteur, et cela malgré une réussite sociale, une femme aimante, un entourage présent.
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Face aux ténèbres

Auteur des Confessions de Nat Turner et du Choix de Sophie, William Styron rencontre à la soixantaine, la dépression. Dans son cas, elle est majeure. Il tente de nous en présenter les effets, tout en faisant référence à d'autres écrivains qui ont eu maille à partir avec elle comme Romain Gary et Albert Camus. Sans jamais grandir les effets, l'auteur nous livre dans ce texte bref et prenant son expérience d'une maladie qui est d'autant plus difficile à vivre qu'elle n'est pas comprise par les gens bien portants. Porté par une écriture sobre et rigoureuse, ce récit relate les étapes d'une maladie où le plus intelligent et le plus puissant peut se retrouver anéanti.

Un beau texte.

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Face aux ténèbres

Texte très court qui devrait faire partie de l'apprentissage médical de tout médecin. Indépendamment de la qualité d'écriture, Styron trouve les mots justes pour décrire sa descente dans les affres de la dépression, sans jamais tomber dans l'exhibitionnisme si présent à notre époque.







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Le choix de Sophie

Un livre dont le titre a donné naissance à une expression qui traverse le temps est-il forcément un grand livre ? J'aime poser ce genre de grande question qui est pourtant le plus souvent inutile car même si la règle s'imposait, elle comporterait forcément... des exceptions qui la confirmeraient.



Si règle il y a, le roman de Styron ne fait pas exception. C'est un grand roman que ce choix de Sophie... et c'est le choix le plus impossible qui soit que celui qui est proposé à Sophie vers la fin de ce livre, et c'est bien la puissance de cette impossibilité qui a pu donner naissance à l'expression.

On attend tout au long du récit l'arrivée de ce choix, on se dit qu'a de nombreux moments de sa vie Sophie est confrontée à des choix: entre soutenir un père ou le rejeter, entre soutenir la Résistance ou choisir la "lâcheté" pour protéger sa famille, entre rester avec un compagnon violent ou s'enfuir pour se préserver. Ce sont tous des choix difficiles, où la notion même de choix semble injuste parce que les termes ne sont pas égaux, ou parce que le courant de la vie semble diriger dans un chemin sans qu'aucune décision ne soit réellement prononcée. Mais quand arrive LE choix, on ne peut pas le confondre avec les autres: pour le coup jamais termes n'auront été plus égaux que ces deux-là, jamais décision n'aura été aussi nécessaire, vitale. Et c'est pour le coup à cause de cela que le choix devient impossible... tout en étant impossible à refuser.



Je choisis de ne pas révéler sur quoi porte le choix, même si de nombreux résumés ou critiques doivent forcément en parler, parce que j'ai réussi de mon côté à me préserver de le savoir et que la lecture et le moment décisif n'en ont été que plus forts.



Au delà de cette "révélation", la force du récit est dans sa construction diablement intelligente. L'opposition entre un narrateur maîtrisant parfaitement la langue puisqu'écrivain et l'héroïne polonaise forcément maladroite en anglais est brillante, puisque le récit des aventures du narrateur et les témoignages recueillis auprès de Sophie se répondent et se renforcent du fait de leurs différences de style. La brillante intelligence des propos du narrateur luit encore plus en opposition à la force de la simplicité du récit de Sophie... qui n'en devient lui du coup que plus puissant dans sa nudité stylistique. le choix de l'auteur d'un témoignage morcelé, d'abord cousu de mensonges avoués par Sophie par la suite, puis qui se révèle petit à petit, au fur et à mesure des confessions aidées par l'alcool, tout cela est également superbement intelligent, construit à la manière d'un orfèvre.



La force du roman réside également dans les thématiques abordées. Si on devait donner le thème principal du livre, on ne pourrait que dire Auschwitz et la solution finale... et on se dirait que ce thème est donc forcément l'unique. Mais l'auteur parvient également à y aborder remarquablement des thématiques intemporelles et modernes comme les affres de l'écriture, la question de l'esclavage et de la prise en compte de la minorité noire aux Etats-Unis, la question de la violence conjugale, de la dépendance à l'alcool et à la drogue, des troubles psychiatriques... le tout avec des passages sexuels à la fois crus et sensuels ainsi que des propos sur la religion très provocateurs, cela lui ayant d'ailleurs valu d'être interdit régulièrement dans certaines bibliothèques à l'époque.



Il faut avoir une ambition démesurée pour son livre pour imaginer pouvoir aborder tous ces thèmes à la fois. le choix de Sophie est le dernier roman de Styron et on y sent toute la force et la maîtrise de l'écrivain chevronné. Dans une mise en abyme de sa propre personne et de celle du narrateur, Styron évoque dans le livre ses précédents romans comme les possibles futurs romans du jeune narrateur, romancier en herbe... Cela ne peut que donner envie de s'y plonger pour découvrir comment s'est construite une plume aussi habile.
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Le choix de Sophie

Ce livre est d’une beauté stupéfiante. C’est comme une secousse sismique au fond de soi, un déferlement d’émotions comme rarement je l’ai vécu. A la fin, j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps et il m’a fallu plusieurs jours pour m’en remettre. A l’heure où je vous écris, ces personnages me hantent encore et continueront à le faire quelque part dans ma mémoire.

Pourtant, j’ai eu du mal à entrer dans cette histoire. Le premier chapitre raconte les débuts malheureux de Stingo dans une maison d’édition. C’est avec une ironie mordante qu’il décrit ses conditions de vie. Puis l’auteur change de décor et fait entrer en scène Sophie et Nathan. Au fur et à mesure qu’on avance dans la lecture, l’histoire devient de plus en plus prenante. On découvre la passion amoureuse et destructrice qui lie Sophie et Nathan, les multiples frustrations que vit Stingo par rapport à sa sexualité inassouvie mais aussi les confessions de Sophie sur son passé en Pologne.

C’est un roman qui emmène le lecteur dans un tourbillon de sentiments : on sourit devant les tribulations de Stingo dans sa vie amoureuse ; on reste un peu effrayé devant l’inertie de Sophie face à la violence des sentiments de Nathan. Je me suis bêtement dit « c’est son choix après tout ». Mais quand les secrets les plus profonds sortent enfin du néant, tout s’explique. Je suis restée tétanisée, en larmes. J’ai enfin compris pourquoi ils se comportaient ainsi. J’ai eu honte d’avoir jugé Sophie et Nathan, mais vraiment honte ! La seule leçon que je peux tirer c’est qu’on ne peut juger personne car on ne sait pas quelles épreuves elle a affronté auparavant.

Les personnages sont extrêmement bien construits, avec une analyse psychologique des plus fines et des plus intéressantes. Suivre Stingo, c’est entrer dans la jeunesse, le manque d’expérience et l’apprentissage de la vie. Suivre Nathan, c’est frôler les méandres de la folie. Suivre Sophie, c’est plonger dans un destin tragique et insoutenable, où l’ironie est cruelle car elle n’est fautive que d’une peccadille qui la conduira en enfer. J’ai tremblé devant certaines scènes, devant cette horreur décrite sur les conditions de vie dans le camp d’Auschwitz. Voici d’ailleurs une citation qui m’a intensément émue.

« La déclaration la plus pertinente faite jusqu’à ce jour sur Auschwitz n’était pas une déclaration mais une réponse :

La question : « A Auschwitz, dis-moi, où était Dieu ? »

Et la réponse : « Où était l’homme ? »

Le style d’écriture est superbe, magnifique et dense. Il nécessite du temps et une vraie disponibilité d’esprit car il vous dévore en entier et ne vous laisse pas indemne. Un roman EXCEPTIONNEL, INOUBLIABLE, MAGISTRAL à découvrir !
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Le choix de Sophie

Un auteur qui sait écrire.

Une histoire qui fait réfléchir.

Des personages auxquels on s'attache.



Je l'ai lu en terminale, il avait été conseillé par ma professeur de philosophie pour comprendre la notion de choix cornélien à son absolu et les conséquence d'un tel choix.



Ce roman pose également la notion de libre arbitre : si l'on peut choisir, faire ce choix reste tout de même inhumain. La notion de pardon, de soi-même et de l'autre.



Un roman très empreint de philosophie, à lire et relire
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Face aux ténèbres

Styron nous fait ici l’analyse de sa propre dépression. Pour celui qui n’en a jamais ressenti les affres, le mot « dépression » est une notion abstraite et floue. La plupart du temps, et aujourd’hui encore, elle est perçue comme une faiblesse de l’esprit qu’il suffit de combattre avec énergie et volonté. Il s’agit de « prendre sur soi », ne pas « s’écouter ». On va même jusqu’à parler de « lâcheté » en cas d'actes irréparables. Une « dépression » au sens météorologique du terme est une spirale descendante, ce qui est bien le cas ici.



Malheureusement la seule volonté n’y suffit pas puisqu’elle a déserté. Le dépressif dérive sans but. Il ne perçoit rien que le néant au point d’envisager le suicide comme une solution comme une autre. Il banalise la mort lorsque la douleur morale, physiquement éprouvée devient trop insupportable, lancinante et sans fin. Cette insurmontable angoisse qui vous terrasse et entraine inexorablement vers le fond. C’est un reniement de soi, une totale dévalorisation, de l’autodestruction. C’est une punition qu’il s’inflige probablement lié à un sentiment de culpabilité.



Comment cette notion peut-elle être concevable par des individus exempts de ces troubles ? Cette notion de folie que Styron lui-même revendique est finalement plus acceptable pour eux. Aujourd’hui, la dépression est reconnue et qualifiée de « maladie » (du siècle même), tant les cas sont nombreux et en sans cesse en augmentation au fil des années (et plus encore avec la pandémie qui nous frappe depuis 2020 !). Mais à l’époque de la rédaction du livre, le phénomène était certes connu mais mal maitrisé par les médecins. La psychiatrie ne faisait pas l’unanimité. Elle prescrivait (comme c’est toujours le cas aujourd’hui) des traitements médicamenteux souvent forts avec des effets secondaires mal connus, en première intention.



La réalité des névroses est aujourd’hui clairement reconnue par la médecine et catégorisées (phobiques, compulsives, obsessionnelles, hystériques…) mais n’est toujours contrôlée que partiellement et très peu acceptée dans le quotidien d’une grande majorité de la population non atteinte de ce fléau.



Styron quant à lui, en brossant un tableau clinique sans complaisance de sa dépression tente d’expliquer aux néophytes ce qui se passe dans sa tête : le mal-être les angoisses, la perte de motivations, l’annihilation de ses envies, son sentiment de carence et d’inutilité. Il essaye de décrire ses symptômes pour faire ressentir ce qu’endurent les dépressifs. Pour leur faire toucher du doigt la profondeur des blessures qu’ils ressentent. Mais ce ne sont que des mots sans ressenti physique pour ceux qui ne sont pas touché. Sans la charge émotionnelle à laquelle ils se réfèrent. Les mots sont une information, on peut s’imaginer sur le moment ce qu’ils veulent dire, mais en aucun cas en ressentir la douleur physique, son ampleur dans la durée (on informe par exemple un tiers que nous avons mal à la tête, ou mal aux dents. Il le sait, il comprend le sens des termes utilisés, mais comment pourrait-il en ressentir la douleur et se représenter que 4h après vous en souffrez encore alors même que l’info lui est sortie de la tête?).



Styron tente de trouver des causes à son mal-être, comme par exemple son corps qui rejette l’alcool qui serait à l’origine de sa dépression alors que ce n’est probablement qu’une première manifestation. Il donne aussi ses positions vis-à-vis des psychiatres, les accusant d’être inefficaces avec un recours automatique à la prescription médicamenteuse (Ce qui n’est pas tout à fait faux). Il prône l’internement comme remède souverain qui aide à retrouver une sérénité intime et profonde en le coupant du quotidien. Ça n’est pas entièrement faux aussi à cela près qu’aujourd’hui on parle de maison de repos et non plus d’internement (réservés pour les « fous » dangereux pour eux-mêmes et pour les autres – schizos, psychopathes, maniaques, etc…) Styron, aux mains de psychologues (et non pas psychiatres) qui lui fournissent écoute et dialogue, dit avoir trouvé le déclic nécessaire pour surmonter les affres de ce marasme et remonter la pente. Là encore, c’est tout à fait vrai qu’il faut un « déclic » (on ne « décide » pas que sa dépression est terminée).



Ce drame personnel, vécu douloureusement est un roman désespéré même si l’on entrevoit un espoir ténu vers la fin. Pour avoir été touchée personnellement par ce mal insondable, cet état des lieux me parle forcément. Je comprends le cheminement qui a dû être le sien, sa descente aux enfers et toutes les étapes décrites puisque ses mots se rattachent à des sensations physiques précises pour moi. Ils font sens. Cependant, je reste sceptique sur la compréhension de l’abime par les non-dépressifs car c’est un cheminement très personnel où l’on se bat avec ses propres démons. Aucun dépressif ne ressemble à un autre puisqu’aucun n’aura la même histoire même si les symptômes peuvent être catégorisés et sont plus ou moins les mêmes.



Pour ma part, et contre toute attente, je n’ai pas perçu de réelle empathie envers l’auteur. Malgré ma compréhension de ce qui frappe l’auteur, je n’ai malheureusement pas vraiment senti de vraies émotions sur les mots de celui-ci. Je n’ai pas discerné la force du propos. Cela reste des allégations dépourvues d’impact réel. Cela reste distant, comme un spectateur parlerait de ce qu’il voit, un constat sans plus.



On passe des premières manifestations de la dépression aux profondeurs de l’angoisse sans réellement ressentir les paliers par lesquels il a dû passer. Je comprends que les descriptions auraient pu paraitre trop pesantes s’il avait tout dit en détail. Pourtant l’écriture ici est noire, sans espoir et apparemment sans issue. Les mots utilisés en attestent. Pour autant, j’ai l’impression d’avoir lu un rapport clinique écrit à froid comme l’aurait fait un médecin et non pas un vécu personnel même si telle en était l’intention. Le récit méticuleux me semble en effet rester superficielle. Son histoire personnelle me parait plutôt prétexte à donner son avis sur les traitements et les prises en charge psychiatrique.



Cela ne reste que mon modeste ressenti et ça n’enlève rien aux propos de l’auteur. C’était mon premier essai avec Styron, avant de m’attaquer au pavé qu’est le « choix de Sophie » dont l’adaptation cinématographique m’avait touchée en plein cœur. A lire donc… à suivre…



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