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Critiques de William Styron (187)
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Le choix de Sophie

Je lis les avis de * et ** car, à mes yeux, l'esprit critique négatif vers lequel nous sommes tous attirés, sonne parfois plus juste ou du moins avec un regard plus acéré que les dithyrambes ou les résumés de ceux qui s'évertuent à mieux faire que ceux dont c'est le métier. Et cette fois, je trouve qu'ils manquent cruellement d'arguments au delà du habituel 'je n'ai pas accroché' (ce qui peut arriver).

Sophie m'a scotché. Le récit est long. Bien sûr, on se demande de quel choix il s'agit. Bien sûr, cela frôle parfois l’invraisemblable. Évidemment, le sexe occupe pas mal de place et on s'interroge sur sa pertinence. Oui, on est surpris quelquefois par la tournure des événements ou les réactions des personnages. Forcément, on se demande comment elle en est arrivé là. Eh bien, c'est tout cela qui contribue à créer cette atmosphère touchante, à nous rendre cette Sophie ou Stingo sympathiques... Et j'en dis déjà trop!



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Face aux ténèbres

Ceci n'est pas la chronique d'une folie stricto sensu, mais plutôt celle d'une dépression sévère. C'est-à-dire quelques chose qui peut, selon les circonstances, tous nous foudroyer. Et c'est aussi l'histoire de la sortie de la dépression, comme une émersion. Un jour, nous retrouvons l'air libre. Et, au bout de plusieurs autres jours, nous prenons conscience que nous avons repris le chemin que nous avions quitté. Styron ne serait-il, en fin de compte, le plus grand auteur américain du XX° siècle?
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Le choix de Sophie

Difficile de résumer cette histoire tant elle est dense et profonde. Mais disons en gros que l'on suit trois personnes, le narrateur, Sophie et Nathan dans le New York de l'après guerre (1947) ainsi que les souvenirs de Sophie, polonaise catholique qui a survécu plus ou moins par miracle à Auschwitz. L'histoire va longtemps se concentrer essentiellement sur cet espèce de triangle amoureux à New York, mais plus on avance dans l'histoire et plus va se dévoiler le passé de Sophie ainsi que les raisons de son profond traumatisme. Mais bien que personnage sans doute centrale du roman, Sophie n'est pas la seule à bénéficier d'une grande profondeur, Nathan et le narrateur lui-même, Stingo, sont également très développés. J'ai un peu de mal à analyser (même superficiellement) ces 920 pages, j'ignore en fait à quel point cette histoire m'a plu. Ce que je peux déjà dire avec certitude, c'est que je l'ai trouvé brillante dans son développement et sa psychologie des personnages, c'est une oeuvre qui bien que je puisse comprendre qu'elle puisse ne pas plaire, ne peut pas nous laisser indifférent. En fait mon sentiment, qui s'éclaircie peut-être un peu plus à mesure que j'écris ces lignes, c'est que la grande profondeur des personnages est à la fois un point fort et un point faible. Un point fort car percutant pour des raisons évoquées ci-dessus, mais qui rend l'histoire un peu trop longue par conséquent. J'avais parfois l'impression que je n'en verrais jamais le bout. Une oeuvre marquante dans l'ensemble, et quant au choix de Sophie qui a donné le titre au livre, pour ceux qui ne le connaissent pas, il ne s'agit en aucun cas d'un choix lié à ce triangle amoureux dont j'ai parlé plus haut mais d'un choix infiniment plus dramatique qui nous est bien entendu dévoilé en fin de roman et qui donne la clé du comportement plus ou moins autodestructeur de Sophie. Un livre que je suis content d'avoir lu, bien que long.
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Le choix de Sophie

C’est ma première lecture après avoir vu le film, il y a près de quarante ans.

Je n’avais retenu que le choix impossible de Sophie. C’est bien entendu beaucoup plus que cela. Il y aura d’autres lectures tant ce roman est riche et dense.



Ce roman est un choc: un trio amoureux infernal, des relations amoureuses impossibles et perverties et bien sûr l’indicible d’Auschwitz.

Tout oppose Sophie et Nathan:

- une polonaise catholique qui a vécu Auschwitz dans sa chair, et cherche à tout enfouir et tout oublier.

- un juif américain qui tente par procuration de comprendre l’holocauste a posteriori

L’émotion est grande à mesure que le voile se lève sur le vécu de Sophie. Et c’est bien là une des prouesses du roman: le procédé narratif, une construction intelligente où les souvenirs de Sophie se révèlent au narrateur au fur et à mesure de leur complicité naissante.



C’est un roman très dense où nombre de thématiques sont abordées: l’horreur des camps d’Auschwitz-Birkenau, le système nazi et l’antisémitisme d’état; la Pologne catholique, ses élites pangermaniques et leur comportement à l’égard des juifs, « les Juifs superflus »; mais aussi les tares des états sudistes à savoir racisme et relents assumés d’esclavagisme.



Curieux et original est le parallèle que Styron se complait à dresser: un parallèle entre la Pologne et les états du Sud au delà de la mentalité orgueilleuse de leurs habitants jusque dans leur « bigoterie », leur puritanisme et leur « problème racial ».



Le choix ultime de Sophie, révèle le caractère le plus barbare et pervers de l’humain mais aussi du religieux.

Plus généralement la culpabilité et le remords sont les thèmes clé du récit. Les questions posées par l’auteur sont toujours d’actualité: Faut-il en parler? Qui est légitime pour en parler? Le roman est-il la forme la plus appropriée? L’holocauste ne concerne-t-il que le peuple juif? Son exclusivité peut-elle être revendiquée?



C’est un formidable roman: un chef d’oeuvre du XXème siècle.

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Face aux ténèbres

« Face aux ténèbres » est un livre fort. Il est difficilement explicable tant le sujet exprimé est compliqué. La dépression et le suicide encore tabous à l'époque, toute personne n'ayant jamais connu les ténèbres auront du mal à comprendre. Malgré le sujet lourd, l'écriture de Styron est très belle. Nous l'accompagnons dans sa chute en étant guidés par son expérience personnelle de la dépression. A travers son roman, nous arrivons mieux à comprendre les enjeux et les différentes facette de cette maladie sans toutefois tomber dans le pathos. Je conseille ce livre à toutes personnes ayant connu les abysses de la souffrance et qui souhaiteraient avoir un point de vue où l'espoir reste encore possible.
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Le choix de Sophie

A mi chemin entre le documentaire et le roman, Stryon nous plonge dans le cauchemar d'Auschwitz et dans l'insouciance de Brooklyn. Malgré quelques longueurs et son soucis du détail , l'auteur arrive à nous amener la ou il veut. Prévoir un endroit calme pour lire ce livre et un bon dictionnaire.
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Un lit de ténèbres

Sur le quai de la gare d'une petite ville de la côte sud de l'État de Virginie, un père attend sa fille bien-aimée. Il l'accompagne dans son dernier voyage. À ses côtés, sa maîtresse et Ella la domestique de la famille.  

Tandis que le corbillard les conduit vers le cimetière, des flash backs nous apprennent les circonstances tragiques de l'éclatement de cette famille : Helen Loftis qui voyait en sa fille une rivale, Milton ce père qui noie son oisiveté dans l'alcool ; et leurs deux filles disparues, Maudie, touchante infirme et Peyton qui revient dans ce berceau honni pour y être enterrée. 



Écrit en 1951, Un lit de Ténèbres est le premier roman de William Styron. Et qui peut imaginer en lisant ce roman sombre que son auteur est âgé seulement de vingt-cinq ans lors de son écriture? Par l'épaisseur des personnages et les thèmes choisis, j'ai cru qu'il en avait au moins le double.

Écrit dans une langue qui n'existe plus, ce roman qui se déroule dans la région marécageuse du Tidewater raconte la fin d'un monde qui s'enlise, en perdition comme les personnages! 

 

William Styron (1925-2006) est par ailleurs le lauréat du prix Pulitzer pour Les Confessions de Nat Turner (1967). Le choix de Sophie (1979) a été quant à lui adapté au cinéma avec dans le rôle principal Meryl Streep.



"Mon fils, lui avait dit son père, la plupart des gens, qu'ils le sachent ou non, traversent la vie grâce à un fatalisme de collégien. Seuls les poètes et les voleurs peuvent exercer leur libre arbitre, et la plupart d'entre eux meurent jeunes." 

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Un matin de Virginie

Cette deuxième lecture de William Styron me confirme que je tiens là un nouvel auteur à découvrir passionément. Une fois encore, j'en sors très émue, plus encore en fait que suite à Face aux ténèbres.

Il y a quelque chose dans l'écriture d'un peu fragile, qui tourne autour de la tragédie - la mort de la mère de l'enfant, suite à un cancer long de huit ans de souffrances - en cercles concentriques.

Divisé en trois récits, le livre commence sur la guerre de Corée. Le narrateur, jeune, sain, robuste, exprime toute sa vitalité et virilité par son engagement pour son pays, et surtout son avidité à " casser du Japonais", tout comme tous ceux qui l'entourent. Mais très vite, ce sentiment d'invincibilité se fissure à l'évocation d'instants de son enfance auprès de ses parents, et c'est ainsi que nous pénétrons, petit-à-petit, jusqu'à y entrer pleinement, dans ce passé où la mère était vivante encore, bien que déjà malade.

Le deuxième récit nous amène au coeur de la Virginie, brûlante en été, pauvre et comme les autres états soumis à la prohibition. Un vieux Noir de 99 ans apparait dans le village: il est venu à pied de l'Alabama, pour mourir dans sa maison natale. A cette époque - les années 30, les relations entre Blancs et Noirs est complexe, les destins entremêlés, l'esclavage encore très frais. Et Styron nous plonge dans cette Virginie avec tact et sincérité.

La troisième partie est de loin la plus sombre, entre la grande Histoire - Dépression, prohibition, misère - et la petite - l'agonie de la mère, le désespoir du père, et de l'adolescent.

j'ai la sensation d'avoir lu quelque chose de délicat et de primordial, d'avoir fait une rencontre bouleversante et inattendue.
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La Proie des flammes, tome 2



Le tome 2 s’ouvre sur une surprise, on apprend la vérité sur ce meurtre et Cass va très longuement détailler à Peter comment il a rencontré Mason suite à un accident dans lequel il a renversé un scooter et où, ultérieurement, Mason va se méprendre sur l’identité de Cass qu’il va confondre avec un célèbre artiste.

C’est à une véritable introspection sur Peter dans le tome 1 et Cass dans le tome 2 vont se livrer. Analyses passionnantes des ressorts qui unissent Peter et Mason dès l’enfance, Mason riche enfant gâté qui entretient une relation trouble avec sa mère alcoolique, Wendy, que Justin son mari ne peut plus supporter. Quant à Cass, toujours ivre à l’époque de Sambuco et sa femme Poppy, on découvrira le rôle que Mason leur faisait tenir.

Un livre brillant, un des moins connus de Styron dans lequel sa façon de décortiquer les liens entre les personnages est impressionnante de lucidité.
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La Proie des flammes, tome 1

LA PROIE DES FLAMMES de WILLIAM STYRON

L’histoire commence à Sambuco, en Italie, c’est Peter Leverret qui raconte. L’affaire est très simple, Mason Flagg, un riche américain, viole une jeune paysanne, Francesca, si brutalement qu’elle en décède. Mason se jette du haut d’une falaise et meurt sur le coup. Fin de l’histoire. Étaient présents à Sambuco à ce moment là, Peter Leverret et Cass Kinsolving. Peter est un WASP de Virginie, homme de loi, Cass enseigne la peinture et fait des caricatures à Charleston. La police italienne a classé l’affaire rapidement au vu des témoignages et des constatations, mais Peter n’est pas convaincu que Mason ait tué Francesca et qu’il se soit suicidé. De retour aux États Unis, il va contacter Cass, qui lui était très proche des évènements, alors que lui en était plutôt à la périphérie. Cass renâclera à recevoir Peter pour reparler de Sambuco mais ils finiront par se voir. Peter n’apprendra rien de nouveau et c’est plutôt lui qui va raconter sa relation curieuse avec Mason depuis l’enfance puis le hasard à Rome qui l’amènera à Sambuco.

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Face aux ténèbres

L'auteur le dit lui-même: comment expliquer ce qu'est une dépression à ceux qui ne l'ont jamais vécu?

Il tente plusieurs analogies - la noyade, la suffocation, une tempête dans le cerveau, un sentiment d'effroi, une paralysie totale - mais rien n'est assez précis pour faire comprendre cet état qui s'empare de l'être en entier et qui ne lui laisse que très peu de répit. C'est à Paris, lors d'une remise de prix, que Styron prend conscience de l'étendue des dégâts, celle d'un état dépressif dajà profondément installé qu'il n'avait jusque là pas voulu accepter. Il retourne précipitamment aux Etats-Unis pour rencontrer un psy, s'enferme dans sa maison et sombre complètement en quelques semaines. Le voilà, à son tour, en proie à des idées suicidaires, après avoir vécu celles de ses amis, Romain Gary, Jean Seberg, et d'autres écrivains.

La dépression et surtout le suicide restent des sujets difficiles à aborder pour nombre d'entre nous, et c'est pour cela que Styron insiste pour en analyser les tenants et aboutissants. Dans ce court essai, il va au plus près de cette pulsion suicidaire, des instants qui précèdent la tentative, certains effets intimes qu'on jette ou qu'on chérit au contraire comme trace de ce qui bientôt ne servira plus, la lettre d'adieu, et lors de tous ces gestes, son double l'observant froidement.

Heureusement, il en réchappe, puisqu'il est là pour essayer de nous dire et peut-être, aussi, de nous sauver. Il faut une grande part de lucidité et d'empathie pour écrire un texte comme celui-ci, revenu des ténèbres.

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Face aux ténèbres

Un récit courageux et douloureux sur la grave dépression qui a littéralement terrassé l'auteur, et dont on se demande presque comment il s'en est sorti. Courageux car il n'est pas simple de se montrer sous un jour si fragile, si désemparé devant l'horreur totale de cette maladie dont le nom, nous rappelle l'auteur, évoquant un léger creux que l'on peut aisément surmonter, est loin de rendre compte.
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Le choix de Sophie

Le choix de Sophie/William Styron (1925-2006)

Ce roman de 630 pages paru en 1979 est un immense livre, une histoire bouleversante, l’œuvre d’un écrivain américain magnifique.

Stingo, le porte-parole de l’auteur est un jeune écrivain natif de Virginie en quête de gloire et d’amour.

Nous sommes alors en 1947.

Perdant son emploi chez un éditeur, Stingo s’installe pour écrire à Brooklyn dans un appartement situé juste au dessous de celui qu’occupent une femme nommée Sophie Zawistowska et un Juif américain nommé Nathan Landau.

Avant même de faire la connaissance de ses voisins du dessus, Stingo doit subir quotidiennement leurs disputes et leurs coupables ébats sardanapalesques.

Lors de la première rencontre, ce qui frappe Stingo, c’est le tatouage que porte Sophie à l’avant-bras, un tatouage stigmate du camp d’Auschwitz.

Tout au long de ce roman, on va assister à la superposition de l’amour désespéré de Stingo pour Sophie et le récit du martyre de Sophie à Auschwitz.

Stingo découvre que Nathan est un être composite, brillant et imprévisible génie, charmeur démoniaque, frénétique et attachant, généreux et chaleureux, qui pose des énigmes de personnalité plus irritantes et mystérieuses que tout ce qu’il a pu déjà rencontrer : un personnage hors-norme, un homme un peu fou qui se démarque par une prédisposition permanente à la fureur et à l’incohérence avec le côté noir et torturé de son tempérament solipsiste.

Nathan est un « être à la personnalité électrisante et impérieuse, mi magicien, mi grand frère, confident et gourou, polymathe c’est à dire qui sur tous les sujets sait beaucoup de choses, prétendant avoir été dans une vie antérieurs l’unique moine juif parmi les Albigeois, un frère génial du nom de Saint Nathan le Bon qui à lui seul avait encouragé le penchant obsessionnel de cette folle secte à l’autodestruction, basé sur la théorie que si la vie est mauvaise, il est nécessaire de précipiter la fin de la vie. » Nathan, un individu qui nous réserve quelques surprises… !

Sophie est une très belle femme, séduisante au possible, blonde au port de tête et au balancement de hanches qui ne laissent aucun homme insensible, totalement assujettie à Nathan dont elle est l’objet de plaisir et sadisme. En effet, une sorte de relation sado-masochiste s’est tacitement instaurée entre ces deux êtres inséparables.

Le trio d’amis formé de Stingo, Nathan et Sophie « pour qui la musique représente bien davantage que le boire et le manger, une drogue essentielle, quelque chose d’analogue au souffle divin. », occupe l’essentiel du livre.

Sophie qui voit Stingo célibataire lui met dans les bras la belle Leslie, l’allumeuse vierge :

« Leslie allait me fournir l’occasion, pour la première fois de ma vie, de goûter dans un climat calme et exploratoire à cette gamme d’expériences charnelles qui jusqu’alors n’avaient existé dans ma tête que comme une encyclopédie de concupiscence, immense et orgiaque, inlassablement feuilletée. »

Un rêve qui passe…

Puis Sophie fait à Stingo le récit de sa vie à Auschwitz avec Rudolf Höss. Tout le chapitre 6 est un témoignage bouleversant.

Extraits des confidences de Höss le bourreau de Birkenau :

« La haine est une émotion étrangère à ma nature. »

« J’avais reçu un ordre et mon devoir était de l’exécuter. Que cette extermination massive des Juifs fût indispensable ou non était un point sur lequel, faute d’avoir une vue d’ensemble du problème, je ne pouvais me permettre de me forger une opinion. »

« Dans l’univers des crématoires, la haine est une passion téméraire et incontinente, incompatible avec la nature routinière de la tâche quotidienne. Et surtout quand un homme a fait en sorte d’étouffer en lui ce type d’émotions perturbantes, savoir si un ordre doit être critiqué ou mis en doute devient purement académique. «

SS Hauptsturmführer Fritzsch: « Vous êtes ici dans un camp de concentration, pas dans un sanatorium et il n’existe qu’une seule sortie-la cheminée. Si certains ne sont pas contents, ils ^peuvent toujours essayer d’aller se pendre aux barbelés. Il y a des juifs dans ce groupe, eh bien, vous, vous n’avez pas le droit de vivre plus de deux semaines. Il ya des bonnes sœurs ? C’est comme pour les prêtres, vous avez un mois. Tous les autres, trois mois. »

« Ainsi la tragédie semblait se dérouler dans un état miséricordieux, d’où étaient bannis les gémissements de chagrin, les cris de terreur et d’autres bruits de cette initiation infernale. »

« À Auschwitz, dis-moi, où était Dieu ?

Réponse : « Où était l’homme ? »

Puis on fait un bon en1967, année de la composition du récit, au chapitre 9 : vingt ans ont passé et Stingo continue de fouiller dans sa mémoire…

La lecture devient alors plus délicate : il faut être attentif car la chronologie du récit fait des bonds entre passé et présent.

Il apparaît au fil des pages que Sophie en se confiant à Stingo veut oublier, veut extirper cette plaie alors que Nathan qui ignore tout ne demande qu’à connaître cet épisode.

À noter aussi les scènes d’amour assez torrides vécues par Sophie et Nathan pour qui le sexe est le sel de la vie.

Le racisme et l’esclavage sont aussi des thèmes récurrents dans cet ouvrage, antisémitisme et racisme américain nord –sud, ou à l’égard des Noirs.

« Les New-Yorkais semblent souvent enclins à considérer les gens du Sud avec une extrême hostilité ou encore avec une condescendance amusée, à croire qu’ils représentent à leurs yeux une race de vulgaires histrions. »

Dans un style simple et percutant, avec une technique narrative très au point pour distiller les intrigues avec habileté créant un suspense de tous les instants, c’est un grand roman américain contemporain à tout instant passionnant qui vous attend. Un grand roman où à chaque instant le Bien lutte contre le Mal et vice versa.

« Le mal absolu n’est jamais extirpé de ce monde. »

Le choix de Sophie : un choix inhumain demandé par l’ennemi…

À noter aussi l’excellente qualité de la traduction de Maurice Rambaud.

En 1982, l’adaptation cinématographique du livre reçut cinq nominations aux Oscars et Meryl Streep obtint l'Oscar de la meilleure actrice. Les rôles de Nathan et de Stingo étaient joués, respectivement, par Kevin Kline et Peter MacNicol.



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Le choix de Sophie

Un classique de la littérature américaine, qui attendait dans ma bibliothèque depuis de nombreuses années. Je suis contente d'avoir enfin pris le temps de le lire, même si mon ressenti final n'est pas à la hauteur de ce que j'avais espéré.

Stingo, jeune homme de 22 ans, a quitté son Sud natal pour s'installer à New York afin d'y réaliser son rêve : devenir écrivain. Mais l'argent vient vite à manquer, d'autant qu'il perd son travail dans une maison d'édition. Heureusement, un petit héritage lui permet de s'installer à Brooklyn. Dans sa pension, il rencontre un couple de trentenaire à la relation torturée et tortueuse. Sophie et Nathan. Elle est polonaise, rescapée d'Auschwitz. Lui est un jeune américain brillant, mais en proie à des sautes d'humeur incontrôlables. Deux personnalités marquées par la vie, dont l'amour réciproque les plonge souvent dans la folie. Plus il les côtoie, plus Stingo apprend à les connaître, notamment Sophie, qui se livre petit à petit sur sa vie avant et dans le camp.

La lecture de ce roman n'a pas toujours été aisée, il faut y être pleinement concentrée tant elle est parfois dense. Je l'ai par ailleurs trouvé très inégale. Si j'ai beaucoup aimé certains passages, d'autres, comme les déboires de Stingo avec sa vie sexuelle m'ont souvent lassée, car ils n'apportaient à mon sens rien au roman et à ses thématiques principales.

Une lecture en demi-teinte donc, pour ce roman d'apprentissage à l'histoire tragique et bouleversante par bien des aspects, avec des thématiques de réflexion très riches et intéressantes, mais dont les longueurs m'ont ennuyée et même parfois un peu perdue.
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Quartier des vénériens

En quête d'un théâtre contemporain, je suis tombé sur ce livre. Étant hors stock je l'ai commandé et malheureusement il est arrivé avec deux mois de retard. Malgré ce mauvais départ dans ma vie littéraire, je l'ai dégusté avec beaucoup de plaisir. Je trouve que ce texte présente parfaitement les fractures étasuniennes. Petit bémol, le traitement des chansons nécessite une cultures très solide et trop précise.
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Le choix de Sophie

LE CHOIX DE SOPHIE de WILLIAM STYRON

1947, Brooklyn, Stingo enfant du sud se sent perdu au milieu du royaume des Juifs. Il écrit des rapports chez l’éditeur Mcgrawhill, dont il se fait virer. Son père lui envoie quelques centaines de $ et il s’installe chez Yetta Zimmerman. Au dessus de sa chambre il fait la connaissance de Sophie, magnifique polonaise et rapidement de Nathan son fougueux amant, chercheur chez Pfizer, un Golem selon Morris, autre voisin. La relation avec Nathan est initialement tendue car il critique en permanence les gens du Sud qu’il assimile à des nazis. Stingo note de violentes sautes d’humeur chez lui qui s’accompagnent de coups sur Sophie. Néanmoins les trois vont développer une profonde complicité et passent toutes leurs soirées ensemble. Quand Nathan s’absente Sophie raconte son enfance à Stingo, combien elle avait des parents bienveillants et un mari qui l’aimait. Stingo de son côté enchaine les relations insatisfaisantes et il est toujours puceau! Il commence à écrire, se servant des souvenirs de Sophie qui a été détenue à Auschwitz pour une affaire de trafic de viande pour sa mère malade. Les crises de Nathan se multiplient, Larry, son frère va demander à Stingo de l’aider et lui parle de la schizophrènie paranoïaque diagnostiquée chez son frère ainsi que de son travail au laboratoire. Se voyant de plus en plus régulièrement seuls, Sophie va progressivement modifier le contenu de son récit d’enfance et de détention à Auschwitz.

Un très grand livre, dont l’adaptation cinématographique a grandement contribué à le faire connaître. Sophie, Nathan et Stingo sont des héros torturés, déchirés, broyés par leur souffrance, leur maladie et leur culpabilité. Styron, par ailleurs auteur du non moins remarquable « les confessions de Nat Turner », a habilement brouillé les pistes en mettant Sophie, polonaise catholique, enfermée à Auschwitz au milieu des juifs, maîtresse d’un Nathan, juif non pratiquant avec un Stingo, héritier du Sud ségrégationniste et esclavagiste. Ce prix national Book Award 1980 est un grand classique intemporel qui va bien au delà du choix qu’a dû faire Sophie à Auschwitz.
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Le choix de Sophie

Ce roman est la somme de tout ce que l'humanité peut avoir de plus sombre que ce soit au niveau des camps, de l'extermination et du choix que devra faire une femme, une mère, Sophie.

A travers la narration de Stingo, 22 ans, nous découvrons le couple formé par Sophie et Nathan, couple naviguant entre amour et folie. 1947, la guerre a pris fin mais laisse en chacun des cicatrices difficiles à exprimer.

Un roman exigeant et qu'il est impossible de lâcher tant l'auteur explore non seulement le Mal à l'état pur mais également comment l'être humain peut être à la fois bourreau et victime. Qu'est-on prêt à accepter pour un idéal, par amour, pour sauver sa vie ?

Et Dieu dans tout cela ?

A la fois roman d'apprentissage pour Stingo, d'amour fou entre Stingo et Sophie, psychologique et philosophique, aux multitudes clés, aux zones d'ombres se révélant peu à peu parce qu'indicibles, ce récit se veut une réflexion profonde à la fois sur une période de l'histoire dans ce qu'elle a eu de plus noire, de plus extrême et de ses conséquences sur l'être humain.

Construction parfaite entre présent, souvenirs, réalité et arrangements, aveuglement et souffrance.

On le referme sachant qu'il va longtemps nous habité, que certaines scènes vont rester gravées dans notre mémoire et que les questions n'auront pas toujours de réponses.

Difficile mais utile.
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Les confessions de Nat Turner

Comment Nat Turner, esclave, fils d’esclave, très intelligent, très adroit, réussit-il à s’élever par le savoir en apprenant à lire, à évaluer les comportements intolérables des blancs à l’égard des noirs, à trouver un appui dans une foi dévoyée, à haïr les blancs, à organiser une révolte sanguinaire et à massacrer tous les blancs du voisinage y compris une jeune fille belle, intelligente, protectrice.



Styron réussit la gageure d’habiter l’âme de ce jeune noir. Son texte est profond, très clair au plan formel.



Chef d’œuvre à placer dans la bibliothèque idéale.

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Le choix de Sophie

Stingo, jeune écrivain originaire de Virginie s’installe à New-York, Brooklin. Dans sa pension, il se lie d’amitié avec ses voisins, Sophie, une belle polonaise rescapée d’Auschwitz et Nathan, chercheur chez Pfitzer, brillant, charismatique. Le couple Sophie-Nathan connait des hauts et des bas extraordinaires.



Stingo est amoureux de Sophie, charmé par Nathan qui devient son meilleur ami. Les crises de Nathan le rapprochent de Sophie qui lui raconte sa terrible histoire et son choix.



Ce livre, passionnant, croise trois destins : celui de Stingo, de Sophie, de Nathan. Il raconte la société américaine de la fin des années 40 et des années 50, la séparation entre le nord et le sud des EU, le racisme. Il fait œuvre historique en nous décrivant Auchwitz, Rudolph Hess, la folie nazi, la Pologne.



Il nous plonge dans l’univers de la maladie mentale, avec Nathan, n’élude pas l’érotisme dans des scènes impliquant Sophie.



Le style est remarquable. Chef d’œuvre à placer dans la bibliothèque idéale.

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Des havanes à la Maison-Blanche

14 nouvelles ou articles parus dans des journaux ou des revues. Présentent un intérêt historique (Kennedy à la Maison Blanche, réception à l’Elysée du temps de François Mitterrand) ou biographique : WS croyant pendant plusieurs semaines qu’il a la syphilis, James Baldwin, Truman Capote, amis de WS, promenades de WS dans le Connecticut.



Comme souvent avec S, c’est fin, profond, élégant. Mais, il est à la fin de sa vie, il connait la gloire, on le sent satisfait de lui, en particulier quand il relate son invitation par François Mitterrand. Il se considère comme un des grands de la littérature mondiale, ce qui est moins fin. Mais c’est excellent.

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le choix de sophie

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