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Critiques de William Styron (188)
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Le choix de Sophie

Ce choix impossible. Elle a dû le faire et son âme s'en est allée. Récit terrible
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Le choix de Sophie

Styron livre une histoire qui pourrait se résumer en une phrase tant elle est simple. C'est là, assurément, la grande force de ce roman.

Stingo, Sophie et Nathan ; Brooklyn, 1947. L'histoire d'une rencontre qui viendra ébranler les uns et les autres.

Les personnages sont savamment construits et l'analyse psychologique finement menée. Il n'y a qu'à se laisser porter.
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Les confessions de Nat Turner

Dangereux psychopathe ou héros de la lutte contre l'esclavage ? Chantre mystique ou fou illuminé ? La personnalité complexe de Nat Turner soulève de nombreuses questions et a notamment inspiré l'écrivain William Styron qui a publié "Les confessions de Nat Turner" en 1967.



Nat Turner est un esclave rebelle ayant réellement existé. C'est en 1831, alors âgé de 31 ans, que cet homme très pieux et très intelligent, esclave dans le comté de Southampton en Virginie, lance une véritable insurrection contre la domination des maîtres blancs à la suite de l'une de ses visions (hallucinations ?) mystiques. Pendant deux jours, à la tête d'une soixantaine d'hommes, il met à feu et à sang toute la région, tuant hommes, femmes et enfants blancs, faisant une soixantaine de victimes. Il s’agit du plus grand nombre de morts à se produire dans un soulèvement avant la guerre de sécession dans le sud des Etats-Unis. C'est finalement une milice deux fois plus puissante que la faction d'esclaves révoltés qui finit par mettre fin à ses agissements. Mais Nat Turner restera lui caché pendant deux mois avant d'être arrêté, jugé et pendu avec dix-huit de ses complices. Entre temps, sa révolte aura entraîné des dommages collatéraux puisque des centaines d'esclaves noirs, innocents, seront pendus en guise de représailles. Sa révolte aura également fait trembler d'effroi les populations blanches et entraîné un durcissement des lois esclavagistes.



Cet épisode historique sanglant et véridique ne pouvait qu'inspirer un écrivain (et plus récemment donner lieu à un film), d'autant plus que Nat Turner a pu livrer ses confessions avant son exécution à un avocat, Thomas R. Gray, dans la prison où il était détenu. C'est donc à partir d'une source historique que William Styron a rédigé son roman, y ajoutant bien entendu sa touche personnelle et soulevant au passage de nombreuses polémiques. Il fait ainsi de Nat Turner, ainsi que de ses comparses, des obsédés sexuels, n'hésitant pas à décrire une scène où l'esclave noir viole la maîtresse blanche, un mythe raciste souvent véhiculé et destiné à montrer le Noir comme un monstre pervers assoiffé de la chair des vierges blanches.



Ce qu'il me reste pour ma part de ce roman est l'image d'un personnage extrêmement intelligent, fourbe et violent. L'image aussi d'une épopée mystique et sanguinaire, révélant au demeurant une société blanche cruelle et corrompue. "Les Confessions de Nat Turner" est un roman brutal et perturbant. On ne sait ce qui nous choque le plus, la violence des rebelles assoiffés de sang, de haine et de sexe ou la veulerie et la bassesse des Blancs.



Nat Turner demeurera sûrement insaisissable à jamais.

Un grand livre, à l'image de son auteur.

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Le choix de Sophie

Sophie, femme non pas juive, mais catholique s'est retrouvée presque par erreur internée au camp d’Auschwitz. Tout le long du livre elle égraine son récit tout en mentant par moment, tout en omettant de tout dire... de dire le plus difficile, le plus indicible qui vient finalement à la fin. On est donc happé par cette histoire, sa personnalité fragile et trouble.

Parallèlement, il y a aussi son histoire avec Nathan, un juif américain (qui n'a donc pas connu les camps). Une relation masochiste puisqu'il passe d'amoureux transit à bourreau (violences physiques et psychologiques) qu'elle accepte comme pour expier...

Et puis il y a notre narrateur, Stingo, qui forme une relation triangulaire avec eux : amitié/amour caché. Mais qui pour moi n'a aucun intérêt (notamment tout ce qui concerne ses délires sexuels frustrés).

Donc voilà un livre vraiment déconcertant, la noirceur absolue du camp, les violences conjugales, et puis des scènes de sexe très crues qui parasitent l'histoire. Malgré tout, on a envie de le lire jusqu'au bout.

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Face aux ténèbres

Très bon livre pour qui veut comprendre ce qu'est la dépression. En une centaine de pages d'une écriture claire, Styron nous fait part de sa lutte contre cette maladie.
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Face aux ténèbres

Avec une grande pudeur, une franchise assez bluffante, William Styron nous parle d'une compagne de toujours... la dépression. Et de ce qui l'accompagne, l'alcool, le suicide...



Il l'avoue sans ambage, il est familier de tout cela. Ce n'est pas à proprement parler un ouvrage scientifique, mais sa démarche est clairement logique, méthodique, pragmatique.



Il part d'une expérience personnelle, pour dériver sur la mélancolie, ses conséquences dramatiques, familiales, professionnelles... et le suicide. Il va citer ses mentors, et se rendre compte que, finalement, ils ont vécu ce qu'il a vécu aussi. Il retrace son parcours et nous montre à quel point la dépression est ancrée en lui, dans son oeuvre.



Il ne cherche pas d'excuse. Il ne peint pas tout en rose ou en noir. Il progresse tout en nuances. Il y a une porte de sortie. Oui. Il faut la trouver. Et il replace l'humain au centre des thérapies et de la pharmacopée d'usage.



C'est beau, même si le mot semble déplacé sur un tel sujet, car c'est vrai, sincère, honnête, sans fards. Et magnifiquement écrit, avec une économie de mots. Sans redondance. Sans effet de manche.
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Le choix de Sophie

Livre volumineux, écriture dense et intense. Notre cerveau est constamment en ébullition car il faut suivre, ne pas décrocher, ne pas se perdre dans les longues phrases très stylées, très rythmées. Un grand coup de chapeau au traducteur qui a remarquablement su conserver la puissance des mots et la qualité littéraire.

Ecrit fin des années 70, Le choix de Sophie a fait entendre une voix jusqu'alors muette ou inaudible : celle des rescapés de l'enfer des camps d'extermination. Les pages consacrées à ce sujet sont sidérantes, bouleversantes, inconcevables.

Ce roman, c'est également l'histoire de ce "ménage à trois", la rencontre de ces jeunes gens à Brooklyn après guerre. Sexe, drogue et... musique classique! ...je t'aime, moi non plus...

Sophie, trop déglinguée de l'intérieur pour pouvoir se projeter dans le futur choisit l'anéantissement incarné par Nathan plutôt que la vie sage et paisible que lui propose Stingo.

Silliam Styron ne fait pas dans la dentelle. Nul doute qu'il a dû "choquer" plus d'un lecteur par le style cru avec lequel il aborde le thème de la sexualité, pulsion vitale, moteur crucial de l'existence, donc pas de place à la pudibonderie et aux scènes gnangnan!

De la vraie bonne littérature. A lire sans retenue, mais avec une bonne dose d'énergie et d'attention.
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Le choix de Sophie

Tu regardes la taille et tu te dis : « est-ce que le film a mal vieilli, me semble que je sauverais du temps ». Mais en fait, je te le dis, ne te pose pas la question. Prends le livre et lis. Découvre un Stingo malhabile. Ris au début, beaucoup. Puis découvre les autres personnages. S'installe l'inquiétude, le doute. Contemple aussi, si tu le peux. Pleure peut-être devant le drame décrié dans le titre. Laisse de côté les polémiques entourant la ségrégation et les descriptions sexuelles trop osées. Laisse-toi bercer par la plume de Styron. Referme-le, finalement, pour avoir le goût d'y replonger. Chapeaux bas messieurs.
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Le choix de Sophie

Lu sur les Conseils d'une réceptionniste dans un hôtel à Paris où j'effectuais mon premier stage. Je ne connaissais pas William Styron, mais la description du bouquin qui m'a été faite était si convaincante que je n'ai eu de cesse de l'acheter et de le lire. Et là... le choc, la rencontre, la découverte, la révélation comme il n'en arrive pas si souvent : j'étais en train de lire quelque chose de majeur, un chef d'oeuvre que je relierai plus tard que ce jour de 1981 et qui me laisserait une empreinte indélébile, tout comme Belle du Seigneur, American Psycho, l'enfant éternel et réparer les vivants. Sophie et son histoire, je ne les oublierai jamais.
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Le choix de Sophie

Ce livre a longtemps fait partie pour moi des grands classiques dont j'avais toujours entendu parler sans avoir jamais pris le temps de les lire, chose à laquelle il me fallait remédier ... Et, à vrai dire, j'ai éprouvé quelques difficultés à entrer sérieusement dans celui ci. J'ai trouvé l'entrée en matière très longue et ai eu du mal à m'habituer à l'écriture de W. Styron. Cependant, il faut reconnaître que les sujets ici abordés le sont avec une réelle justesse, ce qui, au vu de leur gravité, n'est pas forcément évident.

Selon moi, c'est un livre très lourd, tant sur le fonds que sur la forme. Les problématiques y sont presque toujours tragiques et l'ambiance donc assez pesante. On en garde un goût amer en bouche, mais uniquement parce que tout cela ne fait que nous rappeler une Histoire pas si ancienne et qu'il est d utilité publique de ne pas oublier ...
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Le choix de Sophie

C’est bien d’un choix dont il s’agit dans ce livre. L’indicible choix qu’on imposa à Sophie, polonaise, mère de deux enfants, non juive, et pourtant internée à Auschwitz. Bien pire qu’une balle ou…autre chose, cet acte l’a détruite petit à petit, insidieusement, inexorablement, et bien au-delà de la fin du conflit.

Au sortir de la guerre, en 1947, Sophie vit en Amérique dans un quartier de Brooklyn. Son déplorable état de santé, dû à son internement au camp, est à l’origine de sa rencontre avec Nathan, biologiste ayant un frère médecin. Commence alors entre eux une belle histoire. Cela fait un an qu’ils sont ensemble lorsque Stingo, jeune gars du Sud et narrateur, fait leur connaissance en venant s’installer dans la pension où ils résident. Stingo, comme la plupart des hommes, tombe immédiatement amoureux de Sophie, mais il se rend à l’évidence, ces deux- là sont liés par quelque chose de si intense qu’il ne fait pas le poids. Ils forment bientôt un trio inséparable, car Stingo éprouve rapidement pour Nathan une amitié très forte. Pourtant, il va être le témoin de plusieurs disputes aussi soudaines que violentes. Nathan, qui est juif, révèle lors de ses crises de folie furieuse son sentiment de persécution, sa peur et son dégoût de l’antisémitisme, et s’en prend à Sophie qu’il accuse d’avoir usé de moyens pervers pour se sortir d’Auschwitz. Malgré sa terreur, celle-ci ne peut se résoudre à le quitter.

Rongée de remords et de culpabilité depuis son séjour à Auschwitz, Sophie accepte la folie de Nathan comme pour expier ses fautes et ce qu’elle désigne comme sa lâcheté. La spirale destructrice est en marche, rien ne l’arrêtera, pas même le pauvre Stingo, si désespérément dévoué à son couple d’amis.

Une bien triste histoire, mais magistralement écrite, qui souligne ce que cette guerre infiltra de poison dans le cœur des gens qui y furent mêlés, dans un camp comme dans l’autre, et qui continuèrent d’en souffrir bien après l’arrêt des combats.

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Le choix de Sophie

déchirant et cruel mais plus fort que Meryl Streep pourtant au sommet de la retenue
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A tombeau ouvert : Cinq histoires du corps ..

Je vais commencer ma nouvelle chronique par les remerciements en rigueur envers Gallimard (Folio) et livraddict qui m'ont gentiment offert se livre dans le cadre des partenariats du vendredi sur le site et donc permis de découvrir un livre que je n'aurais peut-être pas lu autrement, car ce n'est pas vraiment le genre que j'achète en ce moment. Ce fait ma 3e chronique pour livraddict et j'espère vraiment être à la hauteur pour en faire encore énormément.









"À tombeau ouvert" est un livre posthume de l'auteur américain William Styron qui est mort en 2006, qui est un recueil de 5 nouvelles inédites ou réédité s'inspirant de l'expérience de l'auteur dans le corps des marines. Un sujet bien poignant a priori et qui devrait être intéressant!









J'ai été attirée par le sujet d'après-guerre qui m'intéresse pas mal malgré le résumé et la couverture qui me semblait assez bof. J'aurai dû m'en tenir à ma 1re idée sur la couverture et ne pas me lancer dans cette lecture, car au final je n'ai pas apprécié ce livre qui n'entre pas du tout dans mon genre personnel, il m'a pas envouté du tout. J'ai eu du mal à entrer dans les histoires à cause d'un style d'écriture que je trouve un peu ennuyeux malgré le style simple et efficace les phrases sont assez longues, voir trop longue.









Le livre cherche à nous plonger dans les tourments des militaires tiraillés par leurs sentiments, dans le monde des Marines américains de l'après-guerre dans un univers militaire qui pourrait parfois nous surprendre mais je ne suis pas fan. Bon après ça reste une histoire de genre perso, il pourrait donc plaire à d'autre lecteurs.
Lien : http://books-story.skyrock.c..
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Le choix de Sophie

Stingo, un jeune écrivain issu du vieux sud des Etats-unis en mal d'inspiration fait dans son piteux logement de New-York la rencontre de Sophie,une polonaise catholique rescapée d'Auschwitz-Birkenau qui vit une passion orgiaque et destructrice avec Nathan, un juif charismatique et déséquilibré psychiquement. Il y a entremêlement narratif entre l'expérience New-Yorkaise de Stingo et l'évocation de l'univers concentrationnaire et de la vie polonaise de Sophie. On ressent à la lecture de se livre une tension continue, car on devine que Sophie a un lourd secret fait de souffrance et de culpabilité, ce qui nous tient en haleine jusqu'à la fin malgré la longueur de ce dernier. Ainsi ce reflète le mal de l'intolérance sous toutes ses formes dans une oeuvre émouvante et poignante où se superpose autobiographie et évocation historique. Un roman coup de poing.
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A tombeau ouvert : Cinq histoires du corps ..

Voici un recueil de nouvelles assez décevant au vue de la description réalisé en quatrième de couverture.

Ne vous attendez pas à une description de combats, ici il est surtout question d'une critique envers les Marines. Malgré mes attentes, je suis tout de même surpris de cette critique, assez pertinente envers l'armée. Il s'agit du témoignage à proprement parler. Ce livre permet de casser l'image tout à fait méliorative décrite par de nombreux américains, et pour cela, ce livre peut être recommandé, mais ce n'est pas une priorité.
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Le choix de Sophie

"Le choix de Sophie" est un livre étonnant notamment par le fait qu'il fait se côtoyer dans un même récit-fleuve des scènes légères et parfois torrides de la vie de 3 jeunes gens à New-York en 1947 et des scènes terribles des camps de déportation nazis (Auschwitz-Birkenau). Le récit s'avère prenant et envoûtant, même si on aurait parfois aimé (surtout dans la première moitié du livre qui comporte au total pas moins de 920 pages) que l'auteur se fasse un peu moins disert et qu'il sache abréger la description de certaines scènes. J'avoue qu'au bout de 300 ou 400 pages j'ai failli arrêter ma lecture mais au final, je ne regrette pas d'avoir poursuivie car les dernières 200 pages sont vraiment passionnantes. Je salue tout particulièrement l'art de la construction du récit dont fait preuve ici William Styron.
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Le choix de Sophie

Le livre le PLUS bouleversant qu'il m'est été de lire..... (Bien avant d'être maman!)
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Le choix de Sophie

J'ai lu toutes les critiques "babeliotes" concernant ce chef d'oeuvre et je souhaite simplement ajouter mon grain de sel aux excellents avis que j'ai pu glaner, sans pour autant raconter le roman, ce qui a déjà été fait ici.

Oui, le choix de Sophie exige du lecteur son attention totale. Par son écriture si dense, par sa construction si élaborée, par la noirceur de son propos, par l'intensité de certaines scènes quasiment insoutenables...

Oui, le choix de Sophie exige du lecteur que l'on accepte les digressions de Stingo. Mais ces digressions sont partie intégrante de cet ouvrage et il est vrai que les réjouissantes aventures du jeune homme avec les fausses délurées et vierges folles qu'il rencontre (pauvre Stingo! malheureux puceau !) offrent une bouffée d'air frais à l'atmosphère insupportable de noirceur dans laquelle se débattent les trois protagonistes du "Palais rose" de Yetta.

Car oui, les diverses confrontations entre les trois personnages : Nathan/Sophie, Nathan/Stingo et Sophie/Stingo emmènent le lecteur dans un univers étouffant et de plus en plus noir au fur et à mesure de la conscience prise, en avançant dans le roman, de l'horreur du vécu de Sophie, de l'état mental de Nathan, cet homme si brillant, si intelligent, si chaleureux, mais aussi cet humain totalement désaxé et profondément malade, qui, in fine, ne peut qu'anéantir Sophie, ce dont elle est parfaitement consciente, qu'elle accepte et qu'elle désire même, peut-être !



Le choix de Sophie est un ouvrage absolument magistral qui, à travers le personnage de Sophie, nous plonge dans tout ce que l'esprit humain peut véhiculer d'espoir, de foi, de naïve croyance (due à la jeunesse de Sophie, lorsqu'elle conte ses souvenirs d'adolescente), puis de désespérance lors de sa descente en enfer, lorsqu'elle arrive dans l'abomination sur terre, Auschwitz, dirigée par cet homme, Rudolf Höss, enfin de dégoût de soi et d'un sentiment morbide d'insurmontable culpabilité pour avoir dû faire le choix horrible auquel on l'a forcée, lors de son arrivée au camp. Ce choix que l'on n'apprend qu'à la fin, tant Sophie rechigne à faire remonter au grand jour cet épouvantable épisode de sa vie !



Mais, penchons-nous un peu sur les rapports que Sophie est très brièvement amenée à entretenir avec Rudolf Höss.

Le commandant du camp s'avère être le parfait représentant de ces nazis, absolument obéissants aux ordres, totalement dénués du moindre esprit de contestation, un homme, même pas monstrueux, au sens où on peut l'entendre d'un esprit malade. Non, Rudolf Höss n'est pas malade, il est simplement complètement et indéfectiblement dévoué à une idéologie dévoyée. Il ne se pose pas de questions. Il accomplit son travail. Il obéit. Est-il taré ou simplement obéissant aux ordres d'une hiérarchie dépravée ? (A lire à ce sujet, ses mémoires ou les souvenirs romancés écrits par Robert Merle, dans "la mort est mon métier".) Ce qui rend cet homme, au demeurant correct et courtois, absolument épouvantable, c'est qu'il agit tout simplement comme un ordinateur qui applique un programme.

Et que peut bien faire Sophie, face à Rudolf Höss ? elle veut, elle essaie de sauver son fils. Son fils, ce garçon blond, aussi aryen que n'importe quel nazi de bonne souche pourrait le souhaiter, elle souhaite, pour le sauver, le faire intégrer au programme du "Lebensborn" (programme inventé par les nazis pour intégrer à la "race des élus" des enfants blonds aux yeux bleus, dignes de représenter la race des seigneurs, c'est à dire eux-mêmes et de répandre à travers le monde les vertus de la race aryenne !).

Alors Sophie tente de sauver son enfant et pour ce faire n'hésite pas à tenter de séduire Rudolf Höss.



Enfin, évoquons brièvement le rapport que Sophie entretient avec la musique qui la préserve de la folie durant la guerre à Varsovie et pendant son incarcération. Cette musique, qui occupe une si grande place lors de sa confrontation avec Rudolf Höss, lorsqu'elle perçoit brièvement quelques notes de la Création de Haydn. Ces notes, pour elles sublimes, lui donnent le courage d'entreprendre sa démarche désespérée auprès du Commandant.

La musique, oui, la musique, seule alternative à la folie. La musique ? elle est née dedans. Elle joue d'un instrument.

Et c'est encore la musique qui la soutient ensuite, après Auschwitz, dans le long parcours de sa réadaptation à la vie. Et ce que Nathan lui offre, entre autres choses importantes, c'est l'accès à la musique, Bach, Mozart et Vivaldi, qu'elle écoute avidement, du matin au soir dans la chambre du Palais Rose....



Bon, je vais m'arrêter là ! Je n'avais pas l'intention d'écrire un aussi long billet et il y a encore tant et tant de choses à dire... une seule encore, une seule, lisez ce livre exceptionnel !



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Le choix de Sophie

Je suis passée à côté du film et du roman.

Un trou dans la raquette de ma modeste culture littéraire.

Une lecture difficile.

D'abord car l'écriture en est complexe.

Des phrases si longues que les soirs de grande fatigue j'arrive au point final et réalise que je me suis perdue en chemin (et rebelote !).

Ensuite parce qu'il donne le vertige... comme une chute dans un puit sans fond.

Le temps d'un été puis d'un automne, on plonge à la suite d'un fascinant trio (Sophie, son Amant et le jeune Stingo) dans l'Histoire et leur histoire.

On descend par paliers successifs dans l'indicible noirceur de l'Holocauste et des camps de la mort, aux frontières de la folie, jusqu'à l'impossible choix de Sophie.

Je viens de terminer ce roman. J'en suis encore toute frissonnante.

Si vous ne l'avez pas encore lu, ajoutez le sans tarder sur votre PAL.

Il est incontournable.
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Le choix de Sophie

Stingo, un jeune sudiste débarqué à New-York dans l’espoir d’y faire une carrière d’écrivain, travaille dans une maison d’édition. Pour manger et payer son loyer, il prépare des fiches de lectures sur les manuscrits reçus dont aucun ne trouve grâce à ses yeux, ce qui lui offre un exutoire bienvenu à sa propre frustration de ne pas voir son talent reconnu à sa juste valeur.



Sophie est une jeune polonaise, catholique, débarquée à New-York à la fin des années 40. A des fins alimentaires, elle exerce sans passion le métier de secrétaire médicale chez un chiropracteur juif d’origine polonaise. Un jour, en se rendant dans une bibliothèque, elle fait un malaise et est recueillie par Nathan, juif, dont la profession exacte fait partie des mystères de l’histoire.



Sophie, Stingo et Nathan, voici le trio qui va accompagner le lecteur au fil d’une remontée tortueuse et tumultueuse dans la mémoire et la conscience de Sophie, jusqu’à découvrir quel est ce choix, Le Choix, que Sophie a été amenée à faire et que, depuis lors, elle essaye d’enterrer au plus profond d’elle-même.



L’auteur nous conduit sur ce parcours tortueux avec une fluidité déconcertante. Page après page des bribes, des indices apparaissent. Il est question d’un village en Pologne, dans lequel il s’est apparemment passé des choses Ozieviczm. Un tatouage sur le bras avant droit de Sophie. Oui, c’est bien d’Auschwitz que Sophie est une survivante et dont elle va, petit à petit, dévoiler les souvenirs.



En parallèle, les relations entre Sophie, Stingo et Nathan sont complexes, parfois violentes. Amour-haine, admiration-rejet, amant-confident, toutes les combinaisons ou presque sont explorées avec Stingo cherchant sa voie et découvrant sa sexualité, Sophie essayant d’oublier le passé et Nathan un brin bipolaire.



William Styron réussi avec brio une œuvre de fiction juxtaposant la Shoah et une trame narrative complexe impliquant les trois jeunes protagonistes et traitant de sujets beaucoup plus légers que sont l’amitié, l’amour et la sexualité.



Quelle surprise de passer, presque sans s’en rendre compte, d’une scène érotique à un souvenir d’une violence indicible. Je me souviendrai de cette lecture encore longtemps.
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