Citations de William Wilkie Collins (453)
Le malheureux a reconnu l’air et, quand j’ai ôté mon chapeau pour le saluer, il a regardé ailleurs. Il est bien étrange, dans un monde qui croule sous le péché et le chagrin, de traiter aussi sévèrement cette peccadille d’un pasteur sifflant un air profane ! – il repoussa son assiette, puis reprit sur un ton moins léger : Je n’ai jamais compris pourquoi nous devrions nous présenter aux autres hommes comme les membres d’une caste particulière – des individus auxquels il serait interdit, en toute chose vénielle, d’agir comme le commun des hommes.
– Ne me parlez pas des journaux ni de la guerre ! s’écria Lady Janet dans une soudaine explosion de colère – une colère qui, cette fois, n’était pas feinte. Je déteste les journaux ! Ils n’ont pas le droit de pénétrer sous ce toit. C’est sur eux que je rejette toute la responsabilité de ce carnage entre la France et l’Allemagne.
Horace ouvrait de grands yeux étonnés. À l’évidence, la vieille dame parlait sérieusement.
– Mais que dites-vous ? Les journaux seraient responsables de la guerre ?
– Entièrement responsables. Vous ne voyez donc pas clair dans l’époque qui est la vôtre ! Est-ce que quiconque fait quoi que ce soit de nos jours – y compris se battre – sans souhaiter que cela soit mentionné dans la presse ? Je souscris à une œuvre de bienfaisance ; vous recevez un témoignage d’estime ; il fait un sermon en chaire ; nous subissons une injustice ; vous faites une découverte ; ils vont se marier à l’église. Et je, vous, il, nous, vous, ils, tout le monde veut une seule et même chose : que cela figure dans les journaux. Les rois, les militaires et les diplomates font-ils exception à la règle commune de l’humanité ? Que non pas ! Je vous le dis tout net : si les journaux européens avaient tous décidé de ne pas faire le moindre cas de la guerre entre la France et l’Allemagne, j’ai la ferme conviction qu’il y a beau temps que cette guerre se serait arrêtée faute d’encouragements. Que la plume cesse de faire de la réclame pour le glaive, et je vois d’ici le résultat : pas de comptes rendus, pas de combats.
Notre physique, je crois, influence plus qu’on ne le pense généralement nos actes, le cours de notre vie et le jugement porté sur nous par autrui. Un homme doté d’un système nerveux très délicat parle et agit souvent de telle sorte qu’il se déprécie à nos yeux d’une manière exagérée. Pour son malheur, il se montre constamment sous son plus mauvais jour. Au contraire, un homme aux nerfs très solides possède un fonds de santé et de robustesse qui se manifeste à son avantage dans toutes ses manières et qui nous amène faussement à croire qu’il est réellement ce qu’il paraît. En effet, doué d’une bonne vitalité, il est d’humeur gaie ; et sa gaieté le rend sympathique à tous ceux qui l’approchent, alors qu’il peut cacher constamment sous une apparence physique très saine une âme moralement gangrenée.
– C’est drôle de vous voir déprimé, lui dis-je. Le soir où vous avez interrompu Mr Finch dans sa lecture de Hamlet, vous sembliez posséder un fonds de gaieté inépuisable.
Il secoua le bout de son cigare et eut un rire amer.
– Nous autres artistes, nous touchons toujours aux deux extrêmes.
Nous ne sommes pas toujours (puis-je vous le rappeler ?) conséquents avec nous-mêmes. Les plus intelligents peuvent parfois sombrer dans l'ineptie – de même que les sots ont quelquefois des éclairs de génie.
Tôt ou tard, une peine de cœur vient faire payer aux âmes sensibles comme la mienne le privilège d'aimer.
Nous nous assîmes côte à côte. J’avais bien devant moi le plus singulier mélange de contradictions que j’eusse jamais vu chez un être humain. Lorsqu’il avait un de ces accès de colère auxquels il était si prompt, vous auriez cru avoir affaire à un tigre. Puis, lorsqu’il se radoucissait et retombait dans son calme ordinaire, vous l’auriez trouvé, de manière tout aussi véridique, doux comme un agneau.
Néanmoins je persistai dans ma mauvaise opinion sur ce personnage. Comme j'aurais pu le lui dire, la question qui nous divisait était celle de croire ou de ne pas croire à la lettre du négociant de Londres. Pour elle, sa richesse était une garantie suffisante d'honorabilité. Mais pour moi, en bonne socialiste, c'était un mauvais point contre lui. Un capitaliste est un voleur tout autant qu'un faux-monnayeur. Que le capitaliste recommande le faux-monnayeur ou le faux-monnayeur le capitaliste, c'est pour moi blanc bonnet et bonnet blanc. Dans les deux cas, pour citer une excellente pièce anglaise, les honnêtes gens sont les coussins moelleux sur lesquels ces canailles viennent se prélasser et s'engraisser.
Ou qu’elle aille, quoi qu’elle fasse, cela se terminerait toujours de la même façon... l’ombre de l’ancienne disgrâce l’environnant comme une pestilence, l’isolant des autres femmes, la marquant, alors même qu’elle avait gagné son pardon au regard de Dieu, d’une disgrâce indélébile aux yeux des hommes...
Un homme s'encadra sur le seuil.
Il ne s'agissait ni d'un gentleman, ni d'un ouvrier, ni d'un domestique. Il était fort mal vêtu de drap noir lustré. Plutôt que d'épouser sa silhouette, sa redingote tombait comme si elle avait été accrochée à un cintre. Son gilet était trop court et trop juste. Son pantalon ressemblait à une paire de sacs noirs informes. Il flottait dans ses gants, et ses bottines crissaient détestablement à chacun de ses déplacements. Son oeil avait quelque chose d'odieusement pénétrant - un oeil qui paraissait habile à épier par les trous de serrure. Ses grandes oreilles, orientées vers l'avant comme celles d'un singe, plaidaient coupables de la mesquine habitude d'écouter aux portes.
J'étais la proie d'une angoisse et d'un sentiment d'horreur qu'aucune pensée ne justifiait et qui n'en faisait surgir aucune, comme si toute capacité de raisonnement eût été paralysée en moi.
Dans toutes les classes de la société, la reconnaissance est la plus rare des vertus.
Que n'en avais-je fini avec l'amour et ses tourments, ses délices passagères, ses peines cruelles et ses douteux avantages ?
Je puisais inconsciemment dans l'intarissable provision d'indulgence qu'une femme a toujours en réserve pour un homme qui prétend avoir besoin d'elle.
Qu'avais-je fait ? Aidé à fuir la victime d'un horrible emprisonnement injustifié, ou abandonné aux hasards de la grande ville une pauvre créature incapable de se diriger ? Je n'osais y penser.
From that time, Marian, I never checked myself again in thinking of Walter Hartright. I let the memory of those happy days, when we were so fond of each other in secret, come back and comfort me. What else had I to look to for consolation? [...] I used to think of him when Percival left me alone at night to go among the Opera people. I used to fancy what I might have been if it had pleased God to bless me with poverty, and if I had been his wife. I used to see myself in a neat cheap gown, sitting at home and waiting for him while he was earning our bread - sitting at home and working for him and loving him all the better because I had to work for him - seeing him come in tired and taking off his hat and coat for him, and, Marian, pleasing him with little dishes at dinner that I had learnt to make for his sake. Oh! I hope he is never lonely enough and sad enough to think of me and see me as I have thought of him and see him !
Women can resist a man's love, a man's fame, a man's personal appearance, and a man's money, but they cannot resist a man's tongue when he knows how to talk to them.
Where is the woman who has ever really torn from her heart the image that has been once fixed in it by a true love?
Were we two following our widely parted roads towards one point in the mysterious future, at which we were to meet once more?
Magdalen écrit : Je pense, ma chérie, qu'une femme ne peut savoir jusqu'à quel point elle s'est donnée à l'homme qu'elle aime, avant que cet homme se soit mal conduit envers elle.