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Critiques de Xavier Salmon (7)
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Maurice Quentin de La Tour : Le voleur d'âmes

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« On voit, on sent, on croit aller toucher tout ce qu'il peint. C'est du velours, c'est une pelisse, c'est de la gaze ; il n'est pas possible que ce ne soit qu'une imposture de couleurs"



Incontestablement, il s'agit d'un beau livre consacré au meilleur pastelliste du 18ème siècle en France.



Depuis la visite de la brillante vénitienne Rosalba Carriera à Paris en 1720, Quentin de la Tour se convertit définitivement à cette technique de la poudre de craie, lumineuse et veloutée. Il faut dire que la Rosalba savait se mettre en valeur. Un amateur d'art décrit ce qui va le distinguer de la plupart des autres pastellistes du siècle : ne pas se contenter de fixer la ressemblance mais laisser apparaître l'âme du modèle.



À la suite de son agrément le 25 mai 1737 à l'Académie royale de peinture pour plusieurs de ses ouvrages, l'Académie demande à Maurice Quentin de la Tour différents portraits comme morceaux de réception. Il expose son superbe « Autoportrait à l'oeil-de-boeuf ou à l'index » qui le montre de face, rieur. Et « Mademoiselle de la Boissière » une jolie demoiselle de 16 ans, un sourire malicieux, des yeux noirs semblant se moquer du peintre en train de la portraiturer.



Il valait mieux être en bon terme avec le roi et la cour. En 1748, à son apogée, La Tour peint Louis XV et la famille royale. Toute la qualité des pastels de la Tour apparaît dans le portrait de « Marie Leszcynska, reine de France ». Un chef-d'oeuvre. de cette épouse de Louis XV, qui se sait pas très belle, il fait un portrait exceptionnel. La qualité technique de la robe à damiers et rubans est superbe, mais l'essentiel est dans la représentation que l'artiste fait de la reine. Contrairement à d'autres peintres qui avaient peint la reine, La Tour, dans les gestes, l'ovale de la figure avec un large front, cet air affable, avait su exprimer la gentillesse, la bonté qui se dégageait de cette femme de 45 ans. L'âme du modèle…



L'oeuvre la plus célèbre des pastels du 18e en France est peinte par Maurice Quentin de la Tour. Il s'agit sans conteste de « Jeanne Antoinette Lenormant d'Étiolles, marquise de Pompadour », qui a été restaurée récemment. Ce tableau reste un des chefs-d'oeuvre du pastel et de l'art français :

Compte tenu du format exceptionnel du portrait, La Tour n'obtint de la marquise que quelques séances de travail en sa présence afin de fixer le plus important : les traits du visage. Ainsi, l'artiste pouvait terminer le tableau dans le calme de son atelier et ne pas importuner le modèle en le laissant poser trop longtemps, et la marquise pouvait être impatiente.

Le peintre avait une technique bien à lui qu'il utilisait parfois pour les grands formats. Il s'agissait là d'un travail d'une grande précision dans lequel le peintre excellait. Il préparait le portrait en faisant des croquis rapides au pastel, généralement en série sur des feuilles de papier, destinés à trouver le cadrage et l'éclairage mettant le mieux en valeur son sujet. D'ailleurs souvent seules ses préparations étaient conservées.

Gonflé cet homme ! La Tour ose placer le livre de l'Encyclopédie de Diderot sur la console derrière la marquise dans le tableau. Il prenait un risque en provoquant le roi qui n'aimait pas ce livre dont les premiers volumes avaient été interdits en 1752 car certains textes défendaient des idées contraires à la religion et à l'autorité des rois. Peut-être l'idée de mettre le livre à la hauteur de la tête de la marquise sur la toile venait-elle de celle-ci qui manifestait ainsi sa liberté de penser.



A bientôt 60 ans, La Tour peint pour la première fois un enfant, le tout jeune prince, futur Louis XVIII qui a belle allure sous le crayon de l'artiste. Il représente aussi son vieil ami Chardin en bourgeois élégant, la perruque poudrée, l'air satisfait.



En 1763, il confesse sur la difficulté de peindre au pastel :

« Il faudrait être à ma place pour sentir les efforts que je fais pour mettre une figure et une tête ensemble dans les règles de la perspective. Les angles sont si courts que la personne qu'on peint de près ne peut pas regarder des ses deux yeux à la fois l'oeil du peintre. Ils vont et viennent sans jamais être ensemble. C'est pourtant de leur parfait accord que résultent l'âme et la vie du portrait. de la naissent les inquiétudes qui occasionnent tant de changements qu'ils font passer le malheureux peintre pour fou ou tout au moins capricieux, fantasque… »





Par son talent et une incontestable maîtrise technique, Maurice Quentin de la Tour se placera au premier plan de l'art européen sous Louis XV.



https://www.wikiart.org/fr/quentin-de-la-tour/jeanne-antoinette-poisson-marquise-de-pompadour



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Pastels in the Musée Du Louvre: 17th and 18th..

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« PASTELS du Musée du Louvre 17e et 18e siècles » est l'exposition phare du Louvre en 2018.

Le Louvre a la chance de posséder la plus importante collection mondiale de pastels des 17e et 18e siècles : 156 pastels du siècle des lumières. le magnifique catalogue montre des reproductions d'une qualité exceptionnelle.

Trois critiques me seraient nécessaires pour décrire les peintres pastellistes du 17e et 18e siècles… Je suis donc contraint de laisser de côté les pastels du 17e pour concentrer cette unique critique sur le 18e siècle, le siècle d'or du pastel en France, dans lequel les plus grands pastellistes évoluèrent.



Rosalba CARRIERA

La « Rosalba »... Lors de son passage à Paris en 1720 le tout Paris veut connaître cette femme pastelliste, une vénitienne, ancienne dentellière, dont la réputation a franchi les frontières. Elle enthousiasme les peintres français. Sa principale qualité de pastelliste : un style spontané qui lui permet de saisir la dominante de l'apparence de ses modèles directement sur le support, sans dessin préalable. Elle peint le jeune dauphin Louis XV et rencontre Watteau et François Boucher. Maurice Quentin de la Tour, admiratif, fait de cette technique son art, un moyen d'expression égal à la peinture à l'huile et le dépassant souvent.

Le 26 octobre 1720 elle devient une des peu nombreuses femmes admise à l'Académie royale de peinture et sculpture à Paris. Les nobles des cours européennes l'assiègent de commandes qu'elle a bien du mal à honorer.

La mode du pastel est lancée en France. Cette technique chatoyante, colorée, spontanée et fragile, au rendu vaporeux, sera très recherchée tout au long du 18e siècle.



Élisabeth Louise VIGÉE LE BRUN et Adélaïde LABILLE-GUIARD

« Admission de dames à l'Académie : madame le Brun et madame Labille-Guiard, ce qui remplit le nombre de quatre auquel Votre Majesté (le roi Louis XVI) a jugé à propos de fixer celui des femmes dans l'Académie. »

Le 31 mai 1783, le même jour, ses deux femmes sont reçues à l'Académie royale de peinture, confirmant ainsi leur appartenance officielle à l'élite artistique française.

Élisabeth Louise Vigée le Brun était devenue le peintre officiel de la reine de France Marie-Antoinette dont elle avait fait de nombreux portraits.

Le Louvre comportant peu de pastels de l'artiste, je la quitte, déçu, et continue ma visite.



Jean-Marc NATTIER

Qui peut être cette jolie jeune femme ? Il s'agit du seul pastel de Nattier possédé par le Louvre : un superbe « Buste de jeune femme, vue de trois quarts ». L'heureux contraste entre la carnation rosé et les rubans bleutés du visage légèrement incliné, le regard tourné vers nous, en font un des superbes portraits du musée.



François BOUCHER

Boucher est l'un des plus célèbres peintres du 18e siècle, essentiellement dans des peintures à l'huile aux coloris vifs et des scènes voluptueuses. Qui ne connaît pas ses « Odalisques » nues, couchées sur un divan ?… Peintre officiel de la marquise de Pompadour, celle-ci lui commanda des dessins représentants des enfants pour qu'ils servent de modèles à un ensemble de tapisseries tissées aux Gobelins. : « le petit dénicheur de merles » et « La Petite Oiselière ». On retrouve ces charmants bambins dans de nombreuses estampes.



Joseph BOZE

Cet artiste m'a intrigué. Je me suis longtemps interrogé devant un joli pastel de femme dans la trentaine…

Un autoportrait de Joseph Boze le montre dédaigneux, arrogant. Se pourrait-il qu'il déteste sa femme ou l'ignore au point de ne pas daigner donner les touches finales au pastel qu'il fit d'elle « le portrait de Madeleine Françoise Boze » ? Sur la toile cette belle femme semble regarder son mari amoureusement. Etonnement, l'artiste a peint le visage, sans terminer le bras gauche et la robe ? Portrait inachevé indique le cartel du Louvre… Je sentais qu'il s'était passé quelque chose entre cet homme et cette femme. Mais quoi ?



Jean-Baptiste PERRONNEAU

Un des pastellistes de grand talent les plus représentés au Louvre avec Maurice Quentin La Tour qu'il admirait. le portrait de « Marie Anne Huquier » est certainement une des oeuvres les plus populaires de l'artiste. La grâce de cette délicieuse jeune fille fardée et la délicatesse avec laquelle elle semble caresser son petit chat n'y sont sans doute pas étrangères.



Jean Siméon CHARDIN

Les pastels de l'artiste, plus particulièrement ses autoportraits du Louvre, sont parmi les plus beaux de l'exposition.

Marcel Proust, devant l'Autoportrait aux bésicles en 1895 : « Comme le vieil habit qui enveloppe son corps, sa peau elle aussi a durci et passé. Comme l'étoffe, elle a gardé, presque avivé ses tons roses et par endroits s'est enduite d'une sorte de nacre rosée. »



John RUSSELL

J'adore ce tableau. Sa « petite fille aux cerises » est un des pastels les plus appréciés au Louvre. Encore aujourd'hui, les visiteurs, admiratifs, restent plantés devant la frimousse de la fillette de cinq ans comme ils le feraient pour La Dentellière de Vermeer.



Maurice QUENTIN DE LA TOUR

« Que d'attentions, que de combinaisons, que de recherches pénibles pour conserver l'unité de mouvements malgré les changements que produit sur la physionomie et dans les formes la succession des pensées et des affections de l'âme ! »

Le plus célèbre des pastellistes français est très demandé par la noblesse et la bourgeoise de l'époque, dont Louis XV et sa femme Marie Leszcynska dont il fait les portraits.

J'ai gardé pour la fin de mon article l'oeuvre la plus célèbre des pastels du 18e en France peint par Maurice Quentin de la Tour : « Jeanne Antoinette Lenormant d'Étiolles, marquise de Pompadour ».

Restauré récemment, le grand tableau présent dans l'exposition est magnifique et semble avoir gardé sa fraicheur du jour de sa présentation au Salon de 1755 : l'oeuvre divisa les amateurs pour sa beauté ou peut-être pour la non-acceptation de l'Encyclopédie de Diderot figurant en bonne place derrière la marquise.

Ce tableau reste un des chefs-d'oeuvre du pastel et de l'art français.

https://www.wikiart.org/fr/quentin-de-la-tour/jeanne-antoinette-poisson-marquise-de-pompadour



Cette exposition restera un grand moment pour les amoureux, comme moi, de la luminosité et du velouté des couleurs du pastel que j'ai pratiqué longtemps.



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Elisabeth Louise Vigée Le Brun

À travers plus de 150 oeuvres, le Grand Palais à Paris a rendu hommage en 2015 - 2016 à cette portraitiste virtuose en lui consacrant sa première rétrospective en France.



Elizabeth Louise Vigée le Brun, femme-peintre exceptionnelle est considérée comme un des plus grands portraitistes du 18ème siècle. Peu de femmes ont marqué la création artistique de leur temps comme Elisabeth Louise Vigée le Brun.

Née en 1855, fille du peintre pastelliste Louis Vigée, elle commencera tôt à peindre. Son père se rendant compte de sa sensibilité artistique lui dira : « Tu seras peintre mon enfant, ou jamais il n'en sera ».

À 23 ans, son talent de portraitiste lui permettra de devenir le peintre officiel de la reine de France Marie-Antoinette dont elle fera de nombreux portraits. Grâce à l'intervention de celle-ci, en 1783, l'Académie royale de peinture la recevra ce qui confirmera son appartenance officielle à l'élite artistique française.

Les vents mauvais de la révolution l'obligeront à s'exiler en 1789. Voyageant à travers toute l'Europe, de cour en cour, célèbre, elle ne cessera de peindre les grands de cette époque. Une star internationale...

En 1802, revenue en France, elle continuera à peindre jusqu'à son décès en 1842, âgée de 87 ans. Ses « Souvenirs », écrits durant les douze dernières années de sa vie, seront ses ultimes mémoires ou autobiographie qui pourrait être son dernier portrait.

Ce magnifique catalogue est très cher (je m'aperçois que le prix a même doublé sur Amazon...) mais il les vaut de par la qualité des commentaires et, surtout, des reproductions qui sont exceptionnelles.

Pour les admirateurs de cette jolie portraitiste de très grand talent.


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Elisabeth Louise Vigée Le Brun : L'expo

Après cette mise en bouche consistante que constitue l'exposition du Grand Palais consacrée à cette peintre méconnue mais exceptionnelle, j’avais encore plus envie d’aller voir en vrai les tableaux réunis dans l’exposition consacrée à cette peintre. J’ai alors feuilleté le livre intitulé L’expo qui regroupe 150 œuvres et leurs cartels, les panneaux pédagogiques …une façon de prolonger la visite ou dans mon cas de la vivre par procuration.



A travers ses quelques autoportraits, j’ai eu une image d’elle plus proche de la réalité probablement que celle renvoyée par l’actrice jouant son rôle dans le DVD Le fabuleux destin de Vigée Le Brun proposé par Arte Editions. J’ai aussi fait « connaissance » avec les membres de sa famille. L’Expo met également en avant le fait que les femmes peintes par Vigée le Brun dans les années 1780 dégagent une grande sensualité voire un certain érotisme.



On la suit dans son exil au fil des portraits des comtesses, princesses et autres nobles des pays où elle s’installe. Enfin chose peut-être moins connue, dans la dernière période de sa vie, l’artiste se livre à un genre nouveau, le paysage en plein air (elle aurait peint plus de 200 pastels).
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Alexandre Roslin : Un portraitiste pour l'E..

Quel regard que celui de cette mystérieuse Dame au Voile. Enfin, pas si mystérieuse que ça, puisqu'il s'agit de l'épouse - elle-même peintre - d'Alexandre Roslin: Marie-Suzanne Giroust.



Alexandre Roslin, le plus célèbres des peintres suédois parisiens, immortalisa de ses pinceaux tout ce qui se fait de plus grand et reconnu en Europe. Il s’établit en France en 1747. A Paris, le succès ne se fait pas attendre et le peintre se voit même attribuer pendant plusieurs années un appartement au Louvre. En 1753, il est élu membre de l’Académie de peinture. Cette reconnaissance n’est jamais une chose aisée à acquérir et y parvenir est encore plus difficile pour un étranger qui a en plus le tort d’être protestant. Il faut donc, en plus de sont talent et de solides contacts, s’assurer du soutien des dirigeants en place.



Si Roslin fut reconnu de son temps, et tout particulièrement loué pour son art sans pareil dans le rendu des étoffes, certains de ses contemporains semblaient toutefois peu réceptifs à son talent ; le plus connu de ces sceptiques étant le mordant critique d’art Diderot.



Quoi qu'il en soit, cet ouvrage est un bel hommage rendu à cet artiste, portraitiste de renom.
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Marie-Antoinette

Une exposition magique ! Ce catalogue reflète toute cette magie ! Photos et articles passionnants ! A posséder dans toute bibliothèque sur Marie-Antoinette !
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Marie-Antoinette : Images d'un destin

Dans ce livre, Xavier Salmon, nous expose l’attitude de Marie-Antoinette vis-à-vis de son image. Dans une première partie, il expose toute la difficulté qu’à eu la reine à trouver un portraitiste qui arrive à faire un portrait ressemblant. Dans une seconde partie, il explique comment Marie-Antoinette c’est servit de son image pour tenter de contrer les attaques contre elle. Enfin, une troisième partie aborde brièvement la période révolutionnaire.

J’ai trouvé ce livre très intéressant car il aborde un aspect peu connu du caractère de Marie-Antoinette : le souci de l’image qu’elle donne d’elle à son peuple. L’auteur insiste sur les difficultés qu’elle a rencontrées. Même si le texte est facilement compréhensible, il nécessite d’avoir quelques notions sur la vie de Marie-Antoinette. Il demande également d’être passionné par cette reine car, pour être honnête, j’ai lu en diagonale certains passages assez soporifiques. Le texte est bien documenté et l’auteur n’hésite pas à employer des extraits de lettres de Marie-Antoinette à sa mère (et réciproquement), ainsi que des témoignages d’époque.

Les illustrations, composées majoritairement de peintures et de sculptures, sont tous simplement magnifique. La reproduction des œuvres est d’une très grande qualité. J’ai ainsi découvert des tableaux de la reine et de sa famille que je ne connaissais pas du tout. Un petit reproche cependant, quand l’auteur décrit une œuvre, celle-ci est fréquemment sur la page précédente ou sur la page suivante et cela gêne la lecture de l’œuvre.
Lien : http://hellody.canalblog.com..
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