AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Yannick Grannec (386)


La petite noblesse abandonne à Notre-Dame du Loup les filles trop laides ou trop simplettes pour compenser la pauvreté de leur dot, et s'y soulage du surplus de vierges comme on remise les pots inutiles. Ces faibles créatures se plient au désir des pères. Un pot ne s'oppose pas à son usage.
Commenter  J’apprécie          60
Peu de rescapés atteindront leur quatrième année car viendront pour eux roséole, rougeotte et fièvre écarlate, coqueluche et orillons. Pour dépasser la dizaine , ils devront échapper aux roues des charrettes, aux sabots des chevaux, aux crocs des chiens et aux dents des porcs, à la rivière au calme trompeur, aux braises où tomber, aux faux où se couper, aux coups du père, aux méchancetés de la mère, tout ça parce qu’eux-mêmes n’ont pas connu de meilleurs soins.
Commenter  J’apprécie          60
Cette nuit, Vert-de-cul, le crapaud de la source, a chanté, et ce matin, alors que les murs de l'abbaye expiraient l'humidité de l'hiver en bouffées putrides, elle a vu qu'au jardin la rondette avait fleuri. Cette date n'est pas inscrite dans le calendrier, ou décidée par les astres, elle change chaque année. Il faut savoir en reconnaître le tressaillement, le premier coup de reins secouant l'apparente immobilité du paysage. C'est le jour exact où naît le printemps.
Sur les berges, sœur Clémence a récolté des brassées d'orties, d'herbe du bon soldat et les premières têtes de pas-d'âne. Elle cueille ces dernières à peine écloses et les séchera au plus vite. Trop ouvertes, elles perdent leurs vertus en mûrissant leurs graines. Ce soir, elle en composera une infusion pour soigner les vilaines toux de ses sœurs.
Commenter  J’apprécie          60
En ce temps là,on entendait tout au plus cette prière dans la loge des danseuses : "Marie,vous qui l'avez eu dans le faire, faites que je le fasse sans l'avoir!"
Commenter  J’apprécie          61
Le crépuscule sur la Méditerranée m'offre un Rothko ; l'aube un Turner. J'ai mis dix ans avant de trouver le cadrage parfait. J'ai souligné ce passage de Malaparte : "Rien ne donne autant l'idée de la liberté que la mer. La liberté même ne donne pas autant l'idée de la liberté que la mer."
Commenter  J’apprécie          60
La vie n'est pas une science exacte. Un être humain est plus que la somme de ses actes. Plus qu'une simple chronologie.
Commenter  J’apprécie          60
... dans le continuum des corps dissous et des âmes oubliées, une vie en vaut une autre. Nous sommes tous des maillons. Personne n'a de mission. Adèle avait aimé Kurt ; rien n'était plus important.
Commenter  J’apprécie          60
- Je pontifie, n'est-ce pas ? Les vieux adorent ça. Moins nous possédons de certitudes, plus nous les assenons ! C'est pour masquer la panique.
(p. 25)
Commenter  J’apprécie          60
- L'infini existait pourtant avant que l'homme invente les mathématiques !
Commenter  J’apprécie          50
Personne ne cause davantage de tord à l'Eglise que les sages-femmes ! Il faut remettre de l'ordre dans tout cela ! Ou nous finirons tous sur la paille.
Commenter  J’apprécie          50
Monsieur de Solines finissait sans hâte sa collation, piquant de petits morceaux de fromage sec avec une minuscule fourche, afféterie qu'il se targuait d'avoir rapportée de Rome. Léon gardait ses distances; si les doigts de Sa Grandeur restaient propres, son haleine du matin concurrençait les latrines de l'enfer.
Commenter  J’apprécie          50
Quand, trente années plus tôt, son père, le baron de Vence, s'est laissée convaincre de rejoindre les rangs de la religion prétendue réformée, se vouant ainsi aux flammes éternelles, elle fut la seule Glandevêves à ne pas abjurer la vraie foi.
A quatorze ans, elle demanda le baptême catholique à l'évêque de Bartoli, un familier du château. Son père s'y opposa ; Tassine cessa de s'alimenter. S'ensuivirent gémissements, évanouissements et roulements d'yeux ; il céda. Puis elle exigea l'autorisation de postuler au noviciat : elle préférait une vie de mortifications à un mari huguenot. (...)
Sa détermination tenait autant d'une foi ardente que d'un profond sens du devoir afférent à son rang. Mais le courage et la fierté du sang, qualités que cultivent les seigneurs comme de nobles vertus, ne s'appliquent pas aux femmes. L'évêque fut convaincu de sa seule vanité féminine. Il lui cita Thomas d'Aquin : ""La femme est un être occasionnel et accidentel." Elle répliqua par l'épître aux Galates : "Esclave ou homme libre, tous nous sommes un dans le Christ... Non, Dieu ne fait pas de différence entre les hommes." Ce à quoi il rétorqua qu'aux temps bénis des premiers chrétiens, une femme libre pesait sans doute moins qu'un esclave mâle.
Entre cloîtrer cette enfant et lui couper la langue, le voile semblait l'option adéquate.
Commenter  J’apprécie          50
Des huit enfants que Renée de la Sine a portés, six ont vu le jour, quatre ont marché, mais seuls deux garçons ont atteint l'âge du premier Pater. Elle a promis le puîné à Dieu, s'Il gardait en vie l'aîné, son trésor, et trente messes au clergé. Les offices payés, les deux frères ont survécu et le pacte a été honoré : Léon, gamin vigoureux et rieur, qu'on vermifugeait avec assiduité tant il ne tenait pas en place, a été envoyé vers des années de solitude noire chez les cordeliers, tandis que Quentin, malingre et velléitaire, a reçu le titre de baron à la mort de son père.
Commenter  J’apprécie          50
Selon une légende chinoise,les tâches de naissance proviennent des vies antérieures.Je t'ai donc fait une marque dans une vie précédente pour pouvoir te retrouver dans celle -ci.
Commenter  J’apprécie          50
La maternité est un syndrome de Stockholm .les parents s'attachent malgré eux aux enfants qui prennent leur vie en otage .
Commenter  J’apprécie          50
De ce corps que j'avais aimé, caressé, soigné, il ne restait que la structure. Je pouvais distinguer la forme de son crâne. Je ne voyais plus l'homme mais son squelette : je contemplais déjà son souvenir.
Il n'y avait plus une goutte de courage en moi. J'habitais une grosse bonne femme toute sèche. Mon être me hurlait d'abandonner la lutte. J'étais énorme, il était transparent comme si j'avais aspiré toue sa chair. Pourtant, c'était bien lui qui m'avait usée, lui qui s'était servi de moi comme d'une batterie d'appoint. Ces dernières années me semblaient interminables. Je n'avais pas eu d'enfants. Je ne laisserais aucune œuvre derrière moi. Je n'étais rien. Je n'étais plus que souffrance. Je ne pouvais même pas me permettre de montrer ma faiblesse sous peine de le voir déprimer un peu plus.
Commenter  J’apprécie          50
- J'ai un cadeau pour toi.
Il sortit de sa pochette glissée sous le lit deux pommes, rouges et bien lustrées. Au couteau, il avait gravé sur l'une "220", sur l'autre "284".
- Est-ce notre compte de vies antérieures ? Un de nous deux a pris de l'avance.
- Je mangerai "220", toi, "284".
- Tu choisis toujours le plus léger.
- Tais-toi un peu Adèle. C'est une coutume arabe. 220 et 284 sont des nombres amiables, des nombres magnifiques. Chacun est la somme des diviseurs de l'autre. Les diviseurs de 284 sont 1,2,4,71 et 142. Leur somme est égale à 220. Les diviseurs de....
- Assez c'est trop de romantisme, mon crapaud, je vais me pâmer !
- On connait seulement 42 paires inférieures à 10 000 000.
- Cesse, je te dis !
Commenter  J’apprécie          50
cette menace d'une terrible maladie n'avait pas entravé sa formidable pulsion de vie et elle lui avait déjà exposé son plan de bataille: elle cherchait à comprendre et à inventorier son système émotionnel pour le stimuler, JJ ne voyait pas exactement en quoi cette stratégie l’aiderait à lutter contre une neurodégénérescence, mais s’il existait ne serait-ce qu'un atome de solution dans l’infinie botte de foin de l'univers, Christa le trouverait. p. 114
Commenter  J’apprécie          40
Seul le vide donne sa vibration à l'espace, comme le silence soutien la musique; l'inachevé, la peinture; l'ellipse, la narration. Et comme l'absence renforce l'attachement.
Commenter  J’apprécie          43
- Savez-vous qu'en ce lieu on soigne les paysannes battues par leur mari ? Les fièvres des petits ? Que l'on nourrit les veuves sans ressources ? Savez-vous que l'on compose avec de simples herbes des onguents capables de guérir leurs plaies ? De ressouder leur os ?
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Yannick Grannec (1741)Voir plus

Quiz Voir plus

Mouvements littéraires.

Le nom de ce mouvement fut proposé par le poète Jean Moréas.

Le Parnasse
Le Symbolisme
Le Naturalisme
Le Romantisme

11 questions
162 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}