Citations de Yves Marry (38)
Prendre le temps de se tourner vers soi, sans la frénésie de la gratification narcissique. Retrouver l'intériorité, la spiritualité, le dialogue entre "soi" conscient et inconscient. Prendre le temps de respirer, de s'écouter. D'entrer en "résonnance", dans "l'instant présent". Avec soi, et avec les autres. Nouer des liens de qualité avec celles et ceux qui comptent. En tisser de nouveaux avec celles et ceux qui nous inspirent. Abandonner les plaisirs éphémères, accueillir la possibilité d'une joie profonde, de relations fécondes.
L'évidence théorique de l'impasse du modèle croissantiste a beau dater de 1972, elle ne parvient pas encore – en dépit des nombreuses alertes et preuves scientifiques – à s'imposer comme une priorité dans l'agenda politico-médiatique.
Plus précieuse que le livre en lui-même, cette liberté d’attention est celle qui vous séduit et qui vous fait accepter de rester immobile, solitaire, silencieux, attentif à vous-même et au monde. Celle que malheureusement nos enfants éprouvent de moins en moins et qui mérite d’être défendue par tous les moyens, sans quoi ils ne remarqueront même plus la beauté du vivant.
L'objectif est toujours le même : accumuler suffisamment de données pour garantir le ciblage publicitaire et convertir le temps d'attention des utilisateurs en revenus facturés à des annonceurs.
Certaines formes d'attention que nous mobilisons au fil de notre vie nécessitent un apprentissage sur le temps long. L'attention aux autres et au monde, par exemple, ne pourra jamais être transmise et incarnée par une application, aussi perfectionnée soit-elle. Car cette attention n'est pas une faculté simplement psychologique : c'est une compétence sociale qui s'acquiert au contact d'éducateurs, qu'il s'agisse de parents ou de professionnels.
Facebook, par exemple, disposerait d'une centaine de points de données par utilisateur: cent caractéristiques personnelles associées à chacun des trois milliards d'utilisateurs actifs de ses services.
Ce pouvoir de mesure constitue le socle de la science de la captation de l'attention.
D'un côté, la technologie nourrit un arsenal sécuritaire censé prévoir et juguler la violence des "casseurs" ( drones, caméras de surveillance) : de l'autre, les citoyens brandissent leur smartphone et filment tout ce qui se passe pour dénoncer les abus et s'en protéger. Le spectacle, renforcé par l'omniprésence des écrans, est devenu une composante essentielle de l'acte politique qu'est la manifestation.
Ainsi, l'impact environnemental d'un objet comme le smartphone est proprement colossal : de sa phase de fabrication à sa mise au rebut, en passant par son utilisation, ce seul objet est un drame environnemental à lui tout seul.
La réalité est qu'à notre époque rien ne saurait entraver le développement de l'économie des données, pas même un peuple prétendu souverain, et surtout pas des élus qui dépendent potentiellement d'intérêts industriels.
Notre cerveau est submergé d'informations tantôt catastrophistes, tantôt insignifiantes, toujours rapidement obsolètes. Le ver est dans le fruit, et c'est précisément parce que notre attention est saturée que nous ne parvenons pas à prendre la mesure du problème.
[sur la période COVID] - Dans un régime d'incertitude aussi fort et soudain, la technologie a rapidement fait figure de planche de salut et, l'une après l'autre, les quelques digues qui existaient encore en matière de prudence politique ont fini par céder face à l'urgence.
En systématisant l'usage d'outils capables de manipuler notre attention, les captologues ont ainsi suivi les principes de l'économie comportementale et se sont emparés du volume de données récoltées pour tenter de réduire notre "irrationalité" économique. Ils orchestrent une sollicitation industrielle et quotidienne de nos choix non rationnels, de nos erreurs de jugement (biais cognitifs), de nos émotions, ainsi que des normes et des interactions sociales (biais moraux, biais de conformité) utiles dans le cadre de nos prises de décision. Alors qu'on aime débattre de la façon dont le pouvoir asymétrique de la technologie prendra le relais de nos capacités humaines, jusqu'à nous remplacer au travail, nous n'avons pas vu comment, avant tout cela, cette technologie a pris le dessus en exploitant nos faiblesses. Ou comment assurer la conversion forcée de notre autonomie émotionnelle et morale en rationalité purement économique.
La dépendance n'est plus un effet indésirable de nos usages connectés, elle est l'effet recherché par de nombreuses interfaces et services qui structurent notre consommation numérique.
Dans un régime d'incertitude aussi fort et soudain, la technologie a rapidement fait figure de planche de salut et, l'une après l'autre, les quelques digues qui existaient encore en matière de prudence politique ont fini par céder face à l'urgence.
Je te donne quelque chose de gratuit et je revends ton attention.
Que ce soit en lecture ou en mathématiques, une forte utilisation des outils numériques s'accompagne d'une baisse de niveau.
La surconsommation d'écrans a de réels effets physiologiques, ne serait-ce que le temps volé au sommeil, à l'activité physique et aux relations humaines.
Qui dit équipement, dit naturellement temps d'écran. Avec l'arrivée de ces objets haut de gamme rendus accessibles par les opérateurs, celui des Français a littéralement explosé depuis un dizaine d'années, au point que, tous écrans confondus, nous y passons désormais les deux tiers de notre temps éveillé.
Tous connectés, tous objets. Nous baignons dans le technococon et la forêt brûle déjà de mille feux artificiels.
Le pari des grandes plateformes pourraient se résumer ainsi : parvenir à faire préférer aux citoyens le confort et le divertissement de leur techno-cocon à l'exercice de libertés déconnectées impossibles à modéliser.