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Citations de Zéno Bianu (356)


GRAMMAIRE DES ÉTOILES


on entre ici
dépeuplé
pour éprouver
tout son être

on ne fuit plus
le monde
c'est lui
qui nous quitte

pierre d'angle
du dernier tiers
de la nuit

pierre noire
au plus haut
de l'esprit

p.8
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L'OMBRE DU PARADIS


ta soif écrit les sources
tes yeux puisent au naufrage

aimée
pour nager vers l'arbre-prière
sur la brise des échoués

dans le sommeil de l'ouvert

p.20
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L'OMBRE DU PARADIS


aimée
moissonne le monde en nous

éveille les noms
qui s'agrippent aux étoiles
au feu qui forge la joie

l'ébloui n'est pas l'oubli
la chute tremble de vie

enroulée
dans la signature du vide
en attente pure

nul fond nulle fin
quand saigne la présence

p.19
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GRAMMAIRE DES ÉTOILES


un livre des haltes
pour recueillir
le ciel épuisé

une boîte crânienne
où le désespoir
n'existerait pas

tombeau de vie
pour mourir aux choses

chambre sans fin
de l'arc-en-ciel

p.7
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L’amour
A force de frayer
Avec toutes nos paroles
A force de voisiner
Avec nos sombres passions
A force de s'effriter
Sur les corps de passage
L'Amour a-t-il perdu
Innocence et plaisir?

A force de renaître
Auréolé de rêve
A force de s'émouvoir
Au passage du désir
A force de s'animer
Aux couleurs de la vie
L'Amour se perpétue
Dans l'être
Et l'infini.

Andrée Chedid
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Il y avait ton cœur fermé
ton cœur ouvert
ton cœur de feu couvert
tes cheveux pour filer entre les doigts
pour verser leur sable sur mon sommeil
et pour enchanter la fatigue
tes cheveux comme un treillage entre le regard et les
vignes qui flambent
tes cheveux de luisant et de sorgue
tes yeux avec la halte à l’ombre
et la colonne de froid sur le puits
tes yeux les anémones ouvertes dans la mer
tes yeux pour plonger droit dans les vaucluses
et dérober leurs paillettes aux fontaines
tes yeux sur les averses qui volent sur les ardoises
tes bras pour les bras tendus
pour le geste cueillant le linge qui sèche
pour tenir la moisson de toile contre ta poitrine
pour maintenir la maison de souvenirs contre le vent
tes bras pour touiller les bassines de confiture
tes seins les dunes d’un beau soir
tes seins pour les paumes calleuses au retour du travail
- mais sais-tu les meules qui se prêtent se creusent
quand il faut le repos
- sais-tu le nez dans les sources d’herbe
quand la marinière trempe de buée sa chanson –
tes seins pour bander
tes mains – pavots qui apprivoisent l’insomnie
tes mains pour les mains nouées et les promesses scellées
tes mains pour tendre les tartines
tes mains pour toucher ton amour
tes hanches comme la péniche pleine
comme l’amphore épousée par les doigts de haut en bas
ton ventre pour les tabliers bleus du matin
et les gaines soyeuses des minuits de luxe
ton ventre la pleine joie de la pleine mer
ton ventre de houle
tes cuisses de flandre
ton sillage de carène heureuse et de menthe volée
ton odeur de servante jeune et de pain bis
ton odeur de vachère et de jachère en avril
ton odeur de renoir et d’auberge calme
ta peau de santé le slalom nègre sur la pente des étés
tes robes de bouquets aux crayons de couleurs
sur un vieux cahier d’école
tes robes en dimanche tes robes de bonjour
tes matinées au lit comme une nage facile par la grande baie des fougères
ton envie comme une salve qui salue la rade où brûlent mille rochelles
et l’argent des avirons
- et te voici dressée, plantée sur ton plaisir et qui délires –
ton envie le suc qui éclate de la figue mûre
ta voix venue des châteaux en Bavière
ta voix qui étonne les légendes dissimulées
ta bouche pour dire oui
ta salive à boire
ton sourire d’enfance retrouvée.
Il y avait ce plus secret de toi
ce blond de toi épanouie
l’étoile de mer encore humide entre deux désirs.
Il y avait ton attente la première permission
du soldat à la guerre
ton souvenir – et c’est la pluie qui bat tiède
contre les volets clos de la mémoire
ton souvenir à inventer
- mais jamais toi tenue certaine
au midi du bonheur
et pourtant quelques-uns t’ont vue en plein jour
ont laissé ton portrait à travers leurs toiles
ou derrière leurs poèmes
tu es plus vieille que la peine du monde
et plus neuve que la joie de vivre
c’est toi que les hommes ont toujours voulue
dans leur faim de tendresse
au bout des jours au bout des routes
celle qu’ils ont appelée la veille de la chaise électrique
ou du peloton d’exécution
pour qui tous ont trahi leur plus franche parole
et tenu leurs plus dérisoires serments
celle qui embrassait trop tard les gars punis
avant la fosse commune ou les croix de bois.
Il me reste à te donner un nom
à te donner vie
il me reste surtout à te rencontrer
comme les mains émerveillées de l’aveugle
trouvent la présence du soleil
sur un pan de mur.
André Hardellet

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vivre
chaque instant
en mourant sa vie
en vivant sa mort

il n’y a plus
de labyrinthe
la vie est un bol de cerises juteuses



p.13
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Quand le bambou comprit



Quand le bambou comprit :
Je suis la flûte,
Six notes vinrent trouer son corps,
Des rêves se répondirent,
À l’instant il fut déraciné.


// Shanta J. Shelke (1922-2002)
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Ah

Le dernier des derniers soleils tombe.

Où se couchera-t-il sinon en moi?

À mesure que se mourait toute chose,
Je me suis, je me suis élargi - comme le monde -
et ma conscience plus large que la mer!
Dernier soleil

J'éclate. Je suis le feu, je suis la mer.
Le monde se défait. Mais je suis le monde

(Aimé Césaire)
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COLTRANE EN SON INCANDESCENCE


Olé
voyez cette écume dorée
en expansion continue

le souffle même de mon jazz
sa très haute teneur
en fraternité

Olé
fièvre électrique
pulsation des atomes et des univers

entre les chiens du zénith
et les loups du nadir
je me révèle

gisant vertical
guetteur d'étoiles filantes
porté par la grâce et la mort

source et passage
ressouvenir
d'un cœur arabo-andalou

duende
bruissant et limpide
ancestralement moderne

je nage au bord du jour
dans le courant des deux basses
en orbite solaire

j'incise
l'écorce du temps
je n'ai plus peur

de m'égarer par delà les au-delà
Olé
dix huit minutes éternelles

transe insoupçonnée
passe mystérieuse
pour m'accorder en promesse de feu

p.105-106-107
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Réfléchir à la possibilité d'être libre ne même nul part. On doit commencer par être libre.
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[...]
fais sauter les cales de lumière
la parole flottante est au crépuscule
sur la ligne de fond
des bords de précipices
où nous naissons vraiment
dans la buée
et le parfum des immenses nuits
où chaque naufrage
nous rend plus vivants
[...]

Extrait de "Poème des degrés (Kaddish pour Paul Celan)".
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L'attention est un mouvement vers l'éternité.
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Il n'y a pas d'intelligence sans amour
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SEPT MÉTAMORPHOSES
            Je suis tous les hommes,
      toutes les choses et tous les animaux.
              Arthur Cravan

2


je m'appelle New York
je suis celle qui glisse
  en aurore continue

je suis cette fièvre rouge
 pleine d'or et de sang
 de feu et d'épluchures

 que chantait Cendrars
   en ses Pâques
  je suis et je demeure

 la cité whitmanienne
    des orgies
des marches et des joies


    cut-up éruptif
des démons et des dieux
 j'empourpre les cœurs

  mais je ne suis rien
sans mon ciel déchiqueté
    aux douze coins

     de l'horizon
sans mes crépuscules glorieux
 où tout fusionne et prolifère…

p.60-61

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On ne sait si le siècle qui vient sera métaphysique, mais pour ne pas mourir, il devrait être krishnamurtien.
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Les seuls véritables monastères sont les tempêtes de l'existence
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DANS LA BOUCHE D'UNE ÉTOILE


dans la bouche d'une étoile
un gisement de silence

la dent du feu s'est absentée
les bourreaux perdent leur visage

je pressens ton horizon
j'attends ta voie lactée

p.104
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LE PAYSAGE EXALTÉ

L'ÎLE DU DEDANS
pour Alain, Serge et André


où nous n'allons pas
l'infini régresse

on partage les souffles
dans la maison du corps

on tend l'oreille
pour prêter parole

qu'il vienne enfin
le sentier étroit
du jamais foulé



quel est ce lieu
où la naissance du monde
écoute à l'intérieur de nous

où se forme cette lumière
qui ne fait plus semblant d'être



chaque nuit épelle
le nom propre de Dieu

chacune de nos syllabes
est un avis de tempête

la fièvre du bleu
ne partage plus la loi des morts

sur l'île de dedans

p.27-28-29
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DANS LA BOUCHE D'UNE ÉTOILE


dans la bouche d'une étoile
ton jour et ma nuit se croisent

 vie et mort c'est tout un
 vie et mort c'est sans fin

  tu tends des comètes
  sur le soir de ma terre

p.103
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