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EAN : 9781027800538
Le Castor Astral (07/01/2016)
4.12/5   12 notes
Résumé :
Après quatre recueils dédiés à Chet Baker, Jimi Hendrix, John Coltrane et Bob Dylan (Le Castor Astral, 2008 à 2014), où il tentait de restituer la note bleue de ces icones porteuses d’énergie, Zéno Bianu s’attache ici à poursuivre son « autoportrait poétique » commencé avec Infiniment Proche et Le désespoir n’existe pas (Gallimard, 2000 et 2010).

À la fois célébration, méditation et variation, Satori Express revisite une certaine tradition de l’éloge ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ce poète français d'origine roumaine est vraiment un touche-à-tout de génie, travailleur de l'écriture poétique, infatigable, pour son éclectisme artistique, il nous offre avec ce recueil une synthèse de son oeuvre et de sa personnalité caméléon. Au travers de ses vers on voyage sous tous les continents, on rend hommage à toutes les stars du cinéma, de la musique ou de la littérature qu'il apprécie et on découvre surtout ce poète polymorphe à l'universalisme poétique altruiste, dévorant par une activité débordante tous les domaines des arts et les mettant en symbiose avec son esprit ouvert et généreux au service d'une poésie empreinte d'une spiritualité mentale intimiste et personnelle. Car sans contestation possible, sa rhétorique versificatrice nous emporte vers des mondes impalpables aux sources de l'univers et de la vie, entraînant le lecteur dans une sphère littéraire ou les mots résonnent comme des diamants bruts offrant une ode à la beauté ineffable, mais cependant bien réelle.
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Écoute !


Rendre compte d'un recueil de poèmes est un exercice difficile – moins, certes, que d'écrire un poème. Et c'est pourquoi l'on rencontre sous nos cieux d'acier plus de dictionnaires de rimes (dans un monde où rien ne semble plus rimer à rien) que de vrais poèmes, et si peu de critiques pour parler de vrais poètes.
Et c'est pourquoi, plutôt qu'à rendre compte, je m'apprête à célébrer : c'est rendre mieux hommage au poète que n'importe quel exercice comptable. On aimerait commettre à l'égard de Zéno Bianu quelque délit d'initié dont, tout en haut de nos châteaux de cartes, ont le secret ceux qui nous font si régulièrement les poches : mais ce serait, au grand jour, pour ouvrir le délicieux aux initiés du feu. Et l'on n'éventerait alors qu'un secret de polichinelle : Zéno Bianu est un « poète blanc ». À tout le moins, un de ceux qui tendent vers la blancheur, vers le mot blanc – autrement dit, ce vers quoi devrait tendre tout vrai poète : car, les mots qui ne retournent pas au silence ne sont… que des mots. Poète blanc ? L'expression, les lecteurs de Zéno Bianu le savent, nous vient de René Daumal : « le poète blanc cherche à comprendre sa nature de poète, à s'en libérer et à la faire servir. le poète noir s'en sert et s'y asservit. » le premier « préfère aux riches mensonges le réel », et cela dans « une lutte incessante contre l'orgueil, l'imagination et la paresse. » Pour Daumal, comme pour Bianu, la poésie n'est pas un passe-temps ou un faire-valoir, une occasion de gonfler son ego ou de le polir, mais, osons le mot : un exercice spirituel – au sens même où l'employaient les philosophes antiques, les stoïciens par exemple ; un exercice sur soi, sur son esprit, une ascèse. Alors que le poète noir se cache derrière sa poésie, et refuse autant de se voir que de se montrer tel qu'il est (« ce lui-même pauvre et nu qui ne veut pas être vu ni se voir pauvre et nu, que chacun de nous s'efforce de cacher sous ses masques »), le poète blanc utilise la poésie pour se mettre à nu, et se voir, et voir et montrer le monde tel qu'il est : dépouillement de soi, travail sur soi.

Ainsi, des premiers mots, où celui qui veut « tout accueillir » pour « ne pas cesser / d'apprendre à naître » rend grâce à « ces instants où la sève / déborde », jusqu'au magnifique sonnet d'amour qui, en le fermant, ouvre le recueil sur le silence qui le fonde, le poète joue sur toutes les octaves de son « clavier d'apesanteur ».
de lieux en poètes, de rythmes en notes claires, la poésie de Zéno Bianu fait preuve d'une extraordinaire capacité à consentir : à ce qui vient, ne vient pas, à l'harmonie, à la dissonance. À l'amour, bien sûr, qui est la grande affaire : ce qui s'écrit avant d'écrire, ce qui se dit avant de parler – pleurer peut-être. Consentir est, de tous les signes de l'éveil, le plus évident. Car celui qui consent, seul peut aimer sans abîmer, désirer sans être asservi, voir sans assigner à résidence.
Ainsi le poème de Zéno Bianu se déploie-t-il comme un oiseau s'envole : une respiration en même temps qu'un nid. Et, en bon taoïste : un accord. Chaque mot est à sa place, spontanée, essentielle – comme le caillou dans la rivière : avec le plus grand naturel. Chaque mot, que l'on pourrait méditer longuement, longuement mâcher, et chaque blanc entre les mots, et l'absence de souffle entre les souffles : la suspension du rite dans le rire, du bavardage dans le sourire, du temps dans l'éclair. À la lumière de quoi l'on pressent, reprenant le recueil à son début qui est sans fin, qu'il est un parcours de santé mentale, de présence attentive et bienveillante à tout le réel, ponctué d'exercices d'intériorisation, « de plongée », écrit le poète, mais sans jamais faire la leçon ! Don de langue qui, par exemple avec Roger Gilbert-Lecomte, « dépôt de nuées ardentes », avec son « visage / à défenestrer les étoiles », nous aide à « danser plus vaste », à aimer plus juste. Et sans jamais cesser, en contrepoint des solitudes, de dire « oui », comme un mantra libérateur, à la constante naissance à soi, au dévêtu, au dénudé, au dénoué de soi.
« nous passons / assoiffés (…) / nous avançons tant bien que mal / et soudain quelqu'un écrit
ce qui nous anime
s'appelle la joie du gouffre »

Et que ce quelqu'un soit Jean-Pierre Duprey, Kabir ou Moby Dick importe peu : c'est quelqu'un qui « vient allumer des brasiers », indique et chemine en même temps : un fleuve, et c'est le Gange, et ce sont tous les fleuves ; une femme, et c'est toi, et toutes les femmes.
Mais comment dire ici une langue qui si souvent prend feu dans les broussailles ? À celui qui n'a « cessé de chercher une ligne de basse entêtante » ne reste en effet que le chant – ne reste que, et c'est le plus haut de nous, ce moment où l'on croise enfin le chemin de l'oiseau. Car c'est aussi en écoutant « India » de John Coltrane qu'on prend la mesure de la voix de Zéno Bianu, de son silence : ce rythme souterrain, souverain, qui remonte à nos sources, du temps où nous avions des ailes, cette oralité, cette légèreté dont trop souvent nos poètes ont perdu le secret – le sacré. Lisez à haute voix l'époustouflant « Orphée derviche », et vous verrez ce que je veux dire, vous sentirez ce que je veux dire dans la scansion, la vibration vivante. Ce n'est pas pour rien, cette injonction à soi cent fois répétée dans le recueil : Écoute ! Adressée au lecteur aussi : qu'il ne se contente pas de lire avec sa tête, mais lise avec ses lèvres, mais lise avec sa langue, avec sa chair, qu'il s'engage vraiment dans le poème, et le poème sera poème ! Ne lise pas : danse le poème. « Relié / à tout ce qui palpite ». Écoute. Et consent.
Maître de haïku qui se serait laissé emporter par l'élan du monde dont, « les poches pleines de braise / il médite » le vif, Zéno Bianu est un poète rare, de la race des « maîtres-à-danser ». Et comme il met sa vie en jeu dans sa voix, on a parfois du mal à l'entendre – mais toujours plus encore à ne pas l'écouter, à ne pas danser avec lui.

Zéno BIANU, Satori express. La Castor Astral, 2016.
Profitons de ces quelques mots pour remercier le Castor Astral qui sait sertir la parole poétique dans de beaux livres, participant ainsi au plaisir de la lecture ; et pour signaler la parution d'un volume de Zéno Bianu dans la collection Poésie/Gallimard : Infiniment proche, et le désespoir n'existe pas.
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Voici un beau recueil.
Zéno Bianu nous livre ici une sorte de rétrospective, mêlant les textes d'hommage et les poèmes plus en forme d'autoportrait.
Ainsi, plusieurs lectures sont possibles : une lecture de picorage (comme toujours en poésie), où chacun peut trouver ce qu'il cherche , d'autant plus que les styles d'écriture sont très variés (comme s'il y avait eu plusieurs temps d'écriture); mais aussi une lecture plus profonde.
je pense particulièrement aux extraits où le poète se livre, la superbe partie "reprendre haleine", que l'on scande, que l'on vit avec lui. Mais aussi l'hommage à Kerouac. L'auteur nous livre ici son ressenti, mais surtout nous fait partager ses références. Ainsi, l'évocation de Roger Gilbert Lecomte, que je ne connaissais pas, a fait pour moi figure de révélation et je compte le découvrir désormais à travers ses écrits.
Une belle surprise donc , que ce recueil, choisi au départ pour la maison d'édition (je ne suis jamais déçue) et non pour le poète que je ne connaissais pas jusqu'alors.
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Pour cette nouvelle lecture, je tiens à remercier les Éditions du Castor Astral et Masse Critique de Babelio.
« Un livre, c'est toujours une respiration, un rythme- une providence »
Le satori désigne l'éveil spirituel dans la tradition bouddhiste, un état d'illumination qui ne serait pas limité dans le temps.
« Satori express
aimante et brasse
les écritures
en proximité résonnante »
Chaque poème, chaque fragment de ce recueil coïncide avec un éveil, un instantané, une résonance d'écriture de l'auteur.
Satori Express se découpe en plusieurs chapitres où le poème trouve sa respiration à l'aune d'autres auteurs: Antonin Artaud, Jack Kerouac, Joë Bousquet, Jean-Pierre Duprey, Hermann Melville… à l'écoute de musiciens de jazz :Thelonious Monk, John Coltrane, à l'ombre de lieux » électifs » : Venise, New York, Bénarès….
Les mots se répètent, scandent, dansent en formes typographiques parfois en calligrammes . Il faut porter une oreille attentive à leur existence particulière. Il y a comme une fulgurance dans les poèmes de Zéno Bianu , une fulgurance qui ne m'a pas toujours interpellée, que j'ai pu ressentir un peu énigmatique. Pourtant, certains textes savent fêter l'essentiel, l'essentiel de cette présence au monde, l'essentiel de l'univers d'un poète. Et, peu à peu, comme un magicien, le charme opère. le moment poétique se prolonge dans la lecture. Satori express est un recueil que l'on peut garder auprès de soi pour relire certains passages, pour picorer à nouveau des pépites.
Bien sûr, je laisse les derniers mots au poète :
« J'ai atteint des hauteurs telles,
Que j'ai creusé le ciel »


Lien : https://valeriehervy.wordpre..
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J'ai profité d'une nuit d'insomnie pour terminer Satori Express, recueil de poésie de Zéno Bianu. Un joli recueil, truffé de références culturelles. Une façon pour le poète de rendre hommage à tant d'artistes et d'oeuvres qu'il admire. Une façon aussi pour lui d'expérimenter le souffle propre à chaque poème.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
SEPT MÉTAMORPHOSES
            Je suis tous les hommes,
      toutes les choses et tous les animaux.
              Arthur Cravan

2


je m'appelle New York
je suis celle qui glisse
  en aurore continue

je suis cette fièvre rouge
 pleine d'or et de sang
 de feu et d'épluchures

 que chantait Cendrars
   en ses Pâques
  je suis et je demeure

 la cité whitmanienne
    des orgies
des marches et des joies


    cut-up éruptif
des démons et des dieux
 j'empourpre les cœurs

  mais je ne suis rien
sans mon ciel déchiqueté
    aux douze coins

     de l'horizon
sans mes crépuscules glorieux
 où tout fusionne et prolifère…

p.60-61

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AURÉLIA, FACE B
INSPIRATION


Qui pour écouter vraiment
ce surgissement
irisé

cela perle
et chuchote
en rosée bienfaisante

cela veut sortir
respirer plus haut
plus juste

un seul coup de griffe
ouvre
le puits à rêves

repeuple
l'étang aux grandes rides
lumineuses

p.141-142
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À PERTE DE CŒUR


Toutes les folies sont des états de grâce

tu émanes
tu irradies
comme un meneur de lune
ton monde n'a pas changé
mais il vibre autrement
cadencé par le silence et l'amour
ouvrant d'autres traces
d'autres gisements
un saisissement en continu
qui se diffuse à travers tes os
la folle folie d'aimer
à perte de cœur

Toutes les folies sont des états de grâce

p.40
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COLTRANE EN SON INCANDESCENCE


Olé
voyez cette écume dorée
en expansion continue

le souffle même de mon jazz
sa très haute teneur
en fraternité

Olé
fièvre électrique
pulsation des atomes et des univers

entre les chiens du zénith
et les loups du nadir
je me révèle

gisant vertical
guetteur d'étoiles filantes
porté par la grâce et la mort

source et passage
ressouvenir
d'un cœur arabo-andalou

duende
bruissant et limpide
ancestralement moderne

je nage au bord du jour
dans le courant des deux basses
en orbite solaire

j'incise
l'écorce du temps
je n'ai plus peur

de m'égarer par delà les au-delà
Olé
dix huit minutes éternelles

transe insoupçonnée
passe mystérieuse
pour m'accorder en promesse de feu

p.105-106-107
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Toutes les folies sont des états de grâce
tu émanes
tu irradies
comme un meneur de lune
ton monde n'a pas changé
mais il vibre autrement
cadencé par le silence et l'amour
ouvrant d'autres traces
d'autres gisements
un saisissement en continu
qui se diffuse à travers tes os
la folle folie d'aimer à perte de coeur
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Videos de Zéno Bianu (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Zéno Bianu
Avec douze écrivains de l'Anthologie Avec Anne le Pape (violon) & Johanne Mathaly (violoncelle) Avec Anna Ayanoglou, Jean d'Amérique, Camille Bloomfield & Maïss Alrim Karfou, Cyril Dion, Pierre Guénard, Lisette Lombé, Antoine Mouton, Arthur Navellou, Suzanne Rault-Balet, Jacques Rebotier, Stéphanie Vovor, Laurence Vielle.
Cette anthologie du Printemps des Poètes 2023 proposent 111 poètes contemporains et des textes pour la plupart inédits. La plus jeune a 20 ans à peine, le plus âgé était centenaire. Tous partagent notre quotidien autour de la thématique corrosive des frontières. Leurs écrits sont d'une diversité et d'une richesse stimulantes. Ils offrent un large panorama de la poésie de notre époque. Avec notamment des textes de Dominique Ané, Olivier Barbarant, Rim Battal, Tahar Ben Jelloun, Zéno Bianu, William Cliff, Cécile Coulon, Charlélie Couture, Jean D'amérique, Michel Deguy, Pauline Delabroy-Allard, Guy Goffette, Michelle Grangaud, Simon Johannin, Charles Juliet, Abdellatif Laâbi, Hervé le Tellier, Jean Portante, Jacques Roubaud, Eugène Savitzkaya, Laura Vazquez, Jean-Pierre Verheggen, Antoine Wauters…
Mesure du temps La fenêtre qui donne sur les quais n'arrête pas le cours de l'eau pas plus que la lumière n'arrête la main qui ferme les rideaux Tout juste si parfois du mur un peu de plâtre se détache un pétale touche le guéridon Il arrive aussi qu'un homme laisse tomber son corps sans réveiller personne Guy Goffette – Ces mots traversent les frontières, 111 poètes d'aujourd'hui
Lumière par Iris Feix, son par Lenny Szpira
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