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Citations de Zhang Yueran (60)


Jour après jour, en grandissant, j'ai appris à observer ma mère à travers le prisme de mon père. Je guettais ses incorrigibles manies de paysanne : elle oubliait de se brosser les dents ; elle se lavait le visage mais ne l'essuyait pas ; elle confondait les ustensiles de cuisine et versait de la limonade à la mandarine dans un bol, ou du porc braisé caramélisé dans une cuvette. Elle n'aimait pas allumer la lumière : elle n'avait pas les mêmes besoin qu'un citadin en la matière, ni la même conception de l'alimentation. Parfois elle avalait à toute vitesse une portion de riz, debout à côté du fourneau, puis elle lavait son bol avec une sorte de soulagement du devoir accompli.
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Tous les vieux pays sont couverts d'une couche de poussière dont l'individu peut s'affranchir par l'exil. J'éprouve une grande attirance pour cette liberté mêlée de souffrance.
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Elle cultivait toutes sortes de légumes dans l'arrière-cour mais elle commençait , dès l'arrivée du printemps, à penser aux légumes sauvages. Elle avait l'eau à la bouche rien qu'à imaginer des raviolis fourrés aux bourses-à-pasteur, ou des œufs brouillés aux fleurs de sophora. Tous les matins, elle me flanquait une hotte sur le dos et m'envoyait déterrer des légumes sauvages et cueillir des fleurs de sophora. Il y avait aussi les chatons de peuplier, qui ressemblent à des chenilles et poussent en chapelets, que Grand-Mère hachait et mélangeait à de la viande pour en farcir des petits pains. Dans le patois de Jinan, on les appelle : "Beaucoup de bruit pour rien". Elles fleurissent sans produire de fruits, en pure perte, en somme. En ce temps-là je ne saisissais pas bien le sens de ce surnom, mais je me sentais un peu triste en le prononçant. Debout sous l'immense peuplier, j'agitais une perche de bambou en levant les yeux pour regarder tomber pêle-mêle ces fleurs qui travaillaient en vain.
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Dans mon souvenir d'enfant, la maison baignait dans un calme et un silence perpétuels. Seuls s'exprimaient certains objets inanimés – la télévision, la machine à laver, la gazinière.
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C'était un secret, un secret d'avant nous, qui faisait obstacle entre nous. Nous vivions de la chasse, comme certains animaux - la chasse aux secrets. Finalement, un jour viendrait où, pour une proie, nous nous regarderons en ennemis, et nos chemins se sépareraient.
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Mais c'était évidemment une chimère. Il n'est nul endroit où le temps ne s'infiltre, cette soi-disant éternité n'était qu'une illusion. Nous avons joué au cœur de cette illusion, jusqu'au jour où le voile qui recouvrait nos yeux a été brusquement retiré. La lumière fût, la séance était terminée.
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Nous devions nous plonger dans la peine pour que notre désir s'accorde à l'ordre des choses et que ma trahison trouve un semblant de noblesse.
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Je me représentais le mariage comme nos uniformes d'école, jamais à notre taille mais que nous devions porter quand même.
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Un jour, dans le massif de renoncules derrière la bibliothèque, tu m’as demandé quelle était l’odeur d’un secret. J’ai répondu qu’elle était sucrée, comme un melon mûr qui se fendille.
Par cette soirée de printemps, le parfum du secret était là. Dangereux et ancien, associé dans mon esprit à une sorte de magma ou de météorite. En tout cas, il n’était pas sucré. J’ai eu envie de courir vers toi pour te le dire, en vain.
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Ici réside peut-être la complexité de l'être humain : ce n'est pas parce qu'il reconnaît et désigne ses propres erreurs qu'il en a fini avec elles, aussi longtemps qu'il est vivant, aussi longtemps qu'il respire, il est mis à l’épreuve et connaît forcément des moments de faiblesse...
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Et la fin justifie les moyens
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Je me représentais le mariage comme nos uniformes d’école, jamais à notre taille mais que nous devions porter quand même. (p.75)
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Li Jiaqi
Depuis mon retour à Nanyan il y a quinze jours, je ne suis pas sortie, sauf au supermarché du coin. Et à la pharmacie, pour mes insomnies. Jusqu'à ce matin où il a sombré dans le coma, je suis restée à la maison, à veiller cet homme en train de mourir. Le temps était couvert, il fait très lourd dans la chambre. Je me tenais près du lit, l'ombre de la mort rôdait comme un volcan de chauves-souris tournoyant au plafond,. Enfin ! Ce jour est venu. J'ai quitté la pièce...
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En fait, c'était trop tôt. La vérité avait surgi avant l'heure, si facilement, sans le moindre effort. Cela mit fin à toutes les constructions imaginaires que j'avais élaborées dans des élans de ferveur enthousiaste. Tout comme un soldat qui vient d'enfiler sa cuirasse et de saisir son arme, et qui, alors qu'il s'apprête à livrer un combat acharné, apprend que la guerre est terminée. Que cette chance était cruelle ! J'aurais préféré tomber au champ d'honneur.
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C'est à cause de leur pouvoir destructeur sur le monde que certaines choses deviennent des secrets, soigneusement enfouis. Et si toi et moi, enfants, adorions exhumer les secrets, c'était sans doute précisément parce que nous aimions leur caractère dévastateur. Je ne saurais dire ce qui, au juste, réprimait notre puissance créatrice. Mais puisque nous n'avions pas la possibilité de créer, eh bien, nous n'avions qu'à détruire. La destruction a toujours été considérée dans ce pays comme une forme ultime de création.
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Pourtant, au cœur de ce bonheur fou, elle éprouvait toujours une vague crainte qu'elle avait du mal à chasser. Que quelque chose soudain les sépare. Elle n'en parla jamais à mon père car, une fois exprimés, les doutes se transformaient en pierre posées en travers du chemin.
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L'univers d'un enfant comporte d'innombrables zones interdites avec la pancarte "Défense d'entrer", l'âge est la meilleure des excuses, car elle ne requiert aucune autre explication.
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Cela me rappelait l'époque où je parlais à ma poupée en la serrant fort contre moi. L'amour que ma mère me portait était à peu près de même nature : un amour unilatéral, incapable de surmonter l'obstacle de la matière pour atteindre le coeur de l'autre.
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Apres la mort d'un dictateur, les gens sombrent dans une sorte de vacuité redoutable. Résister était devenu la grande affaire de leur vie, ils ne savent rien faire d'autre. Cette liberté qui leur tombe du ciel est un instrument de précision trop complexe : ils la tiennent en main sans savoir comment s'en servir.
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Cette soi-disant "ouverture du destin" ressemblait plus à une bride qu'on passe au cou d'un cheval, et je fus dès lors traîné par la vie au bout d'une longe, suivant un chemin depuis longtemps tracé pour moi.
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