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Critiques de Zoé Valdés (185)
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Compartiment fumeurs (poèmes)

Insularité rime-t-elle avec volupté ?



Les littératures caribéennes portent souvent en elles un souffle érotique, violent et libre, on pense évidemment au totem du genre, la Trilogie Sale à la Havane du cubain Pedro Juan Gutierrez, mais on peut aussi citer la guadeloupéenne Maryse Condé et à la sensualité farouche et affranchie de sa sorcière Tituba.



Dans ce recueil de poèmes, l’écrivaine Zoé Valdés, exilée cubaine en France, ne déroge pas à la règle. Le charnel y côtoie l’odieux, les corps à corps sont un remède à la mélancolie, au vague à l’âme, le sexe et la fuite en wagon sont comme une échappée belle sur le temps qui défile à la fenêtre du compartiment et avilit les chairs.



Valdés rend hommage aux artistes qu’elle admire et qui ne sont pas étrangers à son tropisme pour la volupté mortifère, comme le peintre Egon Schiele qui a droit à un magnifique poème en début de recueil.



"Je ne prétends blesser personne hormis les purs." Cette “tristesse érotique”, Valdés l’emporte avec soi, à travers les villes alémaniques, les cités catalanes et sa poésie nous offre des associations d’images foisonnantes, parfois malaisantes mais toujours percutantes.



Bel été
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Le Néant quotidien

Cuba, La Havane. Il n’y a rien à faire ici bas. Nada. Comment se fabriquer un avenir quand le présent est vidé de toute substances ? Partir semble la meilleure solution. Yocandra, l’héroïne refuse l’exil. Même si le poids des départs lui pèse. Zoé Valdès raconte ce parcours initiatique (son parcours ?) politique, intellectuel et sexuel. Elle porte un regard lucide sur un pays écrasé par la dictature.

Ou les privations de tout ordre rendent fataliste ceux qui ne peuvent s’enfuir.

Loin des couleurs cartes postales de l’ile, ici c’est un horizon désespérément bouché qu’elle nous décrit. Son livre témoigne de l’incroyable chape de plomb maintenue par le régime castriste. Mais l’humain peut s’habituer à tout, même au pire.

Ce court roman de Valdès en est un exemple parfait. Un bon roman pour témoigner du quotidien dans une dictature.





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La Havane mon amour

"Je suis née à La Havane, un 2 mai 1959; je suis havanaise, ce qui implique déjà une certaine attitude face à la vie"....l'attitude est l'insouciance totale, prendre les choses comme elles viennent, résister aux circonstances et au climat.

Valdés nous raconte La Havane de son enfance insolite, vécue dans un deux pièces exiguës, plus tard, entassés sur deux étages d'une auberge, avec sa grand-mère, sa mère, une amie de celle-ci,sa tante et son cousin, sans père....Une Havane encore folklorique à l'ombre de la dictature de Castro -"Le 8 janvier 1959, Castro a pris La Havane; à partir de ce moment-là , le seul "Christ" qu'il fallait adorer, c'était lui"-.

Avec, Farolito, son allumeur de réverbères ," l'un des meilleurs connaisseurs de La Havane " / Le Caballero de Paris, poète, l'homme le plus populaire de La Havane, qui a toujours avec lui tout un tas de poèmes / "La présence" de José Marti,"immense écrivain et révolutionnaire" / L'odeur du pain croustillant, des vizcondes,gâteaux, à base de pain imbibé de sirop et couvert de crème / Ses guaguas, les bus havanaises / Ses cinémas aux navets soviétiques ou nord-coréens en programmation.........Valdés se perd et nous perd dans le monde haut en couleur d'une ville mythique, à jamais disparu et nous emmène dans tous ses recoins et ses environs, y mêlant l'histoire à ses propres souvenirs.



Elle, qui vit aujourd'hui à Paris, dans le Marais, y cherche toujours sa Havane d'antan. Les rues, les habitants, les détails, tout contribue à allumer sa nostalgie de cette ville qui n'a cesser de lui manquer, "jour après jour, minute après minute".



Rêves ou souvenirs ? qu'importe. Cette Havane peuplée de fantômes et de personnages excentriques, dont elle n'a pas vu la splendeur passée mais l'imagine, où elle a appris à lire, à vivre et à résister, cette ville, le lieu de son identité, qu'elle porte tout entière en elle, elle nous La raconte dans une magnifique langue poétique, envoûtante.

Même moi, déçue par cette ville que j'ai récemment visité , je me laisse emporter par cette envolée lyrique.





"J'ai quitté La Havane , mais elle ne m'a pas quittée".
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La femme qui pleure

L'amour passion est très souvent destructeur mais il l'est assurément lorsque celui que l'on aime est un goujat !

Zoé Valdés nous raconte à travers " la femme qui pleure" l'amour passionnel que Dora Maar a voué à Pablo Picasso .

Je ne m'étais jusqu'à aujourd'hui jamais véritablement intéressé à la vie de Picasso. J'aime beaucoup certaines de ses oeuvres et j'avoue que je ne m'étais pas interrogée sur sa vie. Le portrait que nous en fait Zoé Valdés est détestable , je n'ai cessé de dire durant ma lecture, mais quel c.. !!!

J'ai été aussi extrêmement déçue par Paul Eluard et ai beaucoup de mal à admettre que l'on peut écrire de si beaux poèmes sur l'amour et agir comme il l'a fait envers Max Jacob. Cela ne colle pas avec l'image que je m'en faisais !

Quant à Dora, on ne peut s'empêcher d'avoir par moment de l'empathie et donc de ressentir sa souffrance devant la tyrannie, le mépris et les actes d'humiliation subis de la part de Picasso. Toutefois, je n'ai pas éprouvé une réelle sympathie pour Dora Maar. C'est vrai que l'amour peut faire faire ou faire accepter beaucoup de choses mais vu de l'extérieur cela est difficilement compréhensible.

Pour toutes les choses que j'ai apprises j'aurais pu mettre 5 étoiles mais je n'ai pas trop apprécié la construction du livre qui m'a parfois embrouillée. Par ailleurs, je trouve regrettable que Dora Maar ne soit présentée qu'au travers de Picasso alors qu'elle est une femme aux multiples talents. S'il était indispensable de consacrer une grosse partie du livre à Picasso, son Dieu,, son maître, il aurait pu être intéressant d'avoir un angle de vue sur son engagement dans l'art.

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La Havane mon amour

Lire ce livre, c'est évoluer dans un rêve. On est là, le soleil brûlant la peau entre deux déluges d'averse, trimbalant notre corps accablé par cette moiteur jusqu'alors inconnue, dans les rues de la Havane. On déambule, un guide touristique à la main, parcourant les rues et les lieux saturés de bruits, d'odeurs acres et sucrées, avec auprès de soi, la voix chaude et le verbe chaloupé de Zoé Valdès, qui nous murmure à l'oreille l'histoire des lieux.



"Ce livre est une sorte d'essai sur La Havane, avec sa part de rêve et de fiction. (...) Comme une mère, comme une soeur, [La Havane] me renvoyait ma propre image, démultipliée, mon image éclatée comme une larme en mille morceaux."



L'auteure est née avec la révolution cubaine : en cette année 1959, les révolutionnaires ont été accueillis par les vivats d'une foule enthousiaste et pleine d'espoir. L'embargo des États-Unis, le ralliement à l'union soviétique et les années noires de la répression qui suivirent eurent vite raison de cette euphorie. Mais là n'est pas le propos de ce livre, mais la cause de l'expatriation qui nous vaut cette vibrante et touchante déclaration d'amour de Zoé Valdès* à sa ville de naissance et de coeur.



"L'exil est un châtiment ; ce n'est pas un cadeau. L'expérience peut être enrichissante, c'est vrai, mais je verrai toujours l'exil comme une punition."



Zoé Valdès nous conte ses souvenirs, avec beaucoup de poésie, d'émotions et d'admiration pour cette Havane qui a vécu et continue à vivre sans elle, en intercalant à son récit, de courtes descriptions qui semblent tout droit sorties d'un guide touristique, comme un ancrage nécessaire, une bouée à laquelle se raccrocher. Un peu comme une enfant qui voudrait se rassurer, en prenant l'autre à témoin : 'Regarde, je n'ai pas rêvé ! C'est bien vrai ce que je dis, puisque c'est écrit là !'



"Le plus fort, c'est quand tu éprouves cette sensation de porter en toi les rues où tu es né, celles où tu as grandi, alors même que tu marches dans d'autres rues, qui te sont étrangères."



Revisiter par l'écriture cette Havane tant aimée, c'est donner corps à ce qui vit en elle de la ville et de ces habitants : le Caballero de Paris, qui offre ses poèmes comme d'autres des fleurs, Farolito sanglotant sur la disparition de Paquita Terremoto, la mère qui rentre au lever du jour, portant "sur ses épaules le poids de la ville entière", Sibilla qui "reviendra, funambule en éveil, en équilibre sur le fil que lui tend le sommeil", la vie à Cojimar qui laisse "le corps tout salé, tout défait", la démolition de la maison rue Muralla, le Christ de la Havane, banni, ces couples qui dansent, étincelants, tout habillés de blanc et cette musique des bars et des rues...



"Je remercie une fois de plus ceux qui aiment La Havane, qui la comprennent du plus profond de leur être, qui la caressent sans la brutaliser, sans l'humilier ; car c'est aussi grâce à eux que La Havane reste debout, capable de survivre à n'importe quelle époque, à n'importe quel désordre. Je remercie les Havanais de naissance, qui se reconnaîtront au coin de chacune de ces pages. Alors, ils déambuleront de chapitre en chapitre, je les tiendrais par la main, avec leurs fantômes, qui sont aussi les miens."



Et moi de remercier Bookycooky, sans laquelle je n'aurai pu découvrir ni ce livre ni cette auteure...



*Zoé Valdès est interdite de séjour à Cuba, depuis 1995 date de la parution de Néant Quotidien.
Lien : http://page39.eklablog.com/l..
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Louves de mer

Dans ce court roman Zoé Valdés se penche sur les destins croisés de deux figures de la piraterie du 18° ayant réellement existé : Anne Bonny et Mary Read.

Femmes et flibustières, figures de légendes, forcément fascinantes...



Il en ressort un texte hybride, mi-récit historique, mi-conte hypnotique.

La plume de l’auteure ne se contente pas d’aligner les mots, il y a dans sa façon d’écrire une fièvre et une audace qui propulse le lecteur dans la scène décrite. Les batailles navales et les joutes amoureuses, les scènes de tortures et les manœuvres de séduction. C’est un livre bruyant, plein d’odeurs et d’humeurs, un livre qui dégoûte et puis réjouit, qui émeut et puis qui effraie. Il n’y a rien de délicat ou de léger dans ces lignes, et c’est sans doute à l’image de la vie qu’ont menée Ann Bonny et Mary Read…





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Le Néant quotidien

La romancière dépeint avec cynisme le fléau de la révolution cubaine captant avec acuité la désespérance sociale et dépeignant le combat quotidien du peuple victime de la dictature castriste.



Avec son sens du social et de la narration Zoé Valdés fait souffler un vent follement romanesque sur des airs de roman initiatique, à l'aide d'une poignée de personnages en proie aux huis clos d'une dictature communiste.

Pénurie, dénuement, libertés bafouées, lutte et exil, une grande lassitude découle des mots et de ces situations déroutantes.



L'auteure cubaine, exilée en France depuis une vingtaine d'années, se connaît pour fabriquer de l'insolite avec le quotidien et son style fluide et parfois cocasse insuffle une sorte de mélopée parsemée d'humour noir.



Certains passages nous font ressentir son besoin d'écrire pour dire ce qui la dépasse, la ronge, l'allume.

Elle cherche à exorciser le vide, afin de dompter la solitude et la nostalgie de son « Ile » si chère à son cœur.





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La femme qui pleure

La messe est dite : Picasso était un salaud ! ça tombe bien je n’ai jamais particulièrement apprécié son œuvre. Et Dora Maar, son amante pendant 10 ans, est une cruche doublée d’une folle. Ceci est la première impression à chaud. Ensuite, vient la nuance : Picasso reste un salaud mais n’en est pas moins un génie, Dora Maar est une femme certes frappadingue, mais touchante et fragile. Peut-on lui reprocher d’avoir tellement admiré son amant, ce génie, qu’elle a tout accepté : être traitée comme une moins que rien, rabaissée, maltraitée, souillée jusqu’à la rupture, jusqu’au point de non-retour ?

Zoe Valdès, dont je découvre la plume avec ce roman, s’attache à la figure torturée de Dora Maar qui fut la compagne de Picasso pendant 10 ans, durant les années 40/50. Et autant vous dire que ce n’est pas du joli. Certes, je connaissais plus ou moins la réputation sulfureuse de Picasso mais alors là, ça dépasse l’entendement. Cette femme mystérieuse, cette artiste-photographe de talent, amis des surréalistes, égérie de Man Ray, a d’abord ébloui le maître. Mais de cette femme fascinante et indépendante, Picasso en fera pourtant une loque, une amante soumise incapable de se détacher de son emprise maléfique (n’ayons pas peur des mots). Elle sera sa muse, cette Femme qui pleure, figure tragique qui l’a tant inspiré pour ses peintures. Parce que trop indépendante, trop dure, il n’aura de cesse de la faire plier pour qu’elle devienne cette femme éplorée qu’il possède et domine. De là vient sa jouissance. On découvre également un Picasso roublard, égoïste, mené par des pulsions sexuelles quasi morbides, qui n’hésite pas à abandonner son meilleur ami, le poète juif Max Jacob, qui réclame son aide alors qu’il est sur le point d’être envoyé à Auschwitz.

Zoe Valdès retrace cette histoire (d’amour ?) et revient notamment sur le voyage que fera Dora Maar à Venise, en compagnie de deux hommes dont l’écrivain James Lord qui sera sûrement le seul homme l’ayant vraiment aimée. Ce voyage sera sa dernière parenthèse de bonheur avant de se cloîtrer définitivement dans son appartement parisien jusqu’à sa mort. En parallèle, l’auteur se met également en scène dans la peau de l’écrivain/détective bien décidée à faire toute la lumière sur ces quelques jours en Italie qui ont été si déterminants. C’est aussi le travail de l’écrivain, ses obsessions dès lors qu’il tient un sujet, ses difficultés à se détacher de son œuvre. Certains ont reproché à Zoe Valdès de s’être trop immiscée dans son roman. Je trouve au contraire que le roman n’en est que plus intéressant.

Ce qui pèche au fond dans ce roman n’est pas tant le fond (qui m’a plu) que la forme. Le style de Zoe Valdès m’a semblé un poil trop chaotique et anarchique, me perdant notamment dans l’alternance des processus narratifs peu travaillés. Ce qui devait être un parti pris intéressant est devenu pesant et a dérouté la lectrice que je suis.

Reconnaissons pourtant à notre auteur cubain un talent certain dès lors qu’elle dépeint tout le panel d’émotions par lesquelles passent Dora Maar face à la cruauté de Picasso. J’ai lu ces passages en apnée, Zoe Valdès ayant su pleinement exprimer toute la puissance destructrice de ce couple infernal. En revanche, l’épisode à Venise a alourdi ma lecture et m’a clairement ennuyée. Je ne comprends pas d’ailleurs pourquoi Zoe Valdès a tant tenu à évoquer cet épisode. Selon moi, l’histoire de Dora et Picasso aurait suffi.

La femme qui pleure n’en demeure pas moins un roman très instructif sur cette période fascinante qui a vu s’épanouir le milieu surréaliste et bien évidemment sur la relation destructrice de ces deux artistes, deux âmes libres entrées en collision pour le meilleur et surtout pour le pire. Je remercie des éditions Arthaud et Babelio pour cette opération Masse Critique.


Lien : http://www.livreetcompagnie...
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Trafiquants de beauté

Nous allons suivre dans ce livre quatorze histoires, avec en toile de fond, une île toute en couleurs et en contraste, Cuba. Une jeune fille de treize ans, discute avec un photographe, portugais ou espagnol, qui mitraille les quartiers délabrés de Cuba. Elle n’a pas froid aux yeux et lui livre le fond de sa pensée avec gouaille mais beaucoup de lucidité.



Quelques pages plus loin, on trouve Femelle, une femme seule, mariée très jeune et un jour, son mari est parti. Est-elle encore une femme ? Avec des plaisirs intellectuels ou physiques ?



On va rencontrer ainsi des personnages, le plus souvent des femmes, tous différents et attachants pour certains.





Ce que j’en pense :



C’est le deuxième roman de Zoé Valdès que je lis. Que je tente de lire serait une formulation mieux appropriée. J’ai lu, il y a quelques années « La douleur du dollar » qui m’a laissé un souvenir mitigé.



J’ai commencé « Trafiquants de beauté » en 2014 lors de mon premier challenge ABC. En fait, je voulais lire « Café Nostalgia » et je ne l’ai pas trouvé. Je l’ai transporté pendant ma cure cette année-là pour m’arrêter piteusement à la quarantième page.



J’ai donc recommencé entièrement ma lecture cet été et je me suis plus prise au jeu. Comme je l’ai dit, il s’agit d’un recueil de quatorze nouvelles, d’importance inégale (certaines comportent à peine deux ou trois pages) et d’intensité différente, que l’auteure a écrites entre 1988 et 1998, certaines à Cuba, d’autres en France.



J’ai réussi à terminer le livre, cette année, mais on ne peut quand même pas parler d’enthousiasme débordant. On côtoie La Havane, au jour le jour, entre les difficultés pour acheter de la nourriture, les clichés des touristes, qu’ils soient ou non photographes, sur la vie dans ce pays, l’absence de liberté, l’homophobie qui n’est jamais très loin, les jeunes filles qui ne songent qu’à partir, la télévision abrutissante, lobotomisante, avec ses deux chaînes, l’une pour retransmettre, non stop, les discours fleuves de Fidel Castro, l’autre qui diffuse, toujours en boucle, des séries.



Il y a la misère dont on ne parle pas, mais qui est là, avec son cortège de malnutrition, les bus qui sont toujours en retard et pas qu’un peu, cela se chiffre en heures, tout part à la dérive, personne n’est dupe malgré les discours de propagande. Les bars réservés aux touristes, mais interdits aux Cubains eux-mêmes. Les jolies filles qui ne désirent, pour certaines, le plus souvent, qu’une chose , sortir d’ici.



Ce qui frappe, plus que la liberté réduite, c’est le désespoir, plutôt l’absence d’espoir. La plage est belle, l’océan aussi, il y a des femmes en maillots de bain qui bronzent, mais l’image de carte postale de cette île paradisiaque qui vit ou plutôt survit, dans un autre temps, un autre siècle s’effrite très vite malgré la gouaille, le côté parfois lascif, ou les histoires de fesses qui font plus grincer des dents que vraiment sourire.



Le style est lapidaire tout en étant chantant, coloré, certaines phrases sont vraiment belles, avec des mots d’argots, les dracullars, les Frankensteins, la musique, les "cuba libre" et l’auteure montre l’envers du décor mais sans émouvoir vraiment.



Note : 6,5/10



challenge ABC

Callenge Destination PAL été 2015
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La nuit à rebours

Nuit étoilée, la valise fermement arrimée à la main droite, le passeport et le billet d’avion dans la gauche, elle avance lentement, mélange de peur et d’envie, sur le tarmac. Un dernier regard derrière elle pour voir…



… son île, Cuba. Une île, sans espoir. Cela faisait des années que ce départ était programmé. Les aléas de la vie ont fait durer la souffrance de rester. Parce qu’en bonne cubaine, un peu rebelle, elle n’aspirait qu’à une chose la liberté. S’enfuir ou mourir de désespoir, mais une naissance, sa fille, vient bousculer son avenir…



… d’ailleurs quel avenir, pour ce bébé, cette magnifique petite fille sortie de son ventre, qu’elle rêve chaque nuit de la faire de nouveau rentrer dans son utérus pour la protéger de cette île, de ces communistes, de cette dictature. Des rêves et des réveils en sueur, jusqu’où serait-elle prête pour fuir ce pays. Jusqu’à abandonner sa fille ?



Nuit cubaine, cette nuit à rebours, où le temps des années a défilé aussi rapidement que l’adolescence de son enfant, revient sur les choix difficiles qu’elle fut amenée à choisir. Pour le bien de sa fille. Sacrifice d’une vie, que reste-t-il lorsque la bouteille de rhum est vide…
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La Havane mon amour

« Quand j’ai quitté Cuba, j’ai dû laisser ma famille, mes livres, tout ce que je possédais, j’ai dû laisser ma maison, et j’ai dû laisser ma ville. »



Quel hommage rendu à La Havane ! Zoé Valdés est une écorchée vive qui manie la plume avec une force qui surprend. Elle crache son désespoir d’être partie ou plus exactement d’avoir été obligée de partir et garde cette blessure ouverte.



« L’écriture fait ressurgir ma Havane et ses fantômes. »



Ce livre permet la découverte de rues, de demeures, d’odeurs et de personnages qui ont peuplé La Havane, qu’ils soient artisans ou poètes, Zoé Valdés leur rend tous hommage et les lie à son univers suave et sensuel. « La pluie tombe sur les rêves, sur le sol, sur les statues. La pluie tombe sur toi, marbre ardent et érotique, et ton visage a la blancheur de cet astre lointain. »



Elle livre des bribes de souvenirs foisonnants, douloureux, heureux, mélancoliques. Les sentiments sont forts et trahissent des peurs qui remontent parfois à l’enfance. « Mes rêves fragiles comme le verre se fêlaient au son de sa voix, à la lisière de mes angoisses. »



C’est une constante au travers des lectures de cet auteur, la douleur de l’exil, du déracinement. « L’exil est un châtiment ; ce n’est pas un cadeau. L’expérience peut être enrichissante, c’est vrai , mais je verrai toujours l’exil comme une punition. »



Elle me touche à chaque fois. Ce livre surpasse tous les guides touristiques de La Havane car il y a de la vie, de la transpiration, de l’humain dans les rues quand Valdés nous fait déambuler avec elle d’un quartier à un autre. J’ai découvert des personnages voire des personnalités -parfois étranges- qui ont marqué l’auteur. Elle se raconte autant qu’elle nous révèle sa Havane. « Il ne pleut nulle part comme il pleut à La Havane. Ce sont des averses épaisses et odorantes, l’herbe est parfumée, les rues sont fumantes. »



Je remercie Babélio et les Éditions Arthaud pour ce magnifique cadeau. Le choix de la couverture -image, toucher, couleurs- abouche à merveille avec l’ambiance très particulière qui exsude des souvenirs des « trois petites filles dans le miroir. »



J’ai une petite préférence pour les romans précédemment lus d’elle mais je suis ravie de la découverte de La Havane au travers des mots de Zoé Valdés et du partage d’émotions et de sensations qu’elle livre ici. « Oui, il faut partir de zéro ; le zéro est la clef. » Ce livre aide à comprendre la femme, l’auteur, la cubaine exilée en France.

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La Sous-Développée

(p. 26)

Le vol était aussi long que le ruisseau de sang d'une colombe morte.

Un jour, elle avait décapité une colombe d'un coup de pierre. La touffe de plumes resta debout, chancelante, un geyser noir et brillant jaillit du trou béant.

Une femme entièrement vêtue de blanc, parée d'un tas de colliers, surgit alors ; elle prit ce corps vibrant par les ailes et but comme on boit le vin en Galice. Son gosier ne cessait de monter et descendre. Le liquide débordait le long du cou, des seins, des vêtements blancs. La femme s'effondra, blessée de pourpre, souriante. Des caillots étaient collés à ses lèvres, ses dents étaient comme tachées de chocolat. Son regard vitreux fit tressaillir Daniela. "



Quelle écriture cette Zoé Valdès !



On aime , ou on déteste !



Et , moi j'aime cette écriture intense, poussée au paroxysme de la bienséance, qui dérange.



Son amour pour la vie, pour l'amour, pour le Baron mauve ! Amour fou, amour toxique qu'elle boira jusqu' à la lie et en rejettera des "caillots de sang" !!!



J'aime la façon qu'elle a de parler de l'acte sexuel qu'elle transforme avec ses mots

en une apothéose de rayons fluorescents qui vous envahit et vous fait ressentir le plaisir charnel en le transcendant.



(p.91)

Et si l'éternité n'était que cette minute où elle contemplait les mains parfaites et adorables - peut être trop - de cet homme ?



(p.93)

Beaucoup de gens se trompent, prenant la tendresse pour la passion, le désir, la pitié. La tendresse était plus forte : ce tressaillement que l'on ressentait quand l'homme vous caressait, la crainte de le perdre et le courage d'affronter les doutes et les espoirs de salut.



Je l'avais déjà lue , ai eu plaisir à la relire.











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Cher premier amour

Zoé Valdès née le 2 mai 1959 à La Havane, romancière - poète, a fait des études de pédagogie et de philosophie.

¤ Après avoir lu ce livre, je serais curieuse de voir quel genre de poésie elle peut écrire !



(p. 232) - Avec le désir le plus ardent je tourne mon regard vers le soleil, et dans ma ballade rustique je dis au rythme de ma lyre, heureux qui a Cuba admire le retour de l'aurore.



En bref l'histoire, ce que j'en ai retenue :

Danaé, mariée, 2 filles, en a ras le bol de sa vie routinière et monotone et décide de partir 3 mois au loin.

Elle prend le train et s'en va, elle ne sait où, retrouver son premier amour , Terre Fortune Monde (premier amour homosexuelle).



Au fil du voyage, assez épique, elle va se rappeler ses souvenirs d'Ado, du temps où elle allait travailler dans les plantations de tabac, tomates, betteraves, choux et pommes de terre.



Elle y retrouve ses "amies" et aussi découvre des êtres étranges qui vivent de façon incestueuse et ont tous des tares physiques dans un hameau voisin. (4 seins, 2 nombrils, 6 doigts etc ...)



Un aperçu des surnoms attribués à toute cette bande d'Ados qui va trimer dur, dans des conditions de travail et d'hébergement déplorables et vont s'éclater dans des excès en tous genres.

- Danaé Lippe de Canard - Margot Chicano - Mara La Phtisique - La Momie - Mains Maladroits - Patte en fer - Emma La Menace - Noële le Dérangement - Vénus Pourriture - Salomé La Satrape - Irma L'Albinos - Andy Nid de Poule etc ......



Nature cette écrivaine - "Un chat est un chat" pas de fioritures inutile ; détails croustillants et parfois plutôt écoeurants.

Description des dortoirs et même de la nourriture dans les plantations bien ragoûtants.

Celle des latrines (pipi, caca, prout-prout), on ne plus imagées et dégueu à souhait (p; 118 - 119)



Roman déconcertant sur la culture cubaine où se mêlent fantastique, rêve, poésie un peu spéciale, réalité bien lourde avec des passages "crades"(p.198-199), d'autres "érotico-porno" (p;253).



Beaucoup de choses abordées, mais on s'y retrouve quand même, un peu d'épistolaire également.



Ecriture singulière ce bouquin.



Je ne peux pas dire que j'ai aimé, mais ne l'ai pas détesté non plus.



Spécial !
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Lettres à la jeunesse

Dix poètes parlent de l'espoir dans ce recueil qui a aussi l'avantage de donner les versions bilingues des poèmes... Cet ouvrage a été réalisé en partenariat avec Le Printemps des poètes 2003. Il offre aussi une belle lettre écrite par chacun des participants au recueil du Libanais Abbas Beydoun jusqu'à l'Américain C.K. Williams en passant par le Portugais Nuno Judice ou encore l'Allemand Reiner Kunze...

Un ouvrage intéressant bien que je ne sois pas sensible avec la même acuité à toutes les écritures.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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La femme qui pleure

Quel est le point commun entre Georges Bataille, Man Ray, Nush et Paul Eluard, Tanguy, Balthus, Louis Chavance, James Lord, Brassaï, Nicolas de Staël, Jacques Lacan et Picasso?



Deux yeux gris-verts, sombres et graves, un visage de médaille, un corps de déesse, un port de ...reine du Tibet, et surtout: des larmes.



La femme au chapeau rouge, aux gants ensanglantés. La femme-qui-pleure. Dora Maar.



Dora Maar, née Théodora Markovitch, croate, émigrée en Argentine, venue en France en plein essor du Surréalisme. Dora, la belle, Dora l'immense photographe surréaliste,Dora l'artiste moins connue, peintre de paysages presque abstraits de son cher Luberon,Dora la poétesse,Dora la Muse,Dora l'abandonnée, Dora la folle, Dora la mystique recluse du 4ème arrondissement.



De James Lord à Nicole Avril, en passant par Alicia Ortiz, Victoria Dexeus, Mary-Ann Caws, cette femme- qui- pleure, plus connue pour son statut de maîtresse de Picasso que pour elle-même, a suscité depuis une quinzaine d'années, bien des questions, bien des interprétations..bien des biographies.



Voici donc celle de Zoé Valdès.



Elle a choisi pour point de départ un voyage à Venise de Dora, en compagnie de deux amis homosexuels, auteurs et critiques d'art ,James Lord et Bernard Minoret, en 1958, longtemps après sa rupture avec Picasso, en 1944, et juste avant sa décision de se retirer du monde dans son appartement -mausolée du 4ème arrondissement, au 6 rue de Savoie.



Le récit est un aller-retour constant entre le présent de ce voyage, vu par les différents protagonistes, James, Bernard ou Dora, et le passé qu'ont vécu, auprès de Picasso, James et surtout, bien sûr, Dora.



Mais le puzzle spatio-temporel se complique: Zoé Valdès elle-même se met en scène, elle rencontre Bernard puis James, avec la ferme intention d'obtenir d'eux le secret de la brusque rupture de Dora avec son passé,de comprendre le déclencheur mystérieux de cette réclusion volontaire de la fin de sa vie. entre religiosité et souvenirs.Déçue du résultat, elle devra se contenter de répondre elle-même à ces interrogations par le recours à la fiction...



Cette mise en abyme va très loin, puisque Valdès va jusqu'à nous raconter la "rencontre" muette et "adorante" qu'elle fait de son modèle, tous les jours, pendant de longues semaines, juste après son arrivée en France en tant qu'exilée du régime castriste- elle en avait été, il faut le dire aussi, une des figures de proue, artiste "officielle" et bien en cour...-



Ces "rencontres" de l'auteure et de son sujet -se succèdent selon le même rituel de muette adoration jusqu'au jour de la mort de Dora, foudroyée à 90 ans, par une attaque cérébrale, en pleine rue - un jour où , justement, Zoé Valdès avait manqué son rendez-vous rituel ..



Le personnage de Dora Maar était suffisamment dense, mystérieux, attachant, bouleversant sans s'encombrer de la présence invasive de l'écrivaine.



Elle s'identifie étrangement à son sujet, jusqu'à la dévoration, et jette sur les "grands noms" qu'elle évoque- Eluard, Picasso, Balthus, etc..- quelque chose de vénéneux, qui m'a mise, personnellement, très mal à l'aise.



Non pas qu'on doive traiter ces gloires artistiques avec une révérence obligatoire ni qu'il faille s'abstenir, à leur endroit, de tout saccage iconoclaste...Mais je n'ai pu m'empêcher de voir, dans son procédé d'écriture, une manière de phagocyter le réel, en le pillant et en le transformant au gré de ses propres fantasmes, et surtout, tant la désacralisation est rude, obscène même, d'y sentir une forme de médisance, de haine jalouse et féroce...



Ceux qui liront le livre me diront si je suis complètement parano ou si le livre de Zoé Valdès vampirise allègrement la pauvre Dora Maar pour nous parler..d'elle. J'ai pensé au dernier livre de Delphine de Vigan.. Valdès serait-elle une réincarnation de L. ?Mais à la différence de Delphine, jeune et bien vivante, Dora ne peut plus se défendre - ni Lord, ni Eluard, ni Picasso...



N'empêche qu'il me restera un gain inappréciable de cette lecture : la découverte des immenses talents de Dora Maar, l'artiste.



Ses gouaches et huiles magnifiques du Luberon, ses photos surréalistes, celles qu'elle prit de la création de "Guernica", valent largement qu'on lui consacre enfin une grande exposition, où elle ne serait plus là en tant que "maîtresse de" mais en tant que créatrice à part entière!!



Je remercie les éditions Arthaud et masse critique de Babélio d'avoir suscité, par cette lecture, mon désir d'en savoir plus sur Dora Maar, la femme et surtout l'artiste...

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Trafiquants de beauté

Un jour, une femme, une île. Du soleil, de la moiteur, de la sueur même dans les draps ou sur une plage. Des débats littéraires et des ébats. 14 nouvelles, taille variable, intérêt variable, comme le tour de poitrine des putes cubaines, ou le tour de taille des femmes de cette île. Des histoires écrites entre La Havane et Paris, pour cette exilée cubaine vivant dans notre contrée, loin de son soleil, de sa mer, de ses racines. Des histoires de femmes, de fesses et de politique. Totalement incorrectes et complètements cubaines. Les histoires et les fesses. Quand à la politique ? … Silencio ! El Commandante passe à la télévision entre deux soap-opéras à l’eau-de-rose. Écoutons-le avant de se faire emprisonner. Et interdiction de faire la sieste, même crapuleuse.



Qu’il est doux de se plonger dans cet océan bleuté, une eau si azurée qu’elle n’en parait irréelle. Cuba, comme un paradis artificiel. La beauté du ciel, des plages, des femmes. Mais autour de toutes ces beautés, règne un sentiment de nostalgie et de profonde tristesse. Parce que Cuba est une terre sans espoir, une île où la vie ne se projette pas, subissant les flots incessants des discours d’un chef au cigare arrogant. Il n’est plus question de vivre mais survivre. La carte postale idyllique faite de soleil et de palmiers avec une belle femme en bikini allongée sur une longue plage de sable fin devient une toile de fond où le désespoir se noie dans le regard sombre de cette cubaine.



Alors que tu sois lolita ou pute, trafiquant d’armes ou de beautés, laisse de coté ton cigare pour d’autres jeux, décapsule una cerveza muy fresca y FUERTE et respire cet air chaud, moite et humide de Cuba. L’atmosphère de ces nouvelles apporte le soupçon d’exotisme qui te fera troquer tes santiags contre une paire de tongs. Car, ce sont les doigts de pieds en éventail qu’une sublime brune, au sang chaud et passionnée, viendra t’apporter cette bière cubaine. Sur un air de rumba. Deliciosa. Hasta Siempre. Hasta la muerte, Commandante.
Lien : http://leranchsansnom.free.f..
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Le pied de mon père

Comme beaucoup de lecteurs, j'ai été tout d'abord choquée par la première partie du récit. Un style à la limite (franchie?) de la grossièreté, abrupt, des personnages guère attachants, une petite fille perdue dans un univers féminin très... décalé pour le moins. Et puis, on découvre la seconde partie du récit plus personnel. La petite fille a grandi, est devenue une jeune femme, et le style de l'auteure s'en trouve métamorphosé. Tout s'éclaire. Zoé Valdès a avec brio réussi à faire coïncidé le fond du texte avec sa forme : la vie dans une quartier très défavorisé, où règne violence et délinquance s'écrit dans un style cru, alors qu'une fois l'enfant libéré de ce carcan pour s'ouvrir à la culture et la littérature, le style s'élève, en une écri-dure personnelle.

J'ai suivi le cheminement tant géographique que spirituel et psychologique de l’héroïne avec grand intérêt, on y perçoit avec beaucoup d'acuité la difficulté de vivre à Cuba sous le régime autoritaire de Fidel Castro, tant sur le plan purement matériel, social, que sur celui de la libre-pensée. J'ai tout simplement découvert un univers qui m'était peu connu jusqu'à présent, ayant peu eu l'occasion de lire la littérature cubaine. Je ne vais pas tarder de m'y replonger afin d'en apprendre un peu plus...
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Le roman de Yocandra

Fidel Castro est mort. A moi cela ne fait ni chaud, ni froid. Mais une moitié éplorée des Cubains fait la queue sur l'île pour lui rendre un dernier hommage, une autre moitié danse pour exprimer une joie morbide. Zoé Valdés, comme une vaste majorité des exilés, fait partie de cette seconde moitié. Moi qui n'ai jamais porté un T-shirt avec la tête du Ché sanguinaire, clone éloigné de Robespierre, je n'ai pas d'avis. Je ne trouve la situation de Cuba ni vraiment meilleure, ni vraiment pire que celle de n'importe quel pays totalitaire d'extrême gauche ou d'extrême droite. Dans ce livre, il est beaucoup question de queues et d'exil, mais surtout il y traîne un climat de haine et de vengeance.



La somme de deux néants peut-elle faire un bon livre ? Cette question à elle seule vaut critique.



Développée mathématiquement par la théorie des ensembles la réponse est immédiate et sans nuances.

Pourtant, rassembler le néant quotidien et le paradis du néant a un double intérêt : retenir captif le lecteur qui serait prit de dégoût au sortir de la première partie et, magnifier l'émotion du passage en France de la Ilda, surnom de Aïda, la maman du personnage principal Yocandra dans la deuxième partie. Soit une bonne quarantaine de pages sur les près de cinq cent. Pour le dire autrement si j'avais lu en édition séparée le néant quotidien je n'aurais jamais décidé de lire le paradis du néant, par contre sans l'avoir lu au préalable, le changement de ma perception sur Yocandra au contact de sa maman n'eût pas été le même.



Je le dis tout net en lisant le néant quotidien je me suis posé deux questions :

1. Parmi la plètore de prix littéraire y en a-t-il pour consacrer la vulgarité ? Parce que voici un très sérieux candidat. Et je parle bien de vulgarité pas de simples grossièretés qui vont et viennent, foisonnent à l'en vit^^.

2. Pourquoi ne pas avoir adopté un titre plus en rapport avec la dure réalité présentée ? Comme : CAHIERS D'UNE BIMBO QUI SE LA PETE GRAVE. Plutôt que l'édulcoré le roman de Yocandra. Bien sûr j'ai pensé que Cahiers était discutable et vu le style Anales mieux adapté au contenu (un bon 28 cm, mais là je déflore) ou alors plus léger Badinages ou Cancans ou un très littéraire Abécédaire. Quant à bimbo, bombasse semble assez en vogue, pouffiasse faisant peu distingué en rayonnage.



Pour nuancer je vais donc me pencher sur une question autrement délicate : quelques pages peuvent-elles sauver une lecture ? Je veux répondre oui ! Non seulement je le veux mais je le crois, fermement : un credo. Tout comme un acte suffit à illuminer et justifier une vie jusque là pas reluisante. Les quelques pages au milieu du livre (donc dans le tome 2) avec sa maman me font découvrir une Yocandra capable de tendresse et osant enfin exposer sa fragilité. Elles m'invitent à me questionner sur cette tendance, il est vrai largement généralisée, à cataloguer dans un premier temps, à ensuite étiqueter, pour enfin condamner définitivement. Ce moment révèle une grande humanité et une profonde blessure, tout en projetant un éclairage nouveau sur la terrible tentative de rebellion. C'est donc avec beaucoup d'empathie et de ténacité que j'ai lu la suite.



Hélas : "chassez le naturel, il revient au galop". Et la vulgarité de vite et souvent repointer son nez. Attention dans mon esprit, je fais une grande différence entre vulgarité et grossièreté. J'ai posté deux citations, l'une exemplative de la grossièreté, l'autre de la vulgarité. Est donc pour moi assez grossier l'emploi répété de bite, zob, couilles, nichons, con, vagin, vulve... bon rien de grave : tout cela fleure bon la vie et je connais sur ce site un chroniqueur qui le fait avec une certaine poésie. Entendre une gamine de 16 ans expliquer que jusque là elle a préféré se faire enculer pour préserver sa virginité, cela est certes plus scato que catho. Mais je ne suis point choqué, limite j'ai tendance à sourire. J'ai toujours trouvé qu'il fallait être un fameux cul serré pour se rétracter devant le Zizi de Pierre Perret lorsqu'il l'a sorti ou se foutre la tête dans le sable en entendant le Gare au gorille de Georges Brassens. L'auteure joue peu avec les mots et ne dégage elle aucune poésie. Seule chose sûre, cul serré elle n'est pas. Je sais : c'est un cul bas^^.



Venons en à la vulgarité. Est déjà vulgaire selon moi surnommer son mari le Traître, son amant le Nihiliste, sa meilleure amie la Vermine et le mari de celle-ci la Baleine. La narratrice ferait bien de se présenter sous le surnom la Baveuse qui lui irait à ravir. Est vulgaire considérer les hommes comme des portefeuilles, marier un pygmalion pour assurer son éducation et son ascension sociale sans arrêter de prendre un vil plaisir à le rabaisser. Est vulgaire encore, user des hommes comme des kleenex. Plus vulgaire, jeter sans arrêt à la tête du lecteur des noms célèbres et en profiter à diverses occasions pour leur accoler une parole pleine de fiel espérant en les rabaissant s'élever.



Nul doute que l'auteure souffre de l'exil. Voici ce qui compose ce livre p.441"La haine est la seule chose qu'on trouve à foison, ah, et puis n'oublions pas, l'envie, la rancoeur, la stupidité. Là nous sommes des spécialistes." Une vraie souffrance à laquelle la narratrice apporte une bien mauvaise solution car la haine et la vengeance sont certes des moteurs très puissants, mais ont comme seul carburant le sang de l'ennemi et vous conduiront droit vers le néant.



Ayant été amené vers de vils sentiments me voici à conclure par un acte que je réprouve comme vulgaire à comparer deux écrivains (car la littérature est pour moi quête d'absolu) et vous recommander sur le même thème de l'exil un livre plein de sensibilité que j'ai follement aimé :

Elise ou la vraie vie de Claire Etcherelli ou vous trouverez une toute autre exaltation de l'amour dans ce magnifique Alexandrin "Je connus le plaisir de donner du plaisir"
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La femme qui pleure

Dora Maar (1907-1997) est une grande figure du surréalisme. Maîtresse et muse de l'écrivain Georges Bataille, puis du peintre Pablo Picasso de 1935 à 1943, sa carrière de photographe a été éclipsée par le génie et la célébrité du "Maître". On retient d'elle qu'elle fut son amante, qu'elle lui inspira des portraits de femmes en larmes. On oublie qu'elle fut une artiste à part entière, elle a aussi joué un rôle important dans l'élaboration de l'oeuvre magistrale Guernica, assistant Picasso en photographiant chaque étape de la création.



Dans cette biographie romancée de Dora Maar, Zoé Valdés nous immerge dans une histoire d'amour douloureuse, celle d'une passion à sens unique et/ou sado-masochiste. Picasso y apparaît comme un génie tourmenté et tortionnaire. Quoi qu'on pense de son oeuvre et de ses idées, on le voit ici en mufle, en porc, ou comme Dora Maar et l'auteur l'évoquent parfois, en taureau, une sorte de Minotaure réclamant son tribut de chair fraîche, masculine et féminine, se nourrissant d'eux pour créer et pour jouir de la vie. Un prédateur adulé par des proies consentantes, un Dieu à qui l'on sacrifie des offrandes, espérant être touché par sa grâce.



En lisant cet ouvrage aussi fascinant que dérangeant, on s'étonne que Dora Maar, en dépit de sa grande intelligence, de son talent, de son indépendance et de sa force de caractère, se soit laissée soumettre, maltraiter et briser à ce point et si longtemps par Picasso - le seul homme qu'elle ait aimé parmi tous les amants/maîtresses qu'elle a connus. On s'étonne aussi que tant de proches du peintre se soient laissés fasciner, éblouir et aient vécu à travers lui - tel Eluard qui semblait préférer voir sa jeune épouse Nusch s'abandonner sous les coups de boutoir de son ami, plutôt que dans ses bras...

« Dora ne comprit jamais pourquoi Eluard obligea Nusch à coucher avec Picasso sous ses yeux. Mais ces choses, supposa-t-elle alors, les femmes devaient les accepter, au nom de l'amitié, de la poésie, du surréalisme. » (p. 133)

Mystères de l'amour et de la puissance attractive d'un génie, d'un homme de pouvoir...



J'ai adopté lentement l'écriture puissante de Zoé Valdés. Mais ma curiosité a vite été éveillée, je me suis passionnée pour le destin de Dora et j'ai beaucoup appris sur l'univers des surréalistes, notamment dans les années 30-40, leurs relations troubles, leurs rapports à la politique dans une Europe en pleine tourmente... J'ai rarement autant consulté Internet au cours d'une lecture, pour aller lire des biographies, mettre des visages sur des noms inconnus et surtout voir des photographies et peintures de surréalistes.



Une biographie passionnante (malgré quelques longueurs sur la fin) à mettre en perspective avec d'autres textes sur Dora Maar ; on aimerait croire que son martyre aux côtés du "Grand Génie" ne fut pas si terrible, que cette vision romancée est bien pessimiste - mais je crains que non, hélas.



• Un grand merci à Babelio et aux éditions Arthaud (Flammarion) pour cette belle découverte.



( quelques photos : http://www.canelkiwi.com/archives/2015/10/21/32800309.html )
Lien : http://www.canelkiwi.com/arc..
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Un amour grec



Zoé Valdés est romancière, poète et scénariste cubaine, exilée en France depuis 1995 juste après la publication d'un de ses livres qui avait été , très mal perçu par le régime cubain.



Le nouveau roman de Zoé Valdés met en scène avec une infinité de nuances la puissance de la maternité au cœur d'un parcours cousu de ruptures et d’exils.



Une ballade en mer et en mère, en amour, en aventure d'une île à une autre .



Elle nous décrit une bien belle histoire d'amour sur fond de photos de famille et de violences familiales quotidiennes se déroulant à Cuba.

Tantôt tendre et mélancolique, tantôt mordant et ironique, Un amour grec retrace un parcours tout en ruptures et d’exils.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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