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Alexandra Carrasco (Traducteur)
EAN : 9782742706648
78 pages
Actes Sud (04/06/1999)
2.77/5   31 notes
Résumé :

Quittant allègrement les utopies planifiées de La Havane, l'insatiable Daniela s'envole vers Paris, où son père, ambassadeur, compte bien lui faire jouer le rôle de la jeune fille modèle. Malheureusement pour lui, la " sous-développée " ne l'entend pas de cette oreille. Dès le décollage de son avion, elle croque le diamant que lui offre le baron Mauve, personnage mythique, audacieux pirate du ciel parisien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
(p. 26)
Le vol était aussi long que le ruisseau de sang d'une colombe morte.
Un jour, elle avait décapité une colombe d'un coup de pierre. La touffe de plumes resta debout, chancelante, un geyser noir et brillant jaillit du trou béant.
Une femme entièrement vêtue de blanc, parée d'un tas de colliers, surgit alors ; elle prit ce corps vibrant par les ailes et but comme on boit le vin en Galice. Son gosier ne cessait de monter et descendre. le liquide débordait le long du cou, des seins, des vêtements blancs. La femme s'effondra, blessée de pourpre, souriante. Des caillots étaient collés à ses lèvres, ses dents étaient comme tachées de chocolat. Son regard vitreux fit tressaillir Daniela. "

Quelle écriture cette Zoé Valdès !

On aime , ou on déteste !

Et , moi j'aime cette écriture intense, poussée au paroxysme de la bienséance, qui dérange.

Son amour pour la vie, pour l'amour, pour le Baron mauve ! Amour fou, amour toxique qu'elle boira jusqu' à la lie et en rejettera des "caillots de sang" !!!

J'aime la façon qu'elle a de parler de l'acte sexuel qu'elle transforme avec ses mots
en une apothéose de rayons fluorescents qui vous envahit et vous fait ressentir le plaisir charnel en le transcendant.

(p.91)
Et si l'éternité n'était que cette minute où elle contemplait les mains parfaites et adorables - peut être trop - de cet homme ?

(p.93)
Beaucoup de gens se trompent, prenant la tendresse pour la passion, le désir, la pitié. La tendresse était plus forte : ce tressaillement que l'on ressentait quand l'homme vous caressait, la crainte de le perdre et le courage d'affronter les doutes et les espoirs de salut.

Je l'avais déjà lue , ai eu plaisir à la relire.





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« La mort d'une colombe est infinie »

« C'était bizarre d'avoir l'esprit ouvert au sang » mais comment faire quand, à dix ans, on se sent coupable de la mort de son frère. Il reste une éclaboussure que rien ne peut laver, alors on s'invente, pour s'en aller.

C'était simple, « s'en aller, c'était tourner le coin de la rue. » Mais au fond elle souffrait car « le souvenir était un éloignement infini, et c'était cette infinité qui le rendait si proche du présent, si influent et si tangible. »

« Ses yeux brillants trahissaient son envie de partir. D'en finir avec la mémoire. »

Elle voulait également oublier son île, ses racines. Elle, la sous-développée, « la fille de l'ambassadeur d'un pays en disgrâce, pauvre, solitaire "socialiste" par surcroît » et pourtant elle aimait Cuba, la terre et les hommes qui la composent : les hommes de la terre, « Liborio », le peuple combattant, mais pas les diplomates qui n'ont plus de foi.

À chaque tournant, on retrouve un éclat dans les mots qui vont vers son pays « le spectacle de la pluie tombant sur la Seine lui donna le cafard, c'était différent quand il pleuvait sur le Malecón argenté » à La Havane.

Cuba vu au travers des yeux de Zoé Valdés a un goût amer. L'auteur n'hésite pas à exprimer la souffrance de l'écrivain en exil : « Elle aimait écrire dans les cafés, chose impossible à La Havane car même s'il y avait des cafés, qui aurait pu avaler cette connerie de l'écriture ? »

La mort plane aussi sur l'idéologie du régime de Cuba : « Le socialisme ou mourir, quel pléonasme ! »

Alors « une puissante lumière s'alluma au milieu du kaléidoscope » : elle rencontra le plus grand des voleurs à Paris, le baron mauve. « Daniela n'était pas folle. Elle voulait vivre l'amour, l'aventure. » Mais « elle confondait amour et danger. Il lui rétorquait que c'était la même chose : un champ de bataille ».

« Crois-tu pouvoir m'aimer assez fort pour que je me débarrasse de la terrible présence de la mort, de la finitude ?
- Je préfère t'entendre parler en Cubaine que tu es plutôt que de te voir jouer les Marguerite Yourcenar. »
Quelle écriture ! Même les putains retrouvent « leurs hymens de jeunes filles » quand Daniela jouit.

« C'eût été tellement plus facile de dire : ils baisèrent et jouirent comme des mulets, mais la littérature, c'est souvent des chichis à la sauce catho. » Merci Zoé Valdés, vous m'avez fait vibrer, votre plume est forte, poétique et très belle. Pas de chichis dans votre roman.

J'ai adoré ce très court roman, j'ai peut-être rêvé « d'un pays où est le soleil », où les couleurs, qu'elles soient blanches, mauves, rouges peuvent s'aimer, mais « La vérité ne dépend pas de la façon dont elle est dite, mais de la façon dont elle est interprétée ». C'est pourquoi, il convient à chacun de voir dans les mots de Zoé Valdés le sens qu'on veut lui donner.

« Le vol était aussi long que le ruisseau de sang d'une colombe morte. »
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Je me suis lancée dans ce livre parceque j'en avais entendu un morceau à la radio : c'était une magnifique description de Paris, aux métaphores inattendues, au style incroyable, décousu et piquant. C'est précisément cette écriture qui, finalement, m'a rebutée.

Cette lecture me laisse pantoise...

Autant la plume de Zoé Valdès peut être étonnante de poésie, de métaphores qui transforment des scènes scabreuses en moment de grande littérature... autant, elle est capable de tout fiche en l'air en introduisant un vocabulaire trivial très dérangeant.

Je n'ai pas réussi à suivre la jeune Daniela dans son univers fantasmagorique déjanté, je n'ai d'ailleurs, pas tout compris de cet univers ; et, malgré cette plume étonnante et prometteuse, Zoé Valdès n'a pas su me transporter.
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J'ai choisi ce livre ayant beaucoup entendu parlé de cette auteure lors d'un voyage à Cuba. J'avais donc envie de découvrir ses textes...
Heureusement que celui-ci était court sinon je ne serais pas arrivée au bout.

L'auteure a un style très spécial, poétique pour décrire des scènes plus crash (voir la citation).
Elle m'a perdu car elle omet des bouts d'histoire, ce qui ne m'a pas tellement convenu.
Le thème de l'histoire de cette cubaine fille d'ambassadeur à Paris amoureuse d'un baron mauve un peu voleur ne m'a pas emballé non plus...
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Que dire de ce petit récit si intense si riche de mots : désarconnant au début on se laisse imprégner par l'écriture si particulière de Zoé Valdès.
Cela commence par une image symbolique du sang cela finit par la même symbolique du sang : celle de l'amour, de la mort , de la vie .
La protagoniste jeune femme rebelle vit sa vie son Amour son pays ( Cuba ) de façon entière , passionnée, exclusive, envers et contre tous.
Exilée de son pays , fille d'ambassadeur à Paris , elle refuse la vie facile que son nouveau statut social pourrait lui procurer et préfère vivre dangereusement à en mourir ....
Bien qu' éloignée de son île elle garde la nostalgie de son pays en proie à l'embargo.

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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
Il avança les hanches, il bandait tellement qu'en se mettant sur la pointe des pieds il aurait pu appuyer sur la sonnette avec sa queue.
Il la déshabilla et se déshabilla à son tour.
Quatre tétons hérissés : deux petits roses qui pointaient au milieu d'un bosquet de poils blonds, contre deux tétons laiteux et pointus, perchés sur des collines nacrées.
Ils s'allongèrent. Elle ouvrit la bouche et la salive qu'elle avait gardée coula sur le dolmen phallique.
Il embrassa plusieurs fois les fonts baptismaux, les chatouilla du bout de la langue comme s'il voulait attraper la langue d'un chat en train de bâiller.
Il observa et écarta à deux mains ce qu'on appelait à Paris un vase vénusien et à La Havane une motte, une figue, une moule, etc ... puis il l'embrassa à pleine bouche.
La tête de l'oiseau, pour tout dire, le braquemart, palpitait sur les amygdales femelles, une sangle de rouge à lèvres emprisonna les bourses - dans le franc-parler, les couilles - de l'oiseau palpitant;
Elle se répandit, il se retint dans un accès de défi.
Elle goûta les effluves de son propre coquillage sur le menton de l'homme.
L'oiseau succomba dans le nid et les ongles se plantèrent dans les fesses musclées. Au moment où le bec cracha le diamant, des rayons fluorescents envahirent la pièce.
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Place Saint-Michel, une poignée de motards buvaient un coup ensemble malgré la rigueur de l'hiver, en été ils venaient par grappes. Ce soir là, seuls les plus hardis, les plus résistants étaient au rendez-vous, ceux qui avaient sûrement, comme le chante Edith Piaf, une petite amie du nom de Marilou. Pas l'ombre d'une limousine dans les parages. L'un des types la transperça du regard. Il fit démarrer sa moto d'un coup de talon, passa près d'elle à plein pot, lui écrasant presque les pieds, fit demi-tour et, comme dans les films avec Matt Dillon et Mickey Rourke, il l'arracha au trottoir en la ceinturant d'un bras qu'elle imagina couvert de tatouages, la mit adroitement à califourchon sur le coussinet arrière et repartit. Pas un instant il n'avait perdu l'équilibre. Comme s'il avait arraché une plume à une pie. Décidément, ces derniers temps, son thème astral tournait autour des fous, des voleurs, des suicidaires.
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— Daniela, Daniela... Excusez-moi, maître Moravia. Viens, ma fille, que je te présente l'écrivain grec Vassilis Vassilikos, l'auteur de Z, le célèbre roman. Tu as vu le film, tu sais !
— J'ai aussi lu le livre, papa.
— Mademoiselle, pourquoi portez-vous un Z autour du cou ? demanda Vassilikos.
— Parce que c'est la dernière lettre de l'alphabet, celle que je préfère, et parce que j'aurais aimé avoir un prénom qui commence par un Z... J'ai des relations très particulières avec les lettres et les prénoms.
Daniela inventa toutes ces sottises pour cacher la vérité : c'était un cadeau de son amant, ennemi politique de son père, l'ambassadeur américain. Le Z était en fait un N renversé, initiale du prénom de son ex-amant. Le petit Alberto sanctionna le mensonge d'un petit sourire espiègle et but une gorgée de vin.
— On aurait pu vous prénommer Zaïda, Zoraya, ou pourquoi pas Zoé... La vie, fit observer Vassilis Vassilikos.
— J'en aurais été ravie.
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Extrêmement surpris, réjoui et non moins excité, il s'enfonça encore. Même résultat : un gémissement suivi d'un vomissement galactique, un rai de lumière argentée qui se projetait sur Vénus. A chaque assaut, il en jaillissait un autre, à chaque coup de butoir des rayons nacrés traversaient l'obscurité céleste. L'oiseau - le morceau - gonflé de râles hérissa ses plumes et chanta pour la chair rouge et humide ou luisait un diamant, incrusté dans l'orifice frémissant de l'utérus, telle une truffe fourrée dans une fine tranche de foie gras. L'écho du chant de l'oiseau se répercuta sur les cinquante huit facettes de la pierre et Daniela devint d'une transparence fluorescente. Elle ressemblait à une actrice de Spielberg éclairant la nuit parisienne d'une chasteté incomparable. L'évènement sema la pagaille rue Saint-Denis : cette nuit là, les putains retrouvèrent leurs hymens de jeunes filles et tant que la lumière brilla il fallut s'accrocher pour les rompre. C'eût été telle facile de dire : ils baisèrent et jouirent comme des mulets, mais la littérature, c'est souvent des chichis à la sauce catho.
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Pas un moment de la journée
où je puisse m'éloigner de toi
tout semble différent
quand tu n'es pas près de moi.

Pas de belle mélodie
où tu ne surgisses pas
et je ne veux pas l'entendre
si tu ne l'entends pas.

Car tu es devenue
une part de mon âme
rien ne peut me consoler
quand tu n'es pas là.

Au-delà de tes lèvres, le soleil et les étoiles,
même loin, mon aimé, je suis près de toi.

CESAR PORTILLO DE LA LUZ,
Contigo en la distancia
(quasi-variation)
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Videos de Zoé Valdés (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Zoé Valdés
Reportage sur la romancière Zoé Valdés dans la chaine France 24.
>Littérature (Belles-lettres)>Littérature espagnole et portugaise>Romans, contes, nouvelles (822)
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