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Citations de Éric Dupont (104)


Puis, le phénomène se produisit. Dès que le parfum se précisa, le visage de Pia s'adoucit, toute la tension faciale disparut. Le parfum qui émanait des thyrses blancs -1 sur l'échelle de Wister qui sert à classer les couleurs des lilas-provoqua chez elle une expérience proustienne. Il avait suffi d'un effluve pour effacer plusieurs décennies de sa vie et ranimer en elle des souvenirs qu'elle avait crus à jamais oubliés. Au centre de ses images, il y avait un visage. Shelly et Laura ne saisirent pas immédiatement l'ampleur de l'effet que le parfum du lilas exerçait sur leur nouvelle amie. Le phénomène avait quelque chose de religieux. Il fallut une bonne minute pour que Pia revienne à elle.
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Pour Shelly, les effets exercées par le parfum du lilas chez la femme ouvrent des perspectives créatrices infinies. Selon elle, l'homme est en général indifférent au lilas non seulement parce que la société moderne patriarcarle et machiste lui interdit de s'émouvoir sur des choses aussi légères que le parfum d'une fleur, mais aussi, tout simplement, parce que le cerveau masculin est incapable de percevoir la charge émotive du lilas.
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Une partition d'un Impromptu de Schubert était ouverte. Je ne sais plus lequel, mais c'était un de ces morceaux nostalgiques et lancinants de Schubert. Quoi? Tout Schubert est nostalgique et lancinant? Non, certaines de ses pièces sont romantiques et larmoyantes.
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Quelques années avant d’être forcée par sa mère à monter dans un autobus pour New York en plein blizzard de décembre, Madeleine Lamontagne avait été une petite fille qui aimait par-dessus tout les lapins de Pâques, les sapins de Noël et les histoires de Louis Lamontagne, son papa.
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Papa disait toujours, chaque fois qu'un évêque proférait une bêtise sur l'avortement ou l'homosexualité ici en Amérique,que ça lui rappelait ce ministère nazi (..........)Je suis un peu d'accord avec lui, dès lors qu'une force extérieure prend contrôle de votre corps,c'est du fascisme,,ou sa forme édulcorée,du catholicisme.
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Je pense qu'ils devaient être amoureux d'une certaine manière,de ces amours absolues d'adolescents,vous connaissez cet amour qui vole bien au-dessus des plaisirs du corps?
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...Selon Magda,chaque livre qu'on lit devient une partie de soi,une sorte de tiroir de la conscience.
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La chose,si petite en apparence,recouverte d'une sorte de chapeau d'évêque,semblait conférer à son propriétaire des pouvoirs et des privilèges incroyables: conduire une voiture,porter un chapeau de cow-boy,ronfler sur le canapé du salon,prendre la parole à table,exister.
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Floria était en larmes sur le porche de la maison. Depuis l’âge de dix-huit ans, elle n’avait pas manqué une seule édition de la St Lawrence County Fair, toujours elle avait trouvé un moyen de s’y rendre, soit dans le camion du vieux Whitman, soit par car, mais jamais elle n’eût accepté de mettre une croix sur l’événement. Mais où restait donc le vieux Whitman ? Au moment où tout semblait perdu, les sœurs Ironstone entendirent vrombir et crachoter le moteur du bonhomme.

– Désolé du retard, ladies, mon Adolf était récalcitrant. C’est un grand nerveux, un signe de caractère.

– Mr. Whitman ! Il est vraiment énorme, votre Adolf ! Vous ne rentrerez pas les mains vides, cette année, j’en suis certaine ! Vous avez vu cette jupe ? C’est maman qui l’a faite!

– Pas mal, mais pourquoi en rouge ? On te voit à dix milles à la ronde !

– Oui, je ne risque pas de passer inaperçue !

Le camion s’était immobilisé devant les deux jeunes femmes endimanchées, maintenant rayonnantes dans le petit matin. Derrière les ridelles les contemplait d’un œil noir et curieux un veau surdimensionné, élevé au petit grain, engraissé avec soin, dans lequel reposaient tous les espoirs de Whitman en ce samedi d’août 1939. Admirateur de l’Allemagne nazie depuis la première heure, le bonhomme Whitman avait baptisé son veau en l’honneur du führer, dont il avait même épinglé la photographie au-dessus de la stalle et de l’enclos dans l’espoir que le regard directif du dictateur opérât sur la bête une magie semblable à celle qui avait sauvé l’Allemagne de l’indigence et de la famine. Ses espoirs furent comblés au-delà de ses rêves les plus fous. La bête profita, grossit, transforma bravement en muscles tout le grain et le foin qu’on trouva pour elle, son poil prit le luisant qu’on connaît aux bêtes qui rapportent des rubans et l’animal, par quelque inexplicable phénomène de transsubstantiation, avait le regard de celui dont il portait le prénom : le veau avait l’air de vous regarder au fond de l’âme avec une tendresse épuisée, un je-ne-sais-quoi de candeur alpine qui avait convaincu le bonhomme Whitman que la gloire l’attendait au tournant ; il rentrerait le soir même brandissant le ruban tricolore de la St Lawrence County Fair. Oui, la discipline et le don de soi permettent tous les espoirs, l’État de New York en aurait bientôt la preuve.

– Il voit aussi loin que le führer ! avait tonné Whitman en fermant la portière de son camion Ford.
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C’était le dimanche des noces d’Alphonsine, une des petites sœurs du feu Louis–Benjamin qu’on avait offerte vive à un marchand du bas de la ville, un monsieur de Saint-Patrice qui cherchait une épouse pieuse et travaillante capable de tenir maison dans l’une des rues voisines de la baie. Le curé Cousineau, ému de voir la petite Alphonsine quitter sa paroisse, offrit aux Lamontagne de les accompagner dans sa carriole, un véhicule lui appartenant, mais tiré par une jument qui appartenait aux sœurs de l’Enfant-Jésus, une bête fourbue et imprévisible dont mêmes les religieuses ignoraient l’âge exact. On y alla donc tous, Madeleine-la-Mére et son mari, le père Lamontagne, leur fils Napoléon, les trois filles encore à marier et bien sûr le jeune Louis, qui marchait à côté de la carriole. Au sortir de la cérémonie, alors qu’on voulait remonter en haut de la ville pour le repas de noces, la jument décida de mourir. Comme ça. Raide. Cela avait dû se passer pendant que la jeune Alphonsine acceptait de prendre le joug du mariage. En tout cas, on ne put, au sortir de l’église, que constater le décès de la pauvre bête. De mauvaises langues commencèrent à faire porter le blâme de sa mort au curé Cousineau, plus obèse que jamais et qui ne se privait jamais d’une promenade en carriole jusqu’à Cacouna. La vérité était bien plus ennuyante : la jument était tout simplement trop vieille. C’est par pur hasard qu’elle était tombée morte pendant le mariage d’Alphonsine. Mais c’est souvent à la faveur d’un hasard que les hommes deviennent des héros.

– Mais notre beau Louis va nous tirer jusqu’en haut de la ville ! avait lancé à la blague le curé Cousineau, que le jeune homme avait décidé de prendre au mot.

Madeleine-la-Mére protestait, cherchait son air, tançait son petit-fils tandis que le grand-père l’encourageait, peut-être pour donner une leçon d’humilité à son Louis certes costaud, mais à ses yeux incapable de tirer toute une famille dans une carriole jusqu’en haut de la ville, avec en prime un curé sphérique. Le bonhomme riait dans sa barbe. Louis piaffait. Sur le parvis de l’église, les invités regardaient, amusés, la famille Lamontagne se donner en spectacle. Dans sa robe blanche, la petite Alphonsine tentait de dissuader Louis.

– Tu vas déchirer ton beau linge !

L’argument ne pesa pas lourd. En tout cas, pas aussi lourd que le curé Cousineau, déjà assis dans la carriole sur l’ordre du père Lamontagne, juste à côté de Madeleine-la-Mére et de ses quatre filles prêtes à subir l’humiliation mortelle sous les yeux de tous les noceurs. Pour détendre l’atmosphère, le curé Cousineau cria un « Hue ! » auquel le jeune homme réagit en mouvant sa carcasse imposante vers l’avant. Et le miracle se produisit. Sans le moindre à-coup, dans un léger bruit d’essieu mal huilé, l’équipage avança sous les yeux médusés de ses occupants et de tous les autres témoins de la scène. Sans broncher, Louis Lamontagne gravit la longue pente de la rue Lafontaine, entre deux haies de passants endimanchés, puis la rue Saint-Elzéar et, finalement, immobilisa la carriole devant la maison familiale de la rue Fraserville, sous les applaudissements d’une foule en liesse. À bout de souffle, mais fier, Louis Lamontagne devint à partir de ce jour le Cheval Lamontagne.

Podgorski négligea de spécifier que l’origine de ce surnom ne faisait pas l’unanimité à Rivière-du-Loup. Aux dires de certains, Louis avait acquis ce surnom pour d’autres raisons. Mais dans un concours de force, c’est l’histoire de la carriole que Louis préférait raconter.
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Excitées jusqu’à la racine des cheveux, Beth et Floria Ironstone avaient été les premières à atteindre le site de la dernière épreuve de force : la levée du cheval. La bête se tenait debout déjà debout à côté d’un mât qui rappelait par sa hauteur, un poteau de téléphone, et dans lequel on avait inséré des tiges de fer à tous les trente centimètres. Il s’agissait pour le concurrent de monter le cheval, la bête la plus docile du comté, et, en quelque sorte arrimé à la selle à l’aide d’un harnais dont les larges courroies lui recouvraient les épaules, de se hisser à dix mètres du sol – avec le cheval ahuri accroché à son derrière – en s’agrippant aux tiges de fer plantées dans le poteau, lui-même profondément ancré dans le sol ; une « épreuve d’été » comme on l’appelait dans le milieu, tout simplement parce qu’elle était difficile à organiser dans les salles de théâtre qui accueillaient les spectacles d’hommes forts pendant la saison froide. À cet obstacle, s’ajoutait la difficulté de trouver d’abord une bête suffisamment obéissante pour endurer de faire le lent voyage vers le ciel cinq fois et ensuite, cela va sans dire, un propriétaire de cheval aux nerfs d’acier qui consentît à laisser l’animal participer au dangereux manège. Par chance, toutes ces conditions étaient réunies à Gouverneur et la foule se rassemblait lentement autour de cette étrange mât de cocagne à l’appel du maître de cérémonie. Le Géant de Varsovie, Idaho Bill, The Great Brouyette, et finalement, Podgorski et Lamontagne formait un cercle autour du maître de cérémonie, tirant à la courte paille pour déterminer qui monterait le cheval en premier.
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Le curé Cousineau fut clair dans son sermon : "Canadiens! Faites des enfants pour remplacer ceux que la guerre nous a pris !"
Et il adressa tout particulièrement son message aux premiers rangs de l'assistance, pour la plupart de jeunes hommes fringants et volontaires, mariés à de très jeunes femmes privées de tout moyen de contraception.
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On dit que bien mal acquis ne profite jamais, mais mes livres ne sont pas mal acquis, et ils profitent toujours. D'ailleurs je suis prêt à parier que la plupart des filles à qui j'ai pris un livre ne s'en sont jamais rendu compte. Si elles le savaient, elles me seraient probablement reconnaissantes de les avoir libérées d'un poids. Les gens hésitent toujours à se débarrasser de leurs livres, ils entretiennent avec eux une étrange relation. Une fois qu'ils ont lu un livre, ils le laissent encombrer leur petit appartement pendant des années jusqu'à ce qu'ils se rendent compte, au jour du déménagement, que le papier et lourd. Et ils pestent en descendant les cartons dans les escaliers, maudissant Simone de Beauvoir, envoient Thomas Bernhardt au diable. Mais arrivés à leur nouvelle adresse, ils remontent patiemment leur bibliothèque, souvent en plaçant les livres par ordre alphabétique, comme le castor reconstruit son barrage après une inondation.
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C'est par un pur hasard qu'elle était tombés morte pendant le mariage d'Alphonsine; Mais c'est souvent à la faveur d'un hasard que les hommes deviennent des héros.
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Ensuite, il y eut les simulations d'attaques aériennes. Juste comme je voulais m'inscrire à la faculté de médecine. Merci, Mein Führer ! Ludwig revenait à Berlin pour des permissions de temps en temps, mais moi, je dus partir en août 1940, dès que les premières bombes plurent sur Berlin. Maman était terrifiée. Elle sortait rarement en 1940, mais le lendemain du premier bombardement, elle m'emmena voir une maison détruite à Moabit, c'était devenu presque une attraction pour les Berlinois d'aller voir les premières maisons détruites par les bombes. Ils n'auraient bientôt plus à se déplacer pour se divertir. Le spectacle serait offert dans leur cuisine, leur chambre à coucher et leur salon.
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Quoi? Vous ne le savez pas encore? Les bellâtres, on les bourre de mensonges. Les autres, les laiderons, les "moyens", les "cinq sur dix", ils se prennent la vérité crue. Plus vous êtes laid, plus on vous dit la vérité. Pourquoi? Je ne sais pas. On dirait que la beauté vous attire les mensonges. Vous croyez qu'on dit la vérité à Claudia Schiffer? Non, on lui dit ce qu'on croit qu'elle veut entendre. Peut-être les gens essaient-ils ainsi de cacher leur laideur devant vous, de se faire aimer des beaux et des belles.
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Claudia exultait tous ces clichés sur les beautés allemandes. Classe, érudition, tenue, bienséance, tout chez elle était la perfection. la beauté stupéfiante d'une arme secrète. La promesse de lendemains qui chantent. La vengeance du Kaiser. Tu me suis? Évidemment, je n'osais pas l'approcher. J'avais - et j'ai toujours l'impression - que je la souillais de mon regard.
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Ils vous diront aussi, et il faut les croire, que les histoires des hommes, d'où qu'ils soient, ne trouvent jamais oreille plus attentive que celle de leur fille, surtout si cette dernière est l'aînée et occupe de fait une place privilégiée dans le cœur de son père.
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L’ambition va toujours plus loin quand elle se déguise en vertu.
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Il existe dans le monde de la psychothérapie autant de stratégies qu'il y de thérapeutes. Depuis Freud et Jung, des meutes d'âmes charitables, prêtes à aider en échange d'une simple BMW, s'arrachent les névrosés, les accros, les débiles profonds et les mélancoliques de ce monde, leur promettant des cures plus ou moins longues, selon la qualité de leur programme d'assurance ou de leur compte en banque. Mes écoles préférées sont celles où l'on décharge le patient de toute culpabilité dès le début de la thérapie, afin qu'il éprouve à la fin de chaque rencontre dans le bureau fermé un sentiment de légèreté soulageant. Je fuis les ennuyeux qui rappellent au patient qu'il est responsable de son malheur et que les autres ne sont que des accessoires. Ceux-là ne font pas de vieux os, de Vienne à New York, et se recyclent habituellement dans les services de la police ou dans la magistrature.
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