Avec Le cur qui tourne, roman qui lui a valu de remporter le Guardian First Book Award et figurer dans la sélection du Man Booker Prize en 2013, Donal Ryan sest imposé comme un véritable phénomène littéraire comparé à William Faulkner ou John McGahern. Une année dans la vie de Johnsey Cunliffe, qui paraît aux éditions Albin Michel, est le récit bouleversant, douloureux mais non dénué dhumour, de la vie dun jeune paysan naïf et solitaire. Une formidable critique de la société moderne et ses dérives unanimement louée par la presse et les plus grands écrivains irlandais. Cet événement a eu lieu au Centre Culturel Irlandais le 19 janvier 2017.
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Les mensonges ont des jambes, pas la vérité......
Les joies et les peines des années de formation semblent n'avoir d'autre fin que de mener à la prêtrise — unique voie de promotion sociale et, surtout, accomplissement d'une promesse faite à la mère. Mais ce cheminement rigoureusement balisé reste exposé aux dérives et aux ruptures ; la lecture ouvrira des voies insoupçonnées, révèlera des horizons de liberté : « pourquoi n'adopter qu'une seule vie — être prêtre, soldat, professeur, docteur, aviateur —, alors qu'un écrivain est capable de créer avec beaucoup de force tous ces personnages ? » (p. 263).
Les gens agissent bizarrement dés qu'il est question d'argent. C'est une chose qui va plus loin que le bon sens ou la raison.
-Cette fois, il va peut-être tomber sur une partenaire à sa dimension dit Ruttledge. On ne sait jamais. Il doit bien y avoir aussi des êtres ignobles du côté féminin.
p.200
J'ai dit que l'écriture était une souffrance, mais c'est aussi la forme la plus intense de la vie. N'importe quelle vie serait petite sans la littérature.
Il n’a pas grand usage d’argent. C’est seulement le fait d’en posséder qui lui procure du plaisir.
Tout bien pesé, le seul tort de Frank Nolan avait été de se montrer trop honnête et trop franc. Chaque qualité étant en soi suffisamment dangereuse, l'addition des deux était la recette parfaite du désastre.
La sensation, semblable à une rivière souterraine, qu'un jour viendrait où le souvenir de ces journées serait celui de temps heureux.
« Au bout de tant d’années , il venait de perdre son meilleur ami, mais en un sens il avait toujours méprisé l’amitié ; la famille , voilà ce qui importait , et plus particulièrement cette version agrandie de lui- même qu’était « sa » famille ; et pendant qu’il restait là assis dans cette même fureur calculatrice , il vit un par un chaque membre de cette famille s’échapper graduellement hors de son atteinte . Oui , ils finiraient tous par s’en aller » …
« Elle semblait prête à endurer pour ainsi dire n’importe quoi pour l’apaiser , pour endormir son irritation , pour endiguer toute son exaspération en l’accueillant au fond d’elle - même.
Généralement cela ne faisait que redoubler sa fureur.
Il paraissait maintenant bien décidé à accentuer sa pression pour voir jusqu’où il pourrait aller, et de son côté elle était disposée à céder dans tous les domaines pour le calmer . »