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Critiques de John McGahern (33)
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Pour qu'ils soient face au soleil levant

Nous voici avec le grand écrivain John McGahern au fin fond de la campagne irlandaise chez les Ruttledge, dans le County Leitrim, tout près de la frontière de l'Ulster. Parti jeune travailler en Angleterre, Ruttledge décide de rentrer au bercail avec sa femme Kate, rachetant une vieille maison par l'intermédiaire de son oncle le vieux Shah. Ils vivent près d'une ville, à côté d'un lac, entourés d'une communauté rurale bigarrée, aux personnages singuliers.

Ils ont des relations pas toujours facile à comprendre, ils s'embrassent sur la bouche,

jouent aux fermiers ou à l'entrepreneur, ont un lien pas très clair à la politique et la religion et passent leur temps à déguster des sandwichs arrosés au whisky et au thé. Le hautain Shah, le déstabilisant Patrick Ryan, le trop bavard et curieux Jamesie, l'étrange et glouton Bill Evans, l'infernal violeur, coureur de jupons John Quinn, le trop honnête et trop franc Frank Dolan....sont quelques uns des caractères qui gravitent autour du généreux et serviable Ruttledge. Dans cette existence calme, l'irlandais reste quand même imprévisible. "Un irlandais , on ne sait jamais ce qu'il va faire dans l'instant qui suit. Et le pire, c'est qu'il y a de fortes chances pour que lui-même ne le sache pas davantage ". Des irlandais dont l'auteur prend son temps pour nous les faire connaître et nous y attacher. Quand aux personnages féminins, elles sont bien chouchoutées.

.



Pas vraiment de trame particulier dans ce livre, composé d'anecdotes de la vie quotidienne racontées avec beaucoup de tendresse et un zeste d'humour, dans le contexte d'une nature grandiose. Mariages, décès, arrivées, départs et quelques affaires entrecoupent ce quotidien paisible en apparence, que l'auteur agrémente de détails amusants comme ceux vestimentaires,”Il portait un costume en laine peigné bleue. Sa cravate était rouge, et sa chemise blanche...”. Il effleure aussi la politique et sa violence se référant au conflit protestant-catholique, le système des classes et le poids de la religion. Un monde où les gens semblent avoir accepté leur destinée sans se poser trop de questions, et pourtant.....

John McGahern ( 1934-2006 ) est un de mes auteurs de prédilection Celui-ci étant son dernier roman avant qu'il nous quitte définitivement, j'espère qu'il a été enterré la tête à l'Ouest.



"Il s'endort la tête à l'ouest...pour qu'à son réveil il se lève face au soleil....Nous croyons à la résurrection des morts."









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Entre toutes les femmes

C'est l'histoire d'un veuf vieillissant , Moran, père de trois filles : Maggie, Mona, Sheila , et deux garçons Luke et Michael, qui exploite une ferme au coeur de l'Irlande rurale, au XX ° siècle, marqué à jamais par son combat dans les rangs de l'IRA pendant la guerre d'indépendance.



Il fait régner une autorité dictatoriale au sein de son foyer.

Véritable patriarche , autant exaspérant qu'attachant ,obstiné , autoritaire, sauvage , souvent cruel, maintenant ses filles surtout dans la crainte et la suspicion ——il ne saluait jamais personne à l'extérieur de la maison——-seule sa famille compte « : À l'intérieur de la maison, le monde extérieur était banni. Il n'y avait que Moran, leur père bien aimé , encloses dans son ombre , elles avaient l'impression qu'elles ne mourraient jamais » …



Moran tente de gouverner les jeunes existences de ses filles selon ses exigences à lui ,elles ne quitteront jamais vraiment la propriété familiale malgré leurs enfants et leur travail à Londres ou à Dublin,.



Les deux fils , eux , surtout Luke——- qui ne reviendra jamais à Grande Prairie ——,têtu et indépendant, fuiront très tôt le foyer , révoltés par la perversité doucereuse de ce père intransigeant qui pouvait se montrer parfois l'homme le plus délicieux et charmant du monde .



Rose , sa seconde épouse : chaleureuse , rayonnante , lumineuse, affectueuse, aussi sociable et ouverte aux autres qu'il était ténébreux et taiseux , complexe, susceptible, souvent insatisfait, apportera chaleur et équilibre au sein du foyer.



Moran restera toujours le pilier central , craint autant qu'aimé et vénéré.

Un roman de toute beauté de facture classique où la religion et les prières jouent un grand rôle .



Il y a longtemps que je n'avais lu un aussi beau roman écrit en 1990,—— profond , fin, dense, émouvant , d'une sensibilité psychologique exquise ———: l'auteur explore avec une finesse sans pareille les sentiments complexes ,ambivalents, contradictoires au sein d'une fratrie liée à sa figure tutélaire.



Ses portraits intimes sondent magnifiquement, l'humanité , la relation trouble entre haine et amour, passion , respect et rébellion, notamment chez les deux frères , soumission apparente et défi.



Une saga splendide ,unique à propos aussi de l'émancipation douce autant que nécessaire et subversive !



Je le conseille, vous passerez un doux moment !



«  Non mais , regardez - les un peu ,les hommes ! .



On dirait plutôt une bande de femmes ! dit Sheila, pour attirer l'attention sur la nonchalance et la légèreté de leur attitude .

Et ce pitre de Michael , vous avez vu comme il fait rire Sean et Mark ?

Pour un peu ,on croirait qu'ils reviennent d'un bal » .



C'est une réédition , la première parution remonte à 1990 .





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Entre toutes les femmes

Un auteur irlandais découvert il y a un très long moment... et dans lequel je me replonge avec une attention toujours enthousiaste..



Un très beau roman qui met en scène le destin de trois soeurs, Maggie, Sheila et Mona - dans l'Irlande rurale du XXème siècle, et leur père, Moran, véritable patriarche aussi attachant qu'exaspérant tant il est sauvage, et ressemble à un "ours mal léché"... Seule sa famille compte, ses filles et ses deux fils, Luke et Mickaël, avec lesquels les rapports sont plus houleux et orageux...

Moran, est un ancien vétéran de la guerre d'indépendance. Ses enfants partiront tous de la maison, mais resteront très attachés à leur père,

et à Rose, deuxième épouse... aussi sociable et diplomate que Moran, est affectueux, mais taiseux, intransigeant...

Moran reste envers et contre tout , le pilier central, aimé, aussi admiré, vénéré que craint par ses trois filles !



"A l'intérieur de la maison, le monde extérieur était banni. Il n'y avait que Moran, leur père bien-aimé; encloses dans son ombre et dans les murs de la maison, elles avaient l'impression qu'elles ne mourraient jamais. (Presses de la Renaissance, 1990, p. 119)



Un roman où la religion et la prière rythment les journées de cette famille qui travaillent très dur la terre ! [***le titre est déjà , en lui-même, annonciateur de l'atmosphère du récit , où le travail, et la Famille sont

au centre de cette campagne irlandaise , avec en arrière-fond, un hommage de l'auteur , discret et fort, envers ses personnages féminins...]



Une lecture dense, âpre et émouvante avec ce Pater Familias, haut en couleurs et en contrastes... sans oublier les personnages de cette famille, avec chacun, une personnalité affirmée... dont la très chaleureuse seconde épouse, Rose...toujours rayonnante et lumineuse, faisant comme un équilibre savant avec son ténébreux de mari !!



[*** première lecture , octobre 1990- Librairie Magnard, St Germain des Prés- librairie aujourd'hui disparue...Relecture mai 2020 -@Soazic Boucard ]

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L'Irlande : Les latins du Nord

Indispensable guide pour savoir où l'on met les pieds.



De U2 à la déchirure de L'Irlande du Nord en passant par une terre d'artistes qui ne s'y rendent pas seulement pour la tranquillité du pays mais aussi parce qu'il est un petit paradis fiscal.

Une bonne trentaine d'auteurs ont contribué à cet ensemble : Hervé Jaouen, Sorj Chalandon et des journalistes et acteurs politiques des années 80.

C'est une mine d'informations, notamment pour l'auteur qui voudrait écrire sur les nombreux sujets passionnels qui ont animé cette île dans les années 80 et avant.

La discrimination d'une communauté, la haine, les combats politiques, le sang en Irlande du Nord et le vert de l'éternelle Erin. le pub, lieu social qui manque tellement en ce moment. Et la Guinness, entre autres breuvages "tourbeux" qui n'ont pas le même goût qu'ici.

Coordonné, écrit et distillé peut-être dans une chapelle par Michel Sailhan .

Un jour, j'irai là-bas.
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La Caserne

« La caserne » est le premier roman, en partie autobiographique, de John Mc Gahern. Il s’intéresse surtout à un personnage, Elizabeth, qui apprend qu’elle a un cancer, alors qu’elle semblait déjà en proie à un profond désarroi. Son couple n’est pas tout à fait heureux. Elle a épousé Reegan, un officier de police, et vit donc dans la caserne d’un village irlandais, avec les trois enfants que celui-ci eut de sa première femme décédée. Une grande distance les sépare et Reegan se débat lui aussi avec ses ressentiments et ses frustrations. Elisabeth vit le plus souvent dans le ressassement, elle se souvient de ses années passées à Londres, où elle était infirmière, et d’un amour douloureux. Elle a souvent le sentiment que tout lui échappe, que son quotidien, d’autant plus que la maladie la frappe et que la mort s’annonce, n’est fait que d’incompréhensions et d’insignifiances, en dépit de quelques répits, de bonheurs fugaces. La lecture de ce roman ne va donc pas sans un certain malaise tout en révélant le talent d’un auteur très acclamé en Irlande.
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Entre toutes les femmes

Paru en 1990, puis disparu des tablettes, Entre toutes les femmes est réédité en cette année 2022.



Je ne sais pas ce qu’est un livre écrit à l’ancienne, mais je dirai volontiers que c’est le cas pour ce roman. Un parallèle me vient avec ces artisans du temps jadis, ébénistes en particulier, sens du détail, harmonie d’ensemble, qualité du choix des essences, savoir faire, esthétisme inventivité et application.



Irlande. Michael Moran est un ancien combattant de la guerre d’indépendance. Le temps a passé, nous sommes donc probablement dans les années quarante et cinquante. Fermier, veuf, père de trois filles et deux garçons ; il règne en patriarche sur son clan qu’il tient en partie à l’écart du monde extérieur.

Un brin caractériel et dictateur à l’occasion, il est souvent à l’origine de tension.

Les filles longent alors les murs et les fils  à défaut de tuer le père pour exister, s’en vont exister ailleurs. Luke part et ne reviendra pas, Michaël moins borné, s’en ira puis reviendra comme si de rien n’était.

Le bon côté des choses, Moran, aime ses enfants, il sera toujours là lorsqu’il le faudra, la famille lui est une valeur essentielle  tout autant que la prière. Il sait aussi reconnaître ses torts et s’excuser lorsqu’il est allé trop loin, bien que cela coûte.



Faut il lui pardonner ses excès et ses valeurs d’un autre temps, il n’y a pas photo et ses enfants, excepté l’aîné aussi borné que le père le feront sans peine et seront là jusqu’à la fin.



Moran se remarie. Beau portrait de Rose.

Rose, image en reflet de Moran, sait pardonner lorsque Moran s’excuse, en se donnant le temps car il s’agit de le faire payer un peu.

Moran vieillit, par petites touches et nous vieillissons avec lui.

Moran meurt. Il ne s’est pas accroché à son pouvoir de patriarche, inutile donc de le détrôner. Les filles sont là, Rose aussi, elles l’entourent avec douleur et tendresse. Michaël comme d’habitude a raté une marche ce qui n’est pas grave, Luke on ne sait pourquoi, n’a pas pris l’escalier.



Entre toutes les femmes, beau livre, personnages attachants, belle écriture, finesse psychologique et sans excès.

Mcgahern, loin du wokisme actuel est dans le respect du passé. Autre temps, autres mœurs. Il ne s’agit pas de juger ce qui paraît aberrant aujourd’hui mais ne l’était pas à l’époque.

Les filles respectueuses du père n’en ont pas moins avancé dans la vie et ont su s’émanciper. Bémol, Sheila, infirmière qui aurait pu et voulu être médecin n’a pas osé s’affirmer face au père, dommage. Et une pensée pour Rose qui a su tout en douceur intégrer cette famille pas si fermée que cela.

Regrets, la mère, oubliée du sérail, et tous ces hommes manquant de consistances alors que les filles ont su hériter de la force du père.



Les phrases de la fin comme j’aime bien les citer.

A propos de Michaël Mark et Sean, un fils et les deux gendres :

Sheila : Non mais, regardez les un peu les hommes ! On dirait plutôt une bande de femmes. Et ce pitre de Michaël, vous avez vu comme il fait rire Sean et Mark ? Pour un peu, on croirait qu’ils reviennent d’un bal.



Commentaire : face à la lourdeur des choses et de leurs responsabilités, les hommes ont parfois tendance à donner dans la légèreté ce qui est salutaire. Entre toutes les femmes, un peu de solidarité masculine, ce n’est pas un luxe par les temps qui courent. Jugement d’aujourd’hui sur aujourd’hui.

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Haute terre

Il y a quelques semaines encore, je n’avais jamais entendu parler de John McGahern. C’est en feuilletant un "essai" sur l’Irlande et notamment sa bibliographie que j’ai découvert que cet auteur irlandais possédait une petite renommée. Ni une ni deux, je fouille dans le catalogue de la bu où je travaille et, ô joie, je découvre quelques ouvrages en rayon. J’ai choisi de commencer ma plongée dans l’univers de l’écrivain avec Haute-Terre car il s’agit d’un recueil de nouvelles et que les nouvelles, c’est plutôt pas mal pour se faire une idée.

Sans être complètement conquise par ma lecture, je suis assez satisfaite pour être curieuse et avoir envie de lire autre chose de John Mc Gahern. J’ai emprunté La Caserne, un roman (et donc un format plus long) dont le sujet me semble intéressant. Je vous en parle très vite, je pense !



Ce recueil de dix courtes nouvelles a été publié pour la première fois en 1985 (en 1987 pour la traduction française) et offre des tranches de vie, des tableaux de la vie en Irlande entre 1950 et 1985 (je pense). Aujourd’hui, en 2013, on peut donc ressentir le côté un peu "dépassé" de ces petites histoires mais elles ne sont pas non plus sans intérêt pour celles et ceux qui souhaitent découvrir la vie irlandaise à cette époque pas si lointaine.

La plongée est immédiate et authentique, dans les rues de Dublin ou dans les petits villages de la campagne. A travers ces dix petits textes, l’auteur revient sur des thèmes plus ou moins similaires toujours d’actualité aujourd’hui : les ruptures amoureuses, le mariage, les retrouvailles au pub du coin avec les amis, les relations avec ses parents après avoir quitté le nid (et avoir quitté la campagne pour la ville), les conflits entre protestants et catholiques… Autant de sujets traités à la "mode irlandaise", prenant en compte les us et coutumes de ce pays très traditionnel. C’est aussi l’occasion pour John McGahern de revenir sur des sujets de société tels que le divorce(je vous rappelle que la légalisation du divorce dans le pays n’a été adoptée qu’en 1995 !) et l’avortement (seulement autorisé dans des cas précis – danger pour la mère – depuis cet été, donc en 2013 !).



Il me semble que ces dix courts textes sont assez représentatifs de la vie "réelle" et même si les choses ont forcément évolué depuis 30 ans, c’est un bon indicateur de la vie irlandaise "authentique". On a tendance (et moi la première) à imaginer un pays aux paysages magnifiques peuplés de fées et de leprechauns où la Guinness coule à flots et où les gens jouent de la musique (fiddle, tin whistle et accordéon) et font des claquettes toute la journée. Le folklore est certes fort et part d’une réalité mais tout n’est pas tout beau tout rose, loin de là. La vie est dure et a forgé des personnalités fortes et particulièrement bornées. Oui, les irlandais sont chaleureux et vous serez toujours très bien reçus si vous allez y faire un tour mais c’est aussi et surtout un pays de traditions (la plus grande partie du pays – en tout cas en Irlande du Sud – est catholique), comme je le disais précédemment : les femmes sont le coeur du foyer, les bals de village permettent les rencontres et les enfants nés hors mariage n’ont pas la vie facile. Bien sûr, depuis la publication de ces nouvelles, les choses ont changé mais il me semble, et je ne pense pas trop me tromper, que la place de la femme en Irlande est encore, en 2013, une sujet brulant. Comme quoi, l’Irlande c’est cool, mais peut-être pas si génial…



Toutes les nouvelles ne m’ont pas passionnée, mais dans l’ensemble, j’ai apprécié leurs sujets et la façon dont ils sont traités. J’ai vraiment beaucoup aimé le style de John McGahern (ou peut-être l’excellente traduction française ?) que j’ai trouvé à la fois très abordable, très authentique, sans non plus être oral ou simpliste. J’ai généralement du mal avec la littérature dite contemporaine car ne ressens quasiment jamais rien et ne trouve rien de particulièrement marquant au style des auteurs. Pour le coup, et ce n’est pas parce que l’auteur est irlandais et que les histoires se déroulent en Irlande (enfin, peut-être que si !), j’ai pris plaisir à suivre les aventures des personnages ordinaires proposées (bon, certains plus que d’autres, forcément !) et n’ai pas eu de mal à m’immerger dans le décor et à ressentir avec eux, leurs petites joies simples ou leurs malheurs du quotidien.



Avec un peu de recul et pour vous donner une toute petite idée si vous avez envie de découvrir ce recueil, je conseillerais surtout quatre nouvelles :

– Balade qui revient sur les aventures d’une petite bande d’amis qui flirtent avec des filles aux bals… jusqu’à ce que l’une d’elle tombe enceinte. L’avortement n’est pas autorisé, les enfants illégitimes mal vus… la seule alternative reste le mariage.

– Dans La Montre en or, John McGahern s’attarde sur la relation entre un père et son fils, celui-ci ayant quitté la ferme familiale pour un travail dans la capitale. Il revient chaque été pour aider à la moisson mais commence à douter de l’utilité et du bien fondé de ce retour régulier. Le temps passe, la communication entre les deux hommes n’est pas évidente, entre gêne, maladresse et tendresse.

– Eddie Mac et La Conversion de William Kirkwood sont deux nouvelles qui se font suite, la deuxième se déroulant une douzaine d’années plus tard. On découvre la relation entretenue par Annie May et Eddie Mac, celui-ci finissant par accepter les avances de la première car il n’a plus rien "à se mettre sous la dent" dans le village. La jeune femme tombe enceinte mais Eddie n’est pas du tout prêt à perdre sa liberté et saura comment se sortir de cette situation embarrassante. Quelques années plus tard, Lucy, fait ses devoirs grâce à l’aide de William Kirkwood, le propriétaire de la ferme dans laquelle travaille Annie May, la mère de la petite fille. En lui faisant réviser son catéchisme, l’homme d’âge mûr découvre cette religion d’un nouvel angle et décide de se convertir, au grand dam de toutes ses connaissances, éminemment protestantes.



Ce n’est donc pas un coup de coeur que cette découverte, mais tout de même une assez bonne lecture pour me donner envie d’en apprendre plus sur John McGahern et son oeuvre. Pari réussi, donc !
Lien : http://bazardelalitterature...
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Pour qu'ils soient face au soleil levant

Une année sur les bords d'un lac dans le Nord-Ouest de l'Irlande. Quelques maisons éparses sur les rives sont habitées, d'autres, abandonnées depuis longtemps, s'écroulent. La ville est à plusieurs kilomètres. Le récit est centré sur les Ruttledge, un couple revenu s'installer au pays depuis plusieurs années. Autour d'eux gravite une galerie de personnages : un couple de fermiers et amis proches, un oncle riche et taiseux, un vieux valet de ferme exploité par ses patrons, un voisin prédateur de femmes, un maçon qui laisse le travail toujours à moitié fait. Les détails qui font les saisons sont décrits par petites touches, régulièrement. La couleur des eaux du lac, le bruit des oiseaux, les feuilles des arbres. Il ne se passe pas grand chose, autour du lac. Et si c'était ça, le bonheur?



Cette lecture est déconcertante, l'auteur réussit à nous coller à son texte malgré un manque d'action flagrant. Le fil narratif est très ténu, et pourtant, il nous tient. On se prend, comme les personnages, à attendre les nouvelles apportées par les voisins, à s'inquiéter des caprices du temps sur les récoltes, tous les évènements qui marquent une année dans ce coin reculé de l'Irlande.

Le point de vue narratif m'a semblé un peu maladroit au début, le narrateur ne nous apporte aucun élément de compréhension du contexte, hors des conversations entre personnages. On ne sait pas où on est, quelle est l'époque, qui sont ces gens. Le procédé est un peu lourd au début du roman car les personnages sont obligés de livrer une grosse quantité d'information quant au contexte, dans une conversation de tous les jours, ce qui n'est pas naturel. Une fois la période d'introduction passée, la narration fonctionne de manière beaucoup plus fluide.



Au final un roman à conseiller à des lecteurs patients, qui ont envie de découvrir le monde surprenant et apaisant de John McGahern.
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Pour qu'ils soient face au soleil levant

That They May Face The Rising Sun

Traduction : Françoise Cartano



Extraits



Personnages



J'ai lu quelque part que ce roman au titre si poétique était le plus optimiste, le moins désenchanté de son auteur - peut-être le plus apaisé. Et c'est vrai que le rythme en est lent, paresseusement bercé par le cycle des saisons (une année entière en fait), au coeur d'une Nature comme oubliée, près d'un lac dont l'un des personnages-phare, Jamesie, aime beaucoup à faire le tour.



McGahern met à profit de cette existence si calme, troublée seulement par les grandes ventes de bétail annuelles ou le retour d'un exilé à la terre qui l'a vu naître, pour nous dresser le portrait d'une Irlande rurale à prédominance catholique où chacun connaît son voisin, le critique quand il le faut et le soutient de même mais où, aussi, personne ne renie les racines communes.



Depuis les Ruttledge - lui est du coin mais son épouse vient des USA - simplement préoccupés de vivre la vie dont ils rêvaient alors qu'ils se traînaient encore de métro en métro, jusqu'à Jimmie Joe McKiernan, ancien membre de l'IRA et tenancier de bistrot, en passant par l'attachant Bill Evans, l'excentrique Jamesie et son épouse, Mary sans oublier l'oncle de Ruttledge, surnommé "le Shah" et le hautain et déstabilisant Patrick Ryan, tous sentent qu'ils appartiennent à une même espèce, à un même pays. Pour le meilleur comme pour le pire.



Et tous se retrouveront donc, à l'issue du roman, autour de la dépouille de Johnny, le frère de Jamesie, revenu mourir au pays et qui sera, selon l'ancienne coutume, inhumé la tête tournée vers l'est afin que, au jour de son réveil, il puisse voir le soleil se lever avec lui.



"Pour Qu'Ils Soient Face Au Soleil Levant" est un livre qui se lit comme on déguste un bon whisky (ou une crème de whisky Wink ), devant un bon feu bien chaud, à l'heure où les souvenirs et la nostalgie se sont installés avec la nuit. Le chat ronronne dans un coin, le chien dort sur le tapis, la pendule tictaque dans les ténèbres du couloir, dehors, le silence s'est fait et le lecteur, livré à sa mémoire, tend l'oreille pour percevoir, dans le lointain, le pas feutré du Temps qui passe.



Un beau récit, subtil, parfois déroutant, à ne réserver cependant, je pense, qu'aux inconditionnels de l'Irlande et de la Celtie en général. ;o)
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Entre toutes les femmes

Très beau roman. Un veuf vieillissant, père de trois filles et deux garçons, fait régner une autorité dictatoriale au sein de son foyer dans une ferme d’ Irlande. Son fils aîné a fui pour s’établir à Londres après une correction mémorable assénée par le père « pour le bien du jeune garçon » qui coupera complètement les ponts avec son père, celui-ci ne se remettra jamais en question même après que le plus jeune de la fratrie aie suivi le même chemin que l’aîné quoique de manière moins radicale.

Michael Moran a combattu vaillamment lors de la guerre d’indépendance et considère que son courage et la mort de tant de jeunes gens de sa génération n’ont profités qu’au clergé et aux médecins. En tout cas pas au peuple, et ce n’est pas une pension qu’il refuse de toucher, qui pansera sa rancœur. C’est un homme profondément autocentré, aigri, très croyant, traditionaliste. Il laisse souvent éclater ses frustrations sur son entourage. Il porte les valeurs de la famille au pinacle comme il semble commun dans cette île âpre. Il est néanmoins très respecté dans son village et craint aussi pour son caractère ombrageux et ses prises de positions tranchées à hautes et intelligibles voix quand il en a l’occasion à la poste du bourg où il se rend tous les jours pour envoyer et chercher son courrier.

C’est ainsi qu’il remarque une jeune femme célibataire sur le tard, qui semble bien aimable et pourrait lui convenir pour la tenue de sa maisonnée. Rose, qui s’est exilée pour trouver du travail auprès d’une famille bourgeoise, n’est pas insensible à l’intérêt que lui manifeste cet homme dont elle connaît pourtant la réputation, c’est un bel homme et elle pense pouvoir, grâce à son caractère enjoué et bienveillant, lui apporter de la douceur et l’amener à changer de comportement avec ses congénères. Cela ne sera pas si facile et ce sera elle qui devra encaisser l’ambiance lourde que fait régner ce père sans concession au sein de sa famille. Pourtant les trois filles totalement dévouées au chef de famille, reçoivent un grand soutien de la part de Rose et elles constatent également que leur père a des moments plus apaisés sur le tard de sa vie. Un roman remarquable par l’analyse fouillée de chaque personnage et de la société en toile de fond au début du XXe siècle. Il y a la nature environnante et le rythme des saisons et les travaux qu’il entraine qui tiennent une grande place dans ce magnifique roman.

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La Caserne

Le premier roman de John McGahern, qui a reçu deux des prix littéraires les plus prestigieux d'Irlande (the A.E. Memorial Award et le Arts Council Macauley Fellowship). Un destin de femme, malheureux, dans la caserne d'un village irlandais, entre un mari policier et ses enfants d'un premier mariage. Un bon roman.
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Le pornographe

C’est le deuxième roman irlandais que j’ai lu, en 1996 (après l'excellent La Ville des Ténèbres de Dermot Bolger). C’est cru, cynique, incisif – mais pas du tout pornographique ni même vraiment érotique. C’est juste l’histoire d’un homme qui écrit du porno parce qu’il faut bien vivre. Très bon roman.
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L'obscur

Paru en Irlande en 1965, « L'Obscur » fut censuré en raison de scènes jugées pornographiques et incestueuses. Pis, son auteur fut licencié de son poste d'enseignant et contraint à l'exil en Angleterre.

Publié pour la première fois en français par les Presses de la Renaissance, il était épuisé.

L'an dernier, Sabine Wespieser, amatrice de littérature irlandaise, l'a réédité.

C'est donc dans l'Irlande des années 1940 que grandit le garçon, personnage principal de « L'Obscur », aux côtés d'un père veuf et d'une ribambelle de frères et sœurs. Étouffé par un patriarche violent et lunatique, il ne supporte plus les attouchements de celui avec lequel il partage la chambre. Pour oublier ces assauts, il nourrit son quotidien de fantasmes dans lesquelles de jeunes femmes plantureuses apparaissent et il pratique allégrement l'onanisme, un péché dans ce pays catholique qu'est l'Irlande.

Doué pour les études, le garçon a des rêves : devenir prêtre ou étudier à l'université... Mais dès que ses aspirations sont sur le point d'être réalisées, il hésite, tergiverse, ne se sent pas à la hauteur de l'enjeu, se considère comme illégitime.

Le garçon n'a pas confiance en lui. Ce manque d'assurance est lié à ses origines modestes qui lui offrent peu d'espoir d'ascension sociale.

Ce constat très bourdieusien (je ne pense pas que John McGahern ait pourtant lu « Les Héritiers » publié en 1964 !) se double d'une grande finesse dans l'analyse psychologique du personnage principal assailli par les désillusions et les déceptions.

Avec l'auteur, rien n'est tout noir ni tout blanc. Même le père, monstre de cruauté au début du récit, finit par attirer la compassion.




Lien : http://papivore.net/litterat..
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Entre toutes les femmes

Excellente histoire d’un vieux républicain et de l’oppression de la vie rurale et familiale. A remporté le Irish Times / Aer Lingus Award en 1990.

(roman lu en 1997)
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Le pornographe

Naissance, amour et mort

Le dernier roman de Mc Gahern que je lirai, malgré que cela soit un des premiers qu’il ait écrit. Il date en effet de 1979, accusé de littérature pornographe Mc Gahern répond avec ce livre où se côtoient le récit pornographe et la vie de l’auteur de ces ouvrages.

La suite ici :

http://eireann561.canalblog.com/
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L'obscur

Ce roman d'apprentissage, que j'ai lu par hasard, m'a bouleversée. Censuré à sa parution, ce roman dénonce le silence imposé par les autorités catholiques irlandaises toutes-puissantes. La sincérité dont fait preuve l'auteur dérange. Il ne force pourtant jamais le trait. Son style, concis et précis, exprime remarquablement la peur de ceux qui veulent se libérer du poids du passé et de la religion.
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Pour qu'ils soient face au soleil levant

Il y a des lectures qui vous "salissent" et vous feraient regretter de savoir lire; avec ce livre, c'est exactement le contraire !
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Entre toutes les femmes

Ce roman a un charme fou.

Famille irlandaise, patriarcat, emprise du père et du mari, religion catholique, je pouvais m'attendre au pire, une attaque en règle sans nuance vu les thèmes traités.

Et pourtant !

Je me suis attachée à Moran, ce père à la limite du caractériel, pouvant être charmant un instant et détestable la minute suivante.

Pour lui, le passé c'est sa guerre contre l'IRA, dont il est vétéran et dont il refuse de parler.

Sa seconde femme, Rose, à la personnalité chaleureuse et lumineuse, servira de tampon entre le père et les enfants

Ses trois filles, sa richesse, qui l'aiment, le craignent, lui seront toujours attachées, qu'elles soient à Dublin ou à Londres.

Ses deux fils le "fuiront" à Londres, l'ainé, Luke, coupera définitivement les ponts et le plus jeune, Michaël arrivera à trouver un motus vivendi.

Un exemple du caractère contradictoire de Moran. Il souhaite renouer avec Luke, mais la seule fois où celui-ci revient à la ferme, il donne l'impression de tout faire pour que son fils fuie à nouveau. Ce qui va arriver, évidemment.

Tous ont leur logique, leurs limites et stratagèmes et bien sûr leurs paradoxes.

Si je me suis attachée à Moran, c'est que Moran est un personnage de fiction, pas mon propre père ! Etre sans cesse sur ses gardes ne devait pas être une sinécure .

J'ai aimé l'écriture "à l'ancienne", sans fioriture inutile et la façon qu'a John McGahern de nous faire entrer dans cette famille complexe et attachante.
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L'obscur

Mcgahern (1934-2006) est un écrivain irlandais classique dans son pays. "L’obscur" paru en 1965 passa pour une œuvre scandaleuse. Mcgahern fut mis à pied de son poste d’enseignant. Le roman est le récit sincère et profondément touchant de la vie d’un jeune garçon pauvre en Irlande dans les années cinquante. Son père, veuf, est violent, il tyrannise la famille, n’hésite pas à frapper ses enfants, mais c’est son inconstance dans ses sentiments – parfois il devient sentimental – qui est le plus insupportable. Le garçon doit se battre pour avoir la possibilité d’étudier au sein d’une maison étroite où règne la promiscuité. Par-dessus le marché, il lui faut affronter les terreurs où le plonge la morale catholique quand la vie sexuelle s’éveille en lui. C’est évidemment la totale franchise de l’auteur dans ce domaine qui lui valut sa condamnation. Un magnifique roman, hommage à tous ceux qui ont dû lutter contre leur milieu et subir les affres d’une morale étroite et hypocrite.
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L'obscur

Lu il y a des années et il ne m'en reste pas grand chose comme souvenir :) Autant dire qu'il ne doit pas être inoubliable !


Lien : http://milleetunelecturesdem..
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