Le temps viendra où vous croirez que tout est fini. C'est alors que tout commencera.
Il se planta devant le rayonnage de livres et lut quelques titres : Essai sur l'entendement humain, de John Locke ; De la liberté, de John Stuart Mill ; Les commentaires, de Blackstone...
L'homme qui possédait une telle bibliothèque pouvait-il être un tueur à gages ?
Le temps viendra où vous croirez que tout est fini. C'est alors que tout commencera.
-Accepterez-vous de partager ce que vous tuerez?
-Je suis indien, et sioux. Nos chasseurs partageaient toujours. Mais vous n'avez aucun souci à vous faire, je vais partir, plus loin, et au printemps, je retournerai en Amérique.
Elle leva un sourcil ironique.
-Vous croyez que ce sera si facile?
Il haussa les épaules.
-Je ne dis pas que ce sera facile. Je dis que je le ferai.
- J'lis en toi comme dans un livre. A côté d'toi, ce sont tous des mariolles, à part Kissling.
J'ai l'impression qu'ils pissent encore dans leur barboteuse. J'me fous d'eux plus qu'd'une guigne ; c'est pour ça que j'les préviendrai pas : t'es le loup dans la bergerie.
Ils formaient le Peuple. C'était leur nom. Quand les premiers Américains était venus, ils les avaient accueillis avec amitié. Et on leur avait fait la guerre. Alors, farouchement, ils avaient résisté.
Tous savaient qu'ils luttaient en vain. Ils voyaient les Blancs se succéder sans interruption. Ils comptaient leurs nombreux soldats, leurs nombreux poneys, toutes leurs provisions, et toutes leurs cartouches. Les Apaches savaient que leur heure était passée. Ils savaient que les Blancs leur prendraient cette dernière terre, mais ils ne plieraient pas. Après avoir combattu jusqu'à la fin, ils chanteraient leur chant de mort, et mourraient.
Tout n'a qu'un temps, et la richesse n'est importante que pour ceux qui n'ont pas de caractère. La chose importante est de faire du mieux qu'on peut avec ce qu'on a.
Two canoes put out from shor and circled the "Susquehanna" just within hailing distance. There were four men in one canoe, two in the other, but no movement showed on the shor, although all knew Indians were there, studying the schooner. These Indians had suffered too much from the greed and rapacity of the Russians.
The dark green walls of the forest closed them in, and the schooner lay like a ship in a dream on the still, cold water.
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Né Louis Dearborn LaMoore dans une famille d'origine française et irlandaise installé dans le Dakota du Nord, Louis L'Amour (1909-1988) reprit son nom breton dès ses 15 ans et c'est avec lui qu'il passa à la postérité. Certains amateurs de littérature populaire se souviennent de la collection "Western" des éditions de la Librairie des Champs-Élysées et de la trentaine d'ouvrages qu’elles publièrent de lui dans les années 1960.
Malgré quelques incursions chez des éditeurs plus littéraires, L'Amour demeure largement méconnu en France en dépit d'une production impressionnante (une centaine de livres, dont près de la moitié adaptés au cinéma, sans compter les innombrables nouvelles) et un succès planétaire qui ne l'est pas moins, avec 250 millions de livres vendus à travers le monde. Le king du western, c'est lui.
Un de ses premiers romans, Hondo (1953), est aujourd'hui réédité dans la superbe collection "L’Ouest, le vrai", créée en 2013 aux éditions Actes Sud par Bertrand Tavernier, qui a voulu donner au public français un accès aux romans à l'origine des grands films tournés à Hollywood, qui sont souvent eux-mêmes des chefs-d'euvre du genre. On le sait, ces films sont souvent très éloignés des romans dont ils s'inspirent. Ce qui frappe, dans le cas de Hondo, c'est au contraire la concordance parfaite entre le livre et le film de John Farrow, Hondo, l'homme du désert (1953), avec John Wayne et Geraldine Page. Et pour cause! C'est d'une nouvelle de L’Amour, l'Offrande de Cochise (donnée avec le roman dans la présente édition), que le scénariste James Edward Grant tira le scénario et c'est à partir de ce scénario que l'auteur écrivit son roman.
Celui-ci se déroule en Arizona vers la fin des années 1870, lors d'un soulèvement apache mené par le grand chef Vittorio, et raconte l'histoire d'Angie Lowe, une pionnière abandonnée par un mari indigne, qui élève seule son enfant de 6 ans dans un ranch isolé, et de Hondo Lane, un éclaireur de la cavalerie américaine, qui, après avoir fait une halte chez elle, décide de lui porter secours, ce qui entraînera de nombreuses péripéties. Une histoire d'amour, bien sûr mais aussi une tragédie sur fond de morale traditionnelle, qui est celle de la plupart des westerns.
L'écriture de L'Amour est simple et limpide, avec des descriptions minutieuses et très documentées qui font tout le charme de l'ouvrage. Hondo Lane, qui a lui-même du sang indien et a passé cinq ans parmi les Apaches, sait lire tous les signes du désert et se fondre en lui sans laisser de traces, science de la survie quil enseignera au petit Johnny dans un chapitre magnifique qui n'a pas d'équivalent dans le film. Lorsqu’il s'émeut de l'enfant, on comprend du reste que cet aventurier taciturne et mélancolique est prêt à renoncer à sa vie de liberté par amour et désir de paternité, ce qui est le vrai sujet du livre, nous dit Hubert Prolongeau dans sa belle postface.
Olivier Maulin
Valeurs Actuelles N.4529
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At the head of the street he slowed his horse to a walk and, his right hand resting on his thigh, he walked it down the street, sitting straight in the saddle.
It was midafternoon and the sun lay like a curse upon the town. Clusters of men in laced boots, each with a club, stood stock-still and watched him come.