Enfant, je plaçais Osamu Tezuka au même niveau que Dieu. Aujourd’hui je ne pense pas qu’il y ait autant de jeunes qui lisent ses mangas, mais à cette époque… il possédait une aura, comme si de la lumière émanait de lui.
Je suis heureux que l'œuvre de M.Tatsumi soit tout à coup traduite et rééditée partout dans le monde. Je me réjouis que davantage de gens puissent maintenant découvrir son œuvre intemporellement fascinante. Mais je suis surtout excité pour des raisons égoïstes: puisque je ne lis malheureusement pas le japonais, je vais enfin avoir l'occasion de lire de nouvelles histoires de l'un de mes dessinateurs préférés. J'espère que vous les apprécierez autant que moi.
Adrian Tomine
Barclay, Californie, août 2003
(extrait de l'Introduction à l'édition française)
L'habitude est une chose terrible. Quand on travaille sans cesse dans le bruit, c'est, au contraire, un monde sans bruit qui finit par sembler inquiétant.
A aucun moment de l'histoire, le respect humain n'a brillé d'un très vif éclat.
-Les mangas sont avant tout des produits censés se vendre. Et non pas un simple loisir de passionné. Si c’est juste pour le plaisir de l’auteur, ça ne peut pas avoir de succès.
-Me voilà au chômage…
Si l'on devait comparer sa solitude de dessinateur sans délai, sans filet, ce serait comme l'errance d'un homme dans un désert sans fin, en quête d'une oasis à l'existence incertaine.
Parmi les mangas, ceux d'Osamu Tezuka se distinguaient par leur modernité. Ils envoûtaient totalement les enfants, avec leur graphisme très novateur et l'enchaînement rythmé des cases, plongeant le lecteur dans un univers jusqu'alors inconnu.
Je pouvais lui pardonner, parce que je pensais de toutes mes forces qu'il n'était pas un être humain, mais une bête... J'ai pu le supporter... Mais cet homme, il s'est mis à pleurer. Une bête...ça ne verse pas de larmes.
Le 26 avril, le jour de la sortie des "Sept samouraïs" d'Akira Kurosawa, Hiroshi se précipita au cinéma. Très réaliste, le film brisait les codes classiques du genre. L'oeuvre impressionna énormément. Face à la scène du duel sous la pluie battante, Hiroshi sentit ses yeux s'écarquiller d'admiration. Chacun des protagonistes avait une personnalité bien à lui. Hiroshi apprécia particulièrement le jeu de Takashi Shimura, qui interprétait le chef des samouraïs. Plus tard, il allait le prendre comme modèle pour l'un de ses personnages.
Dans nombre de mes mangas, la ville occupe une place importante, et semble menaçante. Cette présence témoigne du sentiment que j’éprouvais, à l’époque, en marchant dans Tokyo, aux côtés de vieilles maisons en train d'être détruites pour laisser place à des constructions en béton. A mes yeux, les êtres humains étaient menacés, ils se faisaient chasser par le béton.