Roman historique : voici deux mots qui, accolés l’un à l’autre, ont quelque chose d’insolite, presque d’antinomique : le roman, essentiellement est une œuvre d’imagination ; l’Histoire, en revanche est une science humaine, basé sur le concret, le véridique. L’association de ces deux mots a de quoi surprendre. Et pourtant, depuis des siècles (il y en a qui remontent à la Chanson de Roland !) le roman historique nous berce de ses chevauchées héroïques, de ses romances passionnées, de ces figures inquiétantes, ou pathétiques, ou sympathiques, qui ont marqué l’Histoire de France et celle du monde, de ces grands évènements qui ont changé la face de l’univers. Question de dosage, me direz-vous, entre le réel et l’inventé, entre l’Histoire et la fable. Pour certains et certaines ; l’Histoire est un décor dans lequel se greffe le roman : « un clou où j’accroche mes tableaux » disait Alexandre Dumas ; pour d’autres l’Histoire est la trame même du roman qui n’est là que pour l’illustrer. Et qu’importe après tout : l’essentiel est le double plaisir que nous avons, nous, amateurs d’Histoire et de littérature – et donc de belles histoires – à nous abreuver goulûment à cette source inépuisable.
Les listes présentées ici, par périodes historiques, ne sont bien sûr pas exhaustives : si elles réunissent (en gros) ce qui s’est écrit de mieux sur le sujet, elles restent largement subjectives, vous aurez sûrement d’autres suggestions, ne vous gênez pas, mes amis, pour m’en faire part.
Aujourd’hui : Rome
L’histoire de Rome tient une grande place dans celle de l’humanité : de 753 avant Jésus-Christ – date de la fondation de Rome – à 476 après Jésus-Christ – date de la chute de Rome aux mains des Barbares – ce ne sont pas moins de 12 siècles de bruit et de fureur, de pages grandioses et sanglantes, d’héroïsmes et de hauts faits, bref 12 siècles d’Histoire où Rome « était » le monde.
La littérature s’est abondamment inspirée de ces épopées mythologiques puis humaines qui ont marqué notre histoire d’abord, puis notre imaginaire.
Faire une liste sur toute l’histoire de Rome serait fastidieux, je vous propose de la découper cette liste, en quatre tronçons correspondant à quatre périodes bien définies :
I : Des origines à Auguste (de -753 à -27)
II : L'empire des Julio-claudiens (de -27 à 68)
III : L'empire des Flaviens et des Antonins (de 69 à 192)
IV : le Bas-Empire (de193 à 476)
Donc aujourd’hui, IV : Le Bas-Empire (de 193 à 476)
Dans cette dernière tranche, nous constatons le lent déclin de l’empire romain d’Occident. Les empereurs se suivent, les périodes d’anarchie se multiplient. A partir de 395, l’Empire se dédouble : à ma gauche, l’empire romain d’Occident, à qui il reste à peine 80 ans d’existence ; à ma droite, l’empire romain d’Orient qui vivra encore 10 siècles, jusqu’en 1453.
Sur les 283 ans que dure cette période, peu de personnages de grande envergure, si ce n’est Constantin 1er, le premier empereur chrétien qui imposa le christianisme (« son » christianisme) à l’ensemble de l’Empire, ou ce personnage extraordinaire dont Bernard Simiot nous a raconté l’histoire : Zénobie, reine de Palmyre.
De ces années de décadence, nous retiendrons la pression des Barbares sur les frontières (ils entreront à Rome en 476) et la montée du christianisme malgré les persécutions, avant son triomphe avec Constantin.
Voici quelques romans pour illustrer cette période :
Moi, Julia - Santiago Posteguillo – 2018
Moi Zénobie reine de Palmyre - Bernard Simiot – 1978
L'empire des dragons - Valerio Manfredi – 2005
Les Martyrs - François-René de Chateaubriand – 1809
Le phare d’Alexandrie - Gillian Bradshaw – 1986
Fabiola - Cardinal Wiseman – 1854
Le glaive et la croix - Frank G. Slaughter – 1965
Soleils barbares - Norbert Rouland – 1987
Le Maître des steppes - Daniel Kircher – 1981
La Porte noire (L'empire des cendres 3) - Michel Peyramaure – 1986
La dernière légion - Valerio Manfredi - 2002
Avant de clore ce dossier sur les romans historiques se déroulant à Rome, je voudrais préciser à nouveau que ces listes ne sont pas exhaustives : je n’ai cité que des livres qui figurent dans ma bibliothèque et que j’ai lus (à part une poignée sur la soixantaine proposée ici)
Beaucoup d’auteurs, d’autrices et d’œuvres de qualité auraient pu figurer dans ces listes (y compris d’amis babélionautes – comme Alexandre Allamanche, par exemple), vous compléterez donc, mes amis, avec vos propres coups de cœur .
Je n’ai pas intégré dans ce dossier la littérature-jeunesse. J’y ai fait allusion en présentant ma première liste. Il faut rendre hommage à ces auteurs et autrices qui donnent ainsi à nos enfants le goût de l’histoire : Dominique Bonnin-Comelli (« Les esclaves de Rome ») ; Jean-Luc Dejean (« Les lions de César ») ; Bertrand Ferrier (« Rome, mon histoire ») ; Annie Jay (« L’esclave de Pompéi », « La Fiancée de Pompéi ») ; Daniel Kircher (« Surho, l’éléphant d’Hannibal ») ; Caroline Lawrence (« série des « Mystères romains » initiée par « Du sang sur la voie Appia ») ; Alice Leader (« Marcus et les brigantes ») ; Jacqueline Mirande (« Gannorix ») ; Jean-François Nahmias (les quatre volumes de la série « Titus Flaminius ») ; Florence Reynaud (« Le lion de Julius ») Bertrand Solet (« Diadorix et Marcus ») ; Rosemary Sutcliff (« L’aigle de la 9ème légion » ; Odile Weulersse (« Le serment des catacombes », « Tumulte à Rome ») ; Henry Winterfeld (« L’affaire Caïus », « Caïus et le gladiateur ») … et sans doute bien d’autres…
Et de la même façon il faudrait faire une place à la BD qui s’est penchée sur ce thème ; Je vous renvoie à nos nombreux amis qui, sur Babélio, se sont penchés sur la question. Citons juste en passant « Alix » et « Asterix » et aussi les superbes séries « Murena » (Dufaux-Delaby), et « Vae Victis » (Jean-Yves Mitton). Du même Jean-Yves Mitton, ne manquez pas sa somptueuse adaptation de « Ben-Hur »