"- Sont-ils aussi terribles qu'on le dit ?
- Ils sont pires !
- Ce ne sont pas des hommes, mais des démons assoiffés de sang !
- Sont-ils vraiment des démons ?
- Oui, ils sont engendrés par les flammes de l'enfer. Où qu'ils se rendent, elles suivent leurs chevaux. Je les ai vus se découper tout noirs sur la lueur rouge des incendies.
- Ils n'épargnent rien, ni personne. Ils éventrent les femmes enceintes et tuent jusqu'aux foetus."
Mais enfin de qui ces gens parlent-ils ? Sans doute l'avez-vous deviné grâce au titre de ce roman épatant de
Daniel Kircher...
Eh oui, il s'agit bien des Huns, cette horde de sauvages qui déferla sur l'Occident menée par leur terrible chef : Attila.
Notre mémoire collective a bien en tête ces atrocités citées un peu plus haut de celui duquel après le passage « l'herbe ne repousse plus ».
Sachez que les Hongrois, eux, le célèbrent comme un héros fondateur. A chacun son héros ! Son Alexandre, son Attila, son Napoléon..
Ce récit, issu de l'imagination de
Daniel Kircher mais aussi de sources sûres, ne correspond guère à l'image véhiculée par nos manuels d'enfants. Il rétablit une part de l'Histoire, l'invente aussi bien sûr tout en veillant à nous en donner une restitution la plus juste et la plus fidèle possible.
Qu'ils soient tyrans ou victimes, les personnages sont criants de réalisme avec leurs défauts et leurs faiblesses.
On y voit un Attila commettant des atrocités mais non dénué de tendresse et de fragilité envers celle qui fut sa toute dernière épouse. Ses rapports avec Aetius, « le dernier romain » sont loin d'être simples et c'est toute la complexité de leur relation ambiguë qui ressort ici...
J'ai vraiment bien aimé cette biographie romancée. le rythme est soutenu et haletant pour peu qu'on s'intéresse à cette période de l'Histoire. Ce roman nous plonge au coeur des batailles, de la stratégie militaire adoptée par les différents camps en lice, des innombrables pourparlers et des inéluctables complots...Mais il est aussi d'une richesse documentaire incroyable et dresse un tableau très intéressant de cette Rome qui se meurt, de ses relations avec les différents peuples, dits Barbares, qui occupent une partie de l'Empire d'Orient et d'Occident, du brassage de ces peuples et de leurs cultures.
Ce fut un réel plaisir également de retrouver des personnages de romans que j'ai lus il y a peu, comme Galla Placidia et sa fille Honoria, celle qui osa demander sa main à Attila..J'ai eu plaisir également à découvrir d'autres personnages historiques que je connaissais moins : Flavius Aetius, le patrice des Romains, Genevofa, la sainte patronne de Parisii, ou encore Ildico, la franque qui aura su gagné le coeur d'Attila...
Voilà. Ce fut une lecture dense et intense ! J'ai adoré !