2.
Passion arabe. Journal, 2011-2013
Gilles Kepel
3.94★
(81)
Le 17 septembre 2010, à Sidi Bouzid, une ville du centre de la Tunisie, Mohamed Bouazizi, vendeur ambulant de fruits et légumes, s'immole par le feu en place publique et embrase le monde arabe. Les régimes de Ben Ali, Moubarak, Kadhafi, Ali Saleh sont précipités dans les flammes, et l'incendie porte jusqu'à Bahreïn et en Syrie. Afin de sauver leurs trônes, les gazo- et pétromonarchies déboursent alors des centaines de milliards de dollars pour allumer des contre-feux. Cette manne permet de favoriser, dans les lendemains tourmentés des révolutions, la victoire électorale des partis islamistes. Mais le feu social couve toujours sous la cendre politique.Gilles Kepel a voulu comprendre ces événements de très grande portée. Pour cela, il est allé partout, plus souvent deux fois qu'une, et il a vu tout le monde. Partout : Israël, Gaza, Égypte (deux fois), Tunisie (deux fois), Libye, Bahreïn, Qatar, Liban, Arabie saoudite, Turquie, Syrie. Tout le monde : salafistes, Frères musulmans, djihadistes, laïcs, blogueuses, intellectuels, militaires...De la très riche matière qu'il a ramenée, il a déjà tiré des feuilletons dans des journaux et des revues, des chroniques à la radio. Un film pour la télévision a aussi été tourné sur place et sera diffusé sur France 3 à la fin de mars, en première partie de soirée, suivi d un débat autour de Gilles Kepel et avec ses invités.Durant ce périple, qui l'a vu jouer à saute-frontières du printemps 2011 à l'automne 2012, il a tenu des carnets. Écrits au jour le jour puis polis et enrichis au cabinet de travail, ils aboutissent à ce beau livre, où l'humeur vagabonde du randonneur le dispute à l'oeil acéré du chroniqueur, au savoir de l'orientaliste et à la plume de l'écrivain, le tout dans une forme alerte et vive, celle même du journal.