Sous le titre Playstation, les poèmes plus récents montrent une autrice âgée, désormais reconnue, mais encore pleine d’espièglerie. Témoin, celui dans lequel elle narre sa rencontre avec son ancien prof de philo dans un sex-shop presque vide.
Lire la critique sur le site : LeMonde
« Le jour s’est levé avec la pluie à Barcelone
———ville aux eaux rares.
Des fils transparents
Des aiguilles de cristal
Se décrochaient lentement .
J’ai soutenu le ciel avec les mains
Avec les rêves avec la pensée .
Une prière
Une petite supplique
Une demande
Que les eaux ne s’arrêtent pas
Avant ton arrivée
Pour flotter avec toi dans le déluge » ..
BABIOLE
Elle porte un sceau crétois
au cou
babiole archaïque
indéchiffrable
que j’ose lire
dans les ténèbres rouges des nuits
occidentales
comme le code d’une civilisation perdue
égarée dans les murs,
cachée dans les pierres
ou sur les bords salés de son sexe.
p.28
/Traduction de l’espagnol (Uruguay) par Katia-Sofía Hakim et Stéphane Chaumet
On est ressortis de l'amour
comme d'une catastrophe aérienne
On avait perdu les habits
les papiers
moi javais perdu une dent
toi la notion du temps
Etait-ce une année longue comme un siècle
ou un siècle court comme un jour ?
Sur les meubles
dans la maison
des butins en morceaux :
verres photos livres déchirés
On était les survivants
d'un effondrement
d'un volcan
d'eau déchaînées
Et on s'est quittés avec la vague sensation
d'avoir survécu
sans même savoir pourquoi.
—————
Salimos del amor
como de una catástrofe aérea
Habiamos perdido la ropa
los papeles
a mí me faltaba un diente
Y a ti la noción del tiempo
¿Era un año largo como un siglo
o un siglo corto como un dia?
Por los muebles
por la casa
despojos rotos :
vasos fotos libros deshojados
Eramos los sobrevivientes
de un derrumbe
de un volcán
de las aguas arrebatas
Y nos despedimos con la vaga sensación
de haber sobrevivdo
aunque no sabíamos para qué.
Avec des voix sans miséricorde
Avec des cheurs dionysiaques et des alléluias
Avec des palais détruits dont nous admirons les ruines superbes
Avec des espaces blancs où lottent irréels des bateaux engloutis
Avec une cour de princesses de tarot et des épées en carton pour les jeux du soir
Avec la force de l'Ancien Testament
dont les péchés apocalyptiques
sont toujours plus intenses
que les outrages médiocres du présent
Avec les hérésies ivres de foi des enfants rebelles de l'Église
Avec des fantaisies nocturnes de pressentiments
Avec le présages des rêves
et des feuilles de trèfles
Avec le regard trouble des ocelots en chaleur
Avec cette servitude au désir
appelée - aussi - abnégation
Sans aucune simplicité
Je t'aime
—————
Con voces inmisericordes
Con coros báquicos y alelyas
Con palacios destruidos cuyas ruinas soberbias admiramos
Con espacios blancos donde flotan irreales barcos hundidos
Con una corte de princesas de tarot
y espadas de cartón para los juegos de la tarde
Con la fuerza del Antiquo Testamento
cuyos apocalipticos pecados
son siempre más intensos
que los mediocres desacatos del presente
Con las herejías ebrias de fe
de los hijos rebeldes de la lelesia
Con fantasias nocturnas llenas de presentimientos
Con los presagios de los sueños
y de las hojas de los tréboles
Con la turbìa mirada de los ocelotes en celo
Con esta sujeción al deseo
llamada - otro si - abnegación
Sin ninguna simplicidad
Te amo
Ton plaisir est lent et dur
il vient de loin
il résonne dans les entrailles
comme les sourdes
secousses d'un volcan
endormi depuis des siècles sous la terre
et toujours somnambule
Comme les lentes évolutions d'une sphère
en perpéruel et imperceptible mouvement
Il rugit au réveil
crache de l'écume
arrache les animaux de leurs grottes
traine une boue ancienne
et secoue les racines
Ton plaisir
monte lentement
enveloppé dans la vapeur du magma premier
et il y a des plumes d'oiseaux cassés dans tes cheveux
et la gorge d'une motte hurle
extraite du fond
comme une pierre.
Ton plaisir, animal rare.
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Tu placers lento y duro
viene de lejos
retumba en las entrañas
como las sordas
sacudidas de un volcán
dormido hace siglos bajo la tierra
y sonámbulo todavia
Como las lentas evoluciones de una esfera
en perpetuo e imperceptible movimiento
Ruge al despertar
despide espuma
arrancaa los animales de sus cuevas
arrastra un lodo antiguo
y sacude las raíces
Te placer
lentamente asciende
En vuelto en el vaho del magma primigenio
y hay plumas de pàjaros rotos en tu pelo
y muge la garganta de un terrón extraído del fondo como una piedra.
Tu placer, animal escaso.