Eburos ou la revanche du sanglier sacré

Première page, un mythe. Un chasseur s'intrut dans une forêt sacrée ; il tue un sanglier et ses marcassins ; tranche et jette aux chiens son groin. Un dieu se courrouce, frappe de lèpre les villageois et le chasseur. Les villageois massacrent ce transgresseur et sa famille. Les dieux quittent les humains, l'harmonie est brisée.
— Puis vient l'histoire : un médecin stéphanois constate le déclin des hommes : la santé empire, l'abêtissement règne. Il s'interroge. Or il est, à son insu, pièce maîtresse d'un jeu. Les amis et collègues qu'il fréquente appartiennent à un réseau secret dirigé par un certain Antonin Eburos dont le père, au début du Vingtième Siècle, prévit la fin du monde judéo-chrétien (pour des raisons données dans le livre). La sauvagerie devant suivre, il créa des groupes de survie. A. Eburos poursuit l'oeuvre paternelle : développer ce réseau, préparer certains à survivre quand les sociétés auront croulé. Puis l'Occasion change son projet : une biologiste membre du réseau a découvert une bactérie d'une virulence extrême, d'une contagion foudroyante. A. Eburos décide d'abattre le mal à sa racine. Cest ici qu'intervient le médecin stéphanois, désormais membre du réseau. Eburos lui propose de participer à un Congrès aux États-Unis afin d'acheminer des éprouvettes à disséminer sur l'ensemble du territoire. le médecin refuse. Puis A. Eburos est assassiné. le médecin change alors d'avis, se rend en Amérique. Les éprouvettes sont remises. Au retour le groupe retrouve Eburos (qui avait simulé son assassinat) et organise près d'un village une communauté autarcique, entre dans la clandestinité, et attend. L'agression bactériologique affolle puis détruit les États-Unis, qui perdent tout sens, ne parviennent à cerner l'attaque, détruisent Téhéran puis Bagdad, menacent la Chine, laquelle frappe l'Arabie. le monde se noie sous les cadavres et la maladie, le chaos règne, les états disparaissent. le réseau possède l'antidote au mal. Il quitte le secret, offre aux survivant son vaccin. Il guettait le moment propice : celui où les bandes constituées séviraient sans avoir encore assis leur domination. Saint-Étienne (rebaptisée Armeville) est reprise en premier. En 22 ans le territoire est reconquis. Nous voici dans un un monde naturel, régénéré.
— Dernière image : dans la ville une laie et ses marcassins s'approchent d'une jeune femme coupant du gui. le dieu Sangier est de retour. La Paix est revenue.
Ce livre est assez bien écrit. L'intrigue tient en haleine. L'intention alourdit parfois un peu le texte. Une bizarrerie : les mots d'origine anglaise sont systématiquement francisés ou réinventés ce qui n'est pas toujours heureux : parquier passe bien, mais pas foutebale ; et plutôt que spiquerine, l'auteur eût mieux fait d'écrire présentatrice. Mais par son fond et sa cohérence, c'est un fort bon livre. Consuméristes s'abstenir.