Il vous aime depuis longtemps, depuis toujours, Geneviève… il vous aimait avant d'être rien pour vous, et a comblé son cœur à la fois de douleur et de joie en vous gagnant...
« Vous en aimiez un autre, et pour ne point vous blesser il a caché son tourment… vous l'avez dédaigné, et il vous a toujours chérie… vous l'avez fait souffrir, et son amour s'en est encore accru !...
Ses paroles, ses silences, son sourire, rien ne se trouve exactement comme avant. On sent en lui une sorte de brisure si profonde que le ressort même de sa vie en parait menacé… Il est malheureux, enfin, et c'est pour cela que je vous demande grâce. Il ne faut pas qu'une âme comme la sienne soit blessée, car elle ne guérirait pas, jamais…
Et c'était vrai, elle était devenue le centre de toutes ses pensées, de tous ses désirs, la raison de chaque battement de son cœur, l'objet unique. Devant son adorable visage tout s'effaçait, tout disparaissait et perdait son importance.
Je vous aimais déjà, certes, mais sans espoir ; et cette souffrance là n’était en rien comparable au tourment de vous voir si proche, joint à la certitude que vous ne serez jamais mienne !
Après qu'un appareil a été construit avec le maximum de soins, essayé comme vous avez pu me le voir faire tout à l'heure, dans les conditions les plus dures de puissance, de pression et de régime, et qu'il a quitté l'usine, c'est fini… les vies qui en dépendent ne nous intéressent plus parce que nous ne pouvons plus rien pour elles. Elles sont désormais fonction de l'entretien, des éléments, de la maîtrise et de la science du pilote ; et c'est à lui de les défendre... Mais pour vous ! Pour vous nous devons être à la fois et par avance le ciel clément, le vent calme, le rouage exact et bien graissé, le pilote savant... la sauvegarde d'une vie précieuse…