AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782754731409
144 pages
Du Pantheon (11/03/2016)
5/5   2 notes
Résumé :
Monk est un SDF : sous sa tente, il rêve de chaleur, d’un vrai foyer et d’une grande tasse de café. Honnête Zadig désenchanté, il nous ouvre le monde de la rue, son inconfort, ses règles et son désespoir. Clochard urbain, les quatre saisons de la vie de Monk nous dévoilent son quotidien carencé. Instantanés d’une âme et d’une aventure, cette fable moderne donne la parole à ceux que l’on n’écoute pas, et offre le premier rôle à ceux que l’on ne regarde pas mais dont ... >Voir plus
Que lire après L'AbyssinieVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Notre amie sur Babelio, Corinne Dufosset, a réussi à brosser le portrait très vivant et réaliste d'un marginal ou d'un échoué de notre société moderne. Et au-delà de ce SDF toute une équipe de personnages qui peuplent nos villes, mais que nous ne connaissons pas et que, pour être honnête, nous n'avons par ailleurs aucune intention de connaître.

Pour décrire un tel milieu tout dépend du juste ton. Sinon l'on risque la caricature d'une façon ou d'une autre. Il est impératif en d'autres termes que ces personnes soient réelles et non pas de pures projections intellectuelles, sans âmes.

Du protagoniste principal du roman, appelé Monk, on sait qu'il est grand (1,90 mètre) et fort, a une trentaine d'années, porte sa touffe de cheveux drus en queue-de-cheval et affiche un regard perçant avec des yeux d'un bleu très clair.
Mais d'où il vient exactement et ce qu'il a fait avant de venir déambuler à Paris, l'auteure ne dit quasiment rien. Et bien que je suis d'une nature curieuse, comme la plupart des lecteurs je présume, je trouve que Corinne Dufosset a totalement raison de respecter sa "privacy" ou intimité, seule possibilité pour la lectrice et le lecteur d'observer Monk se comporter et agir sans un jugement de valeur basé sur un fait ou événement du passé.

Dans une splendide phrase l'auteure nous présente son héros comme un "voyageur immobile attendant son train de l'infini" (page 13).

Monk "habite" sous une vieille tente de l'armée, à l'abri de toilettes publiques et d'un téléphone public et pas trop loin de la Seine. La soif et surtout la faim, tout comme l'envie de fumer l'obligent à quitter sa "résidence". Il arpente ainsi la Ville Lumière par tous les temps et dans tous les sens. Comme le note l'auteure : "marcher, marcher, marcher, par habitude, par lassitude, par hébétude. Les yeux fureteurs, inquisiteurs".

Pour avoir une idée où Monk se balade, je vous suggère de jeter un coup d'oeil sur les splendides photos prises par Corinne Dufosset, qui est aussi une photographe artistique de talent, de sa ville de Paris sur > https://500pix.com > corinnedufosset < On peut y admirer la Seine, des prises originales de la Tour Eiffel et.... des chats errants.

Quoique Monk soit un loup solitaire, de temps à temps il se trouve en compagnie d'autres bohèmes. le plus pittoresque parmi ces clodos est sûrement le dénommé l'Empailleur, qui a une dizaine d'années de plus que Monk, est robuste mais court sur pattes, et manifeste éternellement une exubérance joyeuse. Cet énergumène occupe une place centrale dans ce petit monde parallèle, car il en est le fournisseur attitré. L'homme peut livrer tout et n'importe quoi, qu'il s'agisse de cigarettes à Monk ou un caddy à l'antique clocharde, rebaptisée "Chiffons", qui trimbale partout un assortiment invraisemblable de paquets, sacs et cartons. Puis, il y a Nestor, Lunettes etc. Sans oublier le jeune "Renifleur", qui a le nez qui coule constamment et qui tombe amoureux de Lulu aux yeux clairs et nez retroussé.

La langue hautement littéraire de Corinne Dufosset m'était déjà connue de son ouvrage : "Dante suivi d'Ereignis et l'Autel" que j'ai lu et critiqué il y a presque 3 ans, le 30 juin 2017. Si dans ce livre le style lyrique et poétique m'avait frappé, dans "L'Abyssinie" c'est avant tout la finesse de son évocation psychologique des personnages. Cerner un caractère inhabituel comme son héros Monk est loin d'être simple et pour le faire sans fausses notes il faut une solide dose de brio !

C'est avec conviction que je recommande la lecture des déambulations à Paris pendant 4 saisons d'un homme en marge, replié sur son propre univers.

À propos des saisons, "plus aucune saison ne trouvait de grâce à ses yeux. Il (Monk) en avait perdu le goût. de toute façon, les saisons étaient contre ceux qui n'avaient rien". (page 71).
Commenter  J’apprécie          5811
"Le mégot jeté au loin, il avait refermé la devanture de la tente et maintenant, assis sur le matelas, il sentait qu'il se repliait, rapetissait entre les murs de toile. Inconsciemment il voulait devenir une pierre, oublier le froid qui sourdait à travers les tissus, les interstices. Plus aucune saison ne trouvait grâce à ses yeux. Il en avait perdu le goût. de toute façon, les saisons étaient contre ceux qui n'avaient rien. de toute manière, c'était toujours la même litanie : marcher, marcher, marcher, par habitude, par lassitude, par hébétude."

Il, c'est Monk. Un SDF.
L'Abyssinie, c'est un regard sobre sur ce monde, sans pathos.
L'auteur ? Une lectrice de babelio.
Remarquable par son écriture, ce roman nous met en présence du vide existentiel et toujours immanent à celui qui n'a pas de lieu.
Présence de l'absence redoutable d'un véritable monde commun, un monde fragmenté et indissociable du silence...
Difficile donc de parler de ce livre consacré aux personnes que la rue et la société dépouillent d'une existence de projets.
Exister ? Plutôt avancer, doucement, à la recherche de nourriture et de cigarettes afin de survivre et de respirer. Tenir debout.
L'impersonnel est au coeur du roman. Monk, un être attachant dont on ne connait presque rien. Monk, qui ne veux pas lire, ni anticiper, mais tout simplement sentir, se sentir vivre simplement. Contempler...

Merci Corinne pour ce très beau roman dont je conseille fortement la lecture....
Commenter  J’apprécie          252

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Pour ceux qui n'ont rien, qui ne font rien, les minutes devenaient élastiques, pièges à souffrances, à bêtises. Ronron mortifère du temps qui passe et s'embourbe dans le sable mouvant de l'esprit.
Commenter  J’apprécie          150
Il décida de dormir et si possible de rester ainsi le plus longtemps possible. Jusqu'à la fin de l'hiver, jusqu'à la nuit des temps, jusqu'à la fin du monde.
Commenter  J’apprécie          140
C'était la cristallisation de la solitude, l'ombre des nuits sans sommeil et l'espace des songes éveillés. Une nuit qui s'étirait sur son chariot de lune, griffée par la pluie.
Commenter  J’apprécie          92
Que pouvait-il y avoir après le désert ? Était-il un éphémère pris dans une lumière sans filtre ? Une lumière qui ne s'éteint pas, dont on aurait oublié l'interrupteur à jamais. A jamais, pensait Monk sur son matelas. A jamais !
Commenter  J’apprécie          50
Le froid ne l'avait pas réveillé car il était au chaud dans ses rêves et rien n'aurait pu l'atteindre.
Commenter  J’apprécie          90

Videos de Corinne Dufosset (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Corinne Dufosset
Moyen métrage Sensatio : adaptation libre "du Portrait de Dorian Gray" d'Oscar Wilde - extrait de pré-montage. Ecrit et réalisé par Corinne Dufosset - avec Natalie Nicolov dans le rôle d'Airiella, Christian Masson dans les rôles d'Ahriman et James Vane et Martial Samuel dans le rôle de Dorian Gray
autres livres classés : fablesVoir plus


Lecteurs (5) Voir plus



Quiz Voir plus

Les plus grands classiques de la science-fiction

Qui a écrit 1984

George Orwell
Aldous Huxley
H.G. Wells
Pierre Boulle

10 questions
4872 lecteurs ont répondu
Thèmes : science-fictionCréer un quiz sur ce livre

{* *}