D'un premier coup d'œil jeté sur l'univers, il nous semble voir que tout s'y répète: les mouvements périodiques des astres et les vibrations d'un rayon lumineux, si rapidement multipliées qu'il a l'air immobile ; dans les corps, môme solides, la prodigieuse et rythmique agitation des molécules, et, dans l'être vivant, l'incessante régénération des mêmes tissus, la monotonie des mêmes mouvements respiratoires ou circulatoires, la propagation foudroyante des mêmes sensations le long des nerfs ; dans la cité, dans la nation, d'innombrables séries, compliquées et entrelacées à l'infini, d'actions similaires, articulations verbales semblables, coups de truelle ou coups de rabot semblables, coups de pinceau ou d'archet semblables, rites semblables, tous actes appris et imités par mode et par coutume, volontairement ou involontairement, et qui sont la fiévreuse activité continue des états les plus tranquilles en apparence, aussi bien que le monotone ressassement dissimulé des sociétés en apparence les plus révolutionnaires.
On a souvent dit et répété, et c'est devenu une sorte d'axiome, que toute notre connaissance des choses consiste à percevoir entre elles des ressemblances ou des différences. C'est juste, et cela prouve que la vie universelle est une suite ou un entrelacement sans fin de répétitions et de variations.