Pour moi Bachelard ce fut d'abord l'initiateur à la poésie à travers les éléments (eau,feu terre,air) mais cet ouvrage aborde un autre domaine :une reflexion sur l'approche scientifique .Il l'a tirée de son expérience pédagogique d'abord et montre que l'esprit humain doit s'affranchir de toutes sortes de « biais cognitifs » (comme un dit maintenant) pour accéder à la véritable démarche scientifique . Entre autres de la religion de l'évidence des faits et aussi d'une forme d'inconscient mythologique (à la Jung) comme la sexualisation des matières .
L'argumentation porte sur une histoire épistémologique davantage que sur une épistémologie formelle. Il ne faut pas s'y étonner : c'est là à la fois dans le projet du livre et dans le sens du projet philosophique général de l'auteur. Bachelard fixe trois âges dans l'évolution des sciences et cela n'est pas sans nous rappeler un certain parallèle avec la loi des trois états de Comte (et on connait la critique de Bachelard du positivisme). Il s'agit de : l'âge préscientifique (riche "d'obstacles épistémologiques" et de réalisme naïf), l'âge scientifique (avec l'arrivée du rationalisme), l'âge du nouvel esprit scientifique (qu'il fixe avec la théorie de la relativité d'Einstein, "contre-intuitive"). Ce qu'il faut bien comprendre c'est l'idée de discontinuité, de polémique, et non seulement l'idée d'obstacle épistémologique, qui est plus classique. Une idée importante est aussi le fait que l'esprit scientifique devient de plus en plus abstrait, se méfiant du phénomène. On retrouve, pour ainsi dire, tout l'esprit philosophique de Bachelard ici, refusant ce qu'on pourrait nommer - polémiquement pour reprendre ce terme qu'il affectionne - la naïveté. Mais aussi un certain formalisme analytique.
Un livre indispensable pour comprendre l'histoire des sciences, un livre de chevet, classique, drôle, il faut l'anoter..
Un livre à prendre au sérieux en dépit de la légèreté d'esprit qu'il propose.
indispensable
La science, dans son besoin d'achèvement comme dans son principe, s'oppose absolument à l'opinion. S'il lui arrive, sur un point particulier, de légitimer l'opinion, c'est pour d'autres raisons que celles qui fondent l'opinion ; de sorte que l'opinion a, en droit, toujours tort. L'opinion pense mal ; elle ne pense pas : elle traduit des besoins en connaissances. En désignant les objets par leur utilité, elle s'interdit de les connaître. On ne peut rien fonder sur l'opinion : il faut d'abord la détruire. Elle est le premier obstacle à surmonter. Il ne suffirait pas par exemple, de la rectifier sur des points particuliers, en maintenant, comme une sorte de morale provisoire, une connaissance vulgaire provisoire. L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.
L'esprit scientifique nous interdit d'avoir une opinion sur des questions que nous ne comprenons pas, sur des questions que nous ne savons pas formuler clairement. Avant tout, il faut savoir poser des problèmes. Et quoi qu'on dise, dans la vie scientifique, les problèmes ne se posent pas d'eux-mêmes. C'est précisément ce sens du problème qui donne la marque du véritable esprit scientifique. Pour un esprit scientifique, toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a pas eu de question, il ne peut y avoir connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.
Quand il se présente à la culture scientifique, l'esprit n'est jamais jeune. Il est même très vieux, car il a l'âge de ses préjugés. Accéder à la science, c'est, spirituellement rajeunir, c'est accepter une mutation brusque qui doit contredire un passé.
Il vient un temps où l’esprit aime mieux ce qui confirme son savoir que ce qui le contredit. Alors l’instinct conservatif domine, la croissance spirituelle s’arrête.
Toute connaissance est une réponse à une question. S'il n'y a eu de question, il ne peut y avoir de connaissance scientifique. Rien ne va de soi. Rien n'est donné. Tout est construit.
Jostein Gaarder fut au hit-parade des écrits philosophiques rendus accessibles au plus grand nombre avec un livre paru en 1995. Lequel?